Constantine (1.01)

 

Constantine
Ep.1.01

Non Est Asylum

 

Bollocks

 

 

On se goinfre assez de Batman comme ça et la série Gotham ne fait donc pas partie de mes priorités. Avec l’arrivée prochaine de Avengers 2 du côté Marvel, DC Comics semble s’investir plus que jamais dans sa division cinéma et passe son temps a faire le buzz a propos de ses futurs projets (on nous sort un calendrier de film sur plusieurs années alors qu’aucun script n’est encore écrit), et a nous matraquer de pubs a propos de ses show télé comme Gotham, Arrow et le nouveau venu Flash. Malgré tout mon amour pour cet univers, et bien que je sois un fidèle lecteur, tout ceci me laisse de marbre pour rester poli. De toute façon je suis certainement de ceux qui n’ont pas encore bien digéré le “reboot” New52 et cela m’a rendu assez sélectif concernant les productions DC. Et a vrai dire, ces séries m’apparaissent surtout comme de nouveaux Smallville.
En revanche j’étais assez impatient de découvrir cette nouvelle version de Hellblazer depuis son annoncement. Avec Gotham qui commence juste, j’ai l’impression que la maison d’édition ne mise pas vraiment sur sur cet autre show pour se faire de l’audience et son arrivée fait beaucoup moins de tapage que ses aînés. En fait j’ignorais même que l’épisode pilote avait déjà fuité sur le Net quelques temps auparavant ! Mais si Constantine passe un peu sous silence, il faut avouer qu’il se trimballe un lourd passé avec cette risible adaptation de 2005, et même neuf ans plus tard, un doute subsiste. Est-il vraiment possible de mettre en scène ce détective de l’occulte, ce britannique buveur et clopeur qui n’a absolument rien d’héroïque et qui tape même sur les nerfs de beaucoup de super-héros ?
S’il est encore trop tôt pour se prononcer avec certitude, j’aurai quand même tendance a dire que oui. Totalement. Constantine version télé s’annonce encourageant et pourrait même devenir un must-see pour peu que la saison soit bien prise en charge par les responsables.

 

 

Parmi ceux-là, on retrouve quelqu’un de très connu: David S. Goyer. De Blade à Man of Steel, en passant par le Batman de Christopher Nolan, il est un peu l’homme du moment concernant cette (longue) période “comic-book” au cinéma. Capable du meilleur comme du pire, et on se souvient tous de la débâcle que fut Blade: Trinity pour n’en citer qu’une, le scénariste aurait très bien pu remodeler le personnage de John Constantine pour en livrer une version peu flatteuse sur le petit écran. Et considérant son point de vue sur She-Hulk et Martian Manhunter, il serait légitime d’avoir des craintes. Heureusement le résultat se montre des plus respectables et, bien qu’il ne s’agisse que d’un premier épisode, cela laisse envisager le meilleur pour la suite. En fait Goyer partage ici le scénario avec une autre personne, donc il est difficile de porter un véritable jugement à ce propos…
Quoiqu’il en soit, Non Est Asylum est une entrée en matière tout ce qu’il y a de plus banale pour un univers aussi riche et si cela peut rebuter les fans de la première heure, il faut quand même rappeler que le but est surtout de sensibiliser le grand public. Il est donc évident que l’intrigue ne puisse pas être particulièrement complexe et que les péripéties qui en découlent soient limitées dans un premier temps. Donnons a Constantine le bénéfice du doute, d’autant que la série fait mieux en 40 petites minutes que tout le film de 2005 avec pourtant la même histoire !

