Nanoblock – Frankenstein’s Monster (Halloween Series 5)

 

Nanoblock – Halloween Series 5

Frankenstein’s Monster

(2015)

 

Il faut l’admettre, les Classic Monsters sont les plus classes de tous les monstres. Cela est vrai en film mais aussi à travers la plupart de leurs représentations sur d’autres supports et médias. Et parmi eux, Dracula, le Monstre de Frankenstein et la Créature du Lagon Noir comptent comme les plus séduisants et les plus appréciés. Innombrables sont les statuettes, figurines, maquettes, jouets et autres collectibles à leur effigie, vénérés par beaucoup comme de véritables Icônes. La Universal est sans doute à remercier pour cela, ayant produit une série de films dont la qualité et l’importance ne sont plus à démontrer, et donnée à ces personnages un design saisissant et inoubliable. Pourtant malgré une popularité internationale, il est toujours surprenant de voir ces créatures être représentées par une culture différente, censée avoir ces propres figures et grands mythes. Comme le Japon par exemple, qui possède ses Yokais, Kaijus et Kaidans tout aussi anciens et respectables. Dans certains cas cette différence permet une vision nouvelle, apportant un peu de sang neuf. Des fois c’est l’inverse, comme si la version populaire s’affranchissait de frontières. Et concernant le Monstre inventé par Mary Shelley, l’Orient et l’Occident semblent être sur la même longueur d’onde.

 

 

Outre quelques exceptions (le manga de Junji Ito, fidèle au roman), l’image que l’on garde de la Créature au pays du Soleil Levant demeure la même qu’ici ou ailleurs: un géant Karloffien avec une tête carrée, des boulons dans le cou (ou les temps, c’est selon), les bras levés droit devant lui et naturellement un teint de peau verdâtre. En fait cette représentation est un stéréotype basé sur un mélange de différentes choses: Boris Karloff dans les films de James Whale pour la base, évidemment, mais aussi Bela Lugosi dans Frankenstein Meets the Wolf Man, lorsque le Monstre est aveugle. La raison de la couleur verte difficile à expliquer mais semble liée aux posters d’époque de Bride of Frankenstein, et il existe depuis toujours des rumeurs de filtres de couleur utilisés par certains projectionnistes à une époque non définie. Et bien sûr, on confond le titre de l’œuvre avec celui du personnage, pourtant supposé être anonyme. Cette image, fausse mais solidement ancrée dans tous les esprits, aura été plusieurs fois exploité au Japon et on peut citer quelques exemples comme Frankenstein: The Monster Returns, un clone de Caslevania sur NES, l’anime Frankenstein: Legend of Terror, adapté (très mal !) de la version Marvel Comics, ou encore le cyborg Franky 8 dans Dragon Ball.

 

 

Toute cette intro pour dire que la chose qui nous intéresse ici reprend évidemment cette version du personnage, ce qui n’est pas tellement un mal question marketing puisque permettant de vendre l’objet au Japon comme ailleurs sans risque de choc des cultures. Voilà donc le Frankenstein’s Monster de chez Nanoblock. Notez l’effort de nomination. Alors, qu’est-ce que “Nanoblock”, me demandez-vous ? Pour faire très simple, ça se situe quelque part entre le Lego et la maquette. En cela qu’il s’agit exactement de la même chose que Lego, mais avec des pièces beaucoup, beaucoup plus petites, ne dépassant jamais vraiment le millimètre dans toutes les directions. La marque, d’origine japonaise, est conçue par la compagnie Kawada, le distributeur étant différent d’un pays à l’autre (Schylling Inc. aux USA, Mark par chez nous). Comme pour Lego, le concept est simplement de construire des objets / personnages / décors miniatures à l’aide de différentes briques, cubes et autres éléments minuscules, la patience et la minutie nécessaire à la construction variant selon les catégories.

