Pern, Ragnarok!

 

PERN, RAGNAROK!

par Pern du Chaos

 

Le vent était chaud. Chose rare ces derniers temps. Depuis que son maître était revenu, “Tessaïga” avait aussi grise mine que lui. L’Ombre du plus formidable guerrier que les réalités avaient connue avait aujourd’hui des allures pensionnat pour vieux sénile. Assis dans un fauteuil a bascule confortable, une cape en polaire sur les genoux, le vieil homme regardait l’horizon. Un sourire indéfinissable se dessinait dans les plis et replis de son visage ridé. Une courte barbe taillée avec soin trahissait une certaine noblesse mais l’attitude de vieillard sénile, elle, trahissait un age plus qu’avancé. Ses cheveux était un peu long sur la nuque et d’une blancheur de neige, mais ses yeux, eux, avait gardé l’éclat de ce qu’ils étaient des siècles auparavant. Sur ses genoux, entre ses mains ridées, un espèce de lézard rougeâtre ressemblant vaguement a un dragon chinois miniature dormait à griffes fermées et avec des ronflements de sonneur.

Jadis, il avait été le plus grand guerrier que le monde ait connu. Jadis, il avait, à la pointe de son sabre, fait régner un semblant de justice et de vérité…
C’était il y a des lustres…

Assis dans son fauteuil, à caresser son vieux compagnon, Pern rêvait les yeux ouverts. Il rêvait à ce qu’avait été sa vie, à ce qu’avaient été ses amours, ses échecs. Comme tous les vieux il en gardait la nostalgie, comme tous les êtres vivants dont la longévité le dispute à l’immortalité, il aspirait à la fin… Et comme tous les vieux, il la savait pour bientôt…

La porte de sa chambre coulissa, une jeune femme entra après un bref salut, elle portait la livrée des domestique royaux. Des années auparavant, Pern avait finalement accepté de prendre le pouvoir et, avec une sagesse peu commune, il avait fait de son monde une utopie où chacun vivait en paix. Elle était très jeune, à peine une quinzaine d’années, mais elle était une des rares servantes dont le vieux guerrier acceptait la présence. Il pivota légèrement à son entrée et se laissa aller à un sourire un peu plus franc. Mushu grogna un peu dans son sommeil.
“-Seigneur, le bain est prêt!”
Le ton ferme laissait sous-entendre que cette fois-ci, le vieil homme n’y couperait pas… Avec un soupir, il se recala les omoplates sur les coussins de son rocking-chair. Il connaissait la suite par cœur. C’était comme un jeu maintenant. La jeune fille soupira et entra d’un pas ferme dans la pièce. Du coin de la bouche Pern se mit a sourire…
“-Grand père! Levez-vous et suivez-moi! Vous allez jouer a ce petit jeu a chaque fois? Et vous avez encore passé la journée la fenêtre ouverte! Il fait un froid de canard dans cette chambre!”
Elle s’approcha du fauteuil et en arrêta les balancements. D’une main douce, elle prit la main du vieil homme dans la sienne, et Pern tourna la tête vers elle:
“-Tu devrais savoir que j’aime me faire prier…”
Sa voix aussi avait vieillie. Jadis profonde et grave, comme le résonnement d’un gong de bronze, elle avait quelques accents cassant et brisé, elle vibrait un peu.
“-Allons Rinoa, aide-moi tu veux?”
D’un geste doux il lui tendit son vieux compagnon. La jeune fille avec un soupir ramassa le petit dragon et le fourra dans la manche de son kimono. Pern se déplia avec soin. Il avait toujours été petit, mais avec le poids des millénaires, cela se voyait encore plus… Sa femme de chambre était plus grande que lui à quinze ans à peine… Sa main gauche saisit la canne à pommeau d’argent gravée d’une fleur de lys et sa main droite se tendit vers la jeune fille qui avec douceur se la posa sur l’épaule. Il jeta un œil au Chônotsubasa, posé avec soin sur son présentoir, et, comme à regret se laissa guider dans les couloirs de son palais…

Alors qu’ils cheminaient côte à côte, Pern sentait la curiosité ronger les entrailles de la fillette. Il se mit a décompter mentalement… Cinq, quatre, trois, d…
“-Grand père… Ils sont encore venu…”
Il sourit doucement, les rides sont visage cachant presque entièrement ses yeux qui semblaient briller du secret d’une bonne blague qu’il était le seul à comprendre
“-Et vous avez fait ce que je vous ai demandé?
-Oui mais…
-Il n’y a pas de mais Rinoa, tant que je serais en vie, ils ne pourront rien faire d’autre que de grogner et de montrer les dents…”
Elle s’arrêta si brusquement que le vieux guerrier manqua de la renverser! C’est dans ces moments là qu’il se sentait le plus vieux.
“-Et quand vous ne serez plus là?”
Pern marqua un temps d’arrêt, il chercha en vain un moyen d’éviter de répondre, et, en désespoir de cause:
“-La salle de bain est plus loin non?”
Rinoa, du haut de ses quinze ans, pivota d’un bloc vers lui, elle plongea ses yeux au fond des siens. Pern remarqua immédiatement les larmes qui perlaient aux bords de ses paupières. Il soupira et se baissa pour ramasser sa canne…
“-Bon, aujourd’hui les rôles s’inversent on dirait… Allez, viens avec moi, je crois qu’un bain nous fera du bien à tout les deux…”
Il repartit en direction de la salle de bain mais cette fois, il tenait la jeune fille par la main.

