Oui je sais. Road to Halloween traînasse et ne risque pas d’être très consistant d’ici ce 31 Octobre, encore une fois. Mais je l’ai prévu comme ça, après le quasi burnout subit l’an dernier dont je me remets en fait à peine (véridique: voyez à quel point ce blog est vide depuis 12 mois) et en prenant en compte les aléas de la vie de tous les jours. Du coup je ne me sens pas vraiment coupable de pondre ce petit texte pour une fois que l’envie m’en prends véritablement. Car c’est un petit coup de cœur que j’ai eu un peu plus tôt dans la journée en visitant un pourtant quelconque Cash Express de la région, et j’avais envie de partager ma folie…
Les Cash, ont les connait tous, nous autres passionnés de films bas de gamme. Happy Cash, Easy Cash, Galaxy Cash, Cash Express, Cash Converter. C’est là que l’on peut s’approvisionner sans limite pour trois fois rien, chaque visite ou presque promettant au moins une ou deux trouvailles sympathiques. Car les gens normaux s’y rendent avant tout pour faire le grand ménage, se débarrasser de divers encombrant et peut-être gagner quelques pièces en contrepartie. On y revend ses merdes contre du fric, ou plus rarement contre des bons d’achats au cas où un objet un peu trop coûteux pourrait devenir plus accessible: instruments de musiques, bouquins, CDs, films, répliques d’armes à feu, jeux vidéos, il y en a pour tout le monde. Mais, si la France d’en bas comme celle d’en haut cherche avant tout à faire de bonnes affaires, à repartir avec au moins quelque chose de « valeur » (une bonne guitare, un téléphone décent, voir un ordinateur utilisable sans être trop regardant) – à ce titre je ne critique pas, certaines boutiques proposent du matériel très intéressant et à un coût plus abordable que dans les grandes surfaces, il y a aussi les « rapaces » comme moi. Ceux qui guettent, ceux qui reviennent sans cesse toutes les semaines, comme des hyènes sur le terrain de chasse des lions. Des vautours qui se jettent sur les restes dont personne ne veut. Car, question DVD, les Cash sont littéralement infestés. Pas tellement par le cinéma de masse, qui est le premier à partir des étagères (et aussi les bons films qui plaisent à la grande majorité, car avouons-le, ils existent), mais les produits de secondes zones. Ces séries B aux affiches moisies, généralement du côté Action / Horreur, qui ne parviennent jamais à convaincre les non-initiés.
Il faut dire qu’ils n’y mettent pas du leur, eux qui furent autrefois les Rois des vidéos-clubs, eux qui étaient vu par tous les gamins aussitôt qu’ils passaient à la télé. Autrefois VHS qui multipliaient les audaces pour convaincre, ces œuvres de seconde zone apparaissent désormais en piteux états. Des DVD cabossés, des affiches photoshopés à grande vitesse, des titres modifiés au bon vouloir des éditeurs (qui s’en moquent tout autant que les autres)… Ces films vous les connaissez pour être passé à côté au moins une fois dans votre vie: peu importe dans quel coin du pays, peu importe en quelle année, se sont toujours les mêmes. Un Maniac Trasher exhibant un bout de visage dont on ne sait pas bien si il appartient à une poupée ou un comédien, un Da Hip Hop Witch avec Eminem, qui pourrait être un documentaire sur le rap ou un clone du Projet Blair Witch version ghetto. Dark Breed, avec sa main mutante qui bouffe toute la couverture, ou Soldat Cyborg, que j’ai toujours prononcé avec l’accent allemand sans trop savoir pourquoi. Ce sont tous les Don « The Dragon » Wilson, les Matthias Hues, les Michael Dudikoff et les Lorenzo Lamas qui font la gueule, champions de Kickboxing rendus K.O. par le dédain d’un public désormais allergique aux gros muscles et à la virilité exacerbée. Ces DVDs se reproduisent sans cesse, comme des lapins, chaque Cash en possédant au moins deux ou trois exemplaire dans les rayons. Le plus drôle dans l’histoire, c’est qu’on ne sait jamais d’où ils proviennent et rares sont ceux qui ont pu en apercevoir, neufs et emballés, dans un « vrai » magasin…
