Monsters
The Match Game
(1989)
Du beau monde dans ce The Match Game (le jeu de l’allumette), qui apparait visuellement beaucoup plus attrayant que l’habituel épisode de Monsters. Virez les génériques propres à la série, et on jurerait qu’il s’agit là d’un épisode des Contes de la Crypte. Il faut dire que tout le budget semble avoir été mis dans la créature qui sonne beaucoup moins fausse que d’habitude et rivalise avec certains monstre que l’on peut trouver dans de bien plus grosses productions de l’époque. Le scénario camoufle l’habituel problème de la limitation de décors / comédiens en l’intégrant au cœur de l’intrigue, et une fois n’est pas coutume apparaissent quelques guest stars qui viennent booster les valeurs de production et donner l’impression que l’on regarde une véritable série B.
Il faut dire que le script est signé David Chaskin, un habitué du genre qui a écrit ceux de La Revanche de Freddy, de Lectures Diaboliques et du très bon The Curse d’après H.P. Lovecraft. A la réalisation un certain Michael Brandon qui n’était autre que le héros du Quatre Mouches de Velours Gris de Dario Argento ! Enfin le casting intègre la superbe Ashley Laurence, héroïne de Hellraiser et de sa suite, et l’ultra bimbo Tori Spelling de la série populaire Beverly Hills.
L’histoire elle-même renvoie au sujet habituelle que l’on trouve dans les trois quart des productions horrifique, avec cette bande de teenagers qui s’installe dans une vieille bâtisse hanté pour faire la fête. Naturellement, format télé oblige, il n’y font pas l’amour ni ne fument de joints. A la place ils s’y livrent à un jeu qui n’est plus trop de leur âge, à savoir raconter une histoire effrayante en profitant du cadre de ce manoir délabré dont le propriétaire autrefois s’est suicidé. Une activité à laquelle se livrent Jodie et Matthew depuis quelques temps déjà, chacun décidant d’inviter une personne de plus pour cette nouvelle session. Et tandis que le garçon ramène sa petite amie, l’autre va inviter « Paul le Rêveur », adolescent tête en l’air que la plupart des filles méprisent mais dont elle s’est éprise.
Le groupe va pratiquer l’habituelle séance, l’idée étant que les conteurs se succèdent les uns après les autres, une allumette à la main: lorsque celle-ci s’éteint, le candidat doit s’arrêter de parler et laisser place à un autre qui va improviser la suite de son récit. Et cette fois leur imagination va s’intéresser à Herbert Waverly, l’homme a qui appartenait la maison où ils se trouvent et qui serait mort dans l’étang voisin il y a une bonne quinzaine d’années.
Le groupe s’emporte facilement, chacun y allant de son idée pour recréer les évènement qui ont conduit le pauvre homme à sa perte. Ils lui inventent une prétendante, un combat mortel contre le mari jaloux de celle-ci et un terrible accident qui va le défigurer abominablement et l’isoler, jusqu’à ce qu’il devienne fou et finisse par mettre fin à ses jours. Seulement lorsque Paul prend la parole, quelque chose cloche. Son allumette ne s’éteint pas, la flamme demeurant comme inerte, lui permettant de poursuivre sa narration plus longtemps que les autres. Il est lui-même happé par l’histoire, se montrant extrêmement convaincant et semblant réellement décrire ce qui s’est passé plutôt que de tout inventer.
Et bientôt sa parole influence la réalité, le tonnerre se mettant à éclater au moment où il évoque une fatale nuit d’orage et la résurrection de Waverly, qui parfois revient chez lui, tuant quiconque se dresse sur son chemin. Vous l’aurez compris, le mort-vivant est maintenant bien réel, remontant du fond de sa mare pour s’attaquer aux jeunes qui squattent sa demeure. Le reste de l’épisode montre alors la confrontation entre le monstre et les protagoniste qui se déroule exactement comme on pourrait le penser. Certains vont se faire tuer d’une horrible façon tandis que les survivants vont chercher une solution pour faire disparaitre la menace.
Jodie va vite comprendre que c’est Paul qui est malgré lui responsable de la situation, et il doit terminer son histoire avant qu’il ne soit trop tard. Difficile à faire quand le zombie est à leurs trousses, invincible et capable de faire fondre ses victimes d’un seul regard ! Des pouvoirs qui proviennent directement de l’imagination du narrateur, lequel lui a heureusement créé une faiblesse qu’il va pouvoir exploiter. Car le croquemitaine, défiguré de son vivant, ne peut pas supporter son propre reflet. Les héros vont ainsi s’enfermer dans une pièce remplie de miroirs, tâchant de venir à bout de leur histoire tandis que Herbert Waverly s’empare d’un tisonnier pour détruire ces barrières une par une…
Quel dommage que les vingt minutes de durée ne permettent pas de faire durer la tension un peu plus longtemps, The Match Game se finissant bien trop vite. Les personnages semblent vraiment ne rencontrer aucune difficulté à conclure leur récit et il aurait été intéressant de rejouer le coup de l’allumette magique comme au début mais en inversé, chacune brûlant bien trop vite comme pour empêcher Paul de terminer. Un simple plan sur la boite d’allumettes presque vide aurait ainsi fait monter le suspense d’un cran supplémentaire.
Mais ne boudons pas notre plaisir car il y a là amplement de quoi satisfaire les fans de meurtres sanglants comme ceux qui préfèrent les intrigues reposant sur des concepts malins. D’un côté les teenagers doivent trouver une façon de divertir la créature, ce qui fonctionne en temps réel quand le Rêveur invente une raison pour l’attirer autre part, l’épisode jouant à fond le principe de storytelling devenant réalité. Et de l’autre il y a de nombreux délires semblant provenir des EC Comics: le mort-vivant est visqueux avec un orbite vide et lorsqu’un pique-feu s’enfonce dans sa poitrine, il traverse sa masse comme dans du beurre, laissant l’attaquant avec une main couverte d’une matière gluante.
Comme il est dit qu’il est capable d’absorber les âmes d’un seul regard, une pauvre victime va se ramollir de l’intérieur, ne laissant plus qu’une enveloppe de peau molle façon Society. Le zombie va ensuite chiffonner son visage comme on le ferait avec une feuille de papier, se retrouvant avec un long filament sanglant entre les mains, seul un globe oculaire venant témoigner qu’il s’agissait d’une tête humaine. L’acteur Sasha Jenson, une tête familière car il était Brady dans Halloween 4, va périr exactement de la même manière que dans ce film-ci, se retrouvant soulevé du sol par un tueur à la force colossale avant d’avoir la nuque brisée. Peut-être un clin d’œil.
Si elle ne fait pas grand chose, Ashley Laurence demeure aussi magnifique et pétillante que dans le film de Clive Barker et Tori Spelling fait une bonne scream queen en plus d’avoir l’air plus naturelle qu’elle ne l’a jamais été de toute sa carrière. Ajoutez à cela un thème musical franchement sympa et beaucoup moins générique qu’à l’accoutumé par le compositeur de Killer Klowns From Outer Space, et le fait que Waverly est joué par le gars qui était derrière le costume de Pumpkinhead, de Goro dans Mortal Kombat et du Gillman de Monster Squad. Vraiment une équipe quatre étoiles qui aurait fait de The Match Game une série B fort mémorable s’il avait s’agit d’un long métrage. Mais parce que l’épisode est associé à une obscure série télé, tout ce talent ne sera jamais reconnue comme il se doit et ça c’est franchement dommage…
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