Avec précaution, il trempa un orteil dans l’eau chaude et fumante de la grande baignoire de chêne. Il s’y glissa avec un délice non dissimulé, fit quelques brasse et se posa nonchalamment contre le rebords de la baignoire. Il regarda un moment la jeune fille se changer, se demandant au fond de lui si elle réalisait la chance qu’elle avait d’être native de ce monde.
“-Grand père!! Pervers!
-Hein?
-Vous m’épiez quand je me change?
-Hein? Ah! Non pas du tout! Je réfléchissait en fait…”
Dans sa longue vie, il avait largement fait le tour de la question et arrivé à cet âge avancé, il ne trouvait à l’activité préféré des jeunes couples qu’un intérêt limité.
Rinoa entra dans l’eau et s’approcha de lui, luffa en main. Avec un grognement le vieux guerrier lui tourna le dos.
“-Que deviendrons-nous quand vous ne serez plus là? Pourquoi refuser de voir cette Linoa qui dit être votre femme! Je l’ai vue! Elle est magnifique et elle peut avoir des enfants! Vous pourriez encore engendrer un hérit…”
Vif, Pern avait pivoté et lui avait plaqué une main sur la bouche!
“-Non. Linoa a été ma femme, elle a porté mes enfants et nos visons du monde ont à ce point divergé que ce que tu demandes est impossible…”
Il enleva doucement sa main de la bouche de la jeune fille… Elle était médusée…
“-Rinoa… te rappelles-tu de ton arrière grand mère?
-Oui…
-Tu te souviens de qui elle servait a l’époque?
-Vous, elle s’occupait de vous comme moi maintenant.
-Et cela ne te semble pas bizarre? Que je vive depuis si longtemps?”
La question de sa longévité avait déjà été abordée, mais jamais il n’avait pu faire entendre raison à qui que ce soit. Il faut dire que d’admettre que son roi était un être issu d’une autre réalité n’était pas chose aisée. Néanmoins, Rinoa avait admis l’idée qu’il n’était pas comme les autres résidents de cette Ombre.
« -Passons, je ne vais pas tout te ré-expliquer… Tu te souviens, je t’avais parlé de la Cour d’Ambre et de la Cour du Chaos…
-Oui, mais quel rapport avec le fait que si vous ne trouvez personne a votre mesure ici le royaume va…
-Attend un instant, j’y viens… Et fait attention avec cette pierre ponce!”

La situation avait dégénérée des années auparavant. Depuis des millénaires que les deux puissances se livraient une guerre intestine, Pern avait naïvement cru que l’accession au trône du Chaos de sa bru avait achevé de changer la donne et que la paix avait enfin une chance d’exister. Mais les choses, loin de se stabiliser avaient empirées! Moins de trois siècle après la prise du trône par Kiara de Hellghast et son propre fils, Under Heartilly, le bosquet de la Licorne dont il était le gardien avait subit un raid de dragons du Chaos et de leurs puissants chevaliers. Abandonné par la couronne d’Ambre, Pern n’avait pu que limiter la casse mais l’attaque avait jeté de l’huile sur le feu… Que dis-je! De l’essence oui! Il avait tout fait pour régler l’incident diplomatiquement mais cela n’avait abouti qu’à une nouvelle expédition punitive des armées d’Ambre sur les Cours… Le chaos qui s’en était suivi avait été absolument indescriptible. Impuissant devant cette guerre qui ravageait les Ombres, Pern s’était résigné à retraverser le Logrus et avait acquis une puissance magique au delà du concevable. C’est a ce moment qu’il compris d’où venait l’essence des conflits.
Des années auparavant, il avait découvert son origine purement artificielle et son destin d’arme. Il avait cru y échapper en se liant a la maison Heartilly. Mais il n’avait fait que se choisir un nouveau maître. Dans l’ombre, Linoa œuvrait pour des objectifs obscures. Elle s’était servi de lui et, par son entremise, avait fait sombrer le monde dans le chaos…
Seulement, loin d’aller dans le sens de sa belle mère, Kiara, reine des Cours, s’était opposée à elle par le seul moyen qu’elle connaissait: les armes.
Le résultat était cette effroyable période de guerre qui ne cessait depuis maintenant plus de trois mille ans. Bénédict et Gérard mort, l’armée d’Ambre n’avait que peu de chance de l’emporter ou même de prendre l’avantage . Pern avait tué Random de ses propres mains après avoir mis au grand jour un projet de destruction pure et simple de toute les réalité sauf celles d’Ambre et du Cercle d’Or. C’était Lord Ranakel qui était monté sur le trône d’Ambre, conseillé par Linoa. Et ensemble, la guerre avait repris de plus belle. Fatigué, fourbu, Pern avait quitté le théâtre des combats et avait verrouillé un maximum d’Ombres sur son passage. Il avait réussi l’incroyable prodige de limiter l’infini a quelques millions d’Ombres.
Cela n’avait finalement servi qu’a intensifier les combat…
Depuis qu’il avait officiellement divorcé de sa traîtresse de femme et qu’il s’était réfugié sur son Ombre, régulièrement, elle lui envoyait des émissaires, tantôt menaçants, tantôt conciliants qui cherchaient à le convertir a la noble cause d’Ambre…

