Quantum Leap (3.05) – The Boogieman (1990)

ROAD TO HALLOWEEN V

 

 

 

Quantum Leap

The Boogieman

(1990)

 

 

Si je garde Code Quantum dans mon cœur pour sa valeur nostalgique, et qu’il est indéniable que le duo Scott Bakula / Dean Stockwell y fonctionnait à fond, il faut reconnaitre que la série a désormais sacrément vieillie et qu’elle s’avère parfois difficile à supporter tant tous les épisodes se ressemblent. Sam Beckett fait un “saut quantique” dans le temps, atterrie dans la peau d’une personne lambda quelque part dans le XXème Siècle et doit assumer sa place pour empêcher une tragédie de se produire, réécrivant ainsi l’histoire avant de quitter cet espace-temps. Copiez-collez en changeant simplement d’époque, de lieux et de personnalités, et voilà vos cinq saisons. J’exagère un peu bien sûr, et le show possède son lot de bizarreries et d’originalités comme l’intrigue qui le met en face d’une autre “sauteuse” comme lui ou celle où les rôles des deux héros se retrouvent inversés. Il fut même question d’un crossover avec la série Magnum, où Sam devait investir le corps du détective pour le sauver !
Mais celui qui reste en tête est surtout l’incompréhensible mais passionnant dernier épisode, quasiment improvisé par son créateur lorsque Code Quantum fut annulé à l’improviste. Un final décevant car sans véritable conclusion et surtout aucun happy end ! Et ce Halloween Special qu’est The Boogieman s’avère d’ailleurs encore plus intéressant pour celui qui a vu cet épilogue: car si dans l’un le héros rencontre une entité qui pourrait être Dieu, l’autre semble le confronter… au Diable lui-même !

 

 

Nous sommes le 31 Octobre 1964 et le scientifique arrive dans la peau d’un certain Joshua Ray, “a second rate H.P. Lovecraft” totalement fictif bien sûr, ayant écrit quelques livres aux titres évocateurs comme Skull Party, The Blood Witch ou encore Her Goulish Figure et vivant dans une maison supposément hantée. Avec sa fiancée Mary, il organise chez lui un spook show en guise d’animation pour les gens du coin et les préparations sont pratiquement terminées. Seulement voilà, alors que Sam est encore déphasé et attend Al pour en savoir plus sur sa situation, un vieux monsieur l’aidant à faire quelques travaux va trouver la mort dans des circonstances étranges: une chèvre renverse l’échelle où il se trouve, provoquant une chute mortelle. Difficile à avaler puisque Ziggy, l’intelligence artificielle qui guide les sauts quantiques, est censées analyser le moindre élément temporel et prévenir Al et Sam afin d’empêcher ce genre de chose. Plus grave encore, l’animal a mystérieusement disparu et le shérif du coin semble le suspecter.
Al n’a absolument aucune explication et, pire, va accuser la petite amie de l’écrivain en prétextant qu’elle pourrait être une psychopathe. Affaire compliquée puisque non seulement Sam est justement censé la sauver puisqu’elle décèdera dans la nuit, assassinée par strangulation. D’après les données, Joshua ne fut pas inculpé mais uniquement par manque de preuve.

 

 

Déjà bien perturbé d’avoir à incarner un tueur potentiel, le physicien va réaliser que le pire reste à venir: bientôt c’est la femme du défunt qui trouve la mort à son tour, tuée par un serpent censé lui appartenir ! Pour ne rien arranger, les crimes se retrouvent inscrit comme par magie dans le manuscrit en cours du romancier et Mary réalise que Joshua est devenu étrange et nerveux. Le temps défile et Sam n’a plus beaucoup de temps pour démêler tout ce bazar, et si le shérif fait un bon coupable, il est va finir par être exécuté à son tour, laissant notre héros – un homme de science et de logique – dans le brouillard.
De manière amusante le scénariste semble faire abstraction d’un personnage pourtant remarquable puisque présent dès le début autour de Mary et Joshua: Stevie, assistant binoclard totalement en admiration devant le grand auteur, rêvant d’écrire ses propres histoires d’horreur et trouvant toujours des excuses pour s’absenter. Il est là peu de temps avant la chute, il est là lorsque Sam est poursuivit en voiture, a accès à la demeure du couple puisqu’il travail avec eux, mais pas une seule fois notre héros ne va penser à lui ! Même lorsqu’il surgit en pleine nuit au milieu de nulle part juste après une course-poursuite avec un mystérieux conducteur !

 

 

Mais ce n’est pas tellement un problème puisqu’il n’est pas notre homme, servant en fait de gros gag que beaucoup auront grillé à l’avance. A la surprise de tout le monde, et surtout du spectateur, le responsable se trouve être… Al, dont le comportement est effectivement plutôt bizarre tout au long du récit: il s’habille plus sobrement que d’habitude, disparait sans passer par sa porte holographique, se promène en évitant les meubles et les murs alors qu’il devrait passer à travers… Même Mary semble ressentir sa présence en passant près de lui. Le spectateur d’alors, pas du tout habitué à ce genre de twist, a probablement bondit de son siège en cherchant à comprendre ce qui se passe…
Très vite il apparait que Al n’est pas vraiment Al, celui-ci finissant d’ailleurs par arriver. L’imposteur est en fait le Diable ayant prit son apparence juste pour tromper Sam et le guider sur de mauvaises pistes ! Et la raison de son intervention est plutôt bien trouvée: il a fini par remarquer ses intervention dans l’Histoire, à faire le Bien là où lui devait faire le Mal ! Le torturer mentalement était un petit plaisir et il va désormais vouloir l’éliminer afin de l’empêcher de nuire à ses projets. Plutôt brillant à vrai dire, même si beaucoup vont estimer que l’intrusion du surnaturel dans un univers de science-fiction en fonctionne pas. C’est sans doute pour cela que l’idée surgit dans le cadre d’Halloween où la pilule semble plus facile à avaler, et de toute façon le script nous refait le sale coup de “tout ceci n’était qu’un rêve” au dernier moment.

