~ Ombre De Sable ~
Du Haut De Cauchemar, Je Contemple Le Charnier Sans Aucun État D’âme Et Me Demande Comment Ce Vieux Serpent A Pu Survivre Jusqu’ici En S’entourant D’un Personnel Aussi Incompétent. Je Les Revoient Déjà Me Traquer A Travers Le Logrus Et Ombre Pour Me Tendre Une Embuscade Minable. A Peine Ma Monture Avait Posée Un Sabot Sur Ce Monde Que 330 Guerriers M’encerclaient, Armes Au Poing. 330 Guerriers, Et Pas Une Égratignure..
J’ai Versé Le Premier Sang, Ai Désorganisé Leur Troupe Et Mis En Branle Toute Leur Stratégie A Moi Seule. De La Petite Armée Précipitée Pour Me Capturer, Il Ne Reste Désormais Plus Qu’un Champ De Cadavres Mutilés Ayant Teinté D’écarlate Le Sol Doré De Cette Ombre Déserte. Pitoyable. Et Si Épuisant. Combien De Fois Encore Devrais-je Revoir Ce Spectacle ? Combien De Batailles Me Faudra T-il Encore Livrer Pour Que Mon Géniteur Et Ses Âmes Damnées Abandonnent ?
Alors Que Nous Nous Tenons Là, Au Milieu Des Membres Épars, Des Crânes Fendus Et D’une Rivière De Sang A Peine Absorbée Par Le Sable, Je Ne Peux M’empêcher De Repenser A Cette Image Qu’on Les Ombriens En Me Voyant Dans Cet État. La Grande Faucheuse. La Mort Personnifiée. Une Croyance Stupide Et A Laquelle Je N’ai Jamais Un Quelconque Intérêt, Mais Qui Véhicule Une Certaine Imagerie Pour Ainsi Dire Flatteuse.
La Mort, Solitaire Et Indomptable. Terrifiante Et Invincible. Je Me Suis Toujours Surprise A Apprécier Cette Allégorie, Quand Bien Même Celle-ci Me Réduit Finalement A Bien Peu De Chose. Solitaire..
Je M’attends A Peu Près A Tout. Le Retour De Ces Vers De Sable Géants, Une Improbable Résurrection De Hearty Ou L’apparition De Zelwyr Au Milieu Du Palais Probablement En Ruine Maintenant. Je M’imagine Même Under, Déjà Sur Place Et N’attendant Plus Que Moi Pour Rentrer A La Maison. Ou Encore Pern, Ce Vieux Moralisateur Qui Va Encore Me Faire La Leçon A Grand Coup De Citations. Et Pourtant, Lorsque Se Dessine Dans Les Ciel Les Tourelles Du Château, Je Me Retrouve Face A Un Spectacle Franchement Dérangeant.
Du Sommet D’une Dune, Je Fixe Le Paysage. Cauchemar S’ébroue Et Je Me Renfrogne. Le Palais Se Dresse Fièrement, Avec La Même Couleur Laiteuse Et Lumineuse Qu’il Y A Des Années, Visiblement Totalement Rénové Et Habité. Des Gardes Font Leur Rondes Et Des Étendards Frappé Du Symbole Du Grand Serpent Du Chaos Flottent Au Vent. Pourquoi Est-ce Que Je Ne Suis Pas Surprise ?
Par Contre, La Gigantesque Statue A Mon Effigie Devant L’entrée C’est Un Concept Nouveau. Un Énième Piège Probablement, Mais Jusqu’ici On Ne M’avait Jamais Élevée Comme Ça Au Rang de Déesse.. Ce N’est Certainement Pas Zelwyr Qui En Est Responsable, Et Ce N’était Pas Non Plus Le genre De Hearty. Mandor ? J’en Doute Fortement.. Piquée Au Vif, Je Descend De Cauchemar, Me Décidant A Voir Ça De Plus Près.
