Sans préparations, sans recherches, sans analyses et sans talent, les chroniques du Mental Hurlant ne sont que les réactions retranscrites sur le vif d’un esprit-spectateur, perdu dans ses souvenirs, ses plaisirs et ses déceptions selon le temps et l’humeur. Voici une retranscription de ce qui se déroule dans ce cerveau à l’évocation du sujet suivant…
12 Rounds 3: Lockdown
(2015)
Et de trois. Après The Marine, voici venir la nouvelle franchise favorite de WWE Studios, la branche cinéma de la plus grosse boite de catch de tous les temps. Et pourquoi pas, puisque le principe même de 12 Rounds se prêtait bien à l’exercice, chaque scénariste pouvant imaginer tout un tas d’épreuves musclées que devra traverser la Superstar sélectionnée pour tenir la tête d’affiche. Après John Cena et Randy Orton, deux vedettes désormais “vieilles” et issues de la PG Era (comprendre l’ère “pour enfants” instaurée vers la fin des années 2000, et succédant à l’Attitude Era, qui était l’équivalent des 90s “extrêmes” des comics), voici venir l’ex-leader du Shield, Dean Ambrose, personnage de chien fou depuis la dissolution de son équipe.
Comme je me doute que personne ne sait de quoi je parle, voilà les grandes lignes: la WWE est la grande firme américaine qui a su s’affirmer au-delà du territoire US et imposer des performeurs comme Terry “Hulk” Hogan, Dwayne “The Rock” Johnson ou encore Dave “Batista” Bautista, sur le ring comme sur l’écran. Depuis les années 2000, le président Vince McMahon a décidé de fonder une branche spécialisée dans le développement de films, afin de faire la promotion de ses poulains. Des petits et moyens budgets, parfois du partenariat avec quelques séries télés (l’hilarante Psych, entre autre) ou avec des compagnies comme Lionsgate. Du film d’action essentiellement, encore que les responsables n’hésitent jamais à verser dans l’horreur avec See No Evil ou le reboot du Leprechaun. Et malgré le cachet ultra nanar de la plupart de ces œuvrettes sans prétention, il fallait reconnaitre une certaine qualité à l’ensemble au tout début. The Condemned, notamment, avec Stone Cold Steve Austin, ou le premier 12 Rounds, sorte de Die Hard 3 version Renny Harlin (le vrai Die Hard 2 II, alors ?).
Hélas, les choses ont très mal évoluées. Parfois la WWE se retrouve, on ne sait comment, impliquée dans la production de films sympas mais sans aucun catcheur au générique (The Day, du petit post-apo agréable), ou bradant leurs talents au rang de simples figurants (Wade Barrett dans Dead Man Down, au côté de Colin Farrell et Noomi Rapace, ou That’s What I Am, où Orton croise Ed Harris). S’ensuivent quelques productions encore passables mais pas transcendantes (The Reunion, petit thriller avec John Cena, Les Reines du Ring, comédie française qui tient plus de l’arrangement financier qu’autre chose) puis on touche le fond avec le contrat récent signé avec la Lionsgate. Un deal multi-titres qui commence très mal avec, coup sur coup, les horribles See No Evil 2 et Leprechaun: Origins déjà chroniqués sur ce blog. Vient ensuite un projet de six films d’actions, débuté avec un Vendetta encore potable grâce à son scénario, puis ce 12 Rounds 3 qui fait un peu peine à voir.
Comme tous les autres rejetons du contrat WWE/Lionsgate, ce DTV marche à l’économie et ça se sent. C’était déjà le cas avec 12 Rounds 2: Reloaded, mais au moins celui-ci s’amusait un peu avec son concept, passant du clone de Die Hard au clone de Saw, les explosions et coups de pétoires en plus. Ici le principe n’est même pas retenu, préférant détourner le titre au sens littéral. Ainsi, alors que 12 Rounds et sa suite mettaient en scène un pauvre quidam obligé de triompher de 12 épreuves physiques et mentales afin sauver l’être aimé, 12 Rounds 3 préfère utiliser le mot round dans le sens munition du terme. Et le scénario de simplement rejouer Piège de Cristal, où le dilemme repose sur le fait que le héros possède autant de balles qu’il y a de bad guys ! Pas le droit à l’erreur sous peine de se retrouver désarmé face à une bande de tueurs très énervés…
Pourquoi pas, à vrai dire ? Le film de McTiernan a déjà donné naissance à un sous-genre du cinéma d’action qui compte maintenant une bonne centaine d’avatars, et le côté huis-clos du récit convient parfaitement à un budget réduit. D’autant plus que les scénaristes s’amusent à mettre les bons et les vilains dans des positions inversées par rapport au modèle ! Ainsi les antagonistes font partis de la police, sont en contact avec les autorités assiégeant le building et passent pour les bons, là où leur adversaire est assimilé à un fou dangereux qu’il convient d’éliminer. En échange, alors que les “terroristes” du Nakatomi Plaza attendaient patiemment une coupure de courant générée par les forces de l’ordre afin d’avancer dans leurs plans, c’est ici le héros qui espère y avoir droit, ce qui lui permettrait de passer le coup de fil qui l’innocentera.
