Lost (and found) in the 5th Dimension
Épisode 26
Pin-Up
DAPHNE BLAKE
Scooby-Doo #8 (1996)
Aaaah, Daphne Blake ! Sans doute l’un des plus vieux coup de foudre de petits garçons, puisque cela fait maintenant des décennies que la jolie rousse roule des hanches à travers la longue série des Scooby-Doo. Les animateurs et les scénaristes le savent bien et c’est sans doute pour cette raison qu’elle déambule souvent dans des tenues affriolantes au fil des aventures: bikini, lingerie et même costume de danseuse du ventre, puisque après tout Hanna-Barbera était aussi responsable de la version dessin animée de Jinny de mes Rêves en son temps. Citons pour la forme ces épisodes des Treize Fantômes de Scooby-Doo, de Quoi d’neuf Scooby-Doo ? et du tout récent Scooby-Doo et Compagnie où elle est justement déguisée en Jinny. Du coup lorsque la compagnie fait un deal avec Archie Comics, les coquins responsables des intrigues amoureuses des jolies Betty et Veronica, pour une adaptation papier du cartoon, il ne fait aucun doute que le sex appeal de la demoiselle sera mis en avant d’une façon ou d’une autre.
Avec 21 numéros publiés entre 1995 et 1997, le comic-book, très simplement titré Scooby-Doo, a surtout la particularité d’utiliser le détesté Scrappy-Doo, petit neveu roublard du cabot peureux qui vola progressivement la vedette à toute la petite troupe au point de voir son propre spin off remplacer la série originale. Les fans ne lui pardonneront jamais et le personnage est désormais la cible de blagues méchantes, le film de 2002 écrit par James Gunn faisant même de lui un vilain antagoniste. Il pouvait avoir ses moments cependant, comme ici, dans la revue #8 parue en Mars 1996 (et non pas en Mai comme indiqué sur la couverture) où il sait reconnaitre et exploiter la beauté de sa copine humaine. The Spooky Spook House !, écrit par Mike Kirschenbaum (un spécialiste des œuvres pour enfants… et auteur de quatre épisodes de la série Les Cauchemars de Freddy), envoi ainsi nos chasseurs de mystères s’amuser un peu dans une fête foraine. A peine débarquent-ils qu’une nouvelle affaire leur tombe sous les bras.
Les fantômes d’une maison hanté semblent ainsi s’échapper de leur attraction, poursuivant et effrayant les visiteurs. Cela met à mal le business du propriétaire de la foire, un certain Biff Con Carney (bon, on est dans Scooby-Doo quoi) et par bonté d’âme nos héros accepte de lui venir en aide. Ils se font passer pour de nouveaux employés afin d’enquêter plus facilement, mais si Fred, Sammy, Scooby et Velma n’oublient pas leur véritable but, Scrappy et Velma se prêtent peut-être un peu trop au jeu. Le clébard tient un stand de lancé de balles, arnaquant constamment ses clients, et Daphne joue les danseuses. “And what a dancer !” s’exclame la narration, tandis que Fred part à sa rencontre en courant lorsqu’il apprend la nouvelle. Il n’est pas le seul d’ailleurs puisque la belle s’attire une petite troupe de mecs un peu trop excités à son goût: “Hubba-hubba” dit un gaillard, la BD ne pouvant évidemment pas être plus explicite. Agacée, l’héroïne l’averti avant de lui envoyer son poing à la gueule lorsqu’il se montre un peu trop entreprenant.
Et la jeune femme de botter le cul de tout le monde, y compris celui de Fred qu’elle frappe accidentellement lorsqu’il arrive. L’incident ne passe pas inaperçu aux yeux de Scrappy-Doo qui, voyant sa popularité et considérant comment lui-même parvient à appâter les nigauds, décide de faire alliance avec elle et d’associer leurs numéros. A lui l’argent, à elle le succès, puisque la foule se regroupe autour d’eux au point que la file d’attente s’allonge bien au-delà du parc ! Tous les regards se braquent sur la jeune fille et tous les hommes ratent leurs cibles, puisqu’ils n’ont d’yeux que pour elle. Leur succès fini par attirer l’attention d’une chaine de télé locale qui va leur proposer une place dans leur émission du soir, ce qui va vite leur monter à la tête. Et tandis que le reste du groupe se confronte encore une fois aux spectres, le duo ignore royalement tout ce qui se passe autour d’eux, devenant encore plus ambitieux. Le petit chiot se présente maintenant comme le manager de Daphne, laquelle va devenir son ticket vers la célébrité.
Et le bonhomme vise haut, pensant télévision, cinéma et même politique, tandis que sa camarade se trémousse, bien heureuse que tout le monde puisse l’admirer. Nous ne saurons jamais ce que le destin leur réservait cependant (encore qu’il n’est pas difficile d’imaginer quelques juteux contrats vu le corps de rêve de la rouquine) puisque Scooby-Doo et Velma, terrorisés par les fantômes et cherchant un endroit où se cacher, vont débarquer à l’improviste dans le bâtiment. Pensant que son oncle est venu le punir car il n’a pas été “très sage”, Scrappy prend la fuite également, bientôt rejoint par une Daphne visiblement honteuse d’avoir marché dans la combine. N’ayant aucune issue possible, le toutou saute par la fenêtre, oubliant qu’il se trouve tout de même au 95ème étage du building (disons 93 car aux États-Unis le rez-de-chaussée est comprit et que le 13ème étage n’existe pas, mais qui compte à une telle hauteur). La petite nerd retient son amie qui était sur le point de le suivre, lui sauvant sans doute la vie…
Et Scrappy-Doo ? Je dirais bien “tout le monde s’en fout”, mais le scénariste place heureusement une piscine au bon endroit pour lui sauver la vie, d’ailleurs un running gag de l’épisode. Tel est prit qui croyait prendre, et une fois le mystère résolue (les revenants sont des projections holographiques et le coupable la copine de Biff, lassée de le voir partir en tournée), Daphne raccroche hélas son costume de danseuse. L’épilogue situé au bord du grand bassin ne nous offre même pas une dernière image de la jeune femme en bikini en guise de consolation, alors que c’était la parfaite occasion. Quel gâchis… Quoiqu’il en soit les amoureux de l’enquêtrice aux cheveux de feu auront quand même quelques belles images à reluquer, et il convient de louer les graphismes de l’illustrateur argentin Anibal Uzal (secondé par Alberto Saichann sur l’encrage), contributeur de longue date aux comics Disney qui n’hésite pas ici à offrir au personnage une tenue aussi réduite que possible, soulignant autant que possible sa taille de guêpe.
De nos jours la franchise Scooby-Doo persiste encore sans montrer de signe d’essoufflement, même si l’on peut fortement questionner le talent de ceux qui en sont à la tête avec leur persistance à massacrer quelques uns des meilleurs titres de la série afin de supprimer toute référence au surnaturel (voir les horribles suites à Treize Fantômes et surtout au chef d’œuvre qu’était L’Île aux Zombies, qui viennent tout ruiner), en plus d’avoir remplacé l’excellente série Scooby-Doo: Mystères Associés avec de très fades successeurs. Cela n’empêchera cependant pas Daphne Blake d’être toujours très coquette quoiqu’il arrive, ni ses fans de surveiller chacune de ses apparitions au cas où elle enfilerait quelques tenues légères et séduisantes. Avis aux amateurs.
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