The Walking Dead (5.08)

The Walking Dead
Ep.5.08

Coda

 

Can’t go back, Bob.

 

 

Suite et fin de cette cinquième saison de Walking Dead, en tout cas jusqu’à la rentrée. Coda forme le second épisode du mid-season finale, se déroulant immédiatement après les évènements de Crossed, et autant le dire c’est un épisode nettement supérieur à son prédécesseur que nous avons là. Celui-ci, réalisé par Ernest Dickerson dont j’ai déjà dis tout le bien que je pensais de lui précédemment, évite de se perdre en de multiples groupes et reste parfaitement concentré sur l’évènement tragique qu’il doit raconter: la chute de Dawn Lerner et de sa dictature.
Car oui, même si la majeure partie de ces 40 minutes se remplissent avec des courses-poursuites, des hordes de morts-vivants et échange d’otages entre deux groupes prêt à s’affronter à tout instant, tout tourne autour de cette femme en charge de la Croix Blanche, de la fin de son règne et de ses rapports avec les autres survivants. Ce n’est pas tellement surprenant car tout avait été amorcé dès l’introduction du personnage, mais pour une fois on peut féliciter la série pour tenir ses engagements et respecter son enjeu peut-être pas “épique” ni original (ni même subtile), mais au moins existant et intéressant.
Attention toutefois, cela ne signifie pas pour autant que le show est prêt à rompre sa formule habituelle et on retrouve évidemment les éléments récurrents qui font sa force (le gore) et ses faiblesses (le reste). Discussions pseudo philosophiques entre les protagonistes, mise à mort bien méchante de différents personnages et naturellement tout une séquence dédié au massacre de zombies.

 

 

Cette fois en tout cas ça fonctionne du tonnerre dès les premières secondes, avec une poursuite entre Bob, officier de la Croix Blanche ayant manipulé Sasha pour s’évader, et Rick qui ne s’embarrasse plus vraiment avec le rôle du bon samaritain. Sous une musique qui évoque John Carpenter, les deux se coursent dans une ruelle garnie de morts-vivants, l’un toujours menotté, l’autre découpant à la machette les silhouettes hagard qui le frôle. Prenant le volant d’un véhicule, celui qui était un homme de loi va percuter de plein fouet son adversaire pour le forcer à s’arrêter, lui donnant à peine une ou deux sommation avant l’acte. Quelques instants plus tard les deux hommes discutent tandis qu’une horde de Walkers avance vers eux. En cours de conversation, Rick abat froidement le blessé d’une balle dans la tête, le coupant en pleine supplication. “Shut up.” lâche t-il froidement, se détournant alors sans le moindre remord.
Le personnage a bien changé depuis le tout début de Walking Dead, devenant maintenant un homme dur et insensible, parfois terrifiant dans ses actes et discours. Exactement comme son pendant papier en fait, qui a depuis longtemps perdu le peu d’humanité qui lui restait afin de survivre. La scène la plus célèbre du comic-book, symbolisant d’ailleurs toute cette évolution, était cette fameuse phrase qu’il lâchait du fond du cœur: “We ARE the walking dead !“. S’il n’en est pas encore tout à fait là, le Rick de la télévision en prend clairement le chemin et j’en suis très heureux. Très heureux aussi de voir que ses dires ne restes pas nécessairement des paroles en l’air, uniquement là pour promettre au spectateur un avenir sombre et violent, avant que tout cela ne soit oublié l’épisode suivant (comme c’est très souvent le cas dans la BD).

 

 

Dans ma dernière chronique j’évoquais Mad Max, le personnage. Un policier craignant plus que tout de devenir aussi dangereux que ceux qu’il pourchasse sur la route, et qui fini par se transformer en prédateur après la perte de sa famille. J’ignore si Robert Kirkman s’en était inspiré pour son œuvre, mais j’espère sincèrement que le showrunner, lui, va s’y tenir et faire de Rick un véritable anti-héros, avec à ses côtés d’autres figures plus nobles afin de le contrebalancer (au hasard Carl et Daryl).
En tout cas la chose m’est encore revenu en tête lors de la (brève) discussion entre notre protagoniste et sa victime, notamment lors d’une réplique. Lorsque le blessé s’excuse de son comportement et lui demande de le ramener avec lui, Rick refuse. Pas d’énervement, pas d’hésitation. Avec tout le calme du monde, il répond simplement “Can’t go back, Bob.” comme pour bien lui signifier qu’il n’y a absolument aucun espoir pour qu’il lui pardonne ou qu’il s’adapte à un ancien code de conduite humain. Et si vous vous souvenez du premier épisode de cette saison, ce sont exactement les mêmes mots que prononçait Gareth, le leader des cannibales, à un autre Bob. Lorsque ce dernier le suppliait de leur laisser la vie et annonçait la possibilité d’un retour à la normal avec le cas Washington. Les mêmes mots et la même attitude désinvolte. Une scène miroir qui en dit long sur le cheminement de nos “héros” qui, après le Gouverneur, le Terminus et la Croix Blanche, ne sont plus vraiment d’humeur à faire des concessions.