Puisque ces films sont un peu aux Cash ce que les rats sont aux égouts, leur prolifération devient un véritable problème pour les vendeurs. Les DVDs s’entassent encore et toujours jusqu’à devenir parfois très envahissant et il n’est pas rare de voir des offres promotionnelles fleurir pour enrayer la menace. Ainsi les prix baisses considérablement: 5 euros, 3 euros, 2 euros. Je ne peux m’empêcher de sourire lorsque la barre baisse à 1 euro, l’étiquette reflétant bien l’esprit commerçant qui réclame un bénéfice malgré tout, même si ce n’est que pour quelques centimes. Il y a aussi le célèbre truc du « 1 offert pour 2 achetés », qui parfois tire même vers le 1 acheté / 1 gratuit. Le chef d’équipe doit se tirer les cheveux pour trouver un moyen de refourguer sa marchandise en dépit du fait que tout le monde, lui compris, pense qu’il serait préférable de simplement tout jeter. Et que son avarice soit louée car elle permet à quelques nigauds comme moi de profiter de ces prix cassés pour remplir leur collection ! Une aubaine qui surpasse la simple stratégie d’achat, puisqu’à l’heure où le digital et le virtuel s’emparent du monde, le passionné va plus que jamais vouloir garder sa copie physique intacte. Un morceau d’Histoire auquel il est attaché pour diverses raisons et qui permet d’assouvir sa soif intarissable: on ressent bien plus son amour du cinéma, ou du genre, avec une pile de boites aux couleurs éclatantes et aux slogans accrocheurs que devant une même icône « BSPlayer » dupliquées en quinze exemplaires sur son écran d’ordinateur ! Personnellement, j’aime voir ma vidéothèque de « mauvais films » comme une quasi reconstitution des vidéos-club où j’ai grandis. Bien sûr le support est différent de la VHS, mais les couleurs et les images sont toujours là, tout comme les titres en lettres de sang ou taillés dans l’acier, qui éclatent la rétine. Et il n’y a plus qu’à poser un Boglins et quelques Monster in my Pocket sur les tranches pour retomber en enfance.
Bref, tout ça pour dire que depuis l’apparition dans ma vie d’un premier Cash Converter, je n’ai jamais cessé d’y rôder et de fouiller dans ses « ordures », au point que je suis souvent reconnu par les tenanciers qui, non sans amusement, se demande bien ce que je dois faire de toutes ces piles de DVDs, eux qui ne partagent pas du tout mon point de vue. Et aujourd’hui encore j’y ai fait un malheur. Un repérage effectué quelques mois plus tôt avait mis à jour un étalage impressionnant de « non désirés », tous regroupés dans un long bac de plusieurs mètres de long, avec une pancarte affichant quelques promotions. Une belle occasion ? Plus que ça. Pensez-vous: 50 centimes le DVD, couplé à une offre de « 1 offert pour 2 achetés. Quant au « bac », il était en fait constitué de trois étagères relativement profondes dans lesquelles j’aurai pu me perdre si j’avais mesuré dix centimètres de moins. J’ai tout de suite compris qu’il n’était plus question de regarder et piocher au hasard: il s’agissait désormais d’une véritable fouille, et bordel, dans ces cas là autant y aller à fond ! A peine quelques secondes plus tard, j’avais déjà les bras tellement chargés que je dû emprunter à ma sœur le sac en plastique qu’elle avait utilisée pour amener ce qu’elle voulait vendre sur place ! Toutes les deux minutes mon cerveau me disait: « Bon, il faudra bien s’arrêter à un moment« , ce à quoi je lui répondais « Dude ! 50. Centimes. » et, alors que je suis d’ordinaire raisonnable et sélectif, je me suis même surpris à me dire « A ce prix là tu prends, et tu feras le tri plus tard » lorsque je me retrouvais hésitant devant un titre que je pouvais déjà posséder, et donc qui ferait un double. Et pour la première fois j’ai même concédé à reprendre certains films que j’avais déjà, en piteux états, juste pour obtenir une meilleure copie.