 

 

Le prologue présente un John Constantine au bout du rouleau qui s’est volontairement fait interner a l’asile de Ravenscar, afin de surmonter la culpabilité qui le ronge. Quelques temps plus tôt il fut amené a exorciser une gamine de neuf ans, Astra, et conjura un puissant démon du nom de Nergal afin d’effrayer la créature ayant possédé l’enfant. Malheureusement le monstre invoqué était incontrôlable et tua la petite, emportant son âme en Enfer où elle souffre désormais pour l’éternité.
Accablé de remord, Constantine se laisse aller aux électrochocs et aux thérapies de groupe en espérant remonter la pente, mais un esprit vient l’avertir d’une sombre affaire, l’obligeant a reprendre son travail. Il doit maintenant retrouver une jeune femme du nom de Liv Aberdine, fille d’un ami et collègue décédé, qui est en danger de mort. Parce qu’elle possède le même don que son père, elle est devenue la cible du démon Furcifer et notre spécialiste de l’occulte doit non seulement trouver un moyen de la protéger, mais aussi de lui expliquer son héritage dont elle ignore tout.
Un script simple qui reprend pourtant pas mal d’éléments qui composaient déjà la version 2005: un John Constantine lessivé qui se sait damner pour l’éternité, et se disputant avec un Ange qui lui reproche sa façon de vivre, une jeune femme innocente se retrouvant catapulté dans un monde surnaturel dont elle ignore tout, ainsi que la mort et la résurrection de Chas, le meilleur ami de Constantine. Assez troublant.

 

 

Pour ceux qui pense qu’un sentiment de répétition est normal étant donné que les deux œuvres s’inspirent de la même BD (il y a ici, il est vrai, un peu de Dangerous Habits, une histoire de Garth Ennis, via le destin funeste du héros) et bien… non, tout ceci était exclusif au film de 2005 ! Ou bien le concept de la demoiselle en détresse plaît aux scénaristes américains, ou bien ils sont victimes d’un sacré manque d’imagination alors qu’ils travaillent sur un univers où l’on peut faire a peu près tout et n’importe quoi.
Mais pourtant, allez comprendre, cette fois ça fonctionne très bien. Peut-être grâce au soin apporté aux personnages et a leurs interactions, et tout particulièrement à Constantine lui-même qui est brillamment interprété par Matt Ryan et assure le spectacle a lui tout seul. Oubliez Keanu Reeves et son jeu mono-expressif, ici notre exorciste est charismatique, sarcastique, il plaisante, il pleure, il gueule, il noie son chagrin dans l’alcool en dissertant sur les Ramones et les Sex Pistols. Et il est blond et british. Seule sa manie de fumée est étrangement absente, même si on le voit régulièrement manier le Zippo. Peut-être les producteurs souhaitaient-ils éviter d’appuyer sur un autre élément déjà vu dans le film…
Bref c’est un quasi sans faute pour ce qui demeure l’attraction principale de la série télé et on peut déjà affirmer que suivre John Constantine sera des plus agréables… Du moment que les scripts tiennent la route !

 

 

Son fidèle compagnon Chas, conducteur de taxi, est aussi appréciable. De toute façon il aurait été difficile de faire pire que la version Shia LaBeouf. Le show semble lui ajouter un certain pouvoir, alors qu’il n’est censé être qu’un être humain ordinaire, et Constantine le décrit comme possédant de “grands talents de survie”. Ce qui se traduit ici par une énigmatique résurrection alors qu’il a été empalé par un démon ! Affaire a suivre.
Le reste du casting cherche encore ses marques, comme ce personnage d’Ange descendu sur Terre pour “guider” Constantine et l’amener a faire le Bien autour de lui. Assez anecdotique pour le moment, il apparaît malheureusement trop stéréotypé pour être appréciable et il faut espérer que le reste de la saison lui donne un peu plus de choses a faire que de jouer les moralisateurs. Quant a Liv, elle est tout simplement inutile. Son rôle se limite a être le repère du spectateur, ce protagoniste qui pose les questions et qui permet d’introduire petit à petit les éléments fantastiques dans un réalité a priori banale. Et tout comme l’Agent Myers dans Hellboy, elle n’a malheureusement pas de rôle ni de personnalité en-dehors de cette fonction ! Pour le seul personnage féminin de la série, autant dire que c’est une déception et les responsables ont dû s’en rendre compte puisque l’actrice a été congédiée et son personnage écarté de la série !
Cela s’en ressent un peu lors de l’épilogue, où Liv est témoin d’un meurtre d’origine surnaturel. Il semble évident qu’elle devait prendre conscience de son talent et ainsi prendre la décision d’aider Constantine dans ses aventures, mais la conclusion amène le résultat opposé. Son personnage ne réapparaît plus et c’est à un autre d’expliquer pourquoi elle a préféré de fuir et ne pas s’impliquer dans cet univers paranormal. Si l’exécution est maladroite, on ne peut qu’approuver cette décision de ne pas poursuivre dans une mauvaise direction, et sa remplaçante s’annonce immédiatement plus intéressante. Zed, une ex de Constantine, également versée dans l’occulte et qui possède ses propres talents. Une sidekick qu’on ne se traînera pas comme un boulet, ce qui est un soulagement.

