The Lost Boys (1987)

 

The Lost Boys

(1987)

Santa Carla, en Californie, est considérée comme la Capitale du Monde du Meurtre malgré une apparence des plus charmantes, avec son grand parc d’attraction en bord de mer. Des centaines d’affiches de recherche témoignent pourtant d’un nombre alarmant de disparitions. C’est dans cette ville que viennent s’installer Michael et Sam, emménageant dans la maison de leur grand-père, un taxidermiste un brin excentrique. La première soirée au parc, Sam est avertit de la présence de vampires dans les environs par les frères Frog, deux vendeurs de la boutique de comics du coin, tandis que son frère tombe sous le charme de la belle Star, ce qui le pousse à fréquenter une étrange bande de voyous. Ces derniers se révèlent être en fait un groupe de Nosferatu qui, en lui faisant boire du sang d’un des leurs, le transforme progressivement en une créature de la nuit…

The Lost Boys. Un titre que les amateurs de Peter Pan vont reconnaître puisqu’il s’agit du nom donné aux compagnons du célèbre héros, des enfants ne vieillissant jamais… D’enfants justement, il en était question dans le scénario original qui montrait les frères Frog, alors des gamins de huit ans, affronter une bande de vampires à peine plus vieux qu’eux. Une sorte de Goonies vampirique en quelque sorte, qui aurait pu être intéressant: vu le titre et sa référence à l’œuvre de Sir J.M. Barrie, on imagine bien les frangins être confrontés au désire de rester toujours jeunes et de s’amuser éternellement plutôt que de devenir de vieux cons. Cette histoire ne sera cependant jamais tournée car Richard Donner, réalisateur alors prévu, laisse tomber à cause d’une production trop longue à donner le feu vert et par s’attaquer à l’excellent L’Arme Fatale à la place.

C’est Joel Schumacher qui prend sa place (après que Mary Lambert – respect éternel pour son Simetierre, un des meilleurs films d’horreur de sa génération – ait été écartée du projet pour “divergences artistiques”), demandant toutefois à ce que l’histoire soit changée. Les frères Frog sont relégué au rang de sidekicks, les vampires sont des adolescents aux allures de punks (et par ailleurs le personnage de Star, à l’origine un garçon, devient ici une fille) tandis qu’on rajoute cette famille en personnage principaux, dont les deux frères servent de liens entre les divers protagonistes.

Le problème de cette réécriture c’est qu’elle en devient bancale. Si une partie du métrage est effectivement un peu plus adulte, avec les vampires et cette transformation progressive de Michael, l’autre fait donc justement penser aux Goonies (d’ailleurs on y retrouve Corey Feldman) avec ces enfants se prenant pour de petits Van Helsing. On se retrouve parfois avec des ruptures de ton assez conséquentes entre les pitreries de nos jeunes héros et la sauvagerie des vampires (le massacre des jeunes près du feu de camp). Une scène l’illustre bien lorsque Star rend visite à Michael pour lui avouer qu’il devait être sa première victime et qu’elle lui demande maintenant de l’aider à combattre ce Mal qui les habite. Tandis que Jason Patric nous livre un jeu on ne peut plus sérieux, Corey Haim nous offre une prestation comique en se cachant sous une couette et en balançant des punchlines censées détendre. Impossible de ne pas être consterné de voir réunis au même moment un passage de tension assez bien poussé et son opposé parfait. Dans le même genre on peut citer ce passage contenant une tension conçue pour monter en intensité et un désamorçage de tension total, quand Michael est poussé par la soif de sang et commence à se diriger vers son frère alors que ce dernier prend un bain moussant, chantant faux et jouant avec son canard en plastique.

