LA MUSE D’AMBRE
I
Le doux soleil entre par la fenêtre et me réveille en douceur, et aussitôt l’inspiration me prends. Rien de tel qu’un si beau début de matinée à Ambre pour se mettre en condition: ce lieu est une muse à lui tout seul. Avec le sourire je me redresse, tâchant déjà d’imaginer de quel chef d’œuvre j’accoucherai en fin de journée, quand mes vertèbres se mettent à craquer douloureusement.
Un lit dur, c’est bon pour le dos. Du moins c’est ce dont je me suis toujours persuadé a chaque fois qu’il a été question de me coucher dedans. Serais-je si flemmard pour me faire de telles illusions ? En tout cas, il faudra un jour que je songe à faire la comparaison avec le matelas de ma petite chambre d’Elestrenn…
Après quelques étirements, et une nouvelle crise d’auto-persuation que ces exercices ne sont pas là pour chasser la douleur mais pour entretenir le corps, me voilà enfin devant la grande toile de papier. Tout autour de moi semble vouloir me pousser à la réalisation: les odeurs de peintures, emplies de nostalgie, la fabuleuse vue par les fenêtres, me rappelant pourquoi Ambre est si précieuse pour chacun de nous autres, Sangs Réels. Le chatoiement des couleurs de la gouache, de l’acrylique et des pastels, illuminant l’atelier qui me semble de plus en plus proche de l’arc-en-ciel. Un tableau féerique qu’il me faudrait retranscrire mais, inévitablement, vient le dilemme de la page blanche.
Mince. Voilà une situation bien embêtante car je n’avais rien prévue d’autre que cette activité pour aujourd’hui: me voilà à devoir retourner mon imagination dans tous les sens pour trouver un semblant de commencement, et cela peut durer longtemps. Très longtemps. C’est donc un brin déçu que je rabaisse mon bras et repose mon crayon, mais ma motivation renaît de ses cendres lorsque mon esprit me suggère une visite à la grande bibliothèque du palais pour un petit moment de lecture, un grand bol de chocolat chaud à porté. Il n’en faut pas plus pour me faire abandonner mon tableau vide et enfiler une tenue appropriée, ample et confortable. Une légère hésitation me fait tourner les yeux vers mon sabre mais finalement, il restera contre le mur, juste sous la grande calligraphie de roseaux. Ambre a beau être le berceau des conspirations et des pièges les plus sordides, porter son arme en évidence en son sein serait lui manquer de respect. Et puis les temps sont calmes…
Quelques tours de serrure et me voilà a déambuler dans les grands couloirs pratiquement vide à l’exception des habituels gardes et domestiques. Et soudainement, au détour d’un corridor anodin dont je rasais d’un peu trop près le mur, je manque de me heurter à une personne sortant en trombe d’une pièce qui m’était invisible. Perdu dans ma contemplation de l’architecture du bâtiment, je n’entends que trop tard le bruit de la porte et une silhouette apparaît subitement devant moi, comme par enchantement. Je freine en catastrophe, du moins tout autant que mes petites geta me le permette, et me fige en priant la Licorne pour ne pas faire face à un Ancien.
La silhouette devient plus nette et je l’identifie comme féminine. Un peu plus petite que moi et toute de noire vêtue, elle lève son regard avec lenteur et, en croisant ses yeux verts étincelants, il me faut un bref instant pour la reconnaître. Un sourire fend notre visage à tous les deux au même moment. Les mêmes souvenirs doivent défiler dans nos têtes.
– Lord Enrike, fait-elle d’une voix douce et enjouée pour me saluer.
Avec un peu plus de calme mais avec la même gaieté, je lui réponds de la même manière. Que dire d’autre de toute façon ? Je n’étais pas préparé à la revoir.
– Lady Natasha… Quelle surprise de vous voir ici.
La demoiselle a un petit rire gêné, mais adorable. Elle détourne les yeux comme embarrassée et un ange passe durant quelques secondes. La connaissant pour ne pas véritablement suivre l’Étiquette, je prends les devants et établis la conversation par politesse. En vérité, je n’ai aucune idée de la manière dont je devrais réagir en la revoyant. Car loin d’être une jeune femme des plus banales, je me souviens de Natasha pour sa personnalité pour le moins… Détonante.
– J’ignorai que vous résidiez ici.
– J’ai mes appartements ici, oui…
– Oui…
Herm… La discussion n’est visiblement pas notre fort. Mais son sourire est magnifique. Autant rester sur cette image et mettre tout de suite fin à cette entrevue.
– Et bien je ne vais pas vous retenir plus longtemps.
