Trouble Every Day (2001)

 

TROUBLE EVERY DAY

(France, 2001)

 

 

Réalisation: Claire Denis
Scénario: Claire Denis, Jean-Pol Fargeau
Musique: Tindersticks
Avec: Vincent Gallo, Béatrice Dalle, Tricia Vessey, Alex Descas, José Garcia

 

 

Léo, un médecin, séquestre sa femme, Coré, pour l’empêcher de dévorer les hommes qu’elle rencontre. Un chercheur américain, Shane, arrive à Paris pour son voyage de noce. Il en profite pour rechercher Léo et Coré qu’il a connu lorsqu’ils travaillaient tous les trois en Amazonie sur un projet pharmaceutique, qui semble avoir échoué. Coré et Shane sont infecté par un virus qui les poussent à dévorer le sexe opposé.

 

 

A l’origine, ce film était annoncé comme une histoire de vampire qui opposerait Maggie Cheung à Vincent Gallo. Rien n’est compréhensible réellement car Claire Denis préfère le pouvoir de l’image à celui de la psychologie. Elle ne cherche pas à expliquer les motivations de ses personnages, et seules les actions de ceux-ci nous permettent de les rechercher et de les comprendre. Ici le cannibalisme n’est pas répugnant comme celui des films italiens (Cannibal Holocaust, Anthropophagus), mais est au contraire une forme d’amour exacerbée. Dans ce film, les protagonistes ont une sorte d’incapacité à communiquer (Dalle n’a que deux phrases, Gallo ne s’exprime qu’en anglais, Vessey est repliée sur elle-même, Descas est presque muet et les médecins, dont Garcia et la femme de Gallo, ne parlent presque pas où sont incapable de répondre aux questions).
Du fait, le cannibalisme semble être pour Dalle et Gallo le seul moyen d’exprimer véritablement leur amour, voir de s’exprimer tout court. Dennis aurait presque pu faire un film muet. Les personnages de Shane et Coré fascinent et hypnotisent par leur simple présence. Que ce soit Dalle, errant dans sa demeure où elle est cloîtrée, et le charme animal qui se dégage d’elle, faisant d’elle une sorte de bête sauvage, ou Vincent Gallo (réputé indirigeable) qui contrairement à elle tente de surmonter le mal qui est en lui (voir la scène où il s’arrête de faire l’amour à sa femme pour ne pas céder à ses pulsions. Il s’enferme alors dans la salle de bain pour se masturber et calmer son désir de cannibalisme qui s’empare de lui, sans rien pouvoir dire à sa femme qui ne comprend pas). Le film n’offre aucun espoir de guérison et seule la compréhension des autres pourrait peut-être les délivrer de leur mal (Denis se garde bien de montrer une quelconque réaction, lors de la scène finale, en enclenchant le générique de fin). Outre les formidables jeux des acteurs, la réalisatrice film de manière fluide et rapproché la chair et le sang, faisant partager aux spectateurs les sensations diverses que peuvent ressentir Dalle et Gallo.

 

 

LA SCÈNE: La première scène de cannibalisme, avec Dalle, lorsqu’elle joue avec les lèvres meurtries de son amant et sa chair transpercée. Le mélange parfait de plaisir et douleur. La seconde, avec Gallo, choque moins puisque ce dernier est plus hésitant, bien qu’il finira par dévorer le sexe de sa partenaire, qui est à la fois consentante et victime de viol.

 

Leave a reply

You may use these HTML tags and attributes: <a href="" title=""> <abbr title=""> <acronym title=""> <b> <blockquote cite=""> <cite> <code> <del datetime=""> <em> <i> <q cite=""> <s> <strike> <strong>