Some Guy Who Kills People
(2011)
Voilà un très bon film que ce Some Guy Who Kills People (Un type qui tue des gens), qui est produit par nul autre que John Landis. A vrai dire son statut étant celui de “producteur exécutif”, sa contribution s’est probablement portée sur autre chose que l’aspect financier et puisque le film porte sa patte question humour, il y a fort à parier qu’il a fortement influencé d’une façon ou d’une autre le réalisateur (Jack Perez, le gars derrière Mega Shark vs. Giant Octopus). Car oui, comme le titre l’indique, Some Guy Who Kills People est une comédie, ou plus exactement d’une comédie noire.
Pourtant le postulat de départ ne prête pas à la rigolade: nous suivons un jeune homme nommé Ken Boyd, qui fut autrefois séquestré par une bande de brutes l’ayant maltraité. Humilié, tailladé, il a fini par faire une dépression et une tentative de suicide lui valant d’être interné pendant 11 ans en hôpital psychiatrique. Comme si cela ne suffisait pas, il n’a jamais connu sa fille qui est née pendant son internement et dont la mère refuse d’avoir tout contact avec lui.
Désormais libre, Ken est un garçon introvertie qui se laisse marcher sur les pieds par quasiment tout le monde hormis quelques personnes: le shérif, qui n’est autre que l’amant de sa mère, et son meilleur ami avec qui il travail dans une cafétéria. Cette vie minable va se voir bouleverser par trois grands évènements: l’arrivée d’une jeune femme timide qui tombe amoureuse de lui, le retour de sa fille qui souhaite le connaître, et la fête d’anniversaire d’un des types l’ayant autrefois agressé. Obligé d’être sur place par son patron, Ken voit ses vieux démons ressurgir… Le soir même, la brute est assassinée, une hache planté dans la tête.
Première surprise: ce qui s’annonçait comme une parodie de slasher, où Ken se venge de ses agresseurs, se révèle être beaucoup plus malin que ça. En fait de “film d’horreur”, Some Guy… est avant tout un thriller où les meurtres sont anecdotiques et servent à l’intrigue (malgré quelques scènes gores très sympathiques). Le scénario s’attarde surtout sur les chamboulements de la vie simple de Ken, et la manière dont il évolue. Seconde surprise: nous avons affaire là à un film extrêmement soigné qui offre une véritable histoire. Ce n’est pas parce que nous sommes dans le registre de la comédie noire que l’intrigue tombe dans les travers caricaturale d’un Scary Movie.
Ken (Kevin Corrigan, parfait dans le rôle avec son regard complètement à l’ouest) apparaît comme vulnérable, triste, et le spectateur espère le voir se reconstruire. Sa fille de onze ans possède une énergie communicative et illumine le film de son attitude positive, donnant une performance loin des clichés d’enfants habituels. Ce n’est probablement pas un hasard si les meilleurs scènes de Some Guy… sont celles où Ken tente de créer des liens avec elle.
Karen Black, qui joue la mère de Ken, se montre bouleversante sur la fin, lorsqu’elle joue une dame d’apparence endurcie mais tout de même dévastée par ce qui lui arrive. La britannique Lucy Davis (vu dans Shaun of the Dead) est parfaite dans le rôle de la nana un peu coincée qui en pince pour le héros et Barry Bostwick incarne avec brio un shérif farfelu qui fait office du moteur comique du film. A ce titre, la scène chez le médecin légiste où il à l’impression que la tête coupée le suit des yeux est tout simplement tordante.
Ce travail inattendu sur les personnages est probablement la plus grande force du film, lequel se hisse alors des crans au-dessus de ce qu’on pouvait en attendre. Bref, loin d’être une petite pantalonnade tournée en vitesse (moi qui croyais avoir à faire un film « amateur » filmé à la DV, ce fut un soulagement), Some Guy… fait preuve de grandes qualités cinématographiques.
J’apprécie tout particulièrement comment l’angle “horrifique” n’est pas traité de la façon la plus cliché possible (les meurtres), et repose en fait plus sur la situation générale de Ken. Alors que celui-ci a vécu l’Enfer, il commence enfin à entrevoir la lumière: sa fille ne le juge pas, sa mère le pousse à aller de l’avant, son meilleur ami est prêt à l’aider et il débute une relation maladroite mais extrêmement touchante. Des petites choses positives qui arrivent sans qu’il ne le demande mais qui finissent évidemment par l’affecter. Pourtant tout peu basculer d’un instant à l’autre à cause des crimes, et Ken pourrait bien perdre ce qu’il vient juste d’obtenir… Autant dire que la tension est pesante et jusqu’à un retournement de situation final qui n’est pas forcément celui auquel on s’attend.
Finalement, je range ce Some Guy… à côté du Super de James Gunn. On y suit dans les deux cas un “loser” sympathique qui succombe à ses démons mais que l’on aimerait voir sortir vainqueur malgré tout, et les intrigues nous emmènent beaucoup plus loin que les apparences le laissait présager (une comédie horrifique pour l’un, une parodie de super-héros pour l’autre).
Des films “drôles” mais pas que, bien plus complexe qu’ils n’en ont l’air et qui suscitent bien plus d’émotions que le simple rire.
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