Superman #180 – Superman vs. Dracula !
The House of Dracula
(2002)
Voilà un petit one-shot qui aurait été parfait pour Halloween, quand bien même il fut publié en plein mois de Mai. Encore qu’on me signale dans l’oreillette que les dates de publication affichées sur les comics sont généralement inscrites à une date ultérieur de leur véritable parution, chose que je ne comprends pas mais que j’avais constaté à force de lecture sans en avoir la certitude jusque là. Du coup peut-être que ce Superman #180, intitulé Superman vs. Dracula ! sur la couverture et The House of Dracula dans la première page, fut développé pour le mois d’Octobre précédent. Allez savoir. Quoiqu’il en soit j’exhume ce crossover inattendu entre le Man of Steel et le Prince of Darkness pour un duel qui s’annonce forcément très court. Comment croire un seul instant que le Kryptonien éprouverait la moindre difficulté pour terrasser ce vieux Transylvanien, même malgré ses quelques pouvoirs ? C’est justement tout le gag autour duquel s’articule cette BD ! DC emploi fréquemment des figures horrifiques dans son univers (monstres et démons se mariant à merveilles aux super-héros, cyborgs et autres extraterrestres), tout comme son concurrent direct Marvel. Mais contrairement à ce dernier, qui offrit un beau parcours à Dracula et au Monstre de Frankenstein à travers différents titres (dont notamment The Tomb of Dracula, qui donna naissance à un certain Blade), la compagnie semble beaucoup moins intéressée d’exploiter le filon des “Famous Monsters”.
En fait chez eux c’est surtout la Créature de Mary Shelley qui tient la vedette, retravaillée plusieurs fois en quelques décades et tenant désormais un rôle d’anti-héros luttant contre les Forces du Mal. Le vampire de Bram Stoker, lui, doit se contenter de quelques apparitions sans grandes importances ici et là, ses seuls moments de gloire se limitant au film d’animation Batman vs. Dracula et à Red Rain, premier volet d’une trilogie Elseworlds où il transforme le Chevalier Noir en vampire. C’est mince et c’est pour ça que l’on accueil son retour avec grand plaisir dans ce crossover, pour une histoire qui certes ne restera pas dans les annales mais demeure mémorable grâce à ses jolis dessins et sa conclusion à prendre à la rigolade. Petit épisode de remplissage perdu au sein d’un arc plus important pour Superman, ce House of Dracula ne s’embarrasse pas vraiment de background ni d’explication. Clark Kent et Lois Lane, accompagnés du photographe Jimmy Olsen, sont dépêchés en Europe de l’Est par le Daily Planet pour effectuer une interview avec l’étrange Comte Rominoff. La raison, à peine évoqué et pourtant importante, trouve ses racines dans le contexte d’alors de la revue Superman: à cet époque un Général Zod (pas celui que vous connaissez, mais un militaire Russe rendu surhumain via des radiations de Kryptonite et qui, influencé par l’esprit du vrai Zod, se lance à la conquête du monde… Bref !), dictateur du Pokolistan, envahit les pays voisins et provoque de grands remous dans l’actualité internationale.
