Gore N°35
La Mort Visqueuse 2
Breeding Ground
(1985)
La Mort Visqueuse, premier roman de l’écrivain britannique Shaun Hutson, fut l’un de ses plus grand succès et demeure son livre le plus connu. Un best-seller va même faire l’objet d’une adaptation cinématographique quelques années plus tard et auquel l’écrivain se décide à donner une séquelle: Breeding Ground. L’idée est de reprendre la recette gagnante du premier opus mais de voir plus grand, Hutson reprenant la trame de son livre qu’il transpose alors au cœur de Londres.
A la fin de La Mort Visqueuse, l’auteur laissait planer le doute quant à l’éradication totale des limaces. Si nous n’apprendrons jamais ce qu’il en est (il n’y a aucune référence à l’histoire précédente), le prologue de cette suite nous montre cette nouvelle invasion commencer par l’arrivée d’un marchant de campagne au marché, pour vendre ses salades. Des salades qui proviennent donc très probablement de la petite ville du roman original puisqu’elles cachent des œufs de limaces mutantes qu’un clochard imprudent a vite fait d’ingérer. Attaqué de l’intérieur, il trouve la mort dans des toilettes publiques, permettant alors aux gastéropodes devenus grands de gagner les égouts. Peu de temps après, un jeune médecin est appelé pour un cas assez spécial: sa patiente voit des verrues purulentes lui pousser subitement sur le corps…
L’année précédente, James Herbert livre L’Empire des Rats, dernier volet de sa trilogie (d’alors) qui prend cette fois des proportions épiques puisque l’action se situe au cœur d’un Londres dévasté par un bombardement nucléaire. Un livre qui poursuit le principe de ses prédécesseurs mais sur une plus grande échelle. C’est avec la même logique que Hutson donne plus d’ambition à son histoire et qu’il choisit Londres comme lieu d’action, déclenchant l’état d’alerte après quelques agressions. Cette fois les limaces ne se contentent pas de dévorer les humains et possèdent une nouvelle propriété très dangereuse. On se souvient de leur sécrétion toxique qui pouvait donner la rage à une enfant de bas âge dans le premier livre ; l’idée est ici reprise et combinée avec l’attaque des parasites sanguins qui était un autre grand moment de La Mort Visqueuse.
Désormais la bave des mollusques, contaminant quiconque par simple contact, injecte lesdits parasites dans l’organisme des victimes, formant des kystes dans le cerveau. Les contaminés voient alors de nombreux abcès et pustules remplis de pus les recouvrir avant que les parasites ne viennent s’établir dans le cerveau pour donner naissance à de nouvelles limaces ! Cette douloureuse mutation finie par faire perdre la raison aux victimes qui sont alors assaillit de pulsions meurtrières. Une combinaison des divers supplices aperçus dans l’opus précédent en somme, ce qui permet à l’auteur d’offrir de nombreux passages extrêmement sanglant.
Les attaques, si elles ne sont pas particulièrement inventives lorsqu’elles mettent en scène les limaces, n’en reste pas moins des plus brutales et les meurtres commis par les êtres contaminés, s’ils rappellent le Fog de James Herbert, apportent une touche de suspense bienvenue. A ce titre, la scène du jeune enfant infecté marchant jusqu’à la chambre de ses parents endormis, ou celle de l’épouse qui découpe son rôtie, sont très efficaces.
Après une première partie fonctionnant sur le même principe que La Mort Visqueuse première du nom, le roman s’oriente du côté du récit catastrophe avec évacuation des villes, activités militaires et réunions des autorités pour trouver une solution au double problème. Une très bonne idée d’ailleurs qu’est le plan choisi pour stopper les limaces, celles-ci voyant les forces de l’ordre être obligées de contaminer, et donc mettre à mort, certaines de leurs troupes pour attirer les créatures !
Mais si cette nouvelle Mort Visqueuse est efficace, elle manque cependant d’un brin d’originalité tant vis-à-vis de son prédécesseur que des livres de James Herbert. Trop peut-être et ce n’est finalement que grâce a ses excès de violence que le récit intéresse. On pourrait par exemple mentionner la trop grande légèreté de la romance entre le médecin, personnage principal de l’intrigue, et une jeune femme qui apparaît finalement assez en retrait dans l’histoire (un défaut peut-être dû à l’édition française de Fleuve Noir, la collection Gore tronquant régulièrement les œuvres publiées pour les faire correspondre à une limitation imposées du volume des livres).
Quelques années plus tard, le réalisateur Juan Piquer Simon, ayant déjà adapté La Mort Visqueuse en film, va envisager de faire de même avec Breeding Ground, mais le projet n’aboutira pas.
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