Island of Terror
(1966)
Terence Fisher et Peter Cushing se réunissent une nouvelle fois, mais pas pour la Hammer. Island of Terror fut produit par l’obscure Planet Productions, qui ne réalisa que quatre films avant de disparaître, avec l’aide du psychotronique Richard Gordon à qui l’on doit quelques perles délirantes (Fiend Without a Face, Inseminoïd, La Tour du Diable). Sans surprise le film part un peu dans le n’importe quoi avec sa menace visqueuse et tentaculaire qui évoque tant les créature qu’affrontait régulièrement Doctor Who dans ses premières incarnations que les kaiju eigas de la même époque. D’ailleurs Tokyo est ouvertement évoqué au détour d’un dialogue et l’épilogue nous y amène pour un dernier frisson. L’intrigue se déroule plutôt en Irlande, sur une petite île isolée où s’est installé un groupe de scientifiques afin de poursuivre leurs recherches contre le cancer. Leur expérience repose sur la création d’une cellule de synthèse qui pourrait cibler et détruire celles qui sont cancéreuses, mais c’est un monstre qui émerge.
Un Silicate (nommé ainsi car formé à base de silicium au lieu de carbone) qui se nourrit de calcium grâce à un enzyme qu’il injecte à ses proies. La bestiole s’échappe et commence à se balader dans la nature, buvant littéralement les os de ses victimes et laissant des corps tous ramollis derrière lui. Le médecin du village contact quelques experts comme il ne parvient pas à identifier la menace, et bien vite tout le monde se retrouve coincé sur place puisque la créature est capable de se diviser à l’infini. C’est plus d’une centaine qui vont assiéger les habitants, et pour ne rien arranger leurs corps indestructibles les rendent impossible à tuer avec les armes disponibles. Nos héros vont devoir trouver leur point faible avant qu’il ne soit trop tard, et ironiquement la solution prendra la forme d’un isotope radioactif comme pour bien marquer l’échec des savants. Entre temps Cushing perd une main (avec gros plan sanglant du tranchage) tandis que des paysans perdent leurs squelettes, se transformant en une masse de chair grotesque.
Bien sûr le film a prit un petit coup de vieux entre le technobabble à la Star Trek et l’héroïne plaintive faisant la plante verte. Et que dire de ces combinaisons anti-radiations en forme de préservatifs géants que revêtent les protagonistes ? Le manque de moyens force certaines scènes à être racontées par les personnages, comme lorsqu’ils prétendent avoir écrasé un Silicate en voiture sans parvenir à le tuer, et il y a une différence notable entre le script et les effets spéciaux, les monstres étant décrit comme grisâtres et dotés d’un exosquelettes alors qu’ils apparaissent verts et gluants à l’écran. Enfin on n’échappera pas à une certaine ringardise dans les scènes d’action et de suspense, avec notamment ce passage où une bestiole poursuit les héros si lentement qu’ils ont le temps d’ouvrir le capot de leur voiture en panne et de farfouiller dans le moteur pour la redémarrer ! Mais cela fait parti du charme et le dernier acte rattrape bien les choses.
Les humains utilisent haches et explosifs pour lutter contre les choses qui grimpent partout, y compris dans les arbres ou sur un plafond vitré d’où elles se laissent tomber pour s’écraser sur de pauvres types. Quand la panique générale se déclenche chez les survivants assiégés, les héros s’emparent bravement de fusils pour les empêcher de fuir, puis ferme la porte au nez d’un malheureux lorsque les créature envahissent leur refuge et qu’une retraite stratégique est faite dans une autre pièce. Ils se mettent même d’accord pour injecter secrètement de la morphine à leur amie terrorisée quand tout semble perdu, afin de l’épargner autant que possible. Et pendant ce temps Cushing se met à plaisanter quelques minutes à peine après son amputation. Autant dire que l’ambiance n’est pas vraiment à la terreur comme le prétend le titre, et film accuse de certaines lenteurs quand les protagonistes font plusieurs allez-retour entre différents endroits durant leur enquête, mais au final cela ne ruine en rien le spectacle, franchement divertissant.
A noter la présence de Niall MacGinnis dans le rôle du maire, inoubliable sataniste de Rendez-vous Avec la Peur qui fut aussi Zeus dans Jason et les Argonautes.
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