Pern caressa pensivement l’étrange rubis qui pendait a son cou. Il faut dire que prendre le joyau du jugement avec lui avait été une riche idée… Sans cette pendeloque, impossible de changer la nature de la réalité…
Il se tourna vers la jeune fille
“-Tu comprends mieux maintenant? Cette femme a utilisé ses enfants contre leur propre père. Elle a tendu des ficelles tellement loin qu’il est presque impossible d’aller contre elle. Mon fils est devenu un psychopathe meurtrier, sa femme, ma fille, est une folle incapable de comprendre autre chose que le combat… Quand a mon second fils…”
Un frisson de dégoût parcourut l’échine du vieil homme
“-C’est une ordure à la botte de sa mère… Bref! Rien à attendre de ce coté là. Et puis, j’ai déjà une idée en tête concernant la question de mon héritier ici!”
Il lui fit un clin d’œil malicieux…

Depuis la découverte de cette trahison, Pern avait beaucoup changé. Le guerrier avait, en apparence, rangé son arme et laissé de coté toutes velléités. En apparence seulement. Possesseur du joyau du jugement, il se savait observé par tous et endormait patiemment la méfiance des vautours qui attendaient sa carcasse. Il était sûr d’une chose, le jour viendrait où il devrait reprendre les armes… Il espérait simplement que ce jour arriverait avant que la vieillesse ne l’emporte…

Rinoa dormait sur le futon posé a coté de lui. Son souffle léger comme les battements d’aile d’un papillon lui rappelait de douloureux souvenirs. Pern se redressa avec des mouvements de chats. Il se glissa hors du lit et se concentra un moment… Deux des six cent protections effectives placés autour de Tessaïga venaient de céder… Avec un soupir inaudible, il s’approcha du Chônotsubasa et le saisit délicatement. Mushu qui sommeillait ouvrit un œil et émit un silencieux grognement. Depuis qu’il avait vieilli, il avait perdu la parole mais sa symbiose avec son maître restait sans égal… Pern avisa la fenêtre… Cela faisait longtemps qu’il n’avait pas senti le vent dans ses ailes… Un bruissement le fit se retourner…
Rinoa, ses long cheveux détachés s’était réveillé et le regardait droit dans les yeux… Son visage était fermé et il la sentait inconsolable… Il lui fit un pâle sourire et s’approcha d’elle, s’assit doucement sur le lit de la jeune fille et lui passa une main sur le visage…
“-C’est pour ça que tu a insisté pour dormir ici cette nuit n’est-ce pas?”
Elle hocha la tête…
“-Et depuis quand as-tu compris?”

Une bourrasque de vent fit s’envoler une brassée de fleurs de cerisier…

Le vieux guerrier regardait l’enfant qui aurait put être son arrière arrière arrière… Bref… sa descendante après quelques milliers de générations. Il savait qu’il allait ruiner sa vie, mais il devait le faire tant qu’il en était encore capable. Avec douceur, il enleva de son propre cou l’étrange pierre rouge qui pulsait comme un cœur…
“-Écoute Rinoa, je t’avais dit que je savais qui serait mon héritier n’est-ce pas? Quand ta famille t’as donné à la couronne, c’était sans savoir qu’ils te condamnaient à devenir la garante de ce monde… Et de quelques milliers d’autres.
-Grand père…
-Non laisse-moi finir. Je ne t’ai rien caché et je t’ai aimé comme ma fille! Tu as connu la paix et rien qu’elle! Tu a vécu dans une utopie! Je te demande, quoiqu’il arrive, de t’en souvenir!
-Grand père…
-Rinoa, si je t’en donne la force, acceptes-tu de protéger ce monde? Comme une mère protège son enfant?
-Je n’ai jamais été mère grand-père!
-Oui, je sais… Être parent, ça se vit en fait… Bref! Ton enfant sera le monde si tu acceptes.”
Elle plongea encore ses yeux dans les siens… Pern comprit sans un mot la réponse…

Il se redressa. Sa présence se déploya dans la pièce comme un brocard. Il était vieux, mais il restait le plus grand… Mushu hurla, son rugissement accompagna un vrombissement de puissance qui se mit à altérer l’espace. Entre les mains jointes du vieux guerrier, le joyau du jugement se mit à palpiter… Rinoa baissa les yeux sur sa propre poitrine… Elle n’arrivait plus à définir d’où venait l’incroyable lumière qui baignait le monde… La force magique, la puissance brute de la réalité se mit à l’envelopper… Elle pulsait doucement…
Le vieil homme assis en tailleur devant elle psalmodiait avec la régularité d’une horloge. Sa mélopée emplissait ses oreilles et… Son cœur?
Son cœur se mettait à pulser à son tour, doucement il s’accordait au battement du rubis…
Une étrange forme se mit à briller sur le sternum de l’enfant. Elle prit de l’ampleur, déploya ses branches comme un arbre! En suspend entre le vieux guerrier et elle, un pentacle prenant naissance entre ses seins, là où son cœur se cachait se traçait avec lenteur, inexorable… Les cercles s’agençaient les uns dans les autres, d’étrange runes s’y alignaient, les mots qui sortait de la bouche du roi prenaient forme, consistance et venaient, en lettre de feu, se placer sur l’immense cercle magique… Rinoa ferma les yeux, elle sentait doucement son corps se dissoudre, elle sentait sa conscience s’éveiller, dépasser les frontières même de son existence. Elle se mit a paniquer. Une voix douce s’éleva dans le néant… Juché sur les épaules de son maître, Mushu la regardait avec douceur…
Ne crains rien… Ne crains pas! Acceptes! Ce monde sera le tien!
“-Je ne peux pas! C’est trop grand! C’est beaucoup trop! Je n’en ai pas la force!!! »
Ne crains rien! Fais-lui confiance, il sait…
« Mon cœur ne sera pas assez grand!!!”
La dernière parole de Rinoa claqua dans l’air comme un fouet, prise de panique… À nouveau, la voix du dragon se mit a résonner dans sa tête.
Il le sera…

