The Walking Dead
Ep.5.12
Remember
The Walking Dead poursuit sur sa nouvelle lancée et confronte enfin Team Rick avec la population d’Alexandria. L’occasion de renouveler un peu le train-train lassant de la série en proposant une situation différente d’ordinaire, qui joue plus sur le malaise et les tensions que sur une menace claire et posée. Ici le véritable soucis de nos héros vient plutôt d’eux-mêmes, se retrouvant hantés par leur habitude de survie et ne parvenant absolument pas à trouver le bonheur tant rêvé jusque là.
Après un épisode servant d’introduction et mettant en avant le manque de confiance de nos héros envers cette nouvelle communauté, Remember explore un peu plus la difficile cohabitation entre les différents personnages, qui ont naturellement une manière d’opérer très différente. De nouveau la série semble abandonner l’idée de suivre les protagonistes individuellement, ou uniquement par petites touches, se concentrant plus sur les groupes de façon générale, leurs idéaux, leurs craintes et leurs faiblesses.
En faisant cela, plusieurs personnages sont certes un peu mis de côté (le prêtre disparait pour un bon moment et n’apparaît même pas dans les plans d’ensemble du groupe) et cela risque d’agacer quelques fans qui ont leur favori, mais il faut être honnête: vu le nombre de membres de la Team Rick, il apparait nécessaire d’abréger les sous-intrigues qui viennent éclater la narration et la structure des épisodes.
Remember présente alors Alexandria, ses différents membres et surtout leur façon de vivre dans ce monde post-apocalyptique. Surprise, l’endroit n’est pas un minuscule village comme l’était le refuge dévasté de Noah et apparait au contraire comme une ville de taille relativement conséquente ; même si nous n’en verrons que quelques quartiers pour des raisons de budgets. A la base un repaire de survivants utilisé par l’Armée au début de la catastrophe zombie, afin de réunir la population afin de l’exporter hors du comté. Les soldats ne revenant pas, les réfugiés se retrouvèrent livrés à eux-mêmes et utilisèrent le matériel d’un chantier à proximité afin de créer des remparts.
Restée cloîtrée depuis le début de l’invasion, la population de la Safe Zone n’a en réalité aucune idée de ce qu’est devenu le monde extérieur et réagit de manière très naïve. C’est pour cette raison que Deanna, la dirigeante, a prit la décision d’incorporer Rick et les siens: pour en savoir plus, être capable de se défendre et ne plus subir de lourdes pertes lors de raid d’approvisionnement. Et pour s’assurer que ces nouveaux venus puissent pleinement trouver leur place dans la communauté, ils passent tous un entretien individuel, afin qu’elle puisse se faire une meilleure opinion d’eux, de leur historique et de leur état d’esprit…
Autant le dire, nos héros sont tout simplement dépaysés. Perdus même, ne trouvant absolument pas leur marque dans un repaire possédant eau et électricité, et se voyant même offrir leur propre demeure afin d’y vivre en toute intimité. Ils doutes, ils soupçonnent, voient le mal partout. Et si les membres d’Alexandria ne cherchaient qu’à les diviser ? Après tout, on leur confisque leurs armes à feu dès que leur acceptation est validé. Ou peut-être sont-ils tout simplement idiots, comme ce duo en charge du ravitaillement, totalement arrogant et incompétent sur le terrain. Dans tous les cas ils apparaissent comme faibles, inconscients du danger qui les entourent et continuant à vivre comme autrefois.
Se profile alors le danger inévitable de la fin de saison, relativement subtilement je dois dire. Deanna évoque avoir exilé trois personnes qui ne suivaient pas leurs règles et on se souvient des vestiges de batailles chez la Safe Zone de Noah, avec ces zombies marqués d’un “W” sur le front. Ici c’est une arme caché par Rick, juste à l’extérieur des murs d’Alexandria, qui disparait subitement, preuve que quelqu’un rôde et observe dans les environs… Une grande partie de l’épisode consiste à nous faire pressentir cette menace, surtout via les avertissement d’un Rick totalement déphasé et incapable de comprendre pourquoi Deanna est si laxiste sur sa façon de gérer son peuple. La population d’Alexandria devra s’adapter d’une façon ou d’une autre, et si ce n’est pas par un quelconque vilain cherchant à les anéantir, ce sera par la force des choses maintenant que Rick est dans la place.
