Transformers
Official Movie Adaptation
(2007)
Les origines de cette bande-dessinée n’ont rien de mystérieuses, puisqu’il s’agit là d’un des nombreux produits dérivés générés par Dreamworks afin d’assurer la promotion de son ignoble Transformers. Outre cette adaptation, citons une novélisation, une préquelle en livre (Transformers: Ghosts of Yesterday), une autre en comic-book (Transformers: Movie Prequel) et quelques jeux vidéos (Transformers: The Game sur différentes plateformes). Mais si Hasbro doit toute la mythologie de sa franchise à Marvel Comics, qui inventa aussi bien les noms des personnages que la trame générale qui fut développée dans les dessins animés, c’est IDW qui est choisi développer le projet. La raison est toute simple puisque c’est elle qui possède la licence à cette époque, l’ayant acquit en 2005 et l’utilisant encore de nos jours. Naturellement on ne mélange pas les torchons et les serviettes, et si leur version de Transformers possède sa propre continuité, les Bayformers, comme dit le fandom, sont totalement à part des autres titres de la compagnie.
Cela n’empêche pas le vétéran Alex Milne de s’occuper du graphisme, un spécialiste qui œuvra sur la saga à travers différentes sociétés comme Dreamwave (Transformers: Energon), Devil’s Due Publishing (G.I. Joe vs. The Transformers: The Art of War) et donc IDW via plusieurs publications dont leur principale, The Transformers: More Than Meets the Eye, qui s’étira jusqu’en 2018. Nul doute qu’on lui confia la tâche parce qu’il connaissait le sujet sur le bouts de doigts, ce qui permet de gagner du temps, et d’ailleurs son partenaire scénariste avoue dans une interview inclus dans l’un des numéros n’avoir eu aucun contrôle sur la direction artistique du livre. Dommage du coup de le contraindre à adapter les ignobles designs du film, complètement différents de ceux des séries animées, nullifiant de ce fait tous les avantages que sa présence aurait pu apporter ! Heureusement le script est signé Kris Oprisko, l’un des fondateurs de la boite d’édition et expert en adaptations ayant touché à Metal Gear Solid, Resident Evil ou encore Underworld.
Caser un métrage de plus de deux heures dans quatre revues d’une trentaine de pages n’a pas dû être une mince affaire et il lui fallu faire des choix et des modifications pour que tout rentre. Un travail que l’on imagine conséquent mais qui fut en vérité une bénédiction, puisque cela permet de se débarrasser de séquences inutiles et de personnages secondaires insupportables. Les blagues beaufs et vulgaires de Michael Bay passent aussi à la trappe, assurant une ambiance plus sérieuse qui se rapproche d’ailleurs de ce que la bande-annonce essayait de nous vendre à l’époque. Alors bien sûr c’est toujours le scénario d’Alex Kurtzman et de Roberto Orci qui sert de modèle, donc tout n’est pas parfait et les Autobots sont encore des spectateurs au sein de leur propre histoire, mais le résulta est plus concis et cohésif, sans rupture de ton ou de rythme, et les héros paraissent moins caricaturaux et plus sympathiques que leurs équivalents de pellicule. En revanche cela fonce à toute allure, parfois un peu trop même, mais ça il fallait s’y attendre.
L’histoire s’ouvre directement sur le flashback en Arctique, ce que le montage traînait lamentablement à nous montrer dans le film, avec la découverte de Megatron par l’ancêtre de Sam Witwicky. Les parents de celui-ci sont presque inexistants (pas de discussion sur la masturbation) et Mojo le Chihuhua est à peine visible sur une case. Le gamin que se trimballent un temps les soldats au Qatar n’est plus, le sénateur joué par Jon Voight est pratiquement un figurant, et l’analyste blonde qui décryptait les communications Decepticons traîne inexplicablement avec les autres dans la base secrète de Sector 7 alors que ses scènes n’ont pas été utilisées. Au moins cela nous épargne la présence de son sidekick hurleur. Sam, limite détestable dans le film, est plus sage et sérieux, ayant même un moment sincère lorsque, après avoir vu un robot et que personne ne le croit, se demande s’il n’est pas devenu fou comme le fut son ancêtre après son expédition polaire. Il ne perd pas non plus son pantalon et ne lance jamais ses fameux “Nononononono”.
Mikaela devient moins froide, plus douce et communicative, notamment durant le coup de la panne d’essence orchestré par Bumblebee. Même chose pour l’agent Simmons qui n’est plus une blague vivante, ne se fait plus pisser dessus par les robots et n’a plus l’humiliation de se retrouver en sous-vêtement devant ses hommes. Il fait simplement son travail sans jamais entrer en conflit avec les jeunes héros et sans faire (trop) de commentaires déplacés. Certes le personnage en devient du coup insignifiant et oubliable, mais cela est amplement préférable à ce qu’il était sous la direction de Michael Bay. Parmi les autres changements et différences on peut mentionner que Bumblebee n’est plus torturé par Sector 7 mais simplement gardé captif, tandis que Megatron a ici été étudié pour construire notre technologie actuelle, ce qui n’a aucun sens (quid des industries étrangères ?) mais explique mieux sa haine à notre égard. Quant à sa mort, elle n’est plus causée par Optimus mais par Sam qui utilise le Allspark à sa place.