Ma plus grande surprise fut de n’obtenir aucune réaction des autres personnes. L’endroit était calme mais pas désert, et j’étais persuadé que quelqu’un se foutrait de moi pour être chargé comme une mule et continuer à plonger son nez dans un stand sans fond. Pas un seul mot. Même le vendeur à la caisse n’a pas eu l’air particulièrement surpris, me demandant juste par hasard si j’avais calculé ma dépense pour ne pas avoir à gérer la promotion manuellement. « Nope ! J’ai rien compté, j’ai juste pris ! » ai-je répondu avec un sourire stupide. Au final je suis presque déçu du chiffre: 32 DVDs pour un total de 33 films. Ce n’est pas énorme. Pas énorme non plus fut le prix de mon butin: 8 euros ! Toutes proportions gardées, cela défonce mes trouvailles du Bloody Weekend. Je laisse quand même derrière moi quelques « vrais » films qui auraient pu quand même avoir leur place dans ma collection (Seven, Le Sixième Sens et quelques œuvres que tout le monde connaît) et trois tonnes d’actioner bourrin ultra cheap, parce qu’il y a quand même une limite à ce que je peux décemment présenter à un autre être humain, lorsque je dois déballer les courses en caisse. Circle of Fire, je reviendrai pour toi, même si j’aurai préféré trouver ton petit frère Circle of Fire 2…
Que m’a donc réservée cette pêche à l’aveuglette ? Quelques films banals pour commencer, déjà vu auparavant ou récupérés sur un coup de tête parce que je me dois de les regarder un jour où l’autre: rayon français ce sont Total Western et un Requiem pas très folichon mais dont je ne garde pas de mauvais souvenir. Ça me permet de « soutenir » le genre de chez nous. Du monster movie avec King Cobra, où Monsieur Miyagi se fight avec un serpent géant, un Leviathan qui n’est pas celui de Cosmatos (en fait Razortooth, téléfilm type Nu Image / Asylum) et Sand Serpents. Côté Action/SF j’ai dégoté Sleeping Dogs et Dark Planet, dont je me souviens vaguement des articles dans Mad Movies à l’époque. L’improbable Red Line les accompagnes, où Rutger Hauer croise Mark Dacascos dans les pays de l’Est. Plus « normaux » sont L’Art de la Guerre III, sans Wesley Snipes, un Black Moon Rising vaguement écrit par John Carpenter (son nom est donc mis en avant) et ce White Crane inconnu, faux film de kung-fu hong-kongais en fait certainement américain et avec David Carradine dans ses dernières heures. La jaquette précise que le film fait 173 minutes, je préfère ne pas la croire.
Plus normaux encore sont les quelques « vrais » films que j’ai dégotté. The One, clone de Matrix avec Jet Li et Jason Statham. Le Bisou Mortel du Dragon (non, décidément, je ne prendrais jamais ce titre au sérieux), le célèbre Ghost in the Shell ainsi que Cabin Fever, parce que 50 centimes est sûrement le seul prix où je l’aurai acheté.
Puis viennent les vieux copains. Ceux que je possédais déjà autrefois, avant qu’un évènement tragique ne n’oblige à me séparer d’une partie de ma collection. Traumatisé depuis lors, il m’arrive encore d’oublier ou de confondre des titres que je ne possède plus. Reviennent alors Shadowchaser III avec Frank Zagarino dans son plus grand rôle, Cyber Tracker 1, parce que le 2 se sent trop seul, et l’ignoble Mangler 2 que je récupère uniquement parce que ça m’amuse de voir Lance Henriksen comme une pute à 50 centimes. Notez le superbement bien nommé O.G.M. – Organisme Génétiquement Meurtrier (qui fait de la concurrence à M.A.L. – Mutant Aquatique en Liberté), en fait juste Watchers 3. Qui est donc exactement le même film que Watchers et Watchers 2, sauf qu’ici c’est un remake quasi plan par plan de Predator. Très concept. Alligator premier du nom, Le Phare de l’Angoisse et Metamorphosis sont elles de vraies bonnes séries B qui n’auraient jamais dû quitter mon antre. C’est avec grand plaisir que je les y accueille de nouveau. Plus personnel, mais c’est le même topo avec Zoldat Zyborg, alias Syngenor, où David Gale porte des oreilles de lapin et explose ses collègues au fusil laser, et C.H.U.D. II, parce que Gerrit Graham. Enfin, je prie pour que mon nouveau Ultimate Game ne soit pas rayé comme le précédent, seule raison pour laquelle je l’ai ramassé.
De la même manière, j’ai récupéré une copie de Ring of Steel. Certes mon original passe très bien au lecteur mais sa jaquette totalement explosée me reste toujours en travers de la gorge, alors vu le prix… Qui plus est, le film étant plutôt cool, il est totalement justifié d’avoir chez soit DEUX Ring of Steel et de les opposer l’un à l’autre: ici le vainqueur et le vaincu.
