Cube² : Hypercube
(Canada, 2002)
Réalisation: Andrzej Sekula
Scénario: Sean Hood et Ernie Barbarash & Lauren McLaughlin
Musique: Norman Orenstein
Avec: Geraint Wyn Davies, Kari Matchett, Neil Crone, Matthew Ferguson, Barbara Gordon, Lindsey Connell
Plusieurs personnes qui ne se connaissent pas et qui n’ont apparemment rien en commun se réveillent dans un lieu étrange, constitué uniquement de pièces cubiques avec un passage à chaque mur. Ils tentent alors de trouver la sortie, tout en cherchant à comprendre où ils sont, et pourquoi…
Si le premier Cube était un très bon film, sorti en salle alors qu’on ne s’y attendait pas, et qu’il avait le mérite d’être original, ce n’est absolument pas le cas de cette séquelle tout à fait inutile. La première chose qui marque, c’est la réalisation. Là où Vincenzo Natali donnait de la claustrophobie dans les pièces du Cube, Sekula (chef opérateur du premier film) lui offre une impression de grandeur, sa caméra flottant dans l’espace-temps, usant de l’image de synthèse pour rajouter de nombreux mouvements amples et cadrant étrangement ses personnages (gros plans inutiles sur diverses parties du corps, décadrages volontaires, caméra d’épaules, split screens) ; le tout avec une extrême mollesse qui se ressent et freine encore plus le rythme déjà lent du film qui devient vite soporifique car inerte (ça parle beaucoup pour ne rien dire et ça ne bouge pas vraiment). L’aspect technique vient renforcer cette mauvaise réalisation, le metteur en scène usant de plans numériques foireux, approximatifs et déjà dépassés depuis longtemps, conférant à Cube² un aspect proche du jeu vidéo très cheap (voir la fin lorsque le Cube se déstructure, ou les effets de distorsions temporelles et les pièges).
Le Cube lui-même diffère du premier, troquant les couleurs différentes pour des pièces absolument toutes semblables, d’un blanc aseptisé (le réalisateur souhaitait que sa version soit plus froide et intemporelle). A cela vient s’ajouter un scénario inepte, effarant de nullité face à l’efficacité du script du premier volet. L’intrigue est simple: c’est exactement la même que dans le film précédent. Seulement cette fois l’effet de surprise n’est plus et on se contente de remplacer l’attardé mental par une vielle femme sénile, le nouveau groupe se composant ici d’un aveugle, un adolescent, une avocate précieuse, une brute épaisse et une femme élevée au rang d’héroïne dès le début. Des stéréotypes usés jusqu’à la corde, d’autant que l’on sait directement ce que chaque protagoniste – ou presque – va devenir, là où Cube attendait de vraiment mettre ses personnages à l’épreuve avant d’installer la tension, toujours plus montante.
De plus l’histoire ne fait preuve d’aucune nouveauté par rapport à l’original si ce n’est d’inclure la théorie de l’Hypercube, une cube contenant des dimensions parallèles (temps, largeur, profondeur et une multitude d’autres). Les scénaristes mettent au point de fumeuses théories sur la téléportation quantique (mieux vaut revoir la série Code: Quantum, c’est plus drôle) à laquelle ici tout le monde croit (sauf le spectateur !) sans même se poser de question sur la probabilité de telles inepties. On peut d’ailleurs noter que bien que l’un des écrivains, Sean Hood, possède une formation universitaire poussée dans les mathématiques, la plupart des formules inscrites dans le film sont incorrectes.
Rajoutez des flashbacks qui se passent hors du Cube (ce qui évapore encore plus le concept de claustrophobie), notamment pour la présentation des protagonistes avant leur emprisonnement, la présence d’un être à l’existence hypothétique qui aurait été créé génétiquement pour être supérieur à l’Homme et serait un hacker surpuissant et recherché par ses créateurs, le fait que tous les personnages aient un point commun avec l’existence du Cube (ce qui entraine une certitude quant au fait que celui-ci soit l’objet d’une conspiration), un épilogue se déroulant hors de ce dernier (là où l’original conservait toute son énigme) dans un hangar plein de militaires qui semblent agir pour le gouvernement et montrant l’aspect extérieur de la chose comme un liquide façon Stargate (alors qu’un des personnages du premier film était le concepteur de la coque externe), un humour qui ne fonctionne jamais ainsi que l’abandon pur et simple de la violence: il n’y a pour ainsi dire aucun piège mais des anomalies temporelles qui permettent de retrouver en vie des personnages déjà mort. Et surtout, des dialogues qui laissent sans voix tellement ils sont nuls (“C’est horrible cet endroit.”, “Aidez-moi j’ai peur !”). Le final n’est pas un happy end et est censé surprendre le spectateur par une série de retournements de situation tellement gros qu’ils agacent plus qu’autre chose. Sans parler des protagonistes, insupportables comme cette vieille dame amusante au début mais vite prise de tête au fil du film, ou cette aveugle hystérique qui ne sert strictement à rien si ce n’est à être l’une des surprises de la conclusion, laquelle arrive de manière tellement rapide que le spectateur ne peux l’accepter. Au point que de se demander si ce n’est pas une idée rajoutée en dernière minute.
Bref, rien ne peut sauver ce film de la catastrophe: mal filmé, mal joué, déjà vu, énervant, prétentieux mais jamais à la hauteur de ses ambitions. A éviter en somme. On note la promesse d’une autre séquelle à la fin (on nous apprend ainsi que la “Phase 2” est terminé, sans parler d’un objet qui est récupéré mais dont on ne sait absolument rien). Malgré sa nullité, Cube² obtint le prix de la critique au Fantasporto 2002 (Portugal) et à échappé de peu au prix du meilleur film (!) au profit de Intacto. Quant à Kari Matchett, on la retrouve étrangement dans le Cypher de Natali, sa seconde réalisation après Cube…
LA SCÈNE: Le final, qui plombe tellement l’énigme du premier Cube sans pourtant apporter de véritable explication, tellement aberrant qu’il en devient le seul véritable souvenir que l’on peut avoir du film.
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