Christina’s House
(2000)
Christina’s House est un cas un peu spécial. Datant de 1999 ou de 2000 selon les sources (certainement que l’un représente la date de tournage, l’autre la sortie officielle), le film semble s’inscrire dans la lignée de ses DTV moisis qui vu le jour grâce au succès de Scream et de toute la vague de neo-slasher d’alors. Et tandis que des merdes comme les Souviens-toi l’Été Dernier, les Urban Legend et Mortelle Saint-Valentin venaient polluer nos écrans, les supermarchés et vidéo-clubs étaient inondés de Clown de l’Horreur, de Lovers Road, Je t’ai Trop Attendue et autre The Pool.
Des films mauvais, sans gore, sans tensions, sans folie, sans innovation, exactement à l’image de leurs modèles, mais malheureusement pour eux sans le budget non plus. Cette époque était un véritable fléau et il fallait vraiment fouiller pour trouver la perle rare ou le produit novateur, à l’instar de Ginger Snaps, Terror Tract ou Jeepers Creepers, qui changeaient un peu. A priori le présent film s’inscrit dans cette catégorie et la presse spécialisée de l’époque le décrivait comme l’un des pires rejetons de cette période. Seulement voilà, Christina’s House n’est pas un slasher (ni un film de maison hantée comme l’affiche le laisse à penser). Il y a tromperie sur la marchandise puisqu’il s’agit d’un banal thriller. Un film qui à plus sa place aux côtés de La Prison de Verre par exemple, et autres films à suspense du même genre.
Alors évidemment l’erreur est compréhensible: le film a clairement été vendu comme faisant partie du genre Horreur et annonçait en grandes pompes qu’il était écrit “par les scénaristes de Poltergeist”. Seulement ce n’est pas si évident que ça. Déjà il n’y a qu’un seul scénariste crédité au générique, Stuart Allison, dont Christina’s House est le seul méfait. Bien sûr il s’agit peut-être d’un pseudonyme derrière lequel se cacherait le réalisateur ou l’un des producteurs, et effectivement en fouillant bien on peut découvrir que deux des exécutifs sont Michael Grais et Mark Victor, les types qui ont écrit Poltergeist avec Steven Spielberg. Seulement voilà, “producteur exécutif”, à Hollywood, ça veut un peu tout dire. C’est un titre honorifique qui revient à une personne ayant aidé à la mise en place du projet d’une façon ou d’une autre (en présentant un contact, donnant un conseil important, etc). En aucun cas cela ne signifie que Grais et Victor ont écrit le scénario, ni qu’ils ont mis leurs billes dans le produit.
Évidemment c’est quand même pratique, cela permet d’avoir un argument pour vendre la chose sur les marchés du film et de profiter d’une mode à succès, faisant gagner un plus de dollars que si elle avait été présentée pour ce qu’elle est réellement. Cela explique certainement l’agacement des spectateurs qui n’obtiennent pas du tout ce qu’ils sont venus chercher. Et pour être franc, le résultat est loin d’être bon de toute manière.
L’intrigue tourne autour de Christina, une adolescente super sexy qui a justement quelques problèmes avec son père à ce propos. Il se trouve que sa mère est internée en psychiatrie depuis quelques temps, ce qui l’oblige à vivre dans une nouvelle maison avec son petit frère et leur paternel. Et celui-ci est du genre ultra possessif, la surveillant sans cesse, refusant l’idée qu’elle puisse avec un petit ami et n’hésitant jamais à la reluquer ou la tripoter l’air de rien. Elle est contrainte de vivre sa romance en cachette mais le garçon n’arrange rien, étant lui-même violent et peu sympathique. Le fait qu’il cherche à s’envoyer en l’air avec elle n’aide pas non plus.
Et alors qu’elle ne trouve un peu de paix qu’auprès de sa meilleure amie ou du gentil bricoleur qui vient les aider à entretenir leur vieille bicoque, un gars solitaire mais polis et plutôt beau gosse, des évènements de plus en plus étranges vont venir la perturber d’avantage: son père se montre de plus en plus entreprenant, son petit ami de moins en moins patient, des bruits étranges se font entendre en pleine nuit, et plus tard le corps de sa rivale est retrouvé en morceaux dans son jardin. Une autre adolescente est portée disparue et le flic chargé de l’enquête se montre très soupçonneux à son égard. Enfin, des objets qui lui appartiennent changent de place ou disparaissent mystérieusement…
Toute la question est de savoir qui est le tueur qui s’en prend à l’entourage de Christina. Y a t-il un intrus dans la maison, comme semble le prouver les bruits incessant venant du grenier ? Ou est-ce que l’un des hommes qui lui tourne autour à pété les plombs et cherche à l’avoir rien que pour lui ? Qu’en est-il de ces notes mystérieuses qu’elle retrouve de temps en temps, la priant de s’échapper “avant qu’il ne soit trop tard” ? Et si, finalement, ce n’était pas Christina qui serait un peu folle, tout comme sa mère ?