Puis Une Tape Sur Sa Croupe Pour L’inciter A Partir. Quant A Moi, Je Change L’apparence de Zyl Pour Me Fondre Dans le Décor. Sa Couleur Prend Une Teinte Brune, Les Pans De La Cape Se Referme Sur Mon Corps Et Une Large Capuche S’abaisse Sur Ma Tête. Discrète, Je Passerai Inaperçu. Personne Ne Semble Vraiment Sur Le Qui-vive A Ce Que J’en Vois…
Alors Que J’entame Ma Descente Je Repère Également Un Brouhaha S’élevant De La Ville Alentour. Elle A Été Abandonnée Suite A La Mort De Ses Habitants, Maintenant Elle Grouille De Monde. Les Habitants Sont Vêtus De Couleurs Criardes, C’est Une Véritable Fête Qui Se Déroule Ici Si J’en Juge Par La Pluie Incessante de Confettis Et Par Les Voix Joyeuses Qui Me Parviennent. Des Ombriens Qui Vaquent A Leurs Insignifiantes Occupations En Somme, Sans Intérêt Pour Moi..
En Quelques Foulées J’atteins La Cours Du Palais, Évitant Soigneusement Les Soldats Dont Les Tours De Garde Sont De Toute Façon Rares. Personne Ne Semble S’attendre A Une Quelconque Intrusion. Le Chaosien Qui Réside Ici Ne Semble Vraiment Pas Craindre D’être Attaqué. Tant Pis Pour Lui, Il Pourrait Très Bien Me Venir A L’esprit De Récupérer Cette Ombre Pour Mon Compte. Après Tout, C’est Moi Qui l’ai Crée, J’en Suis Donc L’unique Propriétaire.
C’est Presque Blasée Que Je Parviens Jusqu’au Pied De La Statue Tant Personne Ne Me Remarque. Je Ne Prend Même Plus La Peine De Faire Attention Et Je Contemple L’idole Géante Qui Doit Bien Faire Quatre Mètres De Haut. C’est Moi, Vêtue De Zyl Et Portant Lune Noire A La Main, Dans Une Position Semblable A Celle De Mon Atout. La Finition De La Sculpture Est Remarquable Malgré La Dureté De La Roche Brune Dans Laquelle Elle A Été Faite. Sur Le Socle, Mon Nom En Grandes Lettres. Pas De Signature, Pas De Symbole. Mais Par Simple Logique De Déduction, Elle A Sûrement Été Réalisée Par Le Sang Réel Qui A Reprit Cette Ombre. Aurais-je Un Fan Caché ?
Je Voudrais Tant Être Dans Tes Bras..
J’hésite A Faire Mon Entrée Dans Le Palais Pour Demander Directement Des Explications Au « Propriétaire » Mais Je N’ai Pas Envie De Me Prendre La Tête Dans L’immédiat. Je Tourne Les Talons Et Me Dirige Alors Vers La Ville, Peut-être Qu’une Petite Marche Me Remettra Les Idées En Place.
L’endroit Est En Pleine Effervescence. Ça Grouille Dans Tous Les Coins, Ça Chante, Ça Hurle, Ça Rit. Je Suis Dans Un Marché Et Parcourir Les Étalages M’épuise Au Plus Haut Point Tant J’ai L’impression Que Ça N’en Finira Jamais. Il Y A De Tout Ici, Et Surtout De N’importe Quoi. Des Fruits, Des Épices, Des Objets Dont Je Ne Vois Vraiment Pas L’utilité. Des Musiciens A Chaque Coin De Rue, Des Jongleurs Et Des Acrobates. Ça Me Gave…
Chaque Visage Que Je Croise Exprime Un Sincère Bien-être Et Ça Me Rend Malade. Comment Peuvent-ils Prétendre A La Joie Alors Qu’ils Ne Sont RIEN, Tandis Que Moi, Sang Réelle, Je Suis Condamnée A Fuir Mon Amour Pour Qu’il Puisse Vivre En Paix Et A Me Battre Jusqu’à La Fin Pour Ne Pas Être Esclave Du Royaume ?! Chacun De Leur Rire Sonne Comme Une Moquerie, Leur Regard Me Perce Le Cœur, Me Renvoyant A Ma Condition Misérable, Et La Rage Monte En Moi. En Un Geste, Un Seul Petit Geste, Je Pourrai Tous Les Anéantir. Ne Suis-je Pas Leur Grande Faucheuse ? Leur Peur La Plus Profonde A Tous ?
