Killer Flies
(1983)
Au Nouveau Mexique un camion transportant des mouches génétiquement modifiées a un accident et libère sa cargaison dans la nature. Si les insectes furent développés pour lutter contre les ravages des drosophiles dans les cultures, ils vont inexplicablement s’en prendre aux êtres humains, envahissant Santa Fe et dévorant les habitants à l’aide de leurs petites trompes. Les choses empirent lorsque des scientifiques tentent de les repousser avec un produit chimique qui va provoquer une mutation supplémentaire et les faire grossir de soixante bons centimètres. S’ensuit l’habituel carnage qui est plutôt poussif, avec une petite fille dévorée dès les premières pages alors qu’elle tente de sauver son poney, un pauvre type qui se fait sucer le sang par la verge, et environ deux milles personnes massacrées durant un spectacle d’opéra en plein air. Quant au conducteur responsable de la catastrophe, il se fait dévorer les yeux alors qu’il est coincé dans la cabine renversée du véhicule. Le maire qui espère devenir sénateur essaie d’étouffer l’affaire, et lorsqu’enfin les autorités sont mise au courant, le gouvernement ordonne le bombardement de la ville – et tant pis pour les survivants. Seul le savant à la tête du projet, une mère endeuillée réclamant vengeance et un gros macho pourront arrêter la vermine avant qu’il ne soit trop tard, et le feront en musique puisque les mouches sont sensibles aux sons ! Killer Flies est tellement exagéré et vulgaire qu’il ressemble plus à une parodie façon Garth Marenghi qu’à un véritable livre.
Le récit est suspicieusement similaire à celui du Gila ! de Kathryn Ptacek, et les deux œuvres partagent non seulement le même cadre et la même intrigue, mais aussi une femme se cachant derrière un nom d’homme. Mark Kendall est le pseudonyme de Melinda Snodgrass, qui travailla avec George R.R. Martin et écrivit l’un des meilleurs épisode de Star Trek: The Next Generation, mais rien de tout ça ne transparait ici. A moins qu’il ne s’agisse d’une satire du genre sans trace de second degré, ce qui expliquerait pourquoi – outre le gore – les déclarations racistes et sexistes fusent de toutes parts. “This wasn’t the time for a woman… It would take someone with credibility…” affirme le roman quand les héros doivent parler au gouverneur. Un protagoniste matte le cul d’une infirmière pour calmer sa peine après la mort d’une fillette qu’il connaissait, un flic mexicain est jugé mysogine “comme tous les Chicanos” et l’héroïne se remet vite de la perte de son enfant, craquant pour deux hommes différents qu’elle dit aimer autant l’un que l’autre et s’envoyant en l’air avec chacun d’eux sans le moindre scrupule. Et même quand elle s’inquiète à propos de sa gamine, la narration décrit comment ses seins “se soulèvent avec peur et colère sous sa blouse”. Honnêtement il ne faut pas trop prendre Killer Flies au sérieux, surtout quand un personnage utilise son shotgun contre un nuage de mouche et que le mot “proboscis” est utilisé à profusion faute de synonyme. Reste cette chouette idée d’une petite ville fantôme où les mouches ont fait leur nid.
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