Pern écarta les mains… Doucement, le rubis se détacha de sa chaîne et se mit a flotter entre eux… Le cercle magique s’étendait toujours… Elle vit sa poitrine s’ouvrir doucement, comme un écrin. Aucune douleur… Le vieux guerrier braqua ses yeux de braise sur les yeux d’eau dormante de la jeune fille:
“-Il est encore temps de refuser… Je pensais ne pas te demander ton avis, mais j’en suis incapable… Si tu acceptes, le joyau prendra la place de ton cœur, il te donnera d’immenses pouvoirs. Tu seras l’égale d’un dieu…
-Je vais souffrir?
-Non…
-Je pourrais veiller sur les autres?
-Oui… ce que tu feras de ton statut ne dépendra que de toi Rinoa…
-Je voudrais que tu ne meures pas.”
Le vieux guerrier lui fit un sourire résigné…
“-Je n’ai pas le choix… Acceptes-tu?
-Oui…”
De sa poitrine palpitante, son cœur de jeune fille qui n’avait jamais connu d’autre amour que celui de ses rêves sortit doucement… Petite sphère de lumière chaude et rose… Le vieux guerrier écarta doucement les mains, découvrant sa propre poitrine… Le cœur de Rinoa vint s’y loger alors que l’étrange rubis vint prendre la place du cœur de la jeune fille… Les symboles de lumière brillèrent une dernière fois d’une formidable intensité…

La nuit revint dans la chambre, comme un formidable tsunami velouté. Rinoa posa sa main sur son cœur… Pern lui fit un large sourire. Elle semblait a l’écoute, elle semblait différente sans jamais avoir changé… Elle releva la tête et se pencha vers le vieil homme avec douceur, et lui déposa un doux baiser sur la commissure des lèvres avant de sombrer dans l’inconscience…
“-C’est comme si j’avais le monde dans la poitrine…”
Dit-elle avant de plonger dans les bras du vieux guerrier. Pern sourit, la recoucha et se mit enfin en devoir de finir ce qu’il avait à accomplir… C’était un pari risqué, mais c’était aussi sa dernière carte. Plus de la moité des barrières magiques était brisée, la diligence des armées du Chaos ne cessait de le surprendre… Quel dommage qu’ils ne se soient rendu-compte qu’il les avait simplement laissé faire… Il se redressa, prononça quelques mots qui restèrent un moment en suspend dans l’espace… Le grand manteau noir qui l’avait si souvent servi et protégé apparut et se coula autour de son maître. Le Chônotsubasa rejoignit sa ceinture. Alors qu’il sortait par le balcon et que Mushu changeait de dimension pour prendre celle d’un dragon géant, une petite voix le fit se retourner une dernière fois…

“Grand père…”

Il regarda la pièce ou il avait passé presque mille ans… Il regarda le petit bout de femme qui dormait, qui aurait bientôt à assumé le rôle de déesse-mère… Il su qu’il avait fait le bon choix… D’un bond, il sauta sur la nuque de son compagnon et le laissa l’emporter vers l’extrême limite de son royaume…