– Oui, je suis un peu prise, oui…
Elle verrouille sa porte et entreprend de partir dans la direction opposéeà la mienne. Je m’écarte d’un pas et elle se faufile entre le couloir et moi (un passage relativement étroit – mon cœur fait un petit bond et je m’écarte d’un nouveau pas, allez comprendre), toujours souriante mais un brin crispée.
– Au revoir, fait-elle.
– Au revoir.
Ne la quittant pas des yeux je commence à repartir tandis qu’elle-même semble hésiter à me tourner le dos. La scène, plutôt cocasse, se poursuit durant quelques instant avant que nous ne nous répétions
– Au revoir, reprend t-elle à voix basse.
– Au revoir, fais-je d’un ton plus assuré.
Enfin elle se retourne et nous nous séparons. Étrange rencontre mais peut-être signe d’une belle journée ? Peut-être devrais-je m’en inspirer pour une quelconque illustration…
Je fais quelques pas puis me retourne à demi, comme prit d’une subite envie de poursuivre encore un peu le jeu.
– Vous m’aviez promis un cinéma.
La princesse stoppe et se retourne, surprise. Puis elle me fait à nouveau son beau sourire, plein d’assurance celui-ci.
– Et vous m’aviez promis de me montrer vos œuvres.
Décontenancé, il me faut forcer un peu le rire. Je ne m’attendais pas à cela mais il ne faut jamais se montrer déstabilisé chez nous, c’est bien connu. Cependant sa remarque me procure une petite sensation de plaisir que je ne peux véritablement étouffé.
– Ce serait avec grand plaisir ! Vraiment.
Les yeux pétillant de malice je guette sa réaction, laquelle ne se fait pas vraiment attendre. Amusée mais comme prise de timidité, elle baisse la tête et n’ose plus vraiment me regarder en face.
– Hum, je dois y aller, je…
Sa maladresse la rend touchante et je décide de lui faire grâce de ma présence.
– Un peu prise, oui…
– Oui…
Elle tourne les talons presque aussitôt et prend la fuite, pour ainsi dire, vu la rapidité avec laquelle elle s’éloigne de moi. Ce n’est que maintenant que je prends la peine de la détaillée un peu. De long cheveux noir, des yeux d’un vert presque phosphorescent et des vêtements très peu communs pour une Ambrienne. Sérieusement, je ne pense jamais avoir rencontré de princesse vêtue d’un pantalon taille basse en cuir, d’un très court débardeur et de bottes épaisses à sangles métalliques. Pas très élégant mais indéniablement féminin malgré tout…
Quoiqu’il en soit ! Me voilà donc à faire un tour dans les cuisines, préparant un délicieux bol de chocolat chaud et fumant que j’entraîne avec moi dans la bibliothèque pour l’instant déserte. Bonheur suprême dont je souhaite profiter jusqu’au bout. Me calant dans un grand fauteuil confortable qui me fait oublier mes courbatures, je me plonge dans la lecture d’un Franz Kafka, mon chocolat à porté de main. Je ne connais pas meilleur façon de passer un petit déjeuner.
Je suis là depuis un bon quart heure, l’esprit préoccupé par le triste sort d’un officier de colonie pénitentiaire qui va bientôt mourir, quand un raclement de gorge me fait relever la tête. Un homme qui m’est inconnu se dresse devant moi, avec visiblement la ferme intention de m’adresser la parole. Me gardant bien d’exprimer une quelconque réaction face à cet étranger, je prends mon temps pour l’observer: il est grand et bien bâti, cachant certainement un corps puissant derrière ses vêtements dans la plus pure tradition de la Renaissance. Un Ambrien parmi tant d’autre en somme, mais là où je tique, c’est par son absence flagrante de tout signe distinctif. Je ne remarque sûr lui aucun symbole brodé, aucun motif particulier. Pas non plus d’objet, d’accessoire ni de bijou. Quant à son accoutrement, il est des plus basiques, sans fioriture ni effets personnalisés. S’il semble plein de manières, je ne détecte cependant aucun tic caractéristique. Et tout comme son apparence, son physique est lui aussi transparent et… Imperceptible. Des cheveux et des yeux couleur auburn, une coupe simpliste, ni vraiment longue ni particulièrement courte… Autant de petits détails m’échappant aussitôt que je les remarque. Me frottant vaguement les yeux, j’en vins un instant à supposer que le sommeil avait toujours son emprise sur moi, lorsque l’inconnu élève la voix.
– Seigneur Enrike ?
A nouveau je lève les yeux sur lui, sans plus de succès cependant: son image m’échappe entièrement à nouveau. Poussant un soupire, je sens le doute – relatif à la méfiance envers ma famille – m’envahir. Ce nouveau venu connaît mon nom alors que je ne sais rien de lui, ce qui lui donne une certaine avance sur moi, quant à l’impossibilité de le cerner au premier regard, elle me paraît bien suspecte. Un sort ? Une influence psychique ?
