Constantine (1.09)

Constantine
Ep.1.09

The Saint of Last Resort

Part 2

 

 

La série reprend après une pause si courte qu’on peut se demander en quoi elle était utile, si ce n’est de décaler la case horaire de diffusion. Quoiqu’il en soit, l’épisode reprend exactement là où le cliffhanger nous avait abandonné et nous retrouvons ainsi John Constantine agonisant dans les égouts, blessé par balle et abandonné aux griffes de l’Invuche, un monstre ancestral et indestructible. L’exorciste est dans une bien mauvaise posture et risque de rapidement trouver la mort tant par l’hémorragie que par la créature qui se rapproche.
Alors bien sûr, comme tout cliffhanger, la résolution intervient quasi immédiatement et la trouvaille est généralement décevante car simplifiant une situation qui paraissait vraiment problématique. Heureusement, c’est justement cette solution qui fait rebondir l’intrigue et permet à l’histoire de partir dans une nouvelle direction. En fait il n’y avait presque pas besoin de faire de The Saint of Last Resort un épisode un deux parties, mais le lien était nécessaire pour maximiser les enjeux et les relations entre les personnages. Donc oui, l’affaire de la démone voleuses de bébés et de la Brujeria est pour ainsi dire close et tout l’intérêt de ce Part 2 réside dans ses conséquences.

 

 

Aux portes de la Mort, John Constantine n’entrevoit qu’un seul moyen de se tirer de ce mauvais pas: inviter un démon dans son corps et utiliser ses pouvoirs pour se guérir, tout en se faisant passer pour une créature aussi maléfique que l’Invuche, qui ne verra alors aucun intérêt à s’attaquer à lui. Et ce n’est rien de moins que Pazuzu lui-même qui l’investit (oui, comme dans L’Exorciste, le clin d’œil était déjà bien établit la fois précédente), démon forcément très puissant qui n’a besoin que d’environ deux jours “d’incubation” pour s’emparer totalement de lui.
Le plan initial de notre héros est de rentrer au bercail le plus vite possible et de pratiquer un auto-exorcisme en espérant que cela fonctionne, seulement Pazuzu prend le dessus pendant un court instant. Lorsqu’il revient à lui Constantine se réveille au milieu d’un bain de sang, cerné par la police et les corps en pièces de quelques gangsters. Il est immédiatement incarcéré et, pour ne rien arranger les choses, Manny refuse catégoriquement de lui venir en aide. L’ange accepte évidemment très mal que le sorcier ait choisi de faire appel à un démon et le laisse à son triste sort. Quant au consulat britannique qui prend l’affaire criminelle en main, ils envoient sur place ce qui est en réalité un agent de la Brujeria, lequel laisse Constantine pourrir en cellule. La secte a évidemment eu vent de son implication concernant l’épisode précédent et dépêche un assassin surnaturel pour le détruire.
Devant l’urgence de la situation, Chas et Zed sont obligé de refaire appel à Anne Marie pour retrouver sa trace, celle-ci pouvant facilement le localiser grâce à son pouvoir spécial. D’abord réticente, la nonne fini par changer d’avis en apprenant que Constantine n’est pas le “monstre” qu’elle s’imagine et qu’il est en fait le dernier espoir de l’Humanité, ayant un contact direct avec les Anges. Le trio fait alors route vers la prison, en échafaudant un plan pour y pénétrer, mais le plus dur reste de pratiquer l’exorcisme dans les temps.

 

 