À ce stade du récit, il convient de parler un moment de la nature de la réalité… À la vérité, c’est assez simple à comprendre et aussi effroyablement complexe. Au départ existaient les Abysses. Un monde n’étant régit par aucune loi. Et quand je dis aucune…
De cette véritable soupe originelle, a émergé un certain nombre de démons qui ont créés une sorte de semblant d’ordre nommé “Les Cours du Chaos”. Cette nouvelle puissance a engendré une parcelle de réalité, un être vivant. Cet être a créé une image de lui, le Logrus était né! Ses descendants, des démons capables d’en obtenir la puissance prospérèrent. Jusqu’au jour où l’un d’entre eux se dit qu’il était temps de changer les choses et qu’il voulait tirer un peu la couverture à lui! Dworkin déroba donc un œil au serpent du Chaos et s’enfuya avec. Le Joyau du Jugement venait de voir le jour! Nanti de cette babiole, il créa une nouvelle puissance, la Marelle, qui engendra un nouvel être, la Licorne avec laquelle il engendra une descendance: la Cours d’Ambre! Un nouveau pôle de réalité s’était créé! L’effet fut immédiat! Les deux réalités se mirent à projeter des reflets de l’autre déformés dans leur propre existence. Les Ombres étaient nées! Chacun sait ce que ça donne de regarder un miroir dans un miroir… Certes, ça donne mal au crâne, mais c’est une bonne façon de représenter l’infini…
Pern avait donc compris, en grande partie en compulsant les notes de son ex-femme, que finalement tout était issu du Joyau du Jugement et que quiconque en aurait la maîtrise totale gouvernerait réellement le monde en fusionnant les deux réalités et en engendrant un nouveau pôle qui dépasserait tous les autres en puissance! Pern avait compris en revanche quel était le défaut des Sang Réel quant à mener à bien cet ambitieux projet! Étant tous, sans exception, issus de l’un ou de l’autre des deux pôles de réalité, aucun n’était assez neutre pour accorder les deux! Linoa aussi l’avait compris, et elle tentait de palier à ce problème par la puissance. Pern avait eu une autre idée! Il avait commencé par ne laisser accessible aux Sangs Réel qu’un nombre limité d’Ombres. Il l’avait fait très simplement! Plutôt que de verrouiller l’accès de certaines Ombres, il avait créé avec l’aide du joyau et des pouvoir du Logrus exalté, une sorte de couloir de quelques millions d’Ombres reliant les deux pôles de puissance… Il avait ensuite rejoint Tessaïga qui était, par cette manipulation, devenue un nexus gigantesque! Quelques générations avaient suffi pour que les habitants de son Ombre deviennent capable de s’accorder avec les puissances sans risque d’y laisser la vie… Et quelque dizaines de siècles lui avaient permis de créer une utopie dans laquelle Rinoa était née, avait grandie et avait été éduquée avec une absence totale de peur, de velléité et de méchanceté. Il ne lui restait plus qu’à fusionner les deux pôles pour n’en laisser plus qu’un seul, un pôle vivant qui, s’il n’avait pas fait erreur, serait, en plus, bienveillant et protecteur…

C’était de toute façon mieux que son ex-femme…

Le vieux guerrier attendait, juché sur le sommet de la montagne qui avait vu son premier affrontement pour la suprématie et la domination de cette Ombre… Cela faisait… Des millénaires en fait… Il avait perdu le compte depuis, logique! Absorbé dans ses pensées, il se tourna vers ce petit bout de réalité qui avait, finalement, été son seul véritable chez-lui… Comme souvent chez les vieux, une foule de souvenirs se pressèrent dans sa vieille mémoire et un sourire un peu crétin s’afficha sur son visage… Le sifflement de la lame ne le surpris même pas.. D’un geste désinvolte il arrêta le coup de faux en posant un doigt sur la hampe de l’arme.
“-Vieillard imbécile! Donne moi cette putain de pierre!!!
-Eh bien, Kiara, je pensais t’avoir enseigné la politesse et au moins une certaine forme d’honneur… Et toi, tu attaques un vieil homme dans le dos? Quelle tristesse!”
Il se tourna vers sa belle fille… Vêtue de son habituelle cape, ses yeux roses braqués sur lui emplis d’une haine indescriptible elle se préparait pour l’assaut. Derrière elle, une centaine de chevaucheurs de dragon attendaient les ordres dans leurs splendides uniformes… Un magnifique ensemble à peine terni par les quelques inévitables malformations de la peste métamorphique… Il se redressa en faisant craquer son dos et posa nonchalamment la main gauche sur le dos de son arme dans l’attitude du vieil homme qui repose son bras trop longtemps engourdi. Il fit un pas vers sa fille…
“-Et que me vaut l’honneur de ta visite? Ce n’est pas pour prendre le thé je pense… Tu te rappelles? Tu détestais le thé!!! Quand tu étais petite, tu voulais tout faire comme…
-ASSEZ!!!
-Tu ne buvais que de la grenadine du coup! Et tu te rappelles quand tu avais fait pipi au lit parce que tu avais tr…
-LA FERME!!! FILE MOI LE JOYAU ET ON SE CONTENTERA DE TE TUER SANS DOULEUR!!!”
Tout en déblatérant de vieux souvenirs, Pern avançait vers sa fille, comme un vieux grand père gâteux… Dans le dos de la reine des Cours, les chevaucheurs se regardaient, un peu gênés d’en apprendre autant sur leur reine… L’un des chevaucheurs se redressa sur les étriers de sa monture et ouvrit la bouche… Une chevelure flamboyante, des yeux vert, Pern reconnu son fils…