Génération Perdue a constamment le cul entre deux chaises et perd son public potentiel à force de vouloir plaire à tout le monde. Heureusement, le scénario ne fait pas les choses à moitié et les passages sérieux ou légers sont en eux-mêmes bien réussie. On peut ainsi apprécier les scènes relatives aux vampires, qu’il s’agisse du massacre brutal d’un groupe de jeunes, leur façon d’initier un nouveau membre ou bien encore le changement de comportement de Michael qui se replie peu à peu sur lui-même, et à côté de tout ça on peut s’amuser à voir les frères Frog partir à la chasse aux vampires alors qu’ils ne connaissent que leurs bandes-dessinées, piquant de l’eau bénite avec leurs gourdes en plein mariage ou se prenant pour un commando surentraîné.

Autre problème que l’on peut soulever: la fin abrupte. Le film se conclut sur une sorte de blague pas drôle et passe au générique sans réelle transition, donnant l’impression qu’il manque quelque chose. Et effectivement, il faut savoir qu’à la base le script montrait une dernière scène se déroulant quelques temps plus tard, où le vampire David se révèle être en réalité toujours vivant (ce qui explique pourquoi son corps ne se désintègre pas comme ceux des autres) et qui introduisait à une suite qui fut écrite mais jamais tournée: The Lost Girls.

En parlant de vampires, on remarque une ou deux trouvailles sympathiques comme la lévitation (reprise à Peter Pan) ou encore la physionomie de leurs pieds, dont les doigts ressemblent à des serres de chauves-souris leur permettant de dormir accroché la tête en bas dans leur grotte. Pour le reste c’est assez conventionnel avec le vampire ne pouvant entrer que sur invitation, le pieu dans le cœur qui suffit à tuer, les blessures par eau bénite ou la lumière du jour. De même on retrouve le principe du demi-vampire qui peut retrouver son humanité jusqu’à ce que le Maître de la horde soit éliminé avant sa transformation complète.

Génération Perdue se rattrape avec une réalisation simple mais efficace, comptant de superbes plans aériens pour simuler les envols de nos vampire et quelques musiques sympathiques (la planante Cry Little Sister, thème du film, ou encore l’excellente People are Strange des Doors), et n’hésitant pas à verser dans le gore, notamment dans le mises à mort des vampires dont les corps explosent ou se décomposent en accéléré, et où le sang jaillit à flot des canalisations d’une maison à la manière d’un Evil Dead ! Techniquement bien foutu, il faut aussi rajouter le charme classieux d’un Kiefer Sutherland ainsi que les bonnes prestation de Jason Patric et Corey Feldman. Malheureusement le casting est, au même titre que le film, plutôt inégal et Corey Haim en rajoute un peu trop, Dianne Wiest (la mère) se retrouve à camper un personnage à la limite de l’exaspérant, et Barnard Hughes (le grand-père) n’est pas transcendant dans son rôle de toute façon trop peu développé. Un rôle qui devait être interprété par Keenan Wynn (décédé peu avant le tournage) ou John Carradine (alors bien trop malade).

Génération Perdue a désormais sacrément vieillie (comme souvent avec les films de Schumacher) et son ambiance très eighties ne manquera pas de faire rire aujourd’hui. Passe encore les coupes de cheveux et les vêtements, mais voir ce concert où le chanteur Tim Cappello, le torse nu et huileux, joue de son saxo I Still Believe en se déhanchant sauvagement devant une foule en délire à de quoi provoquer l’hilarité. Un côté rétro que certains apprécieront sûrement moins que d’autres mais qui rappelle la bonne vieille époque où l’on pouvait voir tout et n’importe quoi à l’écran. Reflet de son temps, Génération Perdue est un film bancale et pas très aboutie, mais divertissant, amusant et possédant un certain charme relatif à son époque.

 

 

2 comments to The Lost Boys (1987)

  • Alex Alex  says:

    Punaise ! Je le connaissais pas celui-là ! Qu’est-ce qu’il était gamin le papa Sutterland, incroyable.

    • Adrien Vaillant Adrien Vaillant  says:

      Ah ben c’est sûr, ça carrière elle a pas commencé avec 24h Chronos hein ^^ »

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