Si vous êtes adepte des romans de Fantasy, vous connaissez probablement John Norman et son long Cycle de Gor. Les autres, estimez-vous heureux, surtout si vous êtes une femme.
Ce n’est pas tant que ce professeur de philo, reconvertie en auteur d’Heroic Fantasy pour surfer sur le retour de Conan, le barbare de Robert E. Howard (son premier tome remonte aux années 70, exactement au même moment où Lyon Sprague De Camp et Lin Carter dépoussiéraient le Cimmérien avec de nouvelles histoires et des modifications apportées aux textes originaux, avec un gros succès) est un mauvais écrivain. En fait c’est même ça le pire: il n’est pas mal du tout et possède une vision très nette de son univers, décrivant avec une précision quasi scientifique son fonctionnement et nous embarquant dans des aventures qui se laissent suivre.
Non le soucis c’est que John Norman est un gros misogyne. Et je veux dire, un véritable misogyne, et pas un malheureux macho qui s’est laissé aller à quelques déclarations malheureuses. Voyez-vous, celui-ci pense que la femme est naturellement inférieure à l’Homme, mais surtout que la seule façon pour elle de pouvoir s’épanouir dans la vie est d’être une esclave. Au sens propre.
A travers son cycle, qui est une sorte de relecture érotique des aventures de John Carter, par Edgar Rice Burroughs, celui-ci réinvente notre société de façon “idéale”, mélangeant la technologie là où elle est profitable (confort et soin) à une période plus antique où l’Homme était roi et où la Loi n’existait pas vraiment. Il y a des règles, des codes de conduites, etc., mais globalement c’est un retour à l’Âge de Fer où il est permis de saisir ce que l’on souhaite par la force. Et notamment les femmes.
Certains pensent que l’auteur souhaite juste introduire un système de domination / soumission propre au BDSM, quelque chose de terriblement sexuel, et pourquoi pas ? Seulement non. John Norman désire ardemment montrer que les personnes “du sexe faible”, sont véritablement faible. Je n’aurai absolument rien contre une version sado-maso du genre Heroic Fantasy – bien au contraire – mais il y a ici une idéologie puante qui va bien au-delà de cette pratique et qui dépasse même la dimension sexuelle.
Les exemples sont nombreux et, à travers les quelques volumes que j’ai pu lire (supporter est plutôt le mot), on peut retenir que marquer sa conquête au fer rouge est une sorte de baptême qui est très vite accepté par l’esclave. Les chaines et le collier sont exhibés avec fierté, comme des bijoux, la soumise étant en fait amoureuse de son maître et fière de lui appartenir. Et enfin, quand bien même la victime aurait été libre et dans une position de pouvoir (politique ou financier), il est précisé qu’elle n’est jamais véritablement heureuse, voir vivante. Mais à genoux, à obéir sans discuter, voir à être punie pour l’avoir un peu trop ouverte, elle revit et semble trouver son véritable “Moi”.
A l’inverse lorsqu’un homme se retrouve dans la même situation, cela est une tragédie immense. Une honte qui le détruit tellement que même le suicide ne semble pas être une façon de s’en sortir. Lorsque le héros des romans, au début héroïque malgré sa rapide adoption du style de vie Gorien, fini par être capturé, il se décide alors d’abdiquer jusqu’à son identité, abandonnant ses buts et son code d’éthique personnel, choisissant d’être le pire des salauds parce qu’il ne se sent techniquement plus “humain”.
J’avais dans l’idée de parler de toute cette affaire en chroniquant quelques tomes de cette saga, en tout cas le premier, et finalement… J’abandonne tant tout cela me dépasse. Pour ne pas totalement gâcher un article, voici les quelques notes que j’avais pris durant ma lecture. Avec tout le professionnalisme dont j’ai pu faire preuve.
C’était mon deuxième essai de lecture et chronique du premier tome du Cycle de Gor. Je n’abandonne pas l’idée de m’y mettre pour de bon un jour, mais ce rejet en dit long sur ce que je pense du bonhomme et de son œuvre (surtout vu ce que je m’inflige à longueur de temps, question films et bouquins).
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