Horror High
(1973)
S’il était sortie dans les années 50, Horror High se serait appelé quelque chose comme I Was a Teenage Mr. Hyde. Car c’est bien à un film de drive-in que nous avons affaire ici, qui ne raconte pas grand chose et semble juste aligner quelques séquences de blabla entre deux scènes chocs pour permettre au public de teenagers de fricotter dans leurs voitures. Débarquant au début des années 70, le film se retrouve un peu le cul entre deux chaise, avec d’un côté le scénario d’un ancien temps où il n’y a ni personnage, ni intrigue, et de l’autre la mise en scène moderne qui insiste sur le gore, utilise des musiques funky bien de leur époque et se permet quelques mouvements de caméra intéressants. Le résultat est un rien schyzophrène, donnant constamment l’impression que Horror High va décoller et proposer quelque chose de nouveau sans que cela n’arrive jamais, le script restant vieux jeu, mais gardant néanmoins le public engagé grâce au ton général décontracté et quelques choix de mises en scène certes discutables et désormais ringards mais très amusants.
Ainsi l’intrigue s’intéresse à ce pauvre geek de Vernon, un lycéen intelligent et passionné par la chimie, mais hélas très isolé depuis la mort de sa maman et la disparition de son père qui est constamment sur la route à cause de son boulot. Trop timide pour s’imposer, il est ciblé aussi bien par ses camarades de classe, notamment les sportifs qui le méprisent, que certains professeurs, qui ne comprennent pas son obsession pour la science au détriment du reste du cursus. Même le concierge le menace, celui-ci possèdant un chat qui a tendance à vouloir bouffer le cobaye de la classe de biologie sur lequel l’adolescent fait justement quelques expériences. Bref, Vernon se laisse marcher sur les pieds et seule une jolie fille lui apporte un peu de bonheur, laquelle l’apprécie beaucoup mais est déjà maquée avec son pire ennemi…
Tout va basculer un soir où les recherches de l’étudiant – qui désire prouver que les drogues peuvent aussi bien changer quelqu’un mentalement que physiquement – transforme le cochon d’inde en une créature agressive qui dévore le félin de l’homme d’entretien. Quand ce dernier découvre la scène, il considère Vernon comme responsable et l’attaque avec rage, allant jusqu’à le forcer à boire sa propre formule pour le punir. Mal lui en prend car le produit métamorphose Vernon en une sorte d’homme primitif à force surhumaine qui va le tuer brutalement. Redevenant lui-même, le jeune homme tente d’effacer toutes traces du crime mais le cadavre va être découvert par des étudiants, rameutant la police sur le campus. Malgré cette menace, l’adolescent va prendre goût à la vengeance et continuer à tuer, buvant sa potion dès que quelqu’un commence à le malmener. Mais si cela lui permet de gagner de l’assurance et d’emballer sa bien-aimée, son comportement attire aussi l’attention d’un inspecteur bien décidé à arrêter le coupable. La conclusion, prévisible, montre le héros devenir un monstre pour une dernière fois, chassant sa copine dans les coursives du lycée avant de finir sous les balles des flics. Comme on le disait, du pur drive-in à l’ancienne, totalement premier degré et sans aucune surprise.
Les meurtres se limitent à trois petites victimes, la version maléfique de Vernon a juste les bras poilus et le visage sale (il est d’ailleurs constamment gardé dans l’ombre, comme dans une vieille production Roger Corman) et la romance avec l’héroïne fleure bon le temps puritain où un chaste baisé était le maximum que l’on pouvait se permettre question érotisme. Disons-le franchement, Horror High est un dinosaure qui semble avoir été conçu à la mauvaise époque. Surprenant puisque le scénariste n’est autre que J.D. Feigelson, ici caché sous pseudonyme, auteur du bien plus moderne et prenant Dark Night of the Scarecrow, avec Larry Drake en épouvantail meurtrier. Il ne l’avait pas encore écrit à l’époque il faut dire, pas plus que Cauchemar au 13ème étage ou le Terreur Froide de Wes Craven, et il en a sans doute tiré quelques leçons. Au moins il aura continué sa carrière après ça, contrairement au pauvre metteur en scène, lui aussi débutant, qui jamais ne fit d’autres films (il régressa comme assistant réalisateur sur Ne Refermez Pas ma Tombe quelques années après avant de disparaître).
Bien dommage car c’est justement son style qui permet au spectateur de tenir. D’une part il décide d’y aller à fond dans la violence, sans doute inspiré par les récents méfaits de H.G. Lewis, et nous offre quelques beaux moments comme ce visage complètement détruit par un bain d’acide, des doigts coupés au massicot et un corps piétiné jusqu’à ce que mort s’ensuive aux chaussures à crampons (joli plan sur le visage cloué !), avec même un cadrage surprenant en vue subjective, la caméra épousant le point de vue du sol pour nous montrer un corps pendu par les pieds dont le sang coule sur l’objectif. Et si les scènes de terreur se déroulent toute dans la pénombre pour cacher la bête peu convaincante (on appréciera les bourrages sous le T-shirt pour rendre l’acteur plus carré au niveau des épaules, mais on aurait aimé quelques prothèses faciales, même minimalistes, pour représenter son faciès d’homme des cavernes), certains plans fonctionnent pas mal lorsqu’il se tient immobile face à ses proies, parlant d’une voix rauque mais calme.
A ce titre il convient de saluer l’acteur principal, Pat Cardi, parfaitement convaincant dans le rôle de cet ado reclus mais pas trop caricatural, qui se laisse très vite séduire par le côté obscure. Aucune expression d’horreur lorsqu’il découvre ce qu’il a fait, et il se met aussitôt à tout nettoyer avec une froideur calculatrice qui colle parfaitement à son côté scientifique. Lorsque les restes du concierge sont découvert en pleine salle de classe durant un examen, il ne daigne même pas tourner la tête, restant concentré sur sa tâche comme s’il n’éprouvait aucune émotion. La même année Cardi faisait une petite apparition comme “Young Chimp” dans La Bataille de la Planète des Singes avant de tirer sa révérence. Acteur enfant vu dans de nombreuses séries télé (Les Envahisseurs) et L’Héritage Diabolique de William Castle, il commençait sans doute à devenir trop âgé. Du reste, la musique, aux racines très disco, prête plus d’une fois à sourire, surtout lorsque débarque l’enquêteur Black dur à cuir qui évoque la blacksploitation d’alors.
Return to Horror High, slasher parodique de 1987, n’est pas une suite et mais un film sans aucun rapport, le titre n’étant qu’une coïncidence.
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