L’épisode fait des merveilles pour montrer Alexandria comme un endroit en total décalage avec l’univers de The Walking Dead. Il n’y a pas d’exagération dans le comportement des habitants mais il parait assez étonnant d’y retrouver des gens “normaux” et se comportant comme si la fin du monde n’était jamais arrivée. Les enfants s’amusent, les gens promènent leurs chiens, les vieillards observent les promeneurs avec bienveillance. Voilà qui sonne faux, sorte de représentation caricatural du parfait voisinage. Et Remember de trouver un petit aspect proche de la série culte Le Prisonnier, le temps d’une séquence stressante, où Rick observe tout ce petit monde avec distance et incrédulité, avant de se retrouver subitement dans une rue totalement déserte.
En un passage assez amusant, Deanna explique le fonctionnement de la communauté et son sens du partage avant de s’exclamer, avec un certain cynisme: “Looks like the communists won after all” ; une notion d’équité qui n’est sans doute pas sans avoir ses zones d’ombres où ses défauts, comme le laisse présager le comportement de certains.
Deux éclaireurs s’amusent à suspendre un Walker, qui a précédemment tué quelques collègues, afin de le garder prisonnier et de se venger. Rick rencontre une séduisante jeune femme dont le mari ne manquera pas de l’interpeller de façon inquiétante la nuit venue. Et Carl se trouve lui-aussi une jolie fille, Enid, laquelle provient de l’extérieur tout comme lui et reste taciturne en plus de faire le mur de temps à autres, pour se promener seule dans la forêt…
Cependant, si certains membres de Team Rick réalisent qu’ils ne sont pas du tout en phase avec ce nouvel environnement et demeurent très suspicieux, d’autres comme Michonne ou Carol y trouvent rapidement leurs aises. Cette dernière, tout particulièrement, prend un malin plaisir à jouer le jeu de la parfaite citoyenne et enfile un costume de « femme au foyer » totalement innocente qui lui permet de rester invisible. Daryl, n’en revenant pas de la voir si différente, lui lance un “You look ridiculous” des plus amusants car… des plus véridiques !
L’apparence civilisée elle-même ne parait plus avoir de sens dans ce monde. Et pourtant il va falloir se réhabituer à voir Andrew Lincoln sans sa grosse barbe et sa chevelure frisée, car la dame n’est pas la seule à se refaire une beauté maintenant que le confort est de mise (et attendez de voir les dreads de Michonne avec un uniforme de police pour voir !).
Question gore, cette semaine reste très sobre, avec à peine quelques morts-vivants apparaissant ici et là. Toutefois, outre un duel où Grimes père et fils se battent côte à côte sans avoir besoin de s’échanger un seul mot, nous sommes gratifiés d’un beau “déshabillage” de chair humaine, la peau d’un Walker restant entre les mains d’un survivant qui tente de le retenir pour l’empêcher de s’attaquer à un frère d’arme. Les chairs pourrissantes glissent et se retirent telle une veste, permettant au monstre d’échapper à l’emprise. C’est mince mais, encore une fois, il y a d’autres choses à s’intéresser dans ce nouveau Walking Dead. Comme par exemple ce très bon choix de casting pour l’interprète de Deanna, Tovah Feldshuh (une actrice récurrente de la série New York, Police Judiciaire), qui est vraiment impeccable et imposante malgré sa petite taille. Un peu à la manière de la géniale Linda Hunt à qui elle me fait un peu penser.
Et puis surtout, encore, ce rapprochement énorme par rapport avec la série comics, surtout dans sa conclusion. Un final où Rick lance une tirade sentencieuse, expliquant qu’il est prêt à récupérer Alexandria pour lui-même si ses habitants ne sont pas près à changer leurs règles. Un gimmick qui vise à nous faire croire que Rick est désormais tyrannique et à deux doigts de basculer du Côté Obscure… Exactement comme les 3/4 des numéros de The Walking Dead, ce fameux running gag que j’évoquais lors de ma première chronique de cette saison ! Voilà un clin d’œil que j’attendais depuis longtemps.
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