En réalité le film est beaucoup moins compliqué qu’il n’y paraît. On sent bien que le scénariste voulait jouer sur l’angle psychologique mais cela ne prend jamais. Il y a effectivement un tueur qui sévit, et des trois suspects (le père, le copain et le réparateur) on devine bien vite lequel est coupable. Le récit se perd inutilement sur près d’une heure, puisque l’on se doute que Christina et les siens sont totalement innocents dans cette affaire. De là né un certain ennui qui ne fait que s’agrandir en raison de l’aspect télévisuelle du film ou par l’absence de scènes chocs. Dans Christina’s House, un meurtre se pratique généralement hors-champ,sauf pour la séquence pré-générique qui semble presque imiter Les Dents de la Mer (une jolie fille est happée dans la maison par le tueur, lequel la secoue si fort dans tous les sens qu’elle s’en brise la nuque).
Du reste il n’y a pas grand chose pour éveiller l’intérêt. Il n’y a même pas vraiment d’enquête, Christina passant le plus clair de son de temps à graviter entre chaque personnage tout en angoissant au moindre rebondissement, plutôt que se préparer une défense. Parfois on a même l’impression que les protagonistes ne se souviennent plus qu’il y a eu une victime retrouvée près de chez eux, un cas de disparition ou des bruits suspects dans la maison. A la place, ça discute garçon et virginité, un journal intime inutile à l’histoire se balade de mains en mains, le père et la fille s’engueulent à propos de tout et de n’importe quoi sauf de la relation quasi incestueuse qui s’installe entre eux, et la scène censée être la plus importante du film (Christine visite sa mère à l’asile et celle-ci tente de lui confesser quelque chose) est totalement ignorée l’instant d’après.
Résultat il n’y a que très peu de tension qui se construit. On commence un peu à se demander pourquoi le scénariste à rendu le père obsédé sexuel tant cela ne semble avoir aucun rapport avec l’intrigue à priori, et il faut vraiment attendre la conclusion et lire entre les lignes pour comprendre ce dont il en retourne. Ainsi, la mère de Christina semble avoir connaissance des tares de son maris. A sa fille, elle dit qu’elle a fait une erreur le jour où elle n’a pas surveillé son homme, ce qui indique que Christina a été violée ou qu’il y a eu attouchement dans sa jeunesse. Elle parle ensuite d’un “ami” qui vient lui rendre visite et à qui elle a demandée de veiller sur ses enfants, afin de les protéger. A partir de là les pièces s’assemblent toutes seules, mais il faut quand même ne pas s’être endormi puisque rien n’est résumé ou éclairci après coup.
On réalise donc que Madame, craignant pour ses enfants, à séduit un autre patient de l’hôpital. Un fou supposé guéris et s’apprêtant à sortir. Celui-ci se retrouve en mission pour surveiller Christina et son frère et, étant en fait encore perturbé, se met à tuer quiconque s’approche de trop près. Une jeune femme sonnant à la porte un jour où personne n’est là, la rivale qui s’apprêtait à faire du mal à l’héroïne, plus tard le petit ami devenant violent… Le coupable, ayant accès à la maison pour cause de travaux, s’est installé entre les murs, observant la vie de famille et fabriquant tout un système de cordes et d’engrenages pour avoir le contrôle de la bâtisse. Les notes qu’il laissait à l’intention de la jeune femme était une supplication pour qu’elle prenne les devants et parte loin de son père, et s’il ne devient le “méchant” de l’histoire ce n’est qu’en raison du comportement de l’héroïne qui fini par lui taper sur les nerfs !
En effet celle-ci pleurniche beaucoup, se plaint tout le temps, mais fait jamais rien afin d’améliorer les choses. Elle est constamment indécise quant à sa vie de couple, laisse son père prendre le dessus sur elle, et au final apparaît un peu exaspérante. Suffisamment pour que le tueur finisse par en avoir assez et s’en prenne à elle par la suite, s’attaquant aussi bien à sa meilleure amie qu’à son petit frère.