 

 

Certaines sont simples et ne demandent que quelques minutes d’attention pour un résultat évidement infime (beaucoup de petits animaux, dinosaures, instruments de musique, etc.) tandis que d’autres sont bien plus difficile, allant jusqu’à un label avancé type Lego Technic en son temps, pour la création de bâtiments ou de paysages imposant. Comme Lego encore, Kawada s’est emparé de différentes licences pour vendre son produit et c’est ainsi que l’on trouve du Nanoblock représentant des personnages de Pokémon, Hello Kitty, Disney ou encore Street Fighter et Mega Man via un deal avec Capcom. Le concept est simple, toujours plaisant et amusant même si la différence de prix entre les petits et les gros sujets est assez tuante: construire un lapin grand comme son pouce c’est sympa, mais l’attirance vient inévitablement pour un objet représentant un plus gros défi, pour un rendu plus imposant, seulement il faut sacrément raquer et donc s’investir véritablement dans l’affaire. En gros, un fan de maquette ou de Lego va certainement comprendre le rapport taille/prix et se laisser tenter par un projet ambitieux, et la personne lambda se limitera aux éditions simples qui lui feront surtout office de gadgets de décoration.

 

 

Cela étant dit, il y a une chose qui joue fortement en faveur de Nanoblock et c’est son design général. Car plutôt que d’opter pour de grosses briques trop similaires au géant du jeu de construction, comme le québecois Mega Bloks par exemple, la marque préfère miniaturiser ses pièces au maximum et miser sur le détail. Comme avec une maquette, l’attention se focalise alors sur l’assemblage qui nécessite une plus grosse concentration et force (un peu) l’implication. On craint bien vite de perdre ses pièces – et croyez-moi, vous avez intérêt à être organisé vu la facilité avec laquelle elles peuvent vous échapper !, ce qui supprime le côté “jouet” du produit et favorise une approche plus réfléchit, un peu comme on le ferait avec un puzzle. Qui plus est, le rendu des compositions possède cet aspect pixel art plutôt séduisant et original. Quel dommage que cela limite également le produit, qui rendra beau sous un certain angle (celui montré pour la vente généralement) mais beaucoup moins sous les autres. Mentionnons pour la forme le supposé système d’emboitage, différents des “tubes” de Lego et utilisant plutôt deux petites lamelles jumelées (permettant éventuellement de faire “glisser” deux pièces l’une sur l’autre plutôt que de les fixer dans une position unique) que le département marketing s’est empressé de baptiser le double-ridged backing system pour faire important.

 

 

Le sujet du jour fait partie de la collection basique de petits objets, composé d’environ 120 pièces pour une figurine de 6cm de hauteur. Le niveau de difficulté est même noté à 2/5, ce qui est pratique pour moi qui n’ai pas touché à un jeu de construction depuis mes 11 ans et qui n’avait pas non plus envie de passer trois mois à tout assembler juste pour un article à la con ! Même si, d’un autre côté, vous me collez un Monstre de Frankenstein à monter dans les pattes, évidemment que je vais aller jusqu’au bout pour lui donner vie… Quoiqu’il en soit, pour faire un rapide bilan de la mise en place, cela demeure effectivement aisé même si la petite taille des éléments peut être un handicap pour les personnes ayant une vue basse ou de gros doigts. Ou un chat. La notice n’est pas toujours claire et mérite d’être bien observée avant de se lancer dans l’emboitage de briques, car une erreur peut être pénible à corriger, encore une fois en raison de briques minuscules et pas toujours simples à retirer une fois bien serrée les unes sur les autres (merci les ongles).

 

 

D’autres petits reproches: alors que je viens de dire que serrer les pièces peut devenir un soucis lorsque l’on se trompe, il faut au contraire bien insister lorsque l’on a bon ! Car hélas le système à lamelles n’est pas toujours le meilleur et il arrive qu’il y ait un léger espace entre les briques, quelque chose comme une fente d’un dixième de millimètres. C’est peu, mais pas très esthétique sur le rendu général. Enfin faite attention justement lorsque vous pressez les pièces, car certains points sont tellement “faibles”, ne tant pas sur grand chose, qu’il est facile de les séparer. Ainsi la figurine se divise en trois parties (jambes/torse/tête) et chaque zone de rattachement ne tient qu’avec un emboitage minimal, sur une demi-brique. Autant dire que je reste perplexe quant à la durabilité de l’objet, particulièrement si l’on a tendance à le déplacer ici et là, celui-ci pouvant vite tomber en morceaux. Et un Nanoblock d’un plus haut niveau de difficulté doit être vite agaçant à construire s’il faut gérer tant les mauvais emboitements que la fragilité de l’ensemble. Mais en même temps je dis cela sans avoir pratiqué de Lego depuis longtemps et j’imagine que les habitués doivent avoir une certaine expérience et dextérité qui leur rendront la tâche aisée.