 

 

D’autres personnages sont a prévoir et c’est rien de moins que le Spectre, alias l’esprit de la Vengeance personnifié, qui va apparaître cette saison ! Pourvu que la série arrive a lui trouver un design intéressant et surtout ne pas le limiter a son alter-ego humain, par peur de verser dans le Fantastique avec un grand F. Souhaitons également que l’on puisse un jour compter sur la présence de la magnifique Zatanna, magicienne charmante au potentiel infini. Au moins le fan service sera de mise et on trouve déjà le casque de Dr. Fate parmi quelques reliques. Inutile de dire que celui-ci paraît plus impressionnant que l’incarnation tout en plastique aperçue dans Smallville, il y a quelques années…
Quant aux démons et autres créatures surnaturelles, ça ne serait pas un mal qu’ils soient un peu plus imaginatif que ce Furcifer. Si Nergal dispose d’un design très intéressant, d’après ce qu’on peut en voir, les autres esprits ne sont que des entités qui évoquent la multitude de films de fantômes qu’on se paye depuis Paranormal Activity ou autre Exorcisme d’Emily Rose. Encore que cela ne me dérange pas tellement de voir ce type de revenant dans une série de ce genre (c’est toujours mieux que les “démons” a forme humaine et charisme de flan façon Charmed), mais il faut avouer que question créativité c’est au ras des pâquerettes.
On sait que la NBC n’est pas ce qu’il y a de mieux pour gérer de gros effets spéciaux, avec par exemple la série Grimm qui se montre assez handicapée dans ce domaine, donc il faut vraiment espérer que DC fasse un peu de forcing pour soigner son rejeton et lui éviter le syndrome Agents of S.H.I.E.L.D. (un univers riche et merveilleux mais où on ne voit finalement jamais rien d’extraordinaire). Heureusement il y a quand même quelques petites touches d’inventivité, comme ce passage où Constantine s’amuse avec les gouttes d’eau d’une pluie figée dans le temps, qu’il serait bon de voir d’avantage.

 

 

Constantine n’est peut-être pas l’adaptation ultime de Hellblazer, et John Constantine lui-même n’a pas autant de punch que sa version papier, mais il est indéniable que cet épisode pilote part sur de bonnes bases malgré quelques scories. La réalisation de Neil Marshall (l’homme derrière Dog Soldiers, The Descent et Doomsday) est simple mais efficace et on accroche carrément au personnage principal et a son attitude désinvolte.
Sans imaginer le show pouvoir aller aussi loin que son modèle BD, il est permis de croiser les doigts tant les possibilités sont grandes. Reste qu’on peut craindre la suite tout autant et j’avoue que lors de la dernière séquence, montrant une mystérieuse dessinatrice composer de multiples portraits du détective, je fus pris de quelques doutes. Voyez-vous, les illustrations en questions sont directement reprises des publications comics et cela me rappel furieusement la fin du pilote de la série télé Witchblade, qui finissait de la même manière. Et on se souviens tous a quel point celle-ci fut une sombre déception…

Espérons que, contrairement au Maître des Arts Sombres, je ne sois pas clairvoyant.

 

Leave a reply

You may use these HTML tags and attributes: <a href="" title=""> <abbr title=""> <acronym title=""> <b> <blockquote cite=""> <cite> <code> <del datetime=""> <em> <i> <q cite=""> <s> <strike> <strong>