Young and Dangerous 2
(1996)
Young and Dangerous 2 sorti la même année que Young and Dangerous 1, et la raison à cela est bien simple: le réalisateur Andrew Lau (Infernal Affairs, Raped by an Angel) tourna les trois premiers volets de la saga back-to-back pour une diffusion rapprochée dans les salles. De nos jours on se concenterait de faire une mini-série pour la balancer sur Netflix, mais il y a quelque chose d’assez incroyable à l’idée que certains aient pu suivre les aventures de ces jeunes mafieux plusieurs fois dans l’année sur grand écran comme on le fait plus habituellement sur la lucarne. Et cela contribua sans doute au succès de la saga, déjà très populaire dans sa version manhua, qui se prolongea au-delà des six films principaux via tout un tas de spin-off et de parodies (Once Upon a Time in Triad Society, Portland Street Blues, Sexy and Dangerous). Ce second opus est d’ailleur très raccordé à son prédecesseur puisque les quarante premières minutes montrent des événements s’y déroulant en parallèle après la fuite de Chicken, l’un des membres du groupe de héros qui finissait par s’enfuir à Taiwan après un coup dur.
Il revenait prêter main-forte à ses amis au dernier moment cependant, désormais chef d’un petit clan, sans vraiment expliquer pourquoi et comment. Nous le voyons ici retrouver son vieux cousin, criminel également, qui l’intègre aux San Luen, une Triade aux mœurs et coûtumes bien différentes de celle de Hong Kong. Son leader cherche notamment à devenir politicien, se présentant à des élections législatives dans le but de devenir plus légitime et plus influent au sein de son pays. Profitant d’une opportunité pour assassiner le rival de son nouveau chef, Chicken est récompensé en se voyant offert la direction de sa propre branche… Mais le garçon ne comprend pas qu’il n’est qu’un pion et se fait manipuler tant par son supérieur, qui compte l’utiliser afin de nouer des liens avec les chinois, que par l’ancienne maitresse de celui-ci, qui compte garder sa place malgré des rapports vacillant avec le dirigeant désormais trop vieux pour lui faire l’amour.
Lorsque Chicken rentre au pays pour aider ses potes, il se retrouve alors prit entre deux feux, les San Luen faisant une proposition indécente au président des Triades qui, refusant, déclenche une guerre. La situation s’envenime encore plus quand Chan Ho Nam, en pleine ascension depuis les évènements du premier film et sur le point de succéder à Oncle Bee pour devenir un vrai boss, se trouve un concurrent en la présence de Tai Fei – dit Grosse Mouche – qui cherche à lui piquer sa place. Pour les départager, la société criminelle les met en compétition pour un mois, celui arrivant à mieux gérer ses casinos et nightclubs gagnant le poste convoité. Quand les Hung Hing se retrouvent attaqués, il est alors difficile de savoir qui est coupable: les taïwanais ? Tai Fei ? Un complot interne au sein des San Luen ? Il va sans dire qu’au final tous ces éléments s’emboitent parfaitement les uns dans les autres pour former une fresque criminelle qui, certes, ne vaut pas les plus grands films du genre, mais se montre suffisament ambitieuse pour intéresser.
Cela permet aussi de passer à l’étape supérieur après l’histoire de vengeance efficace mais simpliste du premier film, même s’il faut tout de même encaisser la première demi-heure où Chicken erre un peu bêtement à Taiwan, se retrouvant dans une intrigue à priori totalement contraire au concept de la série (la fougue de la jeunesse) en plus de rejouer le cliché de la femme fatale et du héros naïf déjà vu un million de fois. Young and Dangerous 2 imite même Le Syndicat du Crime 2 en ramenant de façon grossière un acteur tué dans le volet précédent juste pour que le gang soit au complet. Mais au lieu d’un protagoniste bad ass et apprécié de tous, il s’agit d’un personnage mineur dont on se moque complètement (l’ami qui se faisait tuer lors du piège tendu par Ugly Kwan) et en plus le scénario ne lui donne rien à faire ! Au lieu d’un jumeau, c’est une recrue qui ressemble comme deux gouttes d’eau au défunt et que Foreskin prend sous son aîle. Et c’est tout. Il apparait dans une poignée de scène sans rien faire de spécial, et jamais la copine de son sosie ne revient, ce qui aurait pu être une raison valable pour justifier cette décision.
Heureusement le film s’énerve un peu plus dans sa seconde partie et possède pas mal d’atouts dans sa manche, à commencer par Anthony fuckin’ Wong dans le rôle de Tai Fei, parfait successeur de Francis Ng dans le rôle du vilain mafieux exhubérant. Loin des clichés, l’acteur se comporte comme s’il était encore dans Ebola Syndrome, justement sorti la même année: il apparaît en cheveux longs et chemise ouverte avec une cannette de coca à la main pendant les réunions officielles, et se cure le nez constamment avant de serrer la main à ses paires. Ultra beauf, le bonhomme tranche avec la figure stoïque habituelle du caïd asiatique et gagne immédiatement l’attention du public en combinant un cabotinage divertissant et des scènes plus creusées qui révèle une personnalité plus complexe qu’il n’en a l’air. C’est le but d’ailleurs, puisque l’idée n’est pas d’en faire un Ugly Kwan 2.0 et la conclusion réserve une révélation bienvenue à son propos. Simon Yam est de retour dans le rôle du président des Triades (deux légendes du category III et ils ne tentent pas de se tuer ? Quel gâchi !), son personnage étant plus significatif que la dernière fois, et le reste de l’équipe rempile également, des jeunes comme des vieux. La pauvre Smartie se retrouve un peu mise de côté hélas, plongée dans le coma en cours de film lors d’un accident, mais elle est remplacée par deux jolies nouvelles: Halina Tam (Troublesome Night 8, 9 et 11) dans le rôle d’une copine qui fini avec l’un des héros, et Chingmy Yau (inoubliable héroïne de Naked Killer) dans le rôle de l’ancienne concubine qui joue avec le feu.
Ajoutez à cela de meilleurs scènes d’action dont une sympathique bagarre aux katanas entre Chicken et plusieurs gardes dans les rues de Taiwan, une critique assez sarcastique de ce pays qui s’inspire autant de la Chine que du Japon sans vraiment trouver sa place (les gangsters s’y baladent en sandales de bois malgré leurs costumes contemporains et utilisent des épées au lieu de pistolet pour “faire cool”), et le scénario jongle entre différents languages (Cantonais, Mandarin, Minnan taïwannais) même si cela sera perdu pour le spectateur Occidental incapable de les différenciers. Les transitions amusantes à base de cases de BD ont hélas été abandonnée hormis pour une scène, mais leur absence ne se fait pas vraiment remarquer.. A noter aussi une mention de Internet, alors à ses balbutiements et évoquée comme un élément de changement des temps, les Triades devant accepter d’évoluer pour survivre. Bref, malgré un démarrage un peu long à la détente, Young and Dangerous 2 s’impose comme un vrai bon film de mafia chinoise et non plus comme d’une adaptation de BD ciblant un public nouvelle génération. Il est même permis de penser qu’il surpasse le premier opus, mais les deux sont si liés qu’il convient plus de les traiter comme deux volumes d’une même histoire. Young and Dangerous III suivi très vite derrière, débarquant toujours la même année et avec les mêmes coupables aux commandes.
GALERIE
Je suis un fan de la série de film sortie à l’époque j’ai même les albums ost et chansons de l’acteur chanteur Eking Chen 😉
Excellent ! Et bien content de découvrir un autre film de la saga 🙂