Escape From Death Block 13 (2021)

Escape From Death Block 13

(2021)

Enfin ça y est, Rene Perez n’a plus la mainmise sur Robert Bronzi, ce sosie hongrois de Charles Bronson que l’on a pu voir dans Death Kiss et quelques autres zéderies ces dernières années (From Hell to the Wild West, Once Upon a Time in Deadwood). C’est le revenant Gary Jones, dont on avait plus entendu parler depuis Axe Giant en 2013, qui l’utilise ici, même s’il convient de souligner le lien qui unit les deux réalisateurs: Jones fut responsable des effets visuels sur plusieurs productions de Perez et il reçu un crédit de producteur exécutif dans Death Kiss. L’acteur demeure ainsi toujours sous la coupe du metteur en scène des Playing With Dolls dans ce film qui aura peiné à trouver un distributeur, puisque finalisé depuis début 2019. Un film de prison à l’ancienne dont le script semble provenir des tiroirs de la Cannon, l’idée étant de proposer un spectacle d’action violent et nonsensique à la Death Wish 3, mais sans le budget, avec toutes les tares du cinéma digital moderne et une star à l’acting plus que discutable, le bonhomme ayant certes l’apparence de Bronson mais rien de son intensité.

Il n’est cependant pas le majeur problème de ce Escape From Death Block 13, et l’on pourrait arguer que son modèle lui-même en faisait le moins possible sur la fin de sa carrière. L’histoire n’est pas non plus en cause, volontairement simpliste et stupide, accumulant les poncifs justement pour faire rétro: un brave type cherchant à lever le voile sur la mort suspecte de son frère est injustement emprisonné après une violente confrontation avec les coupables. Envoyé à la prison corrompue de Pleasant Hill, il va devenir un indic pour le gouvernement qui cherche à déjouer un important trafic de drogue dans lequel est impliqué l’établissement. Ce n’est évidemment pas la seule activité illégale qui s’y déroule puisque l’on y retrouve les habituels combats clandestins, gardiens sadiques et détenus violents à la solde de la directrice. Non, le principal soucis vient du manque flagrant de moyens et du rafistolage numérique que cela entraine, le fond vert étant régulièrement utilisé à la manière d’une rustine sur un vieux pneu. Les incrustations sont voyantes, les CGI font tâches et les fusillades font regretter le temps des balles à blancs et des poches de sang.

Bref, les valeurs de production sont ici similaire à celle d’une vidéo Youtube, ce qui tranche pas mal avec le concept de base (l’hommage aux années 70/80) en plus d’être sacrément laid. Le résultat donne cette étrange impression d’être une sorte de brouillon plutôt qu’un produit final, à la manière de ces animatics qui font le pont entre les dessins figés sur papier et ceux en mouvements à l’écran pour les films d’animation. Ainsi les différentes pièces du pénitencier ne sont pas raccord, le flambant neuf se mêlant au délabré, les cafards et pigeons en CGI détonnent par leur aspect inachevé, et les rares effets gore – une tête éclaté lors d’une chute mortelle et un crâne explosé à la mitrailleuse – mêlent le maquillage traditionnel et les images de synthèses pour un résultat maladroit. Du coup Escape From Death Block 13 ne ressemble en rien à du Gary Jones, qui même chez Nu Image faisait le minimum pour sauver les apparences, et sans la présence de Bronzi il y a fort à parier qu’aucun distributeur ne s’y serait intéressé. Car vient ensuite la frustration de toutes les autres petites choses qui ne fonctionnent pas.

Comme ce minigun à la Terminator 2 qui ne déchiquète jamais personne et dont le protagoniste délègue l’utilisation à quelqu’un d’autre, la mort décevante de ce mafieux jeté dans un broyeur à pneus industriel, qui ne montre pas grand chose, ou ce Roi de la prison servant de bras droit à la vilaine directrice, moins grand et moins fou que son compagnon à dreadlocks et dont on ne sait pas vraiment s’il est un attardé mental ou juste un idiot. Les comédiens sont pratiquement tous ultra mauvais, certains cabotinant à outrance (Nicholas Turturro, qui se prend pour Joe Pesci, Lawrence Hilton-Jacobs, excité comme une puce) et d’autres récitant leurs dialogues de façon si forcée qu’on se demande si le réalisateur leur a donné la moindre direction lors du tournage. Reste un hommage au Bagarreur le temps d’une baston, ce détenu fou se prenant pour un sorcier et conseillant au héros de se trouver un gimmick pour mieux survivre, une langue coupée d’un bon coup de coude dans la mâchoire et ces tonfas électriques plutôt cool utilisés par les gardiens, que Bronzi va planter bien profond dans la gueule d’un adversaire avant de le cramer à l’en faire fondre les yeux.

Intéressant aussi ce combat à deux contre un avec ce maton kickboxer, qui aurait quand même rendu mieux s’il avait été chorégraphié par Isaac Florentine, mais force une alliance entre le Roi et son rival qui finissent par devenir de bons copains. La fameuse mort par lance-grenade du Justicier de New York / Invasion USA est reprise avec un suivi de l’ogive à travers le corps de la victime, et impossible de ne pas pouffer de rire lorsqu’un vieux papy malencontreusement prit dans une émeute commence à botter le cul de tout le monde. C’est peu mais cela permet au film de ne pas être une misère totale et de se laisser regarder malgré tout ses problèmes. Pas dit que le succès soit au rendez-vous cependant, et la fin ouverte qui laisse entendre que Bronzi va devenir un agent secret à la solde du gouvernement n’engendrera probablement pas de séquelles. En attendant Robert Bronzi va encore une fois échapper au contrôle de Rene Perez et rejoindre l’Angleterre pour les besoins de The Gardener, qui l’oppose au sympathique Gary Daniels. Une production qui a elle aussi des allures de gros Z et que l’on doit aux responsables des malheureux Pet Graveyard et Witches of Amityville Academy.

Autant dire que là encore l’espoir est vain…