Terminons ce petit tour d’horizon par les quelques « spéciaux » que je me suis vraiment amusé à récupérer. Et ça commence par un sacré bon film, The Ugly, qui va désormais remplacer ma vieille VHS, me proposant même la VO.
Théoriquement celui-ci devrait être l’hilarant Nail Gun Massacre. Une pointure dans le genre « mauvais film ». J’ai presque peur qu’il s’agisse d’un de ces faux DVD qui présentent un film sur la jaquette mais un autre une fois dans le lecteur (comme ce Scanner Cop qui est en fait Scanners 2). Une Flying Jaquette, disait Tonton Mad. D’ailleurs celle-ci a failli me passer très haut au-dessus la tête tant son visuel évoque plus un film de courses de motos qu’autre chose. Même la police de caractère du titre fait plus « sport » que « massacre ». Heureusement le mot Carnage m’a mis la puce à l’oreille quand même. Je croise les doigts.
Le Scorpion Rouge 2. Une fausse suite à l’excellent clone de Rambo 3 avec Dolph Lundgren. Techniquement mauvais, et en plus juste en VF, mais pour moi il s’agissait d’une pièce un peu spéciale car il s’agit d’un film que je n’ai jamais réussi à récupérer. Je lui ai longtemps couru après, je peux désormais mourir heureux. Et tant pis si le boitier est tellement endommagé qu’on se demande s’il n’a pas servi à faire de la maçonnerie…
Oui, LE Maniac Trasher, celui que tout Cash digne de ce nom se doit de posséder. En vérité je me suis laissé tenté par curiosité plus qu’autre chose. Vous savez, avec sa tronche de gros bébé en guise de couverture et parce qu’il a croisé ma route des milliers de fois ces dix dernières années, Maniac Trasher n’est pas un film pour moi. C’est une énigme, un animal de foire qui se doit d’être exhibé et analysé. En plus le Maniac du titre est joué par le super génial Larry Drake, alors rien que pour ça… !
Yakuza Contre Triades, un autre de ces films légendaires que l’on croise souvent. En fait pour celui-ci je me souviens même de sa première apparition dans les bacs à journaux, alors que j’étais au lycée. Le Cinéma Asiatique n’était pas encore aussi répandu que maintenant et il fallait surtout compter sur la collection HK ou les diffusions de Jean-Pierre Dionnet pour découvrir tout ça. Ici c’est le titre qui promet beaucoup, et j’imagine une sorte de mix improbable entre un Syndicat du Crime et un Category III, mais il parait que le film est juste un polar un peu chiant. Je ne serais pas surpris, mais j’aurai certainement la sensation d’avoir accompli quelque chose dans ma vie en regardant celui-ci.
Enfin, LA perle, la trouvaille inespérée. Un combo Day of the Panther / Strike of the Panther, improbable dyptique d’action mettant en scène l’invincible Jason Blade. J’ignorais carrément que la série était disponible en France, même à travers un DVD tout pourri à la limite du bootleg, et du coup j’ai comme l’impression d’avoir découvert le Saint Graal. Je veux dire, même la jaquette reprend la « célèbre » affiche de Strike of the Panther où apparaît ce tueur masqué façon Vendredi 13 – pas du tout dans le film – juste parce que le gus qui l’a réalisé à confondu le Jason du film avec un autre ! Le détail qui tue reste cette étoile éclatante mentionnant le prix imbattable d’1 euro. C’est tellement… parfait.
C’est donc dans la plus grande bonne humeur que je conclus cette entrée du blog, et si certains pensent que je viens de leur faire perdre leur temps, je peux vous assurer que cela reste toujours plus divertissant que cette arnaque de 2001 Maniacs: Field of Screams que j’ai dû me farcir pour le « véritable » article d’Halloween que j’aurai dû pondre. Ça c’est du film de merde !
Bravo Adrien pour tes trouvailles. Tu es devenu champion du monde à ce prix-là 🙂
C’est exactement ce que je pensais en sortant du magasin: j’étais le Roi du B et j’avais fait une super affaire !
Maintenant je regarde la pile qui traine dans un coin de ma chambre et je me dis que j’ai un sacré problème avec l’accumulation de trucs sans valeur…