Agacée Par Leur Insouciance, Je Fulmine Et Me Penche Sérieusement Sur L’Idée De Tous Les Exterminer Afin De Me Calmer Les Nerfs Mais Je Me Retiens. Un Génocide N’est Sûrement Pas La Meilleure Méthode D’infiltration Que Je Connaisse Et Il Me Reste Toujours Quelques Points A Éclaircir. Prenant Sur Moi, Je Réfrène Mon Envie De Meurtre Et Accélère Le Pas, Bousculant Les Badauds. Lorsque Je Croise La Taverne Du Coin, C’est Sans Hésitation Que J’y Fais Une Pause. Une Petite Grenadine Me Calmera.
Ce Verre, Il Est Pour Toi Under..
Je Suis Installé En Terrasse Extérieur, Dos au Mur. C’est Bondé, Mais C’est Un Bon Moyen De Passer Inaperçu. Je Sirote Mon Verre Doucement, Me Rappelant A Quel Point Tu Aimes Bien Ça, Under. J’aimerai Tant T’avoir A Mes Côtés. Je Peux Presque T’entendre Murmurer « Kiara, je t’aime » Lorsqu’une Musique Aux Accents Orientaux Me Sort De Ma Rêverie. Maudit Soient Les Ombriens..
Je Tourne La Tête, Plus Par Réflexe Que Par Envie. Tout Le Monde A Les Yeux Rivés Vers Une Petite Scène Installée Juste En Face, Une Petite Estrade De Bois Installée Là Le Temps Des Festivités Et Où Quelques Musiciens Sont Agenouillés. Ils Entament Un Air Étrange, Mystérieux, Une Sonorité D’Un Autre Lieu. Les Ombriens Se Taisent, Comme Hypnotisés Par Le Rythme Lancinant Et Tout Le Monde Se Positionne Pour Voir Le Spectacle. Personnellement, J’ai Autre Chose A Faire Que D’écouter Ça, Mais Au Moment Même Où Je Me Lève Pour Fuir L’attroupement, La Représentation Prend Une Tournure Pour Le Moins Surprenante. Suffisamment Pour Me Stopper Dans Mon Élan.
Car Alors Que La Mélodie Prend Pleinement Son Envol Entre En Scène La Danseuse. Elle Nous Apparaît Dans Une Explosion De Tintements Et Entame Une Gestuelle Compliquée, Une Danse Lascive Qui Semble Ravir L’audience. Sa Tenue, Éclatante Et Pourvue D’une Myriade De Piécettes Cliquetantes, Ne La Couvre Que Très Sommairement, Exposant Ses Cuisses, Ses Bras et Surtout Une Grande Partie De Son Ventre. Et Tant Mieux Pour Elle Vu La Chaleur Qu’il Fait Ici.
La Beauté De La Danseuse Semble Ravir Beaucoup De Personne Ici, Mais Ce N’est Pas Ce Qui Me Frappe. Car Son Physique Ne M’est Pas Inconnu Et Pendant Un Bref Instant Je Crois Reconnaître Linoa, Ma Belle Mère. Les Mêmes Cheveux Noirs, Bien Que Beaucoup Plus Cours, Les Mêmes Yeux Verts Obsédant, Une Taille Fine Et Petite, Une Peau Un Peu Brunie Par Le Soleil. A Quelques Menues Différences Près, Je Crois La Voir Face A Moi Et Je M’en Offusque. Je Sais A Quel Point Elle Est Omnisciente Mais Tout De Même.. Si Je Prends Autant De Mal Pour Quitter Under Ce N’est Pas Pour Retourner Aussi Rapidement Dans Le Foyer Familial !
Mais Je Me Trompe Lourdement, Il Me Faut Quelques Secondes Pour M’en Rendre Compte. C’est Bien Une Sang Réelle Qui Entame Cette Danse Du Ventre, Et Je La Connais Effectivement Pour Appartenir A Ma Famille. Mais Il Ne S’agit Pas De Linoa, Mais De Natasha D’Ambre. Ma Tante.