 

 

L’autre gros morceau de Coda se déroule naturellement dans l’hôpital de la Croix Blanche et repose sur les rapports ambigus entre Beth et Dawn. La dernière fois, celle-ci s’était montrée presque humaine en permettant à l’adolescente de sauver la vie de son amie, ce qui semblait prouver qu’elle n’était pas le monstre d’insensibilité que l’on pouvait croire et que tout le système corrompu existant ne reposait pas sur ses simples épaules. Seulement voilà, il faut se rappeler de la façon dont la communauté procède pour “coexister” (à savoir, la loi du plus fort), et de la même manière que le docteur qui avait manipulé la jeune femme en lui faisant donner le mauvais médicament à un patient (souvenez-vous, ce dernier était également médecin et aurait pu lui prendre sa place), Dawn a en fait agit dans son propre intérêt avant tout.
Une conversation montre que la meneuse fonctionne toujours sur cette méthode de contrepartie, et d’ailleurs elle marchande justement avec sa servante. Lui avoir permis de sauver Carol n’est pas sans avoir un prix, et si Beth refuse d’entrer dans la combine, Dawn lui fait savoir qu’elle peut toujours l’inculper pour le meurtre du flic vicieux dont elle a causé la mort il y a quelques épisodes. Le point de vue diamétralement opposé entre les deux femmes est tel que l’on s’attend presque à ce que l’une tente de s’en prendre à l’autre, par pur instinct de survie. Et les choses se compliquent avec l’apparition inattendue d’une tierce personne, un flic qui vient d’entendre toute la discussion et qui réalise que non seulement Beth est responsable de la mort d’un de ses collègues, mais que Dawn l’a couverte afin qu’elle serve ses intérêts personnels et puisse renforcer sa position de leader au sein du groupe. En résulte une alliance le temps du conflit, un combat qui oblige les deux ennemis à se débarrasser d’une menace commune. Une séquence très bien faite par ailleurs, rien à redire et cela vaut la peine d’être noté. Après quoi on ignore encore si cette union reste temporaire, ou si elle va changer les choses entre les deux personnes d’ici la conclusion de l’épisode.

 

 

Et au final, lorsque les deux camps se retrouvent face à face, c’est leur incessante dispute qui vient conclure toute cette story arc. Pour une raison a priori étrange et stupide, Dawn accepte de rendre Beth et Carol aux siens mais exige que Noah reviennent parmi eux en échange. Une manière en réalité de tout ramener à elle et ses principes d’échanges et de compensation encore une fois. Si le jeune homme accepte, comprenant qu’un refus pourrait transformer la scène en un massacre inutile, Team Rick refuse en bloc. Et à raison, puisque sous couvert de remplacer la perte de main d’œuvre, il s’agit surtout pour Dawn d’assurer son statut de leader (elle ne ramène non pas deux otages, mais trois, donc un de plus que le groupe d’en face) et de garder un esclave personnel. Sa demande est purement égoïste sous couvert du travail de groupe.
Comme prévu c’est cet acte qui va définitivement condamner Dawn. Maintenant, il est difficile de dire si Beth se sacrifie ouvertement afin de lui prouver ses torts (en sachant qu’elle sera vengée immédiatement) ou si sa mort reste purement accidentelle. Mais son choix de rébellion et d’attaque est purement réfléchi. Entourée de son groupe, réalisant que Dawn est lâche au point de jouer la carte d’une dernière demande pour ne pas perdre face, Beth agresse la meneuse et la prend totalement par surprise. Celle-ci presse la détente par réflexe et tue son ennemi sans même le vouloir. Le résultat, désiré ou non, est là: la mort de l’adolescente signe celui du règne de Dawn. L’instant d’après, lorsque Daryl l’exécute en représailles, le clan de la Croix Blanche décide de ne pas s’impliquer, considérant que toute la situation ne découle que de ses actions personnelles, et non pas de ceux du groupe.