L’air de rien cela montre à quel point les responsables n’avaient aucune idée de l’importance que pouvaient avoir les Transformers dans leur film de robots géants. Au moins dans cette version certains gags peuvent être amusant (Sam pensant que sa voiture est vivante et veut le tuer, s’écriant “I think it wants my soul !” à un copain), la violence occasionnelle peut surprendre (quelques humains transpercés par des dards mécaniques lors de combats) et surtout les séquences d’action sont compréhensibles grâce à des dessins statiques, même si la notion de mouvements est parfois brouillonne et nécessite de se concentrer sur les cases pour ne pas manquer certains détails. Cela permet aussi d’apprécier pleinement l’apparence des Bayformers, malheureusement ce design reste très moche et il est encore compliqué de différencier certains personnages comme Megatron et Starscream, même lorsqu’ils sont dessinés l’un à côté de l’autre ! Les humains quant à eux ne ressemblent en rien aux acteurs qui les interprètent à l’écran.
Une pratique commune qui permet aux compagnies impliquées dans l’adaptation de ne pas avoir à les payer pour l’utilisation de leur apparence. Ainsi tout le monde à l’air affreusement générique, même si les physiques correspondent dans l’ensemble, et personne n’arrive à se faire remarquer, à l’exception peut-être de Mikaela qui parade en belly shirt durant toute l’aventure, nous dévoilant son petit nombril, sa splendide chute de reins et nous gratifiant même d’un joli plan décolleté. C’est bien de voir que nous avons tous les mêmes priorités dans la vie ! En dehors de ça le seul moment de joie véritable que l’on pourra avoir en lisant ce comic-book est de voir Megatron griller un scientifique Godzilla style à son réveil. Sinon on peut relever quelques erreurs anodines (Sam déclarant que les robots se nomment Transformers au lieu de Decepticons et Autobots), quelques facilités d’illustrations (pas un chat dans les rues durant la bataille finale) et la présence d’un pseudo poster de G.I. Joe dans la chambre du héros.
Une chose peut-être, ce moment d’humour involontaire lorsque, suite à un tir de missile blessant tout le monde, Sam apparait plus concerné par l’état de santé de Bumblebee, un robot plus résistant qu’un être humain, que celui de sa petite copine, pourtant juste à côté de lui et visiblement sonnée. Même chose avec les interviews promotionnelles ajoutées en fin de chaque numéro, qui n’ont absolument rien à dire malgré les dizaines de question posées ! Elles servent en fait à attirer l’attention sur la franchise et ses produits dérivés, la parole étant donné au producteur Tom DeSanto, au directeur marketing d’Hasbro Michael Verrecchia et au développeur Daniel Suarez d’Activision, qui nous offre même un coupon de réduction pour le jeu. La BD joue d’ailleurs à fond la carte des cadeaux puisqu’elle présente des tas de posters détachables et de logos qu’on nous conseil de coller partout, des cartables aux skateboards en passant par la lunch box. Si Transformers était sorti dix ans plus tôt cela aurait fait un carton. En 2007 ? Pas vraiment.
Publiée tout au long du mois de Juin au rythme d’un numéro par semaine, pile à temps pour la sortie en salle du film en Juillet, Transformers – Official Movie Adaptation apparaît désormais comme un objet obsolète et peu séduisant. Les différences avec le long métrage sont trop minimes pour être intéressantes, les dessins sont banals, voir même un rien torchés sans doute en raison d’une deadline qu’on imagine avoir été très courte, et malgré toute la bonne volonté du monde, il reste difficile d’accorder la moindre importance aux Bayformers, tellement moins funs et créatifs que les autres versions de la saga. Cela n’empêcha pas les producteurs de continuer à taper dans le marché du comic-book avec préquelles, séquelles et midquelles (Transformers: The Reign of Starscream, Transformers: Revenge of the Fallen – Defiance), toutes conçues par IDW qui s’assura peut-être un partenariat assez juteux durant ce temps, mais ne gagna jamais le respect des fans de cette manière.
GALERIE
C’est clair que c’est franchement mauvais, mais le 4 m’avait bien amusé 🙂
J’avoue qu’il me fait de l’oeil avec son robot T-Rex et Marky Mark me fait toujours rire, m’enfin je connais Michael Bay et je me doute qu’il doit ruiner tout ça avec ses blagues pourries et sa façon de filmer 😩
Ça reste du Michael Bay (même s’il y’a des trucs que j’aime bien chez lui, notamment 13 Heures et 6 Underground), mais le « bad robot « est cool (Lockdown) et le final de 50 minutes est vraiment ouf.
« Le final de 50 minutes » … bordel 😃
J’ai pas exploré toute sa filmo et pour l’instant je ne lui accorde que The Rock (surtout grâce au casting), et Pain & Gain m’a fait rire une fois ou deux (surtout grâce au Rock) du coup je note, mais quand je vois les réactions positives générales devant ses Bad Boys qui ne provoquent aucune émotion humaine chez moi, je me dis qu’il y a un truc que je ne dois pas « comprendre ».