Stingers (2009-2010)

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Stingers

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Si l’on retient bien une chose avec les comics Zenescope,  ce sont les couvertures qui mettent toutes en scènes de jolies pin-up en petites tenues. Et si des publication comme Grimm Fairy Tales sont désormais plutôt branché fantasy, ce serait vite oublier que la compagnie verse avant tout dans l’horreur, et ça depuis ses tout débuts. En témoigne leur version d’Alice au Pays des Merveilles qui tourne très vite au cauchemar, et des titres comme l’anthologie The Theatre ou Les Chroniques du Dr. Herbert West, malheureusement annulé par l’éditeur avant sa conclusion. Stinger fut produit à cette époque, alors que la boite tentait de faire son trou dans le marché, et son concept est celui d’une véritable d’une série B à l’ancienne sur tous les niveaux, que ce soit dans le budget, l’intrigue et le rendu graphique. L’histoire écrite par Joe Brusha et Ralph Tedesco, les deux fondateurs de Zenescope, s’ouvre quelque part dans la galaxie d’Andromède où existe une civilisation bien plus avancée et plus agressive que la nôtre. Mais leur planète est mourante et, pour assurer la survie de leur espèce, ils envoient une sonde dans l’espace afin de se trouver un nouveau monde.

 

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C’est évidemment la Terre qui devient leur cible, et les extraterrestres – des sortes de grosses guêpes monstrueuses – s’écrasent quelque part dans le New Jersey avant d’envahir une petite ville. Leur but ? Mélanger leur ADN avec la population locale pour créer une nouvelle race d’hybrides capable de se multiplier très rapidement. Les premiers mutants sont découvert à temps par la jolie shérif du coin et Brian Hawkins, ancien flic qui a tout plaqué après l’assassinat de sa femme et se retrouve à jouer les gros bras pour un petit truand. Mais après la confrontation, Hawkins est piqué à son tour tandis que les cadavres redeviennent humain, empêchant l’héroïne d’être crédible dans sa demande de renfort. C’est avec une poignée d’hommes qu’elle va devoir faire le ménage dans la ville, tandis que son compagnon se transforme progressivement. Heureusement pour lui sa dépendance aux antalgiques lui permet de retarder la métamorphose et d’exploiter ses nouvelles capacités: il devient plus fort, plus rapide et peut détecter les monstres à distance. Évidemment il va aussi perdre son humanité petit à petit, et reste à voir s’il pourra se battre jusqu’au bout avant d’être pleinement corrompu.

 

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Avec ça Stinger n’est évidemment pas la plus originale des histoires et pratiquement tous les éléments du scénario ont déjà était vu ailleurs et en mieux. Mais on peut dire que cela fait parti du charme de la BD, ce côté “film d’exploitation” qui se moque totalement d’être bon pourvu qu’il soit divertissant. Les personnages sont souvent très cons, les monstres assez dégueulasses quoique plutôt générique dans leur apparence, et les scènes d’attaques sont joyeusement gore avec beaucoup de membres arrachés et d’entrailles versées au sol. Et comme c’est publié par Zenescope, on a aussi droit à un peu de fan service ici et là même si cela reste très sage et distribué au compte-goutte par rapport à d’habitude. Mais le véritable atout du comic book reste avant tout son personnage principal, Hawkins, un type hanté par le meurtre de sa femme et par le fait qu’il n’a jamais pu la venger puisque le coupable s’est suicidé. Dans le premier numéro c’est un type désabusé et nihiliste qui hésite presque à abattre une des personnes qu’il doit capturer puisque celui-ci a violé une femme. Sous l’effet du mélange d’ADN, on explore un peu sa psyché et on comprend qu’il rêve encore de courir après le responsable de ses malheurs, d’où son job de chasseur de primes sans doute.

 

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Sauver le monde est pour lui l’occasion de redevenir lui-même une dernière fois, un type bien, même si cette humanité il la retrouve tandis que son corps, lui, se dégrade de plus en plus. Anecdote inutile, plusieurs personnes ont fait remarquer que le personnage ressemble à s’y méprendre à celui de Hawk, de la vieille série Spenser des années 80. Le même nom, le même look et quasiment le même boulot. Une référence assez obscure pour nous autres, et que les auteurs ont assuré n’être qu’une simple coïncidence. La dernière partie le met face à un mutant évolué encore plus dangereux que les précédents au moment même où il achève sa propre transformation. De quoi nous offrir un combat de monstres bien sympathique et une conclusion forcément tragique qui colle assez bien à l’ambiance voulu par les scénaristes, mais pas tellement à celle établit par les illustrateurs. Car en bonne série B format papier, Stinger a été réalisé avec un tout petit budget et Zenescope a dû changer d’artistes en cours de route. Non pas une fois, mais quatre fois pour cinq numéros ! Le premier c’est Wagner Reis, qui a notamment bossé chez Dynamite sur quelques titres comme Warlord of Mars. Son style est sympa sans être exceptionnel mais ça fonctionne très bien. 

 

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Comme il s’occupe des deux premiers numéros on s’adapte assez vite à ses illustrations, du coup le changement en milieu d’histoire est assez perturbant. C’est Ryan Waterhouse qui lui succède, artiste au CV maigre comme un clou. Il se livre à la technique du tracing de façon assez voyante qui montre bien que la BD a été faite avec les moyens du bord. Et ça dégringole encore plus au 4ème numéro avec un Ivan Barriga qui semble avoir torché son travail en un rien de temps avec parfois une absence totale d’arrière-plans, et c’est dommage car c’était l’épisode le plus centré action. Heureusement le dernier volume rattrape le tout grâce au boulot appréciable de Tommy Patterson, sans doute le meilleur dessinateur du lot et responsable de la version comics de Game of Thrones chez Dynamite. Il sait mettre en valeurs ses monstres, qui du coup on presque un petit côté “Symbiote” à la Carnage et Venom par moments. Trois bonnes revues sur cinq c’est quand même pas mal, et de toute manière Stinger se rattrape sur son écriture via quelques trouvailles sympa. Comme lorsqu’un mutant débarque dans une supérette et que la seule personne à réagir est une vieille dame qui lui balance sa laitue à la gueule. L’héroïne charge un monstre au chariot élévateur et il y a ce petit moment de tension lorsqu’un insecte alien rôde autour d’une petite fille.

 

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Bref, c’est loin d’être parfait mais à l’image de ces films d’horreur de vidéoclub, la BD saura plaire à un public bien spécifique: celui qui s’éclate devant des trucs comme Skeeter, Mosquito Man ou Stung. Les autres n’y trouveront pas leur compte, et sans surprise le titre fut un échec, les cinq numéros n’ayant à ce jour même pas été réunis dans un recueil. Les intéressés devront donc traquer les revues indépendamment pour suivre toute l’histoire. Joe Brusha évoquait à l’époque la possibilité d’une suite sous la forme d’une mini-série si le succès était au rendez-vous… vous pensez bien que l’idée fut rapidement oubliée.

 

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