La conclusion montre Christina triompher, et s’affirmer ce faisant, mais au final rien n’est vraiment résolu. Son père, bien que se retrouvant à l’hôpital à la fin du film, elle ne le considère toujours pas comme un danger potentiel. Et comme pour bien le souligner, la dernière scène montre la mère sourire étrangement à un jeune patient sur le point de sortir de l’asile. Une dernière image de la maison montre le grenier s’allumer et on comprend que, dans sa folie, Madame continuera d’envoyer des psychopathes pour surveiller ses enfants au cas où son mari se montre trop entreprenant. C’est à la fois extrêmement simple et très difficile à suivre, tant ces éléments sont survolés voir maladroitement inclus au montage (la mère, dans sa chambre, jouant avec ses mains pour simuler une mise à mort, mais les évènements montrés en parallèles touchent sa fille plutôt que son mari). Cela m’évoque un peu La Revanche de Pinocchio, qui lui aussi évoquait la folie sans pour autant se montrer parfaitement clair sur ce qu’il voulait dire.
Il va sans dire que du coup, Christina’s House aura repoussé tous ceux qui s’attendait à un récit plus conventionnelle. Il n’y a rien d’horrible, de terrifiant ou d’angoissant dans ce thriller aux allures de téléfilm (même pour les midinettes qui sursautent au moindre jump scare), et la combinaison du rythme mou et des personnages sans caractère fini vite par lasser. A moins d’être un habitué des téléfilms M6 diffusés durant les après-midi pour tuer le temps, on ne peut vraiment pas s’investir dans ce film…
Restent toutefois quelques éléments qui aident un peu à tenir. Le plus connu, c’est l’improbable piège final du tueur. Une grande cage composée de poutres et de scies circulaires, en forme d’entonnoir. La chose est visuellement impressionnante et semble provenir d’un quelconque Saw. Hélas il ne s’agit pas d’un engin de mort mais d’une simple cellule, et jamais les barres garnies de roues dentées ne s’articulent pour broyer leur prisonnier. Les deux personnes qui tombent dedans survivent, se retrouvant simplement incapacités.
Une scène hallucinante vient également nous sortir de notre torpeur, tant elle est dynamique et parait là encore provenir d’un autre film ! Alors que le fou de service, à ce moment là passant encore pour un gentil garçon, va faire ses courses, il est alpagué par le petit ami jaloux qui le frappe violemment. La séquence prend par surprise, intervenant après quelques secondes où il ne se passe rien. La victime marche dans la rue, un cri attire son attention, et un poing entre subitement dans le champ pour le frapper à la mâchoire. Déséquilibrés par le geste, les deux garçons tombent à la renverse et passent à travers une gigantesque baie vitrée qui se trouvait juste à proximité. L’agresseur, pas du tout déphasé par le choc, se met alors à rouer son ennemi de coups comme s’il ne s’était rien passé ! Tout simplement génial.
Enfin, l’ultime atout de Christina’s House, c’est évidemment son actrice. Jeune femme pas vraiment connue malgré les deux ou trois séries B auxquelles elle à participé, Allison Lange est une blonde plantureuse à la poitrine très développée qui défile dans les tenues les plus sexy: maillot de bains, débardeurs moulant et autre T-shirt court. Le réalisateur semble très bien savoir ce qu’il fait et John Savage, qui incarne son père, a probablement dû accepter le rôle juste pour la tripoter une fois de temps en temps !
La belle est effectivement une bonne raison de garder les yeux sur l’écran malgré toute la monotonie du récit, et peu éventuellement être une des raisons de s’envoyer ce navet. Mais que ceux qui préfère les hommes se rassurent, apparaît également un tout jeune Brendan Fehr dans le rôle de son petit ami, peu avant qu’il ne rejoigne la série Roswell (où il retrouvera d’ailleurs Lange pour quelques épisodes). Enfin, moins connu, le second couteau Jerry Wasserman (beaucoup de second rôle, de La Mouche II à Watchmen, et jusqu’à The Editor, le dernier opus de Astron-6) incarne un shérif tellement soupçonneux pour trois fois rien qu’il en devient hilarant.
Ce n’est vraiment pas grand chose, et le film est aussi mauvais qu’on le raconte, mais c’est toujours plus que pas mal de “vrais” slashers que j’ai pu voir dernièrement !
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