Space Marines (1996)

 

Space Marines

(1996)

 

 

C’est pas un incroyable coup du sort que Space Marines, petite série B miteuse des années 90 perdu parmi des centaines d’autres sur les étagères de vidéoclubs, se trouve être la définition même de la bonne humeur ! La chose ne payait pas de mine pourtant, avec ses horribles costumes et décors, son scénario calamiteux et ses effets spéciaux en CGI primitifs semblant être tirés d’un épisode de Babylon 5 ou de jeux FMV comme Wing Commander IV. Bref, le film est moche, cheap et vraiment bête, et tout laisse à penser que l’on sera bien malheureux en le visionnant. Mais – surprise ! – c’est un petit miracle qui s’accomplit lorsque l’on découvre que les acteurs savent parfaitement dans quoi ils se sont embarqués et ont décidés, aux choix, de cabotiner à l’extrême avec l’intention de divertir le public comme dans un film pour enfant, ou de prendre les choses au premier degré avec une telle exagération que l’on se retrouve dans la parodie pure tant cela en devient absurde. Certes il existe bien des productions s’étant essayées à cela avec un résultat désastreux, car il n’y a rien de pire qu’une mauvaise comédie, mais heureusement cela fonctionne ici grâce à un enthousiasme communicatif de la part du casting et du scénariste.

 

 

L’intrigue pourrait facilement être décrite comme “Delta Force dans l’espace” (et plus précisément Delta Force 3) et présente un futur lointain où l’humanité s’est étendue aux quatre coins de la galaxie. Le gouvernement galactique s’y retrouve en guerre contre la Infinity Brigade, une bande de révolutionnaires dirigée par le Colonel Fraser, un ancien Space Marine devenu vindicatif depuis qu’il a perdu une jambe au cours d’une bataille. Prêt à tout pour faire tomber le régime, il s’est associé à des pirates de l’espace afin de provoquer des attentats et vient non seulement de voler une énorme cargaison d’utranium (matière permettant de créer du fuel anti-matière !) mais il vient aussi de prendre en otage un important politicien, réclamant l’incroyable rançon de vingt tonnes d’or pur pour sa libération. Un groupe de Marines est alors déployé afin d’attaquer le repaire des brigands mais l’opération est aussitôt abandonnée lorsque les mercenaires commencent à découper leur prisonnier en morceau. L’ambassadeur de la Terre décide de céder à leurs demandes et, contre l’avis des militaires, d’organiser une rencontre pour effectuer l’échange.

 

 

C’est évidemment un piège et les terroristes capturent le diplomate afin de l’utiliser dans leur plan machiavélique: le transformer une bombe humaine en implantant dans son corps un explosif miniature mais surpuissant puisque boosté à l’utranium. Il ne restera plus qu’à menacer le sénat de sa présence, lequel devra obéir sous peine d’être pulvériser. Heureusement nos Space Marines veillent et sont prêt à braver les ordres pour sauver le monde, quitte à prendre d’assaut la forteresse ennemie sans autorisation. Qui plus est, leur meilleur homme a déjà infiltré les lieux en se faisant passer pour un assistant parlementaire. Retenu prisonnier avec la véritable attachée de l’ambassadeur, il s’évade et va se prendre John McClane, ce qui est bien pratique pour injecter un peu d’action à l’histoire maintenant que les soldats ne peuvent plus s’en prendre à l’ennemi. Car pour un film nommé Space Marines, les pauvres se retrouvent finalement bien mis à l’écart passé l’introduction, la faute aux politiciens naïfs et pacifistes qui ne leur laisse pas faire leur travail. Mais pour être franc le script se plait à les présenter comme des bidasses incompétents, préfigurant un peu Starship Troopers.

 

 

Il faut voir leur pauvre chef, dont le casque affiche un « Gray Wolf » évoquant les uniformes peu réglementaires des troufions d’Aliens, devoir leur rappeler de ne pas tuer l’otage par mégarde ni faire sauter le bâtiment s’il y a des civiles présent à l’intérieur ! Essuyant une perte, ils partent noyer leur chagrin dans l’alcool en fantasmant devant une danseuse holographique qui peut changer d’apparence en plein numéro. Pendant ce temps le héros infiltré doit composer avec une secrétaire pimbêche exagérément dédaigneuse qui passe son temps à l’insulter et à le contredire. L’anti-romance par excellence, assurément volontaire de la part du scénariste qui s’amuse quand même à les coller ensemble à la fin du film même s’il n’y a théoriquement aucune raison pour que cela arrive. Forcément, en comparaison, la Brigade s’en sort beaucoup mieux et passe son temps à amuser la galerie à force de personnages et de détails extravagants. D’une part ils possèdent leur propre petit drapeau qui rappelle un peu l’imagerie de Warhammer 40.000 et dont ils sont visiblement très fier puisque même le chirurgien de la bande le porte en écusson sur sa blouse blanche !

