Depuis le début ça sentait le sapin… Le changement de réalisateur nous mettant Brett Ratner en responsable faisait peur. Car passer du cinéaste de Usual Suspect et Un Élève Doué à celui de deux Rush Hour, c’était un drôle de choix quand même. A l’arrivée, on se dit que ça aurait pu être bien pire, mais ça reste aussi décevant que prévu. Si l’identité visuel et thématique de la série à été gardé (encore heureux !), le reste nous fait dans le gros n’importe quoi parfois assez impressionnant.
Le scénario avait le potentiel pour deux films différents: l’histoire commence avec la résurrection de Jean Grey, devenant alors le Dark Phoenix qui pète un plomb et se trouve être donc une terrible menace pour l’univers tout entier tant ses pouvoirs sont ravageurs. La preuve: elle n’hésite pas à détruire amis et ennemis, et seule une parcelle de l’ancienne Jean Grey ressurgit de temps à autres pour la calmer un peu… Parallèlement à ça, les humains ont mis au point un virus permettant de détruire les cellules mutantes et rendre humains quiconque se les injectes. Hésitation au sein de la communauté mutante: certains voit là une occasion de “guérir” et de se réinsérer dans un monde qui les craints, d’autres considèrent cela comme un véritable problème puisqu’ils ne veulent pas renier leur véritable nature.
Tout ça en 1h30 avec l’introduction d’une dizaine de nouveaux personnages en même temps, c’était plus que Mission Impossible et X-Men 3 le paie: alors que l’on s’attend à des batailles épiques, on nous ressert encore et toujours les deux-trois combats isolés, parfois amusant mais toujours expédié. A ce titre l’affrontement entre Pyro et Iceberg est plutôt ridicule. Les divers problèmes se résolvent en deux coups de cuillères à pots alors qu’à chaque fois la situation semble critique, et surtout les personnages apparaissent ou disparaissent par claquement de doigt.
Ainsi Cyclope, qui a été le personnage le plus inexploité de la série, disparaît de façon très peu convaincante et même sacrément dérangeante au vu de l’ellipse qui censure le passage. Malicia se barre aussi dès le début du film pour des raisons très Feux de l’Amour (Bobby commence à sortir avec Kitty et….) et ne revient qu’à la toute fin histoire de bien souligner l’inutilité de la chose et de dégoûter les fans d’Anna Paquin. Mystique disparaît aussi, victime du virus et donc plus nécessaire à l’intrigue, alors qu’elle était quand même l’un des personnages les plus intéressant de la saga. Enfin c’est carrément Charles Xavier qui se fait avoir comme un bleu dans une scène réminiscente du Scanners de Cronenberg. Ah oui et pour ceux qui espérait voir Diablo c’est râpé, il n’est pas là du tout.
Par contre oui, il y a des nouveaux. L’Homme Multiple qui n’apparaît que le temps de deux gags, le Fléau, qui n’est pas un mutant à la base et qui ici apparaît dans la forme la plus simpliste et ridicule qu’il soit (fringue SM, répliques risibles, utilité le temps d’une scène et disparition digne d’un gag de Tex Avery) et bien sûr Hank McCoy, alias Le Fauve, qui passe de scientifique à politicien. Un personnage physiquement risible et très moche mais qui par contre gagne rapidement les faveurs par sa présence un minimum soigné et nécessaire dans l’histoire. Concernant les Morlocks, les fameux mutants vivants dans les égout, c’est plutôt râpé également. D’un Arclight au look SM (décidément) et tête de drag queen à une Psylocke qui ne sert à rien et n’a de commun avec son personnage que son origine asiatique, on croisera très vaguement d’autres mutants sans qu’aucun ne servent à quelque chose et ne soient vraiment crédible… On note aussi une Moira MacTaggert qui, au choix, ou bien est connue du public mais ne sert à rien puisque lâchant deux répliques, ou bien n’est pas connue du tout et dans ce cas ne sert à rien non plus. Angel prouve carrément la publicité mensongère du film puisque si l’affiche nous le montre en costume de X-Men, il n’apparaît ici que deux ou trois fois dans des scènes inutiles, et Leech vient faire son caméo en tant que source de base du virus sans que son background ne soit exploité une seconde. Enfin il faut évoquer l’apparition d’une Sentinelle dans la Salle des Dangers. Enfin… sa tête…
Et puis il reste les « anciens ». Wolvie reste et s’impose encore une fois comme personnage principal. Magneto est toujours aussi parfait mais se fait avoir un peu rapidement, à la manière de Xavier en somme, quant à Halle Berry, elle ne doit son arrivée sur le devant de la scène qu’à son Oscar obtenu peu avant, surtout qu’elle reste toujours aussi potiche. Colossus est de retour, et tout ceux qui espérait le voir à l’œuvre depuis son apparition éclaire mais jouissif dans X-Men 2 vont être déçu: deux scènes de transformations, aucun véritable combat (alors qu’un Fléau n’attendait que lui, c’est un comble !), presque pas de dialogue. Bref on sent que sa présence n’est dû qu’aux demandes des fans depuis X-Men 2. Kitty Pride aussi revient et s’intègre au groupe. Pourquoi, comment? Aucune explication et là encore a part voler la vedette à Malicia pour la remplacer, elle ne sert à rien et se contente de déambuler tout le long du métrage avec un air ahurie. Ça fait peine à voir.
A côté de ça, le métrage est bourrés de fautes en tout genre: très mauvais raccord jour/nuit juste avant la bataille final à Alcatraz (distorsion temporelle ?), apparition d’un Morlock en figurant à un enterrement à l’école de Xavier, non respect de règles élémentaires comme lorsque le Fléau se retrouve encastré dans un mur après que Kitty l’ait rendu intangible, et qui se dégage de là comme s’il était coincé dans un trou alors que ses cellules auraient dû fusionner (dans X-Men 2 Diablo précisait justement pour ça qu’il ne pouvait pas se téléporter n’importe où !)… Bref c’est un peu du vite fait n’importe comment.
X-Men 3 est donc bien la purge à laquelle on s’attendait, inexploité, trop court, vite expédié, mais qui quand même appel à un X-Men 4 (pour ceux qui n’ont pas encore vu, attendez la séquence après le générique de fin pour voir, c’était plus que convenu de toute façon). A voir si vraiment l’on suit la série, mais très dispensable sinon.
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