Hannibal
Ep. 1.09
Trou Normand
La fin de saison approche et voilà donc une avancée drastique dans l’intrigue générale d’Hannibal. L’affaire Hobbs revient sur le devant de la scène avec la réapparition d’un corps, celui de la victime d’Abigail, déterré par un inconnu. De quoi intéresser Crawford qui soupçonne la jeune femme et prévoit de lui faire identifier le cadavre afin d’observer ses réactions. Will Graham, Alana Bloom et évidemment Hannibal Lecter s’opposent formellement à cette idée qui risquerait de la traumatiser et de provoquer des dégâts psychiques irréparables. Et il est vrai que l’adolescente est très instable, souffrant de cauchemars où elle culpabilise des actes de son père. Les choses se dégradent encore plus en raison de l’état de santé psychologique vacillant de Will. Celui-ci est victime d’absences et se “réveille” entre deux moments de ses journées sans savoir ce qui a pu se passer. Et avec l’affaire Hobbs qui ressurgit, le profiler se retrouve malgré lui à comprendre qu’Abigail a bel et bien tué quelqu’un…
Avec seulement quelques épisodes restant pour conclure cette saison, il était inévitable que les choses s’accélèrent et rompent le rythme posé de la série. Trou Normand lève le voile sur le degré d’implication d’Abigail dans les meurtres de son père, tandis que Hannibal avoue à Will avoir aidé la jeune femme à cacher le corps pour la couvrir. Un coup de poker risqué pour le cannibale, qui mise tout sur son amitié avec l’agent du FBI pour ne pas être découvert. Ses jeux de manipulation montent d’un cran avec la soumission de l’enquêteur, qui souhaite protéger l’adolescente, et c’est la porte ouverte à de futur pressions psychologiques. Enfin Crawford n’hésite plus à envoyer paitre ses consultants, se laissant aller à ses convictions personnelles sans se soucier des conséquences. Une attitude qu’il faut sûrement attribuer à ses derniers déboires… L’épisode rebondit sur les développements introduits précédemment pour les réemployer au sein de sa trame initiale, et l’affaire Hobbs prend soudainement une allure plus inquiétante qu’auparavant. Les protagonistes sont beaucoup plus vulnérables et confrontés de plein fouet à leurs propres démons tandis que le Dr. Lecter tire discrètement les ficelles.
Comme toujours, la situation générale est reproduite à travers une enquête criminelle annexe et celle-ci sert à amorcer les absences répétées de Will. Car c’est un véritable monument mortuaire qui est découvert, sous la forme d’un gigantesque totem composé de corps enchevêtrés. Une dizaine de victimes dont la dernière, exposée au sommet, représente l’aboutissement d’une carrière. Cette création cauchemardesque, symbolisant toute une vie de folie homicide, court-circuite les réflexions du profiler qui plus que jamais se repose sur l’aide d’Hannibal Lecter. L’affaire Hobbs trouve également un écho dans cette intrigue puisque le tueur de la semaine commet l’acte que le Minnesota Shrike se refusait de faire: assassiner son propre enfant. Cette relation père-tueur/enfant-victime est montrée en parallèle avec l’étrange relation entre Abigail et son géniteur, mais aussi avec celle qu’elle se construit avec Hannibal, qui représente une nouvelle figure paternelle. D’ailleurs elle semble l’avoir déjà adopté puisque, outre le fait qu’elle se confie qu’à lui, il est presque certain que la jeune femme ait reconnu l’origine de la viande servie par le cannibale au cours de ses repas et choisit de ne rien révéler. Une supposition que je fais en la voyant avaler la viande après un bref instant d’hésitation, et puisque Abigail a déjà mangé une telle cuisine autrefois, il semble logique qu’elle soit capable de se souvenir du goût.
En tout cas voilà un épisode qui retient grandement l’attention. Visuellement marquant (ce totem humain dressé sur la plage, je n’ai jamais rien vu de pareil !), Trou Normand se montre aussi efficace sur sa narration. Les séquences se concluant par des cliffhangers, avant les coupures publicitaires, sont nombreuses et bien amenées, collant parfaitement au récit et ne donnant pas l’impression de simplement vouloir appâter le spectateur pour l’empêcher de changer de chaîne. Le fil rouge prend de l’ampleur et même si l’on sait pertinemment quel est le destin de la plupart des personnages, on ne peut s’empêcher de s’interroger sur la tournure que vont prendre les évènements. Seul défaut: l’utilisation finalement décevante de Lance Henriksen en guest star. Alors que l’on s’imaginait un face à face entre Hannibal et l’ancien profiler Frank Black, l’acteur n’a finalement aucune interaction avec Mads Mikkelsen et sa courte scène n’a pas d’ampleur. Le cul vissé dans un fauteuil, il livre une prestation si sobre qu’elle en devient anecdotique. C’est dommage, mais cela reste malgré tout un bel hommage à MilleniuM et une conclusion beaucoup plus satisfaisante à la série que cet épisode crossover avec The X-Files.
Et à ce propos, le prochain épisode d’Hannibal semble justement flirter sur le terrain d’Aux Frontières du Réel puisqu’il est question d’un mystérieux tueur se cachant sous un lit pour happer ses victimes, le tout dans une réjouissante ambiance de film d’horreur classique.
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