Toutefois il faut reconnaitre que ce point de départ n’a rien de particulièrement palpitant, et la réalisation ne fait rien pour arranger les choses. C’est le contraire, même, puisque tout est filmé platement, sans prises de risques, sans envie de montrer l’action comme quelque chose de dynamique. On s’endort facilement devant les fusillades qui se limitent à du champ/contre-champ, et les empoignades musclées qui auraient dû être violente grâce au style bagarreur d’Ambrose paraissent vide d’énergie, et sont hachées menue par un mélange de mauvais cadrages (des plans trop serrés et jamais là où il faut) et un montage ultra-rapide ne laissant jamais le temps de comprendre ce qui se passe.
Il n’y a aucun sadisme pour palier à l’absence de violence graphique, il n’y a aucun second degré pour faire passer la pilule du script mainte fois rabâché, il n’y a aucune surprise faisant rebondir l’intrigue (peut-être un retournement de veste de la part d’un protagoniste, mais à ce stade là plus personne n’y fait attention), pas même un bon vieux second couteau pour égayer le casting d’anonymes qui n’a aucun charisme. A la place on se retape les grandes lignes de Die Hard en tâchant de voir quel détail a été changé, et on espère que Dean Ambrose mettra une raclée digne de se nom à l’un de ses ennemis. Même pas: le traitre de service est abattu par son partenaire de crime et l’ennemi juré du héros se fait simplement arrêter à la fin du film. Les autres sont tués à la chaine sans aucune espèce de mise en scène ou d’originalité. Il y a bien ce pauvre gars qui se fait exploser à la grenade, au terme d’un combat à mains nues où le vainqueur enlève les goupilles des explosifs alors accrochés à sa veste, mais l’effet est purement digital et le corps “disparait” d’une image à l’autre, remplacé par des CGI bas de gamme…
Quant à Dean Ambrose, jamais il ne retrouve la fougue dont il peut faire preuve sur le ring ou durant les vidéos promos diffusées durant ses émissions de télé. Et bien que les personnages insistent pour le présenter comme fou, instable ou imprévisible (bref, exactement comme à la WWE), jamais il ne dit ou fait quoique ce soit qui en témoigne. Il n’a même pas l’air particulièrement énervé ou perturbé par ce qui lui arrive, il semble tout simplement n’en avoir strictement rien à foutre et garde le même ton neutre et imperturbable durant tout le film. Quel gâchis pour celui qui était la tête pensante du Shield, l’ultime provocateur, fonçant tête baissée quoiqu’il arrive. Même son inintéressante feud actuelle avec la Wyatt Family à plus de punch que ça.
Au point où on en est, on peut même carrément dire que la manière dont il a quitté le ring (kayfabe), pour partir tourner le film, été bien plus hardcore que tout ce qui se déroule dans ce 12 Rounds 3 ! Ainsi au cours d’un match contre son ancien équipier et désormais pire ennemi, Seth Rollins, Ambrose est neutralisé par celui-ci et ses alliés. Il se retrouve alors le visage fracassé contre des blocs de ciment, son adversaire lui sautant à pied joint sur le crâne qui s’en va briser les parpaings ! Pour de faux évidemment, mais visuellement bien plus réjouissant et brutal que l’ensemble de cette nouvelle séquelle ! 12 Rounds 3: Lockdown espère se la jouer Die Hard premier du nom, c’est à peine s’il se hisse au niveau du Blast de Albert Pyun. Au moins dans celui-ci, il y avait Rugter Hauer qui fonçait en fauteuil roulant sur Andrew Divoff avant de l’éparpiller au C-4, le véhicule étant piégé !
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