Si Je N’ai Aucune Idée De La Raison De Sa Présence Sur MON Ombre, Je Doute Qu’il S’agisse D’un Simple Caprice Artistique. Perplexe, Je Me Rassoie Et L’observe Longuement. Je Dois Avouer Que Je Suis Plutôt Perturbée Par Ce Nouveau Look. La Petite Abrutie Habillée Tout En Noir Et Gothique Que Je Connais Ne Ressemble En Rien A La Jeune Femme Qui Ondule Lascivement En Face De Moi. Depuis Quand S’y Connaît T-elle Dans Cet Art ?
Pensive, Je Cherche A Comprendre Comment Celle Qui N’est Qu’une Huître Repliée Sur Elle-même Peut Se Lâcher Comme Ça Et Exhiber Son Corps Devant Tant De Personne Sans Paraître Gênée Le Moins Du Monde. Elle S’exécute En Une Chorégraphie Pleine de Mouvements Compliqués Et En Rythme Avec La Musique. L’espace D’un Instant, Je Me Demande Si Elle Ne Possède Pas Plus De Grâce Que Linoa. Ayant Déjà Vu Cette Dernière A L’œuvre, Il N’y A Pas Vraiment De Comparaison Possible.. Linoa Aimait Montrer Son Talent, Natasha Semble Complètement S’abandonner A La Musique. Il Faudrait Être Aveugle Pour Ne Pas Voir Son Don Naturel Pour La Prestation, Mais En Même Temps Vu Mon Intérêt Plus Que Réduit Pour La Danse Je Suis Peut-être Pas La Mieux Placée Pour Parler De Ça. La Foule Par Contre Semble Ravie Et L’acclame Avec Ferveur. Bon Okay Elle S’en Sort Pas Mal, Mais Après Tout C’est Une Sang Réelle. C’est Une Évidence Qu’elle S’en Tirera Avec Les Honneurs, Il N’y A Même Pratiquement Aucune Gloire Là-dedans. Tout Est Déjà Gagné D’avance.
Je Reconnais Bien Là La Condescendance Typique Des Sang Réels.
Alors Que Pendant De Longue Minute L’Ambrienne Se Trémousse Langoureusement, Utilisant Chaque Partie De Son Corps Pour Faire Écho A Une Sonorité Particulière De La Musique, Et Allumer La Totalité Des Spectateurs Masculin Avec Son Nombril Et Son Décolleté Au Passage, Je Commence A Établir Un Lien Entre Sa Présence Et Celle De L’autre Obsédé Chaosien Qui S’est Installé Dans Le Palais. L’ex Gothique N’a Jamais Cachée Sa Haine Des Chaosiens Et Je La Vois Mal Participer A Un Complot Contre Moi, Elle Est Trop Naïve Pour Ça. Et Puis Par Notre Simple Lien De Parenté, Je Sais Que Je N’ai Rien A Craindre D’elle. Quant A L’autre Inconnu Il Semble Plus Vouloir M’accueillir A Bras Ouvert Que De Me Soumettre A Lui, Ou Alors Il Me Prépare Un Piège Franchement Vicieux.
A Court De Grenadine, Les Oreilles Exténuée Par La Musique Atmosphérique Et Les Yeux Brûlés Par La Vue De Ma Tante A Moitié Nue Se Déhanchant Érotiquement, Je Sens Le Peux De Patience Qu’il Me Reste S’amenuiser Dangereusement. Je Me Retiens De Mettre Fin A Cette Scène Interminable Et Prend La Décision D’aller Bavarder Un Peu Avec L’Ambrienne Pour Mettre Les Choses Au Clair. Connaissant Natasha, Je Sais Que Je Peux Compter Sur Son Stupide Esprit De Famille Pour Tourner Les Choses A Mon Avantage. Elle Ne Me Refusera Jamais De L’aide, Surtout Avec Les Bons Mots. Il Ne Reste Plus Qu’a Espérer Qu’elle N’ai Pas Changée De Comportement En Plus De Sa Garde-robe..
Ce Verre, Il Est Pour Moi..
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