 

 

La confrontation elle-même est plutôt décevante puisque, après une sympathique conversation entre les deux personnages, le Diable et Sam vont simplement s’étrangler réciproquement en tournant sur eux-même comme des toupies, détruisant le mobilier autour d’eux par l’énergie centrifuge (ou la magie noire ?) qui s’en dégage… Puis Sam se réveil. Il apparait que dans les premières secondes de l’épisode, il avait fait une mauvaise chute suite à une farce organisée par Marie et Stevie, et quequi se déroule après n’était qu’un songe. Al – le vrai – arrive d’ailleurs immédiatement comme il le fait d’habitude comme pour nous confirmer que tout va bien.
Cela n’empêche pas l’aventure de fonctionner comme une vision prémonitoire puisque la raison de la présence de Sam est de sauver le réparateur de sa chute mortelle, ce qu’il fait sans trouver la moindre trace de chèvre (symbole connu du Diable). Le public peut se rassurer tandis que le fan de film d’horreur roulera des yeux devant une ficelle si grossière. Heureusement la chute vient rattraper  tout ça lorsque l’identité de Stevie nous est dévoilé. Et oui, quelle surprise: le binoclard du Maine est bel et bien Stephen King, alors jeune et inconnu puisque n’ayant pas encore réalisé son premier roman ! Du grand n’importe quoi étant donné que dans la réalité celui-ci écrit depuis qu’il est enfant et que c’est sa femme qui est partiellement responsable de l’existence de son premier livre !

 

 

Pour autant cela reste amusant, la révélation a totalement fonctionné sur le jeune gamin que j’étais à l’époque et les grands fans du romanciers peuvent même jouer avec cette version fictive de leur idole: étant donné que Stephen King apparait lui-même dans sa saga de La Tour Sombre où il est question de mondes parallèles et d’autres dimensions, est-ce que Code Quantum existe quelque part dans ce multivers ? Et de la même façon, peut-on voir cet épisode comme une préquelle à Friday the 13th Part VIII: Jason Takes Manhattan où l’héroïne recevait une jolie plume ayant supposément appartenu à l’écrivain ? Tellement de possibilités nous sont ouvertes !
The Boogieman n’est d’ailleurs pas avare en fan service et on peut ainsi retrouver une certaine Plymouth Fury rouge tandis que Sam évoquera justement Christine sans que Stevie ne comprenne à quoi il fait référence. Même Cujo fait une apparition, ici comme animal de compagnie de… la maman de Stephen King ! Plus obscur et sans doute involontaire: en se fringant en gros bouseux via son costume d’Halloween (un épouvantail bien campagnard) et avec la personnalité un peu idiote qui lui est donnée ici, il évoque brièvement Jordy Verrill, l’idiot qu’il jouait dans Creepshow. Et oui il faut parfois éviter de donner des munitions aux fans, sinon on ne s’arrête plus…

 

 

Mais cela permet d’évoquer la richesse visuelle plutôt étonnante de The Boogieman, qui est bourré à craqué de trucs visuels “effrayant” en tout genre. Que cela soit l’imagerie satanique dissimulée ici et là pour simuler l’existence du Diable (un bouc, un serpent et une maison dont le numéro, 966, se transforme en 666 aussitôt que “Al” passe par la porte) ou les décorations du quartier (citrouilles en pagailles, vampires et sorcières en carton sur les vitres, fausse toile d’araignée partout), il est facile d’oublier l’intrigue et se perdre dans le décors. A ce titre la maison de Joshua Ray est absolument incroyable, immense manoir gothique à l’ancienne blindé à ras-bord d’éléments fantastiques: fournitures anciennes, marches qui grincent, serpents, crânes, diablotins, pantins macabres, boule de cristal, chat noir – les décorateurs ont chargé un maximum et le résultat est magnifique. Il n’y a qu’à voir la canne de l’écrivain dont le pommeau est non seulement la tête d’un serpent, mais surtout celle d’un cobra albinos ! Si je le pouvais, je vivrais dans cette maison et je porterai en permanence cette grosse robe de chambre du siècle passé qui donne l’impression de se déguiser en Vincent Price…
L’épisode précédent, One Strobe Over the Line, en rajoutait une couche supplémentaire dans son épilogue (montrant l’arrivée de Sam dans le corps de Joshua) en utilisant la fameuse Toccata et Fugue en Ré Mineur de Bach comme accompagnement, bizarrement supprimé dans The Boogieman.

 

 

Il n’y a honnêtement pas besoin d’en rajouter pour convaincre: voici un parfait épisode pour se (re)lancer dans Code Quantum ou s’imprégner de l’atmosphère d’Halloween. C’est beau, c’est fou et l’épilogue décevant est contrebalancé par une belle surprise ! Le fan de la série va lui y trouver matière à spéculer pendant des heures en raison d’une petite déclaration du Diable. Lorsque Sam tente de se défendre en expliquant qu’il cherche simplement un moyen de rentrer chez lui – et qu’il n’est pas du tout en mission sainte – le Malin se met à rire avant de lui expliquer qu’il ne reviendra jamais chez lui. Une simple menace alors, mais une vérité absolu après le dernier épisode où Dieu lui-même semble être responsable de cela. Et ainsi, The Boogieman prévoit bien avant tout le monde le triste destin de Sam Beckett. Une coïncidence si grosse qu’elle en est presque terrifiante…

 

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