Après deux décénnies de bons et loyaux services, il est peut-être temps de se retirer. C’est du moins une idée qui résonne depuis un moment et que j’ai déjà maintes fois évoqué ces dernières années. Plusieurs raisons à cela, sur lesquelles je ne reviendrais pas, mais néanmoins l’une d’elles ne m’a pas lâché pendant un moment: l’exercice de chroniquer œuvres après œuvres est un peu vain puisqu’il est impossible de parler de tout. Un problème qui n’affecte pas l’amateur de base, qui se contente des choses connues et facilement accessibles, mais qui devient un calvaire pour celui qui aime creuser et dénicher, et se retrouve avec une mane infinie de sujets. Jusqu’ici l’un des trucs qui me faisait tout remettre en question était le manque de réaction de la part du public, avec cette sensation de n’intéresser personne. Désormais, ayant abandonné l’idée de “partager” mes découvertes, je dois accepter le fait que je ne pourrais jamais atteindre mes objectifs personnels faute de temps. C’était quelque chose dont j’avais un peu parlé la dernière fois, cette réalisation que la vie quotidienne limite le temps libre et qu’il faut apprendre à se limiter, sélectionner voir abandonner. C’est d’ailleurs ce que j’ai fais récemment: jeter tous mes vieux projets à la poubelle une bonne fois pour toute. Beaucoup de choses qui trainaient depuis longtemps mais sans cesse bloquées ou repoussées par le manque de moyens, de motivations ou de personnes avec qui les réaliser. J’ai ainsi renoncé à poursuivre certains collaborateurs, certains textes, certaines vidéos, me dégageant en un sens d’absolument tout en-dehors de ce site (et de ma profession). De quoi se consacrer entièrement à la rédaction, pas vrai ? Et pourtant, rien ici depuis Dragon Fury…
Alors non, je ne vais pas prétendre encore une fois tout plaquer par dépis ou fatigue, cependant il faut admettre qu’aux alentours d’Halloween est venue une sacrée remise en question. Car oui, je le reconnais, mes articles sont trop longs, trop contraignants, et si je suis volontier partant pour écrire un essai de dix-huit pages sur les origines secrètes du monstre de Creepozoids, le reste de l’univers s’en tape. D’un autre côté ma mise en page avec ces jolies captures d’écran a de la gueule, et diminuer mes textes reviendrait à diminuer le nombre d’images, ce qui aurait pour effet vicieux de me faire perdre les quelques mateurs qui passent ici et lisent en diagonales quelques paragraphes. Alors que faire ? Persister dans cette voie comme je le fais depuis dix ans sans que rien ne change jamais, ou essayer une autre méthode ? J’ai opté pour cette option et me voilà donc à plancher sur un nouveau projet – mon dernier projet. Cataloguer le plus possible avant “la fin”, en faisant toujours plus court et plus simple. Fini les recherches, les vérifications, les tournures de phrases réfléchies, le but étant juste de présenter les choses pour attester de leur existence. Un concept qui n’a rien de nouveau et le fondateur de Mad Movies lui-même avait testé la formule avec son incomplet Fantastic Guide (tout comme Damien Granger avec ses B-Movie Posters). En fait ce sont plutôt The Psychotronic Encyclopedia of Film et The Psychotronic Video Guide de Michael J. Weldon qui m’auront inspiré, véritables bibles du cinéma de genre mélangeant monstres gluants et catcheurs mexicains, bikers violents et extraterrestres belliqueux, Nazis sadiques et hardeuses à gros seins. Des livres qui auront fait des émules jusqu’à ce que Internet les rendent obsolètes.
Car entre l’Internet Movie Database, Wikipédia et de grands sites spécialisés, toutes les informations sont désormais disponibles en quelques clics, même pour les œuvres les plus obscures, et centraliser tout ça paraît bien inutile. J’oserais arguer que, au contraire, nous aurions besoin de retourner à ça justement à cause de la façon dont Internet à tout exposé. Car il existe désormais tant de films, de courts ou longs métrages, de titres perdus ou restaurés, que même un expert peut s’y perdre. Fut un temps où je pouvais mentionner de tête tous les Amityville dans l’ordre chronologique. C’est désormais impossible. Entre DVD, VOD et plateformes streaming, le marché est tellement saturé que d’innombrables films disparaissent comme par enchantement, aussitôt ensevelis par de nouvelles productions, et il est presque possible de découvrir par hasard un film que personne d’autre ne verra jamais, faute de savoir où le trouver. En ce sens revenir au catalogue n’est pas une si mauvaise idée, même si se pose un soucis: faire de constantes udpdates, impossible sur un ouvrage imprimé à moins d’en publier cinquantes nouvelles éditions tous les ans, ou de le fragmenter en petits numéros qui seraient alors indissociable du fanzine et peu réunifiant. C’est Rigs Mordo, l’ancien gardien de la Toxic Crypt, qui m’a offert la solution: le webzine, qui ne coûte rien et dont le fichier .pdf peut se modifier régulièrement. J’y ai même vu une méthode simple: créer de courts numéros de taille variable selon mon temps libre, puis une sorte d’Omnibus annuel réunissant tout avec quelques inédits en bonus, qui serait à chaque fois révisé pour en faire une sorte de Bible très complète. Y a plus qu’à, comme on dit.
