12 DAYS OF CHRISTMAS
Son of Santa
(2008)
Avant Astron-6, il y avait Greypoint Films. Quelle est la différence ? Il s’agit en fait de l’association de trois des cinq membres de l’équipe avant que celle-ci ne soit pleinement formée. Plus exactement, c’est le nom choisi par Conor Sweeney et Matt Kennedy lorsqu’ils n’étaient qu’un duo faisant de petites vidéos dans leur coin pour s’amuser. Ils rencontreront Adam Brooks, qui est de son côté en partenariat avec Jeremy Gillepsie et Steven Kostanski pour une première version d’Astron-6, et après s’être liés d’amitié et avoir tournés quelques courts-métrages ensemble, ils finiront par abandonner Greypoint pour le suivre avec ses compères, continuant d’enchainer les petits projets avant d’entrer dans la cours des grands avec Manborg.
Bref, il s’agit essentiellement d’une ébauche de ce que deviendra la compagnie, et c’est sans surprise que l’on y retrouve les mêmes têtes et le même style mais en plus brouillon et inexpérimenté. Pas évident d’ailleurs de retrouver ces premières vidéos tant elles sont éclipsées par celles suivront (Fireman, Lazer Ghosts 2, Bio-Cop) et surtout par les long-métrages, dont notamment Father’s Day et The Editor. Le site Internet d’époque a récemment expiré, mais heureusement il reste Wayback Machine et un vieux compte Facebook pour retrouver quelques extraits, images et textes, et il faut compter sur la présence d’esprit des responsables pour réuploader leurs méfaits d’autrefois.
Son of Santa, qui date techniquement de Janvier 2008 mais qui a sans doute été tourné en Décembre 2007, raconte un conte de Noël pour le moins étrange puisqu’il commence comme la vidéo qu’une bande de gamins de quinze ans pourraient faire dans leur chambre avec le caméscope de papa, pour se terminer comme un épisode de Fargo ! D’une durée de dix minutes, il parvient étrangement à se montrer cohérent malgré tout, composant son histoire stupide en trois actes qui ne racontent pourtant rien. Et donc le film s’ouvre sur ce qui ressemble à un faux sitcom effroyable de nullité, où Matt et Conor, deux crétins façon Beavis et Butt-Head, s’amusent à jouer du Banjo, danser avec leur chien ou se disputer avec leur mère (dont la voix est comme celle des adultes de Charlie Brown). Il se trouve que c’est Noël et, alors que le duo sort se promener, ils vont rencontrer un homme vêtu de rouge et à la barbe blanche qu’ils vont immédiatement prendre pour le Père Noël.
Sauf qu’il s’agit d’un gars ordinaire qui traverse une mauvaise passe: sa femme vient de le larguer, son fils Glyn le déteste car l’en tenant pour responsable et il se retrouve en panne de voiture alors qu’il doit livrer quelques cadeaux. Les deux idiots sont heureux de lui proposer de passer chez eux le temps d’appeler une dépanneuse, seulement voilà: Glyn ne cache absolument pas son dédain pour son paternel et n’hésite pas à l’embarrasser devant eux.
Son of Santa passe alors en mode mélodrame familial, cliché par excellence du film de Noël américain. Entre un interlude musical forcé sortant de nulle part et une dispute éclatant entre le père et son rejeton en plein concours d’imitations de Tim Allen, cette seconde partie troque les sketches improvisés pour une parodie certes pas bien subtile mais qui sonne juste. Et lorsque Matt et Conor prennent Glyn à part pour lui proposer de sortir un peu afin de se changer les idées, ont imagine déjà tout ce qui peut suivre dans le genre guimauve: discours niaiseux sur l’esprit de Noël, rappel des valeurs traditionnelles… Sauf que pas du tout. Car aussitôt que les adolescents ont mis Glyn en confiance, voilà qu’ils l’attaquent par derrière et tentent de le garroter ! La victime se défend et subitement le film dérive vers le thriller, nos “héros” s’étant mis en tête de défoncer le garçon parce qu’il a manqué de respect à Santa Claus !
L’absence de moyen joue presque en faveur du court à ce moment là, qui est bien aidé par un montage brutal camouflant la chorégraphie inexistante de la lutte entre les trois protagonistes. Le “fils du Père Noël” est alors assassiné plus ou moins accidentellement, son paternel s’empare d’un fusil de chasse et fait fuir les coupables avant de se prostrer devant le corps de son enfant. La scène est jouée sérieusement, sans musique, et se termine avec le personnage plaçant le canon de son arme dans sa bouche pour se suicider !
Dit comme ça on pourrait croire que Son of Santa est une sorte de perle méconnue, mais ce n’est absolument pas le cas. C’est un simple sketch vidéo plutôt amusant dans le cheminement que prend son intrigue, et il y a une telle différence entre son début et sa conclusion que c’en est forcément drôle. Pensé par le trio Brooks / Kennedy / Sweeney, puis écrit et réalisé par ces deux derniers (même si plus de la moitié du film ressemble à de l’impro), il préfigure une tonne de leurs futurs travaux comme Divorced Dad, notamment dans leur humour à la fois pachydermique et gras mais également noir et cynique. Techniquement, en revanche, ce n’est pas encore ça: cadrages approximatifs, mise au point automatique, aucune notion d’éclairage, et si certains acteurs sont véritablement bons (Brooks) d’autres sont très mauvais – Sweeney en particulier, dont le son style et l’énergie évoquent pas mal Trent Haaga, joue comme une patate et ne s’est d’ailleurs jamais amélioré par la suite.
S’il est visible en qualité pourrie sur Facebook, Son of Santa peut heureusement se trouver dans une définition plus regardable sur la chaine YouTube abandonnée de Greypoint Films. Vu sa très courte durée je ne peux que vous encourager à lui donner sa chance, histoire de vous imprégner des bons sentiments la saison des cadeaux… ou quelque chose comme ça. Désormais oublié, il fit malgré tout suffisamment marrer son monde durant le festival Winnipeg Short Film Massacre de 2008 et la petite bande accouchera d’une suite un an plus tard, pile à temps pour Noël, laquelle s’intitule tout naturellement Revenge of Santa.
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