Premièrement calmons un peu les choses comme Internet à tendance à tout sensationnaliser pour faire sa pute à clique. Si ce retour inattendu de Deathstalker est effectivement incroyable, cela reste sous la forme d’un comic-book que personne ne lira. Qui plus est ce n’est pas la première fois qu’une production Roger Corman a été adapté en bandes-dessinés, avec des titres comme Battle Among the Stars, Black Scorpion, Caged Heat 3000, Death Race 2000, Deathsport, Humanoids From the Deep et The Little Shop of Horrors qui passèrent au format papier grâce à différents éditeurs. C’est l’indépendant et peu connu Vault Comics (Barbaric, pour rester dans l’heroic fantasy) qui s’occupe du projet, investissant suffisament de biftons pour réunir une équipe impressionnante en coulisse: le réalisateur Steven Kostanski de Astron-6 (Psycho Gorman et The Void, mais surtout Bio-Cop et Lazer Ghosts 2, les meilleurs courts-métrages de l’histoire du cinéma), le scénariste Tim Seeley (Hack/Slash), et le guitariste Slash de Guns N’ Roses. Wait, what ?
Oui, son nom semble être une stratégie marketing pour faire parler sur Internet et sa contribution est techniquement minimaliste, mais apparemment c’est bien lui qu’il faut remercier pour avoir sélectionné Deathstalker à la place de littéralement n’importe quel autre sujet ! Voyez-vous, il y a peu Vault Comics (via son label de graphic novels Headshell) a conclu un partenariat avec Skullcandy, un développeur d’accessoires audio ayant des liens dans l’industrie musicale. Les deux se sont entendu pour sortir une collection de BD basées sur de grands noms comme Def Leppard, Metallica ou les Beach Boys, la ligne étant censée présenter des histoires originales inspirées par les artistes ou leurs musiques. Approché pour participer à l’aventure, Slash aurait alors décidé de ressusciter le barbare blond au lieu de laisser un autre s’inspirer de son travail, impliquant même Shout! Studios et Raven Banner Entertainment dans l’affaire pour des raisons de droits. Un rôle de producteur exécutif en quelque sorte, sans plus d’implications.
Néanmoins on restera perplexe devant ce choix tant Deathstalker est connu pour son ambiance graveleuse avec viols à répétition, anti-héros agressifs et vilains gardes transformés en fille par magie afin qu’ils séduisent le héros. Kostanski semble l’homme de la situation puisqu’il a déjà tâté à la fantasy horrifique via son segment W is for Wish dans ABCs of Death 2, et si ses propos font un peu rouler des yeux lorsqu’il décrit son histoire comme un reimagining de l’original (donc comme Deathstalker II et III en gros ?), cela signifie qu’il est libre de faire ce qu’il veut du moment que le protagoniste reste un pseudo Conan blond et meurtrier. L’intrigue le lancera en quête de trois MacGuffin (une amulette magique, un chalice et une épée) pour contrer un vilain sorcier nommé Munkar, et selon l’auteur il y aura des ogres (possible référence à l’homme-cochon du premier film), un tournois de combat (comme dans le quatrième épisode) et « plenty of naked flesh« . Rassurant. Seeley, qui a lui aussi parodié le genre avec son amusant Action Figure Collection, Volume 1, scénarise le traitement et confirme que ce remake gardera l’ambiance série B de son modèle.
“I was completely disturbed and aroused by it at a far-too-young age” déclare-t-il dans le discours promotionnel, tandis que Slash assure qu’il y aura de la fantasy, de l’horreur, du sexe, du sang, des tripes, des épées et de la bizarrerie. Bref les choses s’annoncent plutôt bien et l’artiste en charge des illustrations, Jim Terry (The Crow: Skinning The Wolves, Alice Cooper Vs. Chaos!), s’avère plutôt bon avec un style qui n’a rien de générique. Seule ombre au tableau: les dires du CEO de Vault, Damian Wassel, sans doute effrayé par un tel étalage de masculinité. “The whole idea of this project is to balance nostalgia for the so-bad-it’s-good fantasy filmaking of the 1980s with the storytelling sensibilities of our time”. Je répète, “the storytelling sensibilities of our time”. Une façon très polie de dire qu’il n’y aura ni viol, ni nudité féminine gratuite ou demoiselles en détresse. Dans Deathstalker. Well fuck you Damian Weasel, that’s incompatible. Le bonhomme est probablement plus excité par l’argent que les courbes de ces dames et il nous le fait savoir en proposant déjà une édition “deluxe oversized hardcover” de la BD.
Une version collector qu’il ne paiera pas de sa poche bien sûr, proposant une campagne Kickstarter (évidemment titrée Slash Presents Deathstalker) qui démarrera ce mois d’Octobre. Libre à vous de participer, mais sachez que la version ordinaire sera disponible en boutique l’année prochaine et qu’il est préférable d’attendre un peu pour voir à quoi ressemblera le produit final au lieu de se précipiter aveuglément. Encore qu’il reste à voir s’il y aura un vrai public à l’arrivée, car les aficionados de comics et de rock ne sont pas tous fans de cinéma Bis, et vice versa.
Commentaires récents