 

 

Comme pour bien enfoncer le clou, alors qu’ils proposent un refuge à Team Rick en considérant qu’il serait stupide et suicidaire de rester au-dehors et que leur communauté ne peux pas être pire, Rick répond simplement “Non.” avant de tourner les talons lorsqu’il comprend que les membres de la Croix Blanche sont trop lâches pour risquer une vie hors du bâtiment. Et effectivement, déprendre de soi-même dans un milieu hostile, aussi horrible et difficile que cela soit, est toujours plus une forme de liberté (et donc de vie) que de s’enfermer dans une zone sécurisé où l’individualisme disparaît au profit d’une entité de groupe plutôt floue, désorganisée et sujette aux pires bassesses au nom d’une hiérarchie autoritaire.
Une conclusion honnêtement assez bien faite, avec notamment une forme de surprise concernant le sort mêlé de Beth / Dawn. On sait que cela va arriver, c’est inévitable, mais le moment est si abrupt qu’on peut être surpris par la mise en scène. Même s’il n’y a pas de quoi réhabiliter la série, voir même juste ce début de saison, c’est un très grand effort et l’épisode en ressort beaucoup plus profond et éloquent que d’ordinaire. Hélas, et oui, tout n’est pas parfait pour autant. Comme ce mid-season signifie un retour à zéro pour Team Rick, les auteurs choisissent de réunir chaque groupe afin de repartir sur de bonnes bases à la rentrée. En soit je ne peux qu’applaudir la décision, tant la narration fragmenté aperçue dans Crossed rendait la série tout bonnement impossible à suivre. Maintenant je ne peux m’empêcher de rire quand même en voyant que tout ce petit monde fini par se retrouver en quelques instants et sans aucune difficulté, pour au moins la troisième fois en deux saisons. Combien de fois vont-ils pouvoir nous faire croire que Team Rick va se diviser pour de bon, sans aucun espoir de se réunir ? Peut-être que le(s) showrunner(s) joue(nt) sur cette rumeur de spin-off qui perdure depuis quelques années déjà, mais ça en devient franchement comique maintenant.

 

 

L’équipe d’Abraham n’a droit à aucun traitement particulier. La fin de Crossed laissait sous-entendre que l’ancien soldat parvenait à trouver un semblant de paix intérieur et à pardonner Eugène et c’est sûrement ce qui est arrivé. En l’état, tout le monde se retrouve dans le camion pour retourner à l’église et se réunifier avec leurs camarades. Cela permet d’éviter de perdre du temps dans l’intrigue principale et c’est tout le mieux qu’on pouvait en espérer. Mais ensuite l’épisode se focalise sur le prêtre et ses agissements des plus stupides. Ayant fuit car ne parvenant pas à accepter le massacre qui a eu lieu dans son édifice religieux, celui-ci se rend à l’endroit décrit par Bob (le Bob qui est mort auparavant, pas celui de la Croix Blanche) afin de s’assurer qu’il disait la vérité, et que Gareth et les siens étaient bel et bien des fous cannibales sans pitié. Il y retrouve le pied calciné du défunt sur une grille de barbecue, confirmant ses dires et montrant à l’homme de foi que Team Rick est du bon côté. Comment a t-il pu remettre en cause une situation qui était pourtant extrêmement claire est au-dessus de moi. De n’est pas comme s’ils avaient retrouvé Bob, terrifié et mutilé, et qui n’aurait aucune raison de mentir sur son sort. Et ce n’est pas comme si le prêtre n’avait pas vu les cannibales infiltrer son église afin d’exécuter sommairement les membres sans défenses du groupe…

Oh attendez… C’est EXACTEMENT ce qui s’est passé !

Cet idiot attire l’attention d’une bande de zombies qui a vite fait de le poursuivre, l’obligeant à revenir sur ses pas et demander de l’aide à Carl et Michonne. Ce qui signifie qu’il met donc les enfants en danger en plus de faire perdre définitivement le dernier point de chute de Team Rick. Voilà qui va nous aider à apprécier le personnage. J’étais même extrêmement perplexe quand à son utilité narrativement parlant, jusqu’à ce que je vois la scène d’après-générique qui conclue Coda. Comme dans le premier épisode, celle-ci nous montre l’errance de Morgan qui débarque maintenant dans l’église saccagée et découvre via une carte que Rick Grimes est toujours vivant. J’imagine que ce détail va avoir son importance pour la prochaine intrigue de la saison et en me remémorant la dernière apparition du personnage (saison 3, épisode 12, Clear), je me souviens qu’il avait presque sombré dans la folie suite à la mort de son fils. Nihiliste, désabusé, il avait visiblement fait une croix sur l’Humanité. Et à le voir ici, déposant quelques offrandes sur l’autel de l’église en échange de ce qu’il y récupère, je me dis que The Walking Dead va peut-être en faire une sorte d’illuminé dont l’idéologie sera mise en confrontation avec celle de ce prêtre. Ce qui expliquerait la présence de ce nouveau venu dans l’équipe et le fait qu’il n’ait pas encore véritablement fait ses preuves en tant que protagoniste…

Pour ma part j’ignore encore si je ferais une nouvelle série de compte-rendu épisode par épisode, car j’ai quand même l’impression de me répéter en boucle constamment concernant les “qualités” du show. Et je suis certain que cela ne risque pas de changer avec la nouvelle fournée à venir…

 

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