Et il savait aussi qu’il était bien trop tard… Totalement vide de la moindre intention de se battre il était arrivé a moins d’un pas de sa bru. La main gauche, toute ridée qu’elle était vola vers la poignée de son sabre et le dégaina d’un trait jusqu’à la pointe en même temps qu’il faisait un ultime pas vers sa fille…
“-KIARA ATT…”
La lame décrivit une courbe magnifique, pure et rectiligne…
“-…ENTION IL V…”
La pointe du sabre percuta l’orbite gauche de la jeune femme et continua sa course sans aucune difficulté, comme s’il n’y avait rien d’autre que du vent sur sa trajectoire…
“-…A FRA…”
Elle trancha les deux globes oculaires, l’arête du nez et ressorti sans à-coups de l’autre coté, par la tempe gauche… Le coup n’était pas mortel, mais Kiara était aveugle et hors de combat maintenant… Pendant presque une demi seconde, Kiara ne se rendit compte de rien. Le sang se mit à jaillir d’un coup, s’étant rappelé que ce n’était pas des façons de se tenir en face d’une plaie ouverte! Une détonation retentit presque une seconde plus tard… La pointe du sabre avait passée de très loin le mur du son, et presque simultanément, Kiara tomba à genoux en hurlant, se plaquant les mains sur le visage…
Pern se redressa de toute sa hauteur… C’est-à-dire pas grand chose…
“-Le Mugame… Tu te rappelles petite étourdie? La posture de la non-posture! Tu n’as jamais rien écouté de ton maître et voilà résultat…”
Under sauta a bas de sa monture et se précipita pour serrer sa femme dans ses bras qui hurlait a la mort, folle de terreur de de douleur, plongée dans le noir le plus complet…
“-PAPA! SALAUD!!! QU’EST CE QUE TU LUI A FAIT? POURQUOI SES YEUX NE SE REGÉNÈRENT PAS?!”
Pern rengaina doucement son sabre…
“-Toi aussi tu as oublié? Tu te souviens à quel pouvoir mon Chônotsubasa est accordé?
-A celui des Abysses…
-Oui… Tu sais ce qu’on dit… Un battement d’aile de papillon à l’équateur peut déclencher une tempête à New-York…”
Il eu un horrible sourire…
“-Tu as la preuve que c’est vrai…”
Kiara se redressa et tâtonna pour mettre la main sur son arme… Lune noire, la grande faux à lame rouge qui lui avait si souvent accordée la victoire:
“-P-pourquoi? J-j’étais presque p-plus forte que t-toi…
-Arrête de t’agiter… Mushu, tu peux aller jouer mon grand!”
Avec un rugissement de plaisir, le dragon reprit sa taille de monture géante et se jeta sur le contingent de chevaucheurs et leurs montures…
Pern se planta dans le sol, le dos droit, les bras croisés sur sa poitrine…
“-Tu ne m’as jamais dépassé, ni de près ni de loin… Maintenant reste là et savoure la suite… Under! Défend ta femme… Pleutre…”

Pern savait parfaitement ce qu’il faisait, une fois encore il savait comment son fils allait réagir! Il bondit vers son père saisissant une pleine poignée de ses “Raindrops” qu’il jeta vers son père tout en saisissant Lune Blanche, sa hache hindoue, d’une main…
Avec une apparente lenteur Pern se mit a esquiver les assauts furieux de son fils… Où que la lame blanche tenta de mordre, elle ne rencontrait que le vide. Sans se presser, le vieux guerrier esquivait les coups… ou plutôt, il n’était déjà plus là au moment où l’arme vrombissait. Il avait invariablement sur son fils une dizaine de coups d’avance… Kiara criait, entendant derrière elle Mushu faire un carnage dans sa garde rapprochée… Under hurlait, fou de rage… Pern ménageait ses forces. Il le savait il n’avait pas droit à l’erreur… Les deux cœurs dans sa poitrine lui donnait plus de force qu’à accoutumé et beaucoup plus d’endurance mais ils pompaient énormément son énergie…
Under se fendit en abattant son arme verticalement vers l’occiput de son père. La lame siffla et s’enfonça dans le sol. Pern ne s’était même pas donné la peine de reculer…
D’un bond, il fut sur son fils! Le coup de pied qu’il lui porta, comme on shoote dans un ballon, n’était pas fait pour le blesser autrement que dans son amour propre…

Under fit un vol plané et retomba en arrière, glissa dans la poussière… Et s’arrêta contre Kiara qui gémissait comme une petite fille, terrifiée.
C’est à ce moment que le silence le frappa… Plus un bruit ne résonnait sur le plateau rocheux… A part une pulsation sourde et rauque… Lentement, Under tourna la tête… Allongé sur un monceau de reste fumant de dragon et de chevalier du Chaos, Mushu ronflait comme un sonneur…

“-Oui, il fait toujours la sieste quand il a mangé…
-Ordure…
-Under… P-prend l-lune n-noire… fait les f-fusionner s-s’il te plaît… T-tue-le et r-reprends lui la p-pierre!!!
-Oui, fait donc ça mon fils…
-ORDUUUUUUUUUUUUUURE!!!”

Le hurlement de rage, enfin Pern n’avait attendu que ça… Il dégaina son sabre avec douceur et méticulosité… La lame lança un éclair de lumière… Pern se mit en garde…
Under se redressa, son corps changeait, sa forme primale prenait le dessus, héritage de son sang de démons, sa rage faisait remonter son héritage à la surface…
Pern se fit la réflexion que c’était sans doute pour cela que ce n’avait pas marché… Les démons ne vivent que dans la rage… Il était humain après tout,il aspirait a la paix et, par la même était devenu ce pourvoyeur de mort… Il avait pesé si fort dans la balance, il était temps que les humains aient leur chance…

