Lost (and found) in the 5th Dimension
Épisode 42
LE MASQUE NOIR
R.L. Stine’s The Haunting Hour: The Series (2011)
Quand on voit le mot “masque” à côté du nom de R.L. Stine, cela évoque forcément son célèbre Masque Hanté, l’un des plus célèbres volumes de la collection Chair de Poule ainsi que l’épisode pilote de la version petit écran. Pour autant il ne s’agit pas là d’une suite perdue mais d’une adaptation télévisée (et édulcorée) de la nouvelle The Black Mask, publiée dans le recueil Nightmare Hour. Une histoire courte où tout le monde meurt à la fin, ce qui poussa évidemment les producteurs à revoir un peu la copie étant donné leur public-cible, exactement comme Chair de Poule le fit à plus d’une occasion de son côté (au hasard Go Eat Worms ! où, plutôt que de montrer le jeune héros être transpercé par une épingle géante, la fin se contente de pomper un épisode de Tales From the Cryptkeeper).
L’intrigue demeure la même cependant, tout comme l’objet et ses étranges pouvoirs. Il est donc trouvé par une bande de gamins dans une maison théoriquement abandonnée et dont les propriétaires ont rendu l’âme il y a des années. Un endroit qui regorge de bibelots et d’artefacts venu des quatre coins du monde puisque l’un des habitants était un explorateur. C’est dans la cave, parmis un cafarnaeum composé de crânes d’animaux, de dagues sacrificielles et de jeux de société obsolètes, qu’ils l’exhument, et chacun va s’accorder à dire qu’il est plutôt repoussant. Il est vrai que ce visage de vieil homme ridé à l’expression figée n’a rien d’attirant, et encore plus avec cette peinture noire qui le recouvre tant de l’extérieur que de l’intérieur.
Si la logique aurait voulu de lui donner un aspect antique avec une peinture mate et craquelée, les accessoiristes et costumiers du show sont cependant parti dans une autre direction, choisissant au contraire une couleur brillante qui reflète la lumière et fait ressortir les reliefs sculptés. Un gros plan trahi même l’utilisation d’une couche supplémentaire aux tons vert et dorée, sans doute ajoutée afin de s’assurer qu’il soit bien visible à la caméra même dans les plans éloignés. Autre détail intéressant: l’absence de lanière, la chose se portant comme une sorte de casque qui vient s’emboiter sur la tête du porteur. Cela contribu à l’éloigner du masque d’Halloween en latex du Masque Hanté et donne un aspect légèrement surnaturel à la chose, mais ne soyons pas dupe non plus: ce design est sans doute lié au petit budget et au calendrier de tournage serré de la production.
On peut aussi arguer que cela rend le Masque Noir moins effrayant qu’une véritable relique, évitant l’effet “vieille poupée” qui pourrait traumatiser quelques gamins sensibles. Le rendu final, sans être grossier, sonne forcément faux avec l’apparence très fine des bordures et le son plastique qui résonne lorsque l’objet est manipulé. Mais d’un autre côté on pourra justement apprécier l’effet résineux de la texture qui donne l’impression de voir un visage grotesque à moitié fondu. Bref chacun se fera son avis sur le sujet, mais en revanche tout le monde sera d’accord pour dire que le filtre d’image sépia utilisé pour simuler les visions que provoque le masque est franchement ridicule et un rien manipulateur quant au twist de l’histoire. Car à travers ses yeux le porteur peut voir le futur, mais cela les personnages l’ignorent encore à ce moment de l’histoire.
La vision d’enfants habillé comme au XIXème siècle va au contraire donner l’impression qu’ils observent le passé, ce que le montage semble confirmer en utilisant une teinte rétro. Cette confusion est bien sûr au cœur du récit puisque les protagonistes vont tâcher de comprendre ce qui s’est passé en espérant trouver un moyen de communiquer avec eux pour les sauver d’une tragédie, recréant la scène à l’aide de costumes jusqu’au moment où l’un d’eux réalise que c’est cet instant précis qu’ils observaient à travers le masque, la catastrophe étant en fait sur le point de survenir. Une bonne surprise à vrai dire, même si cela passe mieux à l’écrit puisque uniquement à travers les réactions des protagonistes et non d’artifices visuelles trompeurs. Mais bon, The Haunting Hour demeure une série pour les plus jeunes et se devait d’arrondir les angles.
Le scénario ajoute aussi un faux vilain en la présence de cet homme muni d’outils, et on serait un instant tenter de faire le lien entre son visage grimaçant et celui du masque, mais c’est une fausse piste que notre cerveau imagine – sans doute parce qu’il est la seule personnage âgée de l’épisode. Les origines de l’objet ne sont en fait jamais donnée, mais l’épisode lui offre en revanche un potentiel futur contrairement à la nouvelle, puisque ici les héros survivent au triste sort qui leur était annoncé et l’un d’eux va se montrer intéressé à l’idée de le garder afin de profiter de ses pouvoirs. Une idée que la série présente comme mauvaise ou effrayante mais qui fait plutôt penser aux aventures inoffensives de Demain à la Une. Il conviendra alors d’imaginer le Masque Noir comme un générateur de prédictions funestes, à la manière de l’appareil de Dangereuses Photos, pour que l’ambiguïté fonctionne.
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