Après un temps de réflexion, me voici donc à la phase test, avec pour l’heure 45 chroniques faites depuis le mois de Mars. Bon, il y a bien quelques courts-métrages dans le lot qui sont plus rapide à faire, mais visez plutôt: Captain Voyeur de John Carpenter, ça en jette quand même, non ? Alors vous me connaissez, ces articles ne font pas que trois lignes de longs (j’ai presque essayé une fois remarquez, et personne ne l’a jamais lu non plus) mais je me suis restraints sur une longueur de 30 à 40 lignes maximum afin d’écourter au mieux. Bien sûr j’ai fini par déborder et la moyenne commence plutôt à approcher les 50-60 lignes, certaines entrées nécessitant quand même un peu de présentation, mais c’est toujours mieux que mes trois pages habituelles et des coupes sont toujours possible d’ici publication. Si publication il y a. Car comme je l’ai dis, ceci est mon dernier projet. Il ne remplace pas le site qui va continuer à exister et abriter des articles sur tous les autres trucs qui n’ont pas leur place dans le catalogue (euh, de tête surtout des pin-ups) et j’expérimente encore avec la possibilité de laisser tomber si cela n’abouti à rien de convenable. J’ai un temps pensé offrir une version test de quelques pages en cadeau avec cet article, mais je me suis heurté à un mur: mon incapacité à créer une maquette. De la retouche d’image au choix de la police de caractère, en passant par tout le reste, je ne sais même pas par où commencer. Je n’en est pas les compétences, et j’avoue ne pas vouloir apprendre puisque cela me ferait perdre du temps d’écriture, ce qui serait tout le contraire de ce que j’essai de faire !
La seule chose que j’ai est ce titre plutôt lamentable, portemanteau de deux mots qui me semblaient important pour imager le projet: Necronomicon et Psychotronique. Le premier parce que le mot “Bible” et le caractère sacré qu’il implique me paraît contraire aux genres abordés, souvent conspués, ridiculisés et mal-aimés, le grimoire sombre me paraissant du coup plus adapté. Le second parce que les termes opposés de cinéma Bis et Nanar ne correspondent pas vraiment à ma vision des choses, Michael J. Weldon ayant toujours déclaré sont amours pour le cinéma “autre” sans le ridiculiser mais sans le sacraliser non plus. Et puis cela ramène aux racines de mon inspiration, un hommage en quelque sorte. Un grimoire psychotronique. Le Psychotronomicon. Patientez donc un peu voir si j’arrive à lui donner naissance, ce qui ferait de cette 21ème année le début d’un nouveau cycle pour It Came From the 5th Dimension !, sinon au pire je balance tout ça à l’arrache ici-même, ça fera toujours du contenu pour justifier l’existence du site et le paiement annuel à l’hébergeur.
Bonne nouvelle, on commençait à s’inquiéter. Depuis quelques temps c’est l’hécatombe chez les bloggers, les sites ne sont plus mis à jour, etc. Concrètement tout se passe désormais sur les R.S, la fréquentation des petits sites spécialisés est en chute libre depuis des années, et je pense que c’est valable pour tout le monde, malheureusement.
Bref, j’ai hâte de lire ton webzine !
A bientôt.
Oui j’ai repéré ça également, tout semble mort et les échanges se limitent à quelques lignes sur Facebook ou Twitter X. Ce qui me désole, mais bon, on ne peut pas forcer l’intérêt des gens.
Merci de ton intérêt en tout cas.
Demat,
Hâte de voir le résultat!
Courage, tout le monde ne s’en tape pas.
Merci c’est gentil, parfois j’ai du mal le croire mais ce genre de message motive bien 😉