Comme le résumé le laisse envisager, Zed est de retour dans l’équipe et a pu fuir ses poursuivants très tôt dans l’épisode. Il s’agit encore une fois d’un de ces problèmes qu’ont les cliffhangers, d’autant que celui-ci n’était là que pour mettre en image la menace qui pèse sur le protagoniste, sans vraiment utiliser cet élément comme ressort scénaristique. Une simple mise en bouche de ce qui arrivera plus tard dans la saison, ce qui peut se révéler assez bancal. Autant la pause de diffusion permet de camoufler un peu la grosse ficèle, autant celui qui enchaine les épisodes les uns après les autres pourra se demander quel était l’intérêt de dédier tout une partie du Part 1 au kidnapping de Zed, si c’est pour la faire s’évader immédiatement après. Cela étant dit, tout ceci reste secondaire au regard du gros de ce Part 2, et au moins cela donne l’illusion que Zed est un minimum débrouillarde et capable de se sauver les miches sans l’aide de personne, ce qui est toujours ça de prit.
C’est surtout Matt Ryan qui rayonne ici (encore une fois), incarnant un personnage plus que jamais sur la brèche. John Constantine est au bord de la damnation et alterne entre la dépression, le cynisme et la colère, ce qui nous vaut quelques scènes sympathiques comme lorsqu’il revient à lui après une nouvelle perte de contrôle. Ayant encore une fois mis en pièces quelques criminels, il est désormais craint de toute la prison et en joue pour avoir la paix.
Mais le moment d’anthologie est naturellement la scène d’exorcisme finale qui semble avoir impressionnée pas mal de spectateurs dans son exécution, d’après les retours très positifs que j’ai pu lire. Pour être franc, je suis vraiment peu intéressé par cette nouvelle vague de film de fantômes / possessions dont le cinéma nous gave depuis pas mal de temps. Pour moi ce sont tous les mêmes, ils ne dévient jamais de la formule et répètent inlassablement les mêmes choses à base de jump scares et ce qui doit être une forme de tension qui repose sur un angle religieux pas vraiment subtile. Cela passe encore sur les trois premiers Exorciste, mais par la suite je suis bien incapable de différencier un Stigmata d’un Exorcisme d’Emily Rose et consorts.

 

 

Forcément le résultat ne m’a pas paru bon ou mauvais. C’était une simple scène d’exorcisme, avec Constantine ligoté sur un lit, écume aux lèvres et provocant ceux qui participent au rituel, utilisant l’habituelle stratégie de leur remettre leurs fautes passées à la figure pour les faire douter. Rien de nouveau, rien d’extraordinaire, mais rien de honteux non plus. Juste standard.
Cela étant dit, pour une série télé au budget qui j’imagine pas très haut, la réalisation est au moins aussi efficace que les versions cinéma. Le possédé lévite, convulse, parle d’une voix distordue tandis que le mobilier environnant se renverse et qu’un éclairage fantaisiste vient baigner la scène d’une lueur irréelle. La même chose sur grand écran et personne ne verrait la différence, ce qui est donc un bon point. L’autre bonus étant évidemment l’interprétation de Matt Ryan qui se donne à fond, avant, pendant et après, et donnant l’impression qu’il vient de traverser une épreuve difficile. Ce qui est loin d’être le cas dans beaucoup de films traitant du même sujet, avec leurs personnages aussi expressifs qu’un morceau de bois.
Du reste, les trois autres personnages principaux ont chacun leur façon de briller à l’écran pendant quelques secondes. Chas intègre le pénitencier de la manière la plus radicale possible en frappant le garde posté à l’entrée (nous gratifiant d’un joli sourire ensanglanté après le passage à tabac qui s’ensuit, comme pour montrer sa satisfaction d’avoir réussi) puis se réveille plus tard dans un body bag en panique, commentant combien il fait chaud à l’intérieur de ces housses.

 

 

De son côté Zed parvient à neutraliser son ravisseur sans la moindre difficulté, laissant entendre qu’elle fuit son père depuis son enfance et qu’elle sait défendre chèrement sa peau. Une facette de sa personnalité que l’on devinait jusqu’ici sans pour autant la voir en action, ce qui laisse éventuellement envisager un season finale où elle perdra définitivement ce côté un peu “passif” d’observatrice / balise du spectateur. Du moins je l’espère, car elle pourrait aussi malheureusement être coincée dans une sorte de statu quo “en retrait” quoiqu’il arrive.
Les amoureux de son interprète, Angélica Celaya, seront ravis de la voir ici retirer son soutien-gorge pour donner plus d’allure à sa déjà opulente poitrine, tout en roulant des fesses et dévoilant son nombril, afin de se donner les allures d’une prostituée venue rendre visite à quelques détenus. Quant à la sainte-nitouche Anne Marie, elle va être obligée d’apparaître vêtue uniquement de sa petite culotte afin de créer une diversion et permettre à nos héros de s’échapper. Du fanservice inattendu qui prête a sourire quand on sait que la série attend toujours désespérément d’être renouvelée.
Mais ne soyons pas mauvaise langue et supposons que ces deux séquences aussi gratuite que plaisante ne soit pas un moyen de racoler et d’augmenter le taux d’audience. Constantine n’a pas besoin de cela et le prouve avec ce double-épisode qui fonctionne très bien de lui-même.