Voyant son peuple menacé, le Comte prépare une déclaration officielle où il s’oppose au général, comptant prouver au reste du monde l’autorité de sa nation. C’est lui qui invite Lois pour rédiger l’article, contant sur sa réputation et son talent afin de se faire entendre. En réalité il s’agit d’un piège, Rominoff étant évidemment Dracula, lequel cherche surtout à mettre la main sur Superman. Parce qu’il sait que le super-héros débarque aussitôt que la jeune femme est en danger (belle moquerie du cliché de la demoiselle en détresse !), il s’en prend à elle en espérant que débarque son sauveur: son but est de vampiriser le Kryptonien afin qu’il rejoigne son armée des Ténèbres, laquelle deviendrait forcément beaucoup plus puissante pour lutter contre Zod. Et il y arrive, son pouvoir d’hypnose lui permettant d’envoûter même le Man of Tomorrow qui a toujours été vulnérable à la magie. Mais avec la morsure vient un grave soucis puisque, comme tout le monde le sait, Superman tire ses pouvoirs directement de l’énergie du… soleil ! Boire son sang revient donc à s’abreuver de rayons UV, et cela fini alors très mal pour le Comte. Et la narration de nous rassurer quant à la règle d’or du héros de ne pas tuer: elle ne s’applique de toute manière pas aux morts-vivants ! Amusement, Clark, qui reste le plus digne de tous les personnages DC, se sent coupable malgré tout et se pose des questions quant au sort du pays maintenant que son leader a disparu…
Une dernière image nous rassure quand même, montrant la Transylvanie être protégée par une Monster Squad militarisée et composée du loup-garou, de la momie, de Gill-man, d’un monstre de Frankenstein (!) et de la belle Elizabeth (Bathory), vampire que l’on a pu surprendre un peu avant entrain de draguer Olsen dans l’idée de boire son sang. Rien de très sérieux comme on peut le voir, et cette intrigue n’aura pas la moindre conséquence sur les aventures à venir de Superman ni de n’importe quel autre héros. En fait Dracula reviendra même deux ans plus tard dans JLA #95, totalement indemne et sans le moindre souvenir de ce qui s’est passé – preuve que tout ceci n’a pas d’importance. Il y mord encore une fois le Kryptonien mais sans conséquences cette fois-ci, trouvant simplement son sang infecte puisque extraterrestre ! The House of Dracula n’est donc pas vraiment une histoire à prendre à cœur ou même à intégrer dans une quelconque continuité, mais plutôt une aimable plaisanterie qui se laisse suivre agréablement.
Car ce n’est pas tous les jours que l’on peut voir le Man of Steel se tabasser avec des loups-garous, ou être cockbloqué par son ennemi ! En fait le sommaire proposé reste intéressant même s’il n’est pas exhaustif: Lois se moque de la cape de Superman pour complimenter celle du Comte immédiatement après, le vampire dispose d’une interminable cave à vin qui contient évidemment du sang humain dans de très jolies bouteilles et, au détour d’un dialogue, nous apprenons que les photos prisent par Olsen ne montrent rien du tout. Quant au clin d’œil final montrant l’escouade de monstres, il s’agit tout simplement d’une référence à Creature Commandos, revue d’Horreur / Action de DC dont il aurait pu s’agir d’une nouvelle itération si l’idée avait survécu à ce simple one-shot. A cela se rajoute les splendides illustrations de Ian Churchill qui aime visiblement montrer les femmes sous leurs meilleurs jours, que ce soit Elizabeth, splendide Goth aux cheveux de feu et tenues moulantes, ou Lois, qui erre dans le brouillard en sous-vêtements. Le tout est sublimé par un couple de coloristes, Tanya et Rich Horie, qui ont désaturés toutes les couleurs sauf la tonalité rouge sang, forcément mise en valeur. Simple mais efficace.
Enfin terminons en mentionnant le noms des responsables, puisque si le scénario est signé Jeph Loeb (coupable, tiens donc !, de Batman: The Long Halloween et sa séquelle, Dark Victory), c’est avec l’aide non négligeable de Geoff Johns (qui se pose là question horreur puisqu’il est l’auteur du Big Event zombiesque Blackest Night) et visiblement de Joss Whedon qui est remercié dans les crédits (ce qui nous vaut d’ailleurs une référence un peu datée à Buffy). Du beau monde même si cela n’empêche pas quelques petits égarements comme le fait étrange de ne jamais mentionner directement la Transylvanie (Lois expliquant que l’Europe change “toutes les trois heure” et qu’elle ne sait plus exactement si elle se trouve en Hongrie, en Roumanie ou en Tchécoslovaquie) et cette inutile tentative de garder un lien narratif entre Lois et Clark et leurs aventures précédentes (Our Worlds at War, un Big Event où le père de Lois meurt, ce qui vient tester les limites du couple). Rien de bien méchant et à peine remarquable.
Superman vs. Dracula ! ce n’est pas sanglant, ce n’est pas effrayant, ce n’est même pas important, mais ça prête à sourire et ça vous met dans l’ambiance, ce qui est donc parfait pour Halloween !
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