Under rapprocha les deux armes l’une de l’autre… Les deux rubans s’entremêlèrent, l’acier sembla devenir liquide pendant un temps… Pern avait déjà vu cette arme se changer en des choses les plus incongrues a l’occasion de fusions comme celle-ci… Avec un sourire, il se rappela de la pelle, du hochet et de la poêle à paella… Mais cette fois-si, les deux armes avait fusionnées en une faux gigantesque et surpuissante. Pern en sentait la puissance de là où il était… Il se concentra… Quatre syllabes sèches claquèrent dans l’air! Quatre armes se matérialisèrent et vinrent se ficher dans le sol, à ses pieds…
Aura, la gigantesque lame, Ohm, l’épée chinoise, Longin, la lance qui était sensé avoir tué Jésus et Sleïpnir, le marteau des dieux…
Il était près a combattre.
Under chargea l’arme haute, Pern fit un pas de coté et saisi la hampe d’Aura de la main gauche. Il l’arracha du sol, déviant du plat de son immense lame le coup formidable porté par son héritier. Sans attendre et avec fluidité, il passa sous le coup porté, la lame d’Aura n’avait pas résisté a la fusion des deux lunes. Il lâcha son énorme épée a mi-course, et, tourbillonnant sur lui même saisi la hampe de Longin au tiers de sa hauteur, Chônotsubasa toujours en main. Under, son arme fiché dans l’énorme épée avait largement perdu en vitesse. Le vieux guerrier s’enroula autour de l’arme et se servi de l’effet ressort de la lance pour porter un formidable coup latéral qui faucha son fils a hauteur des genoux. Suite a son premier mouvement, le père était dans le dos du fils… Under ploya sous le choc, un craquement ignoble lui arracha un grognement et un couinement de panique a Kiara. Pern le savait, se battre contre une forme primale, c’est se battre contre un ennemis qui récupère de ses blessures plus vite qu’on ne les lui inflige… Il le savait, il n’avait que peu de temps…
Il continua sur sa lancé, enchaînant la première rotation avec une autre, il lâcha Longin, la gardant simplement coincé par l’effet combiné de la force centrifuge et de la force de levier entre ses côtes et son coudes. Alors que la lame de la lance vrombissait sous le nez de Under qui s’était ramassé sur lui-même et a moitié redressé, il saisi Sleïpnir de sa main a nouveau libre. Le vieux guerrier bloqua les hanches tout en transférant la force centrifuge acquise à son marteau de guerre. La lance, elle, continua sur sa lancée, tournant sur elle-même comme une lame de tondeuse sorti de son logement, obligeant Under a sauter par dessus tout en chargeant. Pern laissa le marteau, entraîné par son propre poids, décrire une courbe ascendante. Arrivé en bout de course, alors que son fils était sur lui, le vieil homme pivota sur sa jambe droite, balançant son arme dans un mouvement descendant croisé, amplifiant encore la force centrifuge acquis par ce nouveau déplacement! Une fois de plus la pointe de l’arme passa le mur du son. Avec un timing parfait et un choc mat et sourd, le lourd marteau frappa le fils du vieux guerrier derrière la nuque. Pern se laissa emporté par le mouvement, passant par dessus le corps de son fils. Au sommet de sa courbe, il lâcha son sabre. Under s’écrasa sur le sol, son sang de métamorphe réparant presque instantanément les dégâts… Pern atterrit sur le sol aux cotés de sa dernière arme, il saisit Ohm par la poignée et pivota d’un bloc. Il le savait, un métamorphe sous forme primale était capable de faire repousser un membre presque instantanément, Kiara n’y était pas parvenu simplement parce que le Chônotsubasa avait un certain nombre de propriété qui rendait les blessures qu’il ouvrait in-cicatrisable par les Sang Réels… Quelle que soit leurs origines…
Mais il savait aussi qu’au-delà de huit cent grammes, lancés avec une accélération constante, le choc d’une arme avec le crâne d’un homme, même sans trancher, détruit une partie du cerveau par cavitation… Sleïpnir en pesait dix mille et il venait de passer le mur du son! Il faudrait à peu près neuf centième de seconde a Under pour se remettre de cette blessure! C’était le moment qu’il attendait!

Pern bondit en avant, la pointe de l’épée chinoise, une lourde lame antique d’une demi paume de large, décrivit une série de courbes compliquées. La première écarta l’arme de son fils, la seconde la fit jaillir hors de sa main, la troisième la projeta hors de vue, la quatrième écarta le bras gauche d’Under, la cinquième le droit, la sixième trancha la veste de protection et la septième et dernière ouvrit la brèche finale découvrant le plexus de son fils…

Suspendu dans le temps et l’espace, le vieux guerrier, étonnement calme, songeait a tout l’amour qu’il avait porté a son fils, a tout ce qu’il n’avait pas hésité a sacrifier pour lui… Mais malgré tout, Under n’avait jamais respecté la vie, malgré tout ce que son père l’avait aimé et protégé, Under ne considérait les êtres humains que comme des nuisible dont on se débarrasse au même titre que les bactérie que l’on trouve dans l’eau… Il avait aimé la vie au delà de tout. Son fils ne l’avait jamais ne serait-ce que considéré… Dans l’immense solitude de cet instant si fugitif, Pern eu un triste sourire… Il le faisait pour le monde, pour que les enfants a naître trouvent un jour leur propre raison de vivre, pour libérer la vie de ceux qui ne s’en servait que pour assouvir leur soif de pouvoir…

La lame plongea dans le torse de son enfant, transperçant le plexus et allant se ficher dans la colonne vertébrale, juste sous la cinquième cervicale… Alors même que la métamorphose de son fils achevait de reconstruire son cerveau, la moitée inférieure de son corps s’affaissa… Pern tendit la main droite, glissant son épaule gauche sous celle de son fils, le maintenant debout contre lui… Un jet de sang frais jailli de la bouche d’Under… Kiara se redressa d’un bond en hurlant… Il y avait de cela des millénaires maintenant, les deux enfants avaient synchronisés les battements de leur coeur. Pern le savait, elle sentait dans sa chair qu’Under avait définitivement perdu…