 

 

Fringués comme des figurants d’un film Bis post-apocalyptique, ils utilisent encore des techniques primitives malgré l’époque (ils tirent aux AK47 et s’arriment aux vaisseaux spatiaux à l’aide d’un grappin ordinaire) et n’en finissent plus de faire rire par leur stupidité. Des méchants de dessins animés qui valent bien les Smokers de Waterworld, surtout lorsque débarque leur chef, un bodybuilder nommé Gunther qui porte un bandeau de pirate « futuriste » et un T-shirt au décolleté impressionnant. Brutaux et sadiques au possible, ils tabassent et flinguent tout le monde y compris leurs propres hommes lorsque ceux-ci tentent de fuir ou échouent dans leurs missions. Quant au Colonel Fraser, anachronique avec son look westernien et son accent Sudiste, c’est un mégalo fanatique qui passe son temps à préparer ses grands discours sur dictaphone pour trouver les meilleures tirades. Même si cela ne touche jamais ses hommes qui se demandent surtout quand est ce qu’ils seront payés. Un gag qui revient dans la conclusion où le révolutionnaire, encerclé, déclare qu’il préfère encore détruire le sénat plutôt que se rendre. Gunther intervient pour lui rappeler qu’ils sont eux-mêmes présent dans les locaux et l’autre accepte la fatalité avec une telle ferveur que son compagnon baisse les yeux en lâchant un petit « okay » d’une voix de gamin apeuré.

 

 

Autrement, le film débordent de petites choses appréciables comme cette planète-astéroïde qui se transforme en hangar désaffecté tout à fait contemporain lorsque l’on débarque à l’intérieur, l’existence d’un Galactic-telecom qui se trouve être un opérateur aussi chiant que les nôtres puisque l’hôtesse refuse de voir l’urgence de l’utilisateur même lorsqu’il appelle à l’aide en pleine fusillade, et quelques moments gores montrant une oreille coupée, une tête coupée plantée sur un pique qu’un Marine effrayé va exploser au fusil (“The fucking thing attacked me, captain !”) et quelques impacts de balles extrêmement sanglants comme on n’en fait plus aujourd’hui. L’ultranium miniaturisé permet aussi l’explosion de quelques mannequins, un effet pas aussi violent que dans Fortress mais malgré tout très plaisant. Il faut ajouter à cela une volonté de varier les scènes d’actions durant les fusillades afin de ne pas se limiter aux mêmes champs / contre-champs ennuyeux (les Marines utilisent un véhicule blindé, un avion et des missiles en plus de leurs mitrailleuses) et on se retrouve même avec quelques vol planés impressionnant de la part des cascadeurs durant les explosions, dont un carrément pratiqué sur le toit d’un building.

 

 

Mais le plus fou reste sans doute la qualité incroyable des CGI pour l’époque et le budget. S’ils sont évidemment datés, le soin apportés aux détails et à l’animation est surprenant et on peut apercevoir de nombreux éléments et textures donnant un peu de vie aux navettes spatiales: lumières, portes, inscriptions, et jusqu’aux débris qui s’éparpillent en cas d’explosion. Même la gestion des voyages a été pensée avec l’utilisation de portails intergalactiques en cas de longs trajets. Franchement inattendu surtout qu’aujourd’hui encore les monstres et autres effets spéciaux en images de synthèses sont d’une qualité affreuse dans ce type de production. Difficile alors de savoir si ces cinématiques ont été créée pour le film ou récupérées autre part, mais puisque le réalisateur était avant tout le monteur attitré de la PM Entertainment, il est certain qu’il a prit le temps de sélectionner les meilleurs morceaux pour donner un meilleur cachet à son long métrage. Bien lui en prend car du coup le résultat devient un « nanar » dans le véritable sens du terme: un mauvais film sympathique, et non pas un mauvais film dont on se moque avec mépris.

 

 

C’est d’ailleurs un plaisir d’y retrouver quelques têtes connues, a commencer par Edward Albert, héros de La Galaxie de la Terreur, et Meg Foster, qui n’a littéralement rien à faire à part nous montrer ses beaux yeux et s’imaginer être sur le plateau de Star Trek: The Next Generation. Michael Bailey Smith (le géant à la hache dans le remake de La Colline à des Yeux et inoubliable Super Freddy dans Freddy 5) est parfait en pirate de l’espace crétin tandis que James Shigeta reprend pratiquement le rôle qu’il tenait dans Die Hard où il était le grand patron du Nakatomi Plaza. Vampire branché dans Génération Perdue, Billy Wirth fait un héros inintéressant auquel on préfèrera son adversaire joué par un John Pyper-Ferguson qui n’a étrangement rien fait d’intéressant si ce n’est être Top Dollar dans la série télé The Crow. Quant au scénariste, il trouva sa voie un peu plus tard en œuvrant, sans surprises, sur quelques films d’animation pour enfants comme Les Chimpanzés de l’Espace et Gnome Alone

 

 

 

GALERIE

 

 

 

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