Dog Soldiers
(2002)
Produit par Christopher Figg (les Hellraiser et Trainspotting, mais aussi le délirant The Killer Tongue), Dog Soldiers a fait son petit effet lors de sa sortie et remporté plusieurs prix dans divers festivals de cinéma fantastique. Sans être le grand film guerrier annoncé lors de sa production, loin de là (on le décrivait quand même comme un croisement entre Platoon et Hurlements !), Dog Soldiers est cependant un petit produit sympathique et dynamique.
L’histoire nous emmène au cœur d’une forêt d’Écosse, nous faisant suivre un groupe de soldats venu pour une mission d’entraînement. Sur place ils découvrent la présence des Forces Spéciales, mais ceux-ci semblent avoir été attaqués et seul Ryan, le chef des opérations, a survécu, gravement blessé et en état de choc. Alors que les militaires se rendent compte que leurs collègues n’étaient pas sur place pour l’exercice mais pour une mission de capture, ils se font rapidement prendre en chasse par plusieurs prédateurs ressemblant à des loups. Sauvés in extremis par une zoologue, ils se réfugient dans une maison isolée au fond des bois, vidée de ses occupants. La jeune femme explique alors que leur ennemi se trouve être une meute de loups-garous…
Après une scène d’introduction qui n’est pas sans faire écho à celle de Jurassic Park, Neil Marshall nous renvoie à Predator en faisant de ses personnages principaux, des soldats, de simples victimes en puissance pour les monstres. Cependant le film se veut plus réaliste que celui de John McTiernan, les protagonistes étant de véritables militaires tout ce qu’il y a de plus crédible et non des icônes d’un film d’action américain des années 80, et le scénario tourne plus du côté du huis-clos que de la traque puisque nos anglais se barricadent dans une cabane avant d’être rapidement assiégés.
Cet état de siège est, de l’aveu de Marshall, un hommage direct au Zoulou de Cy Enfield, film qui relate un grand affrontement que les Britanniques subirent dans l’Afrique coloniale. Un personnage fait d’ailleurs référence à cet événement. En fait Marshall voit son film non pas comme un film d’horreur mais comme un film de soldats. S’il ne prône pas l’Armée en elle-même, son désir était de mettre en avant l’idée de camaraderie militaire, de loyauté et de courage… Pourtant, loin de ressembler à une œuvre de propagande ou d’hommage militaire, c’est surtout à La Nuit des Morts-Vivants que Dog Soldiers se rapproche: la maison isolée en pleine nuit, les tensions entre les occupants, les créatures qui contaminent en cas de morsures… On note aussi un clin d’œil à Alien le temps d’une mise à mort sous le regard d’un chien, reprit à celle de Harry Dean Stanton dans le film de Ridley Scott. Autant dire que Marshall a tenté de faire oublier l’aspect peu original de son film en maniant la langue de bois.
Concernant les loups-garous, on peut donc voir que le principe de transmission de la malédiction a été gardée, de même que l’efficacité de l’argent contre les créatures, ce qui amène à une perspective intéressante: si les vieilles conventions sont de mises, on remarque aussi qu’elles sont très loin d’être démodées et qu’elles permettent de conserver l’aspect monstrueux du loup-garou. Car en dehors des blessures magiques causées par l’argent, les monstres sont tout bonnement invulnérables et les soldats bien impuissants face à ces adversaires d’une force et d’une agilité surprenante (à ce titre on peut noter que les acteurs incarnant les bêtes sont des danseurs, ce qui confère à ces derniers une démarche bien particulière). Autre bon point: pas d’effets numériques. Les créatures sont conçues par Bob Keen (responsables des effets spéciaux sur Hellraiser, les deux premiers Highlander mais aussi sur la première trilogie Star Wars) et possèdent un design directement issu du Hurlements de Joe Dante. Elles se retrouvent donc d’une taille impressionnante, se déplaçant non pas comme des loups mais bel et bien comme des hommes, et possédant un aspect hybride très impressionnant entre l’humain et l’animal. Dommage de ne pouvoir que rarement les apprécier sous toutes les coutures en raison d’une réalisation trop dynamique.
Car comme pour coller un peu plus à l’esprit militaire de son film, Marshall a opté pour une mise une scène très particulière, imitant les images prisent durant les guerres. L’objectif tremble, bouge à toute allure et le montage épileptique donne un rythme nerveux comme si la caméra était un des personnages de l’histoire que l’on suivrait à la première personne. L’idée est intéressante et surtout sert à Marshall pour donner plus d’impact à son film et cacher son manque de budget, limitant d’ailleurs les prises de vue sur les loups-garous. Une façon de faire qui risque de rebuter plus d’un spectateur et de lui coller la migraine s’il n’arrive pas à suivre la cadence. On a aussi droit à quelques vues subjectives des créatures, vision infrarouge en noir et blanc, leur donnant une visibilité impeccable dans le noir et renforçant encore plus leur dimension de prédateur. On constate par ailleurs qu’en versant dans le gore (pas excessif mais bien présent quand même) et en montrant ses monstres comme de véritables bêtes sauvages, n’expliquant rien de leur psychologie ni de la mythologie et ne dévoilant la métamorphose que partiellement, Dog Soldiers se retrouve avec une sorte d’aspect primaire et guerrier qui donne le ton du film et qui renvoie à nos cher militaires (pas de réflexion, bourrinage sévère).
Film anglais oblige (?) nous retrouvons un peu d’humour le long du métrage (lors d’un combat à mains nues contre un loup-garou, lorsqu’un troufion se met à vomir sur un supérieur ou bien quand un chien profite d’une attaque pour essayer de voler un morceau d’intestin dépassant du ventre d’un blessé), mais étonnamment celui-ci ne détruit en rien l’atmosphère du film qui reste globalement assez sérieuse (la seule concession étant un gag situé durant le générique de fin). La présence d’un surplus de gags aurait effectivement pu nuire au film mais l’équilibre est ici bien trouvé.
De défaut, Dog Soldiers n’en est cependant pas exempt. La réalisation si particulière, déjà, peut dérouter. On note aussi plusieurs longueurs vers le milieu du film, une photographie un peu trop sombre (normal pour un film se déroulant surtout la nuit) et surtout un manque flagrant de charisme envers les personnages, plutôt creux et sans intérêt (normal pour des militaires ?), exceptions faites pour Liam Cunningham et l’excellent Sean Pertwee, respectivement le “méchant” soldat de l’histoire (à comprendre le type détestable que l’on désire voir mourir au plus vite) et le sergent expérimenté du groupe. Tous deux impeccables, ils possèdent une aura de présence indubitable et voient leur personnage avoir un destin scénaristiquement bien plus intéressant que celui des autres protagonistes du film, généralement boulottés par nos loups-garous.
Mélange d’action et d’horreur, Dog Soldiers est donc un petit film agréable et divertissant malgré quelques défauts pouvant être peu rebutants.
En l’attente de Dog Soldiers 2: Fresh Meat…
Une chronique bien meilleure que ce que tu penses (ou ce que tu en dis sur Facebook) et qui m’a donné envie de revoir cette sympathique bande poilue, plus vue depuis sa sortie… Le DVD va ressortir, je le sens!
Oh, c’est très bien si c’était le cas ! Je t’y encourages totalement !
Mais le texte me semble vraiment… amateur. J’ai eu beaucoup de mal à me relire avant de valider la publication.