Le Chônotsubasa, arrivé à l’apogée de sa course aérienne retomba doucement… Tout avait été calculé, un véritable ballet… la lame vint se caler, poignée en avant dans la main droite tendue et parcheminée du vieux guerrier…

Plaqué contre le corps de son père, Under sentait sa fin proche… Il redressa à peine la tête et dans un flot de sang parvint à articuler quelques mots, Kiara se redressa mains tendues, tentant d’étreindre le vide…
“-P’pa… Pourquoi…
-Parce que je ne peux pas te laisser continuer a vivre sur la mort des autres, parce que tu t’es enchaînée a la mauvaise personne, parce que, comme moi, tu es l’arme d’une des deux puissances et qu’aujourd’hui, il nous faut mourir pour que le reste du monde vive…”
Kiara hurla a nouveau, son cri de douleur pure exprimait la terreur, la perte et la douleur…
“-Pourquoi?! P-pourquoi Under ne bouge plus?! P-pourquoi?! POURQUOIIIIIII?!!!
-Parce que cette lame empêche son sang de le sauver… Pour chaque force, il existe son contraire… Tu le savais fût un temps…”
La lame d’acier du Chônotsubasa virevolta dans les airs, la pointe de la lame se lança vers la terre et remonta vers le coeur du vieux guerrier…

“-Pern! C’est ton fils… S’il te plaît, ne me le prend pas…
-Non! Ma punition est de disparaître, la sienne de mourir… La tienne de souffrir!”

La lame siffla, l’acier plongea dans les chairs du vieux maître d’arme, transperça son vieux coeur, pénétra la poitrine de son fils et déchira le coeur de son enfant…

Le temps ce figea, l’atmosphère devint graisseuse alors que Kiara tentait de trouver les deux hommes à tâtons dans dernier effort. Mushu releva la tête… Le coeur d’Under cessa de battre… Pern fut le seul a recueillir ses dernière paroles…
“-Je te hais…”
Kiara s’arrêta net, elle plaqua sa main sur sa poitrine… C’était la fin… Elle s’effondra sur le sol, terrassée par la douleur, sanglotant comme l’enfant qu’elle n’avait jamais cessé d’être…

Pern tomba à genoux… Avec peine, vivant ses derniers instant grâce au coeur de Rinoa, il se força a s’installer le plus confortablement possible… Il articula à nouveau avec peine, convoqua le Logrus et la Marelle… Son sang mélangé a celui de son fils, baignant la lame enchanté du Chônotsubasa, commençait une longue et inexorable réaction en chaîne… Dans les Ombres, dans les plans primaux, dans les réalités, les Sangs Réels sentirent l’essence de leur pouvoir se désagréger… A mesure que la réalité s’altérait, le Joyau du Jugement divinisé emplissait l’espace de pouvoir laissé vacant…. Pern sentit une douce chaleur l’envelopper… Comme les mains de Rinoa quand elle s’occupait de lui… La douleur se tût… Le silence régnait… La mort était inévitable, son sang de Chaosien brûlait. On ne guérissait pas de la morsure du Chônotsubasa…

Face a son monde, Pern souriait… Finalement, il avait réussi… Linoa était brisée, loin de sa source de pouvoir Ambre n’était plus qu’un petit royaume. Kiara avait tout perdu, la guerre allait cesser et la vie allait prendre de droit le pas sur les autres puissances… Rinoa y veillerait, il le savait maintenant…

Il ferma les yeux… Une dernière pensée lui traversa l’esprit… Ragnarok… La fin du monde connu. Et c’était à lui qu’on le devait…

Debout sur le plateau rocheux, il regardait ma scène… Il savait que rien n’était immortel, mais il ne pensait pas que lui, finirai par y passer… Il se pencha, sorti une cigarette d’un étui finement ouvragé et l’alluma à la braise de sa propre roulée…
Premutos s’accroupit devant Pern, le temps n’avait pas arrangé le vieux con… Il respirait encore… Il lui plaça doucement la clope entre les lèvres…
“-La taffe du condamné grand-père…
-Je fume pas… Connard…”
Un instant de flottement plus tard, Premutos tirait sur deux clopes assis a coté du vieux guerrier transpercé de part en part dont le corps commençait doucement a fumer…
“-J’ai pas tout compris mais, en gros, on est plus que des démons normaux c’est ça?
-Oui…
-Sauf ceux qui sont accordés à la Roue Spectrale, mais elle fonctionne que comme moyen de transport c’est ça?
-Oui…
-Et j’ai un dernier truc à me demander… Pourquoi je ferais ça pour un type désagréable comme toi?
-Parce que je t’ai toujours épargné…”
Premutos regarda le vieil homme arracher lentement le sabre de son corps… Il avait vu pas mal de spectacles peu ragoûtant dans sa vie, mais ça…
“-Ta femme est enceinte… Ton ex-femme je veux dire… Tu vas donner ça à ta fille… Me demande pas comment je sais que c’est une fille… C’est son héritage.
-Pourquoi? Pourquoi tu fais ça merde! C’est une malédiction ce truc!!!”
Pern se laissa tomber en arrière, les yeux dans les étoiles… Il regardait la lune, ronde et pleine… Sa vie repassa devant ses yeux…

 

“-Parce que toute force doit avoir son contraire…”

 

..~* FIN *~..

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