 

 

Mais la Créature alors, que vaut-elle ? Car ce n’est pas tant le jeu ou son concept qui nous intéresse ici mais le personnage lui-même. Et bien il est sympathique pour un jouet moderne, mêlant l’ancien (le sujet) et le nouveau (la conception), ce qui est assez irréel en soit. Il est plutôt bien détaillé malgré le peu de pièces qui le compose, et on se surprend à vite reconnaître le célèbre look Karloffien entre la chevelure, les yeux et le détail des boulons assez bien géré puisque se trouvant dans une zone qui peut aussi bien être le cou que les tempes. Un élément que l’on peut même légèrement manipuler puisque composé de briques cylindriques pouvant être tournées dans un sens ou dans un autre selon les préférences. On retrouve également les chaussures, même si elles ne disposent pas de semelles plateformes, et des vêtements noirs qui reprennent globalement l’aspect du Monstre dans les films de James Whale. La pose est amusante puisque s’il s’agit de l’habituelle représentation bras tendus, le colosse tient ici une lanterne pour s’éclairer. Cela renforce légèrement l’aspect gothique / horreur à l’ancienne et rajoute un petit quelque chose au monstre.

 

 

Bonne idée également de lui avoir donné la peau verte, car elle permet à l’objet de ressortir énormément du décor où il est exposé. Même dans une étagère plutôt chargée, la couleur reste suffisamment éclatante pour attirer le regard et rend la figurine moins “oubliable” parmi d’autres petits bibelots. Reste que la Créature n’est sympathique à regarder que sous un angle ou deux, c’est-à-dire de biais (l’image de promotion) et de face. De dos ou de profil, vous ne verrez qu’une large surface noire pas vraiment détaillée et franchement moins intéressante. Question gadget de bureau il y a mieux, mais il y a sûrement pire. L’objet reste visuellement intéressant, entre sa couleur remarquable, son côté pixel art et de par le look rétro du Monstre, et sa fragilité bien qu’embêtante est tout de même réparable. Au pire des cas vous pouvez conserver la notice dans la pochette d’origine (qui se ferme via un zip) et tout remonter: ça ne vous prendra que quelques minutes ! En terme de collectible c’est totalement recommandable puisque cela fera bien avec à peu près n’importe quoi: maquettes, Lego, figurines de collection, jouets de monstres et de mutants, petits cochons en céramique,etc. – sans compter que le concept même de Créature à fabriquer soi-même est le gimmick parfait !

 

 

La seule chose que je ne peux vraiment cautionner, c’est le prix. 11,95€ en magasin, jusqu’à 12,50€ sur Internet sans les frais de ports… C’est trop ! Compte-tenu de la simplicité de la construction et de la taille de l’objet, il aurait fallu diviser cela par deux. Alors oui, quand on voit le prix des maquettes / Lego, même de petites tailles, ce n’est pas vraiment différent, mais tout de même. Préférable peut-être de commander la chose pour Noël ou son anniversaire si l’on est intéressé, car vu la somme on pourrait investir dans beaucoup mieux… J’aimerai dire que le Monstre est accompagné des autres Classic Monsters, pour former une petite collection, seulement ce n’est pas le cas. Il semble qu’il soit unique en son genre et le label Halloween Series est de toute façon très dur à traquer puisque l’appellation change d’un pays à un autre: en France, il est rangé sous la catégorie Fantastique avec des bestioles telles qu’une licorne, un Phoenix, un dragon et Pégase – seule une petite citrouille accompagnée d’une sorcière sur son balais doit correspondre. Alors à moins de se rendre au Japon directement pour vérifier, le mieux est d’attendre et d’espérer la production de nouveaux personnages pour la sixième ou septième vague à venir…

 

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