Constantine (1.03)

Constantine
Ep.1.03

The Devil’s Vinyl

 

 

A la vision de ce troisième épisode, il m’a semblé que cette histoire aurait plus eu sa place la semaine dernière que maintenant. D’une part parce que l’intrigue semble suivre les dernières images du pilote, qui montre Constantine s’attaquer à une bande de punks satanistes, mais aussi parce que l’ensemble est beaucoup mieux ficelé que The Darkness Beneath, qui sentait trop la formule toute faite. Je suppose qu’il faut attribuer cela au changement d’héroïne, nécessitant à Zed d’avoir sa propre introduction avant de la lâcher dans l’aventure comme ça.
Ici le scénario est co-écrit par David Goyer et celà se ressent à travers l’intrigue, un poil plus soignée que l’enquête à la X-Files / Supernatural de la dernière fois. Non pas que The Devil’s Vinyl soit différent dans son ensemble, mais il y ici une impression de continuation de l’histoire générale plutôt qu’une simple nouvelle aventure sans grandes conséquences. D’autant que Constantine étend son univers et introduit cette fois un nouveau personnage récurrent: le prêtre vaudou Papa Midnite, que l’on peut voir ici comme une version négative de John Constantine. Un sorcier et explorateur de l’Étrange qui désire mettre la main sur quelques babioles maléfiques pour son intérêt personnel.

 

 

Pour ceux qui ne connaissent pas les comics, Papa Midnite est grossièrement le chef d’une pègre new-yorkaise et il pratique la magie noire pour arriver à ses fins. Ce n’est pas totalement un antagoniste et il a même aidé Constantine par le passé, mais les deux sont pour ainsi dire ennemi. Le film Constantine s’éloignait pas mal du personnage pour en livrer une version neutre, dirigeant un bar où peuvent se rejoindre Anges, Démons et humains tant qu’ils respectent une trêve dans l’établissement. Ici la série reste proche de sa caractérisation originale et en fait effectivement un redoutable chef de gang utilisant ses pouvoirs et ses hommes pour obtenir ce qu’il souhaite.
Collectionneur d’artefacts en tout genre, il souhaite récupérer un disque vinyle maudit car diffusant rien de moins que la voix du Diable en personne. Nous apprenons ainsi qu’au début du siècle, un chanteur de blues à vendu son âme afin de connaître le succès. Et c’est en pleine session d’enregistrement que Lucifer vint récupérer son dû, imprégnant alors la gravure du disque de son essence infernale. Le directeur du studio, dépassé par les évènements, cacha l’objet afin que personne ne puisse mettre la main dessus: car quiconque écoute l’enregistrement, ou touche la matière directement, est alors possédé par le Mal…

 

 

Tout comme l’intrigue de la semaine dernière, cet épisode réinterprète à sa manière un véritable mythe. Une légende urbaine plus exactement, qui est liée à non pas un mais deux musiciens, guitaristes et chanteurs de blues de la première moitié du XXème Siècle: respectivement Tommy Johnson (1896-1956) et Robert Johnson (1911-1938), aucun lien de parenté. Dans les deux cas il était dit que leur incroyable talent pour la musique leur venait d’un deal passé avec le Diable, bien qu’en réalité il ne s’agissait que de ragots colportés par les chanteurs et leurs proches afin d’attirer l’attention. Dans le cas de Robert Johnson, sa mort prématurée (27 ans) a beaucoup contribuée à alimenter toutes sortes de légendes. Quant à Tommy Johnson, on retrouve carrément son personnage dans le film O’Brother des Frères Cohen: il est celui qui permet à George Clooney de chanter le tube Man of Constant Sorrow.
Comme dans The Darkness Beneath, la source d’inspiration est sensiblement modifiée et jamais exploitée comme elle le mériterait, mais il est appréciable de voir les scénaristes chercher des sujets originaux ou peu connu, plutôt que de livrer une banale histoire de magie vaudou.

 

 

Aussi décevante que soit la série par son absence de folie, son auto-censure (John Constantine ne fume toujours pas et visiblement cela a un rapport avec la politique de la NBC, il serait très difficile de négocier avec le network d’après David Goyer et Neil Marshall) et l’absence de folie visuelle comme dans les pages de Hellblazer, j’avoue apprécier cette volonté de ne pas rester dans le même registre et de traiter de mythologies variées. Par exemple les multiples charmes et rituels utilisés en cours d’enquête sont tous différents et intéressants, provenant des temps anciens et bien loin de ce que l’on trouve dans un Harry Potter. Cette semaine par exemple Constantine utilise une Main de Gloire qui sera probablement familière à tout ceux qui sont un peu versé dans l’occulte.
Autre chose qui semble clairement forger une identité au show, est la musique. Le sujet de l’épisode, naturellement, traite du disque d’un joueur de blues et c’est l’occasion pour l’exorciste d’évoquer son passé de musicien punk rock. Aussi, les Sex Pistols passent le bonjours avec un extrait de Anarchy in the UK.

 

 

Bref, sans encenser l’épisode (ça ne vaux surtout pas Angel Heart, qui représente exactement ce que serait une enquête de John Constantine dans le milieu vaudou / satanique, avec un Mickey Rourke qui serait parfait dans le rôle), on y passe un meilleur moment que la semaine dernière. Plus rythmé, plus drôle et avec parfois de belles surprises compte-tenu que le show est diffusé sur une chaîne publique: un homme voit son casque audio lui coller aux oreilles sous l’influence démoniaque, une enquêtrice découvre les carcasses écorchées d’animaux sacrifiés dans un studio abandonné, Constantine apparaît en transe, nu et couvert de sang, pour apprendre un sort, sans parler du rituel de résurrection qui fonctionne un peu trop bien et réveille tous les cadavres d’une morgue, qui se débattent en hurlant dans leur sac !
Le fan service fait son retour avec l’apparition du fusil Ace of Winchesters créé par Garth Ennis, et le Diable est identifié comme le First of the Fallen (le premier des déchus). Pour anecdote, c’est lorsque Neil Gaiman à décidé d’utiliser Lucifer dans sa célèbre série The Sandman (se déroulant dans le même univers) que les scénaristes ont dû modifier leur propre version du Diable. Ainsi est né le First of the Fallen, le premier être a avoir été banni aux Enfers avant même Lucifer qui a plus tard prit sa place.
Le plus intriguant demeure les multiples références à la série Doctor Who, entre le repaire de Constantine qui se trouve être “plus grand à l’intérieur” (texto) et une carte à jouer magique qui fonctionne exactement comme le psychic paper du Docteur !

Rien d’autre à signaler, si ce n’est l’apparition surprise de Sean Whalen dans le rôle d’un petit truand satanique, sorte de contracteur qui profite de votre situation pour vous acheter votre âme contre une solution peu profitable à vos problèmes. Une simple apparition mais c’est toujours un plaisir de retrouver cette trogne inoubliable du Sous-Sol de la Peur.
Espérons maintenant qu’il ne faille pas compter à chaque fois sur David Goyer pour redresser la barre. A vrai dire l’introduction de Zed a probablement chamboulé le placement et l’écriture de quelques épisodes, donc accordons au show le bénéfice du doute.

 

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