 

 

Un certain soin semble être maintenant apporté concernant les créatures surnaturelles, afin de leur offrir un design plus élaboré et proche de l’esprit des comics. Après un Invuche particulièrement réussi, voilà que fait son apparition Nahash, un homme-serpent envoyé par la Brujeria pour se débarrasser de l’exorciste. Autrement nommé le Tentateur, il n’est autre que le serpent original du Jardin d’Eden ! Malgré une apparence effectivement humaine la plupart du temps (et avec l’utilisation de lentille de contact “yeux de reptiles” peu judicieuse tant il s’agit d’un effet facile et trouvable même dans la pire des productions), le démon adopte tout de même quelques traits reptiliens plutôt amusant dont une étonnante mâchoire qui se déboite pour dévoiler une bouche d’anaconda, ce qui lui permet d’avaler tout rond ses victimes avant de voler leur apparence.
Voilà qui est toujours plus original et intéressant que les canines “vipères” des hommes-serpents de From Dusk Till Dawn: The Series. Dommage que le monstre soit neutralisé si rapidement car sa façon de mesurer mentalement ses proies avant de les gober était quelque chose qui m’aurait plus de retrouver par la suite.
Dommage également que la prison où se déroule l’intrigue soit si minuscule et apparaisse presque agréable à vivre. J’ai conscience qu’il s’agit avant tout d’une histoire de budget, mais entre la petite cour à ciel ouvert, la mince clôture de grillage qui laisse entrevoir un paysage ensoleillé et même un salon de tatouage improvisé, on se croirait plus dans un foyer ou d’un abris choyant ses résidents plutôt qu’un bâtiment carcéral ! Autant dire qu’on est très loin de Hard Time, cette histoire d’Hellblazer écrite par Brian Azzarello (auteur du graphic novel Joker dont s’est inspiré Nolan pour son Dark Knight) et dessinée par le légendaire Richard Corben !

 

 

The Saint of Last Resort devrait en toute espérance permettre à Constantine de gagner quelques suiveurs et, dans le meilleur des cas, prouver une bonne fois pour toute que la série mérite de se poursuivre encore un peu. Après tout, DC Comics n’a pas de meilleur formule pour faire découvrir son univers “mystique” (et ce n’est clairement pas iZombie, inspiré par une mini-série publiée sous le label Vertigo, qui va changer la donne) et il serait stupide de se séparer d’un bon atout sous prétexte qu’il ne “prend” pas immédiatement avec le public. En attendant, et alors que le season finale approche, certains ont préféré en rire comme le prouve la mise en place de John Con Noir sur la chaine YouTube de DC. Un court-métrage en claymation, basé sur John Constantine (Matt Ryan reprend le rôle et double sa marionnette), que l’on doit au petit studio Cool Town Creations.
Il s’agit d’une série de quatre petits épisodes, créés spécifiquement pour soutenir Constantine et jouant sur la menace d’annulation de la série. L’intrigue reprend l’idée du Rising Darkness, dont les effets provoquent cette fois la disparition de David S. Goyer et Daniel Cerone, créateurs et showrunners de la série. L’exorciste part à leur recherche et, s’il ne parvenait pas à les retrouver à temps, la NBC n’aurait pas d’autre choix que de supprimer purement et simplement le programme…
Plutôt bien vu et assez sympathique avec cette ambiance façon film noir qui sied parfaitement au personnage. Pas convaincu ? Bien que réalisé en association avec la NBC, John Con Noir autorise ici le sorcier à fumer une cigarette. Dans Constantine, Manny apparaît aussitôt qu’il demande si quelqu’un à du feu afin de le réprimander: “Those things will kill you.” Et Constantine de se la mettre sur l’oreille ! Du second degré là encore, mais je ne peux pas m’empêcher d’y voir là une sorte d’allégorie, entre les responsables de Constantine qui veulent allumer leur série et y aller franchement, et la force supérieure qui les modères un peu trop…

 

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