Mais je réalise que ma réponse se fait tardive et dans ce genre de situation il ne faut jamais se montrer hésitant trop longtemps. Me parant de mon plus beau sourire, je m’adresse à lui sans montrer le moindre signe de soupçon.
– Lui-même. Puis-je vous aider ?
Je surveille le moindre de ses mouvements, me préparant à une attaque ou agression physique mais, contre toute attente, il se contente de me tendre une enveloppe d’un joli papier sépia scellée par un cachet de cire.
– Une missive pour vous.
Je hausse un sourcil et attrape le courrier en lui jetant un rapide coup d’œil. Elle porte bien le sceau royal et semble tout ce qu’il y a de plus officielle. L’inconnu reprend.
– J’ai été informé que vous pouviez vous trouver ici. Cela m’arrange bien, j’aurais été très mal à l’aise d’aller vous rencontrer dans votre Ombre personnel.
Son ton est tout ce qu’il y a de plus courtois et son sourire des plus polis mais cela cache généralement bien de sombres desseins par chez nous. Avec des gestes lent et mesuré, je décachète l’enveloppe et commence à me saisir de la missive tout en observant mon interlocuteur. Mon faux sourire ne faiblit pas.
– Vous avez bien était renseigné, fais-je le plus aimablement possible. La lecture me passionne.
– C’est tout à votre honneur. Je suis moi-même un grand lecteur et je dois avouer que si je pouvais passer un peu plus de temps dans cette bibliothèque je le ferais avec joie.
– Ah, donc vous êtes quelqu’un de très occupé… ?
– Aux ordres du Roi, ce qui ne me laisse guère de temps pour mes propres activités. Bien, je vous demande de m’excuser mais j’ai une autre invitation à faire parvenir. A très bientôt Seigneur Enrike.
J’acquiesce et le regarde se retirer, encore plein de curiosité à son sujet, puis décide de jeter un œil à cette fameuse “invitation”. Une lecture diablement intéressante…
(…)
Et l’histoire ne s’est jamais développée au-delà de ce seul chapitre. A vrai dire je n’avais pas beaucoup d’idées si ce n’est un début d’intrigue forçant les deux personnages principaux à se rencontrer, et mes notes n’allaient pas plus loin que cela:
– Enrike reçoit invitation pour soirée d’anniversaire du mariage Random / Vialle. Est invité mais on lui demande d’aller chercher un autre Ambrien sur Ombre Terre, adresse donnée, etc.
– S’y rend, un peu étonné, rentre dans manoir, extérieur normal mais intérieur vieux comme abandonné depuis des années. Découvre un mort, des sorts sont déclenchés, on essaye de le tuer.
– Arrive des hommes façon cyborg ninja de MGS dont le chef est en fait Natasha. Il la reconnaît pas, elle l’aide a sortir, remonte dans camion high-tech garé non loin.
– Se fait découvrir et ils discutent: rumeurs d’assassinats chez les “jeunes” sang, Benedict lui a prêté ces soldats-automates pour surveiller au cas où.
– Les soldats se mettent en “veille”, Enrike détect un “bip bip”, Natasha comprend que bombe, ils sortent et ça explose au dernier moment.
– Se rendent dans un bar-resto, quelque chose, pour discuter. Décide d’enquêter même si soupçons et de s’allier. Prennent décision d’aller ensemble à Ambre puisque Natasha invité aussi.
– Se rendent en Ambre, Natasha prévient qu’elle va se changer, revient en robe ce qui impressionne Enrike qui ne pensait pas la voir s’habiller comme ça (trop guerrière, etc.)
– Se font un cinéma ?
– Passe soirée, bouffe petits fours, tâchent d’enquêter en parlant et se rendent compte que série de meurtres ne concerne que les “jeunes sangs”. Ils remarquent que les Anciens sont là? ainsi que quelques autres invités mais pas beaucoup de jeunes. Natasha pensait sa présence explicable par son appartenance directe à la famille royale mais les autres sont comme “écartés”. Font le lien avec le fait que Enrike “aurait dû” mourir cette nuit là, d’où sa présence.
– Embêtée dans la soirée ? Nasha entame une danse, a plein de prétendants et demande à Enrike de la sortir de là. Se retrouvent sur un balcon la nuit et papotent. Référence à la nuit du jeu de rôle passé ensemble lors de première rencontre ? (Tyr Na Nogh au loin)
– Refont la scène en espérant dégoter des indices et sur place découvre quelqu’un qui disparaît dans la Marelle
– Retourne en Ambre, faire quelque chose avec leur chambre respective
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