La Fille de Jack l’Éventreur (Hands of the Ripper, 1971)

 

LA FILLE DE JACK L’ÉVENTREUR

Hands of the Ripper

(Grande-Bretagne, 1971)

 

 

Réalisation: Peter Sasdy
Scénario: L.W. Davidson (d’après le roman de Edward Spencer Shew)
Musique: Christopher Gunning
Avec: Eric Porter, Angharad Rees, Jane Merrow, Keith Bell, Derek Godfrey, Dora Bryan

 

 

La femme de Jack l’Éventreur découvre le secret de son mari, qui la tue sous les yeux de leur propre petite fille. Des années plus tard, celle-ci fini par tuer la personne l’ayant adoptée. Elle est prise en charge par un docteur qui ne se doute pas de qui elle est réellement. Traumatisée par la mort de sa mère, l’enfant réagit bizarrement lorsqu’elle voit un objet brillant, tombant en transe. Est-elle possédée par son père, ou est-ce tout simplement un trouble mental dû à son choc traumatique ?

 

 

L’histoire n’est pas réellement une adaptation du roman de Edward Spencer Shew puisque de nombreux éléments ont été changé.
Comme la plupart des films de la Hammer, l’intrigue se déroule sous l’ère Victorienne. Considéré par beaucoup comme l’un des meilleurs films de la firme, Hands of the Ripper est effectivement très réussi. L’ambiance n’est pas sans rappeler le giallo italien en plusieurs points: tout d’abord l’esthétisme du film, en particulier lors de la scène finale faisant immédiatement penser à du Dario Argento. L’atmosphère elle-même n’est pas aussi prude que dans certaines autres productions, et ainsi les prostituées de White Chapel ont un langage grossier, l’une d’entre-elle se révèle être une lesbienne ayant un penchant pour les toutes jeunes filles (le sujet est très discrètement abordé au long du film, par ce protagoniste tout comme le personnage principal qui tombe progressivement amoureux de cette enfant, au point de l’embrasser sur la bouche). L’érotisme vient se faire assez insistant, avec cette catin prostituée qui touche les seins de la jeune héroïne tout en parlant des siens, ou quand le prétendant de la fille l’Éventreur n’hésite pas à rentrer dans la salle de bain alors que celle-ci est encore dans sa baignoire. Il y a même un personnage aveugle qui renvoi a lui tout seul au giallo dans la scène finale. On se rappel l’importance que Lucio Fulci accordait aux yeux, on pense aussi au Chat a Neuf Queues de Dario Argento. Enfin, les « mains » de Jack l’Éventreur viennent effectivement remplacer celles de sa fille lors des meurtres, de gros plans nous montrant alors celles-ci couverte de cicatrices qui n’appartiennent pas à l’héroïne. De même, les meurtres sont étonnamment sadique et gore (le film eu d’ailleurs quelques problèmes avec la MPAA aux États-Unis): des aiguilles dans les yeux, des gorges tranchées, sans oublier l’étrange miroir à main, brisé de telle sorte qu’il se transforme en véritable poignard, le morceau de glace restant étant comparable à une lame.

 

 

Ces crimes semblent avoir été commis par une personne très puissante (une femme est empalée par un tisonnier qui ressort au travers d’une porte en bois de chêne). Alors qui est le meurtrier ? Est-ce vraiment Jack l’Éventreur qui possède l’esprit de sa fille, ou bien celle-ci est-elle tout simplement schizophrène ? Le doute est laissé (le spectateur lui-même, voyant les mains de l’Éventreur à la place de celles de l’héroïne, ne peut même plus croire ce qu’il voit, au même titre que les personnages du film qui, ne voyant jamais la fille entrer en transe, ne savent vraiment de quoi il en retourne, chacun ayant son opinion). D’ailleurs, le film prend bien soin de prendre pour héros une personne athée et penchant pour la psychanalyste (Freud est cité). Le problème, comme bien des productions Hammer, c’est que celui-ci est souvent en tort puisque ne croyant jamais au surnaturel avant d’y être finalement confronté et obligé d’admettre son existence. Celle de Dieu aussi du coup, même si cela n’est toujours pas explicitement rapporté au spectateur (on se souvient, par exemple, des Cicatrices de Dracula avec Christopher Lee). C’est assez décevant ici puisque l’intrigue perd alors de son énigme pour redevenir un simple film fantastique.
On note un très mauvais générique de début, mettant le film en arrêt sur image à chaque plan pour inscrire les écriteaux (ce qui devient vite énervant, ce que la musique très « ambiance bourgeoise » n’améliore pas).

 

 

LA SCÈNE: La scène finale renvoyant au giallo. La confrontation entre la fille possédée et l’aveugle renvoie immédiatement à ce genre italien, renforcée par un esthétisme fascinant à la Argento, jusqu’à la fin du film. On regrettera cependant que l’on puisse prévoir celle-ci lorsque cette dernière scène arrive…

 

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