Robert Forster (1941-2019)

 

Il y a quatre jours s’est éteint l’acteur Robert Forster, mort à l’âge de 78 ans d’une foutue tumeur au cerveau. Une triste fin pour cet homme qui forçait naturellement la sympathie par son simple charisme. C’était comme ça, il n’y pouvait rien: aussitôt qu’il apparaissait à l’écran, on ne pouvait s’empêcher de le trouver cool. Fils d’un entraineur pour éléphants de cirque (!), il n’a jamais vraiment accédé à la grande célébrité même si les médias et le grand public se rappellera l’avoir vu chez Quentin Tarantino avec Jackie Brown et surtout dans Breaking Bad, l’un des plus grands hits télévisés de notre temps. Et hélas, c’est généralement à ça que la masse populaire limite sa carrière. C’est encore une fois l’amateur de série B qui se sera le plus régalé de sa présence à travers tout un tas de titres allant du film culte à l’obscure DTV dont personne n’a jamais entendu parlé.

 

 

Par décence, évoquons tout de même ses apparitions chez les “grands”: il tourna avec Gregory Peck dans le western L’Homme Sauvage, croisa George Clooney dans The Descendants et bossa sur une grosse production Disney dans les années 70: c’est l’inénarrable Black Hole avec Anthony Perkins et quelques robots. David Lynch tenta de l’obtenir pour Twin Peaks, mais un conflit d’agenda contraignit l’acteur à refuser. Le cinéaste le retrouva des années plus tard pour le revival de la série où il joue le frère de ce personnage, remplaçant pour le coup son propre substitut qui ne pouvait reprendre son rôle ! Entre les deux, le réalisateur l’embaucha aussi sur Mulholland Drive. Avec Jackie Brown, Robert Forster dragua Pam Grier, donna la réplique à Michael Keaton et se retrouva nominé à un Academy Award. Breaking Bad lui valu quand à lui un Saturn Award

 

 

Mais c’est finalement dans le cinéma d’exploitation qu’il se révéla le plus, travaillant avec quelques pointures: il joua pour Mark L. Lester dans Stunts, pour Bert I. Gordon dans La Princesse de Satan et surtout pour Larry Cohen dans le célèbre Vigilante, un film de d’auto-justice percutant où il côtoie Fred Williamson et Joe Spinell. Il retrouva ce dernier dans Walking the Edge tandis que le metteur en scène le reprit dans Maniac Cop III, où il partage l’affiche avec Robert Z’Dar et Robert Davi, puis dans le slasher Uncle Sam. Parmi ses autres partenaires de scène citons Richard Roundtree (le méconnu The Banker), Viggo Mortensen et Michael Nouri (American Yakuza), James Spader et Lou Diamond Phillips (le nihiliste Supernova, massacré au montage par les producteurs), et bien sûr Chuck Norris dont il est l’adversaire dans Delta Force, sous les traits caricaturaux d’un terroriste arabe nommé Abdul !

 

 

Dans le mexicain Counterforce (ou Escuadrón, parce que c’est plus drôle), il s’entoure de Jorge Rivero, George Kennedy et Isaac Hayes, tandis que le diptyque génialement bourrin La Chute de la Maison Blanche / de Londres le montre aux côtés de Gérard Butler et Morgan Freeman. Plus improbable encore: le Acts of Vengeance de Isaac Florentine (les Ninja et Undisputed avec Scott Adkins), qui le réunit avec Antonio Banderas et Karl Urban. En bref Robert Forster a mangé à tous les râteliers, et avec tout le monde. On le vit aussi bien dans du monster movie (L’Incroyable Alligator, où il se fait vanner sur son début de calvitie), du thriller érotique (Body Chemistry III) ou du DTV bien Bis (Scanners: The Showdown, alias Scanner Cop 2, alias Scanners 5 !) que dans du blockbuster foireux (Charlie’s Angels 2, l’horrible remake de Psychose). Sans parler de bizarreries difficiles à expliquer tel ce maudit D-War

 

 

Pour la forme mentionnons aussi Rise: Blood Hunter, film de vampires parfaitement anecdotique mais avec une Lucy Liu en soutien-gorge. C’est toujours ça. Question télé, l’acteur participa évidemment aux gros titres d’autrefois (Arabesque, Magnum, Walker Texas Ranger), mais surprit quand même en figurant dans Tales From the Darkside et en s’essayant au doublage de dessins animés. Outre un passage sur Les Simpsons, il prêta sa voix à Justice League Unlimited, à la version 2012 des Tortures Ninjas (peut-être bien la meilleure) et même à la très bonne adaptation de Spawn chez HBO ! Nul doute que s’il avait pu continuer, il aurait sûrement rallongé son CV dans ce registre également. En guise d’adieu surprenant, sa toute dernière apparition à l’écran avec le film El Camino, une continuation de Breaking Bad, se fit le jour même de sa mort !

Pas nécessairement le Bang espéré vu la qualité toute relative de cette séquelle, mais tout de même une sacré coïncidence qui ne manque pas d’interpeller.

 

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