Frank Frazetta’s
Dracula Meets the Wolfman
(2008)
Grandes figures de l’épouvante, Dracula et le Loup-Garou hantent depuis toujours le genre Fantastique avec succès. De House of Frankenstein en 1944 jusqu’à Van Helsing, soixante ans plus tard, ces deux icônes n’ont de cesse de se rencontrer et de s’affronter. Illustrateur emblématique de la Fantasy, Frank Frazetta leur a dédié une peinture en 1966 dénommée Dracula Meets the Wolfman et c’est celle-ci que l’éditeur Image Comics se décide d’adapter dans ce one-shot du même nom.
Suite au succès de Death Dealer, une mini-série inspirée d’une autre œuvre de l’artiste, la firme a en effet décidé de lancer une série de titres inspirés de son travail. Celui qui nous intéresse ici est écrit par rien de moins que Steve Niles (30 Jours de Nuit) et ce sont les somptueux dessins de Francesco Francavilla (un très bon run sur Zorro à son actif) qui l’accompagnent ; une équipe talentueuse qui aurait pu accoucher d’une splendide mini-série. Hélas c’est un court récit qu’ils réalisent, certes de très bonne tenue et respectueux de son matériel d’origine mais forcément frustrant au regard de ce qu’il aurait pu être.
L’histoire se déroule en 1849, en Moldavie, où Nicholae observe en cachette celle dont il est amoureux, la belle Marta. S’il n’ose pas lui avouer ses sentiments, il se trouve que ceux-ci sont tout de même réciproque et le véritable problème du jeune homme est tout autre: c’est un loup-garou ! Maudit, il se transforme les nuits de pleine lune en une créature sauvage et seule sa famille est au courant de son secret, faisant ce qu’elle peut pour l’empêcher de s’attaquer aux innocents.
Tandis qu’il observe la jeune femme à la dérobé, Nicholae perd la notion du temps et réalise trop tard son erreur. C’est la pleine lune et il se métamorphose subitement, parvenant toutefois à garder le contrôle et à s’enfuir pour ne pas attaquer Marta. Mais celle-ci n’est pas tirée d’affaire pour autant car ses parents ont arrangés pour elle un mariage avec le Comte de la région, un individu sur lequel elle a entendu d’étranges rumeurs. Et tandis que Nicholae tombe dans un piège tendu par son père et son jeune frère pour l’enfermer, un cocher arrive pour emmener la promise au château de celui que l’on peut raisonnablement appeler Dracula (dont le nom n’est jamais officiellement prononcé).
Le frère de Nicholae étant témoin de la scène, il part immédiatement prévenir son frère. C’est sous sa forme animale qu’il se rend chez le Comte, l’interrompant au moment même où il s’apprête à boire le sang de Marta. La lutte s’engage alors entre les deux monstres… Hélas le scénario n’ira jamais vraiment plus loin que cette confrontation, toute l’idée derrière l’adaptation étant que le conflit entre Dracula et le Loup-Garou est éternel, comme nous l’avons évoqué plus haut. Un concept symboliquement mis en scène à travers un épilogue se déroulant à l’époque contemporaine, où les deux adversaires immortels se retrouvent pour finir ce qu’ils avaient commencés, concluant le one-shot par un “The End ?”’ qui ne trompe pas.
Dracula Meets the Wolfman trouve sa force dans son ambiance délicieusement rétro plus que dans son écriture finalement basique et bien trop courte. Tout le comic-book est teinté d’un sépia parfaitement en phase avec le sujet et les dessins de Francavilla parviennent à donner vie aux personnages malgré leur temps de présence très réduit. Le lecteur s’en retrouve plus impliqué, ce qui joue beaucoup en faveur du ressort dramatique de l’histoire. Car qu’est une histoire de ce genre si ce n’est une tragédie ? Le sort de Marta est vite scellé, condition obligatoire pour amener le conflit vers un point de non retour. Sur le papier, la scène aurait été trop rapide pour engendrer la moindre émotion. Illustrée, elle gagne beaucoup en puissance.
Enfin, posons LA question: que vaut le match entre les deux titans ? Et bien si l’on accepte le fait qu’il soit bref, il est plutôt bon. Les deux monstres ont l’occasion de briller et les coups qu’ils se portent sont relativement violent, avec le loup-garou qui arrache les tripes de Dracula et ce dernier capable de soulever son opposant d’un seul bras. Même Marta a droit à son moment de bravoure lorsqu’elle réalise que son sauveur providentiel n’est autre que Nicholae. Dommage que le souffle épique contenu dans l’œuvre de Frazetta ne se fasse pas tellement ressentir ici…
Vous l’aurez compris, ce one-shot ne dépoussière pas tellement le mythe et fonctionne avant tout graphiquement, ce qui semble logique au vu de sa source d’inspiration. C’est donc une bonne idée de la part de l’éditeur de placer quelques croquis et illustrations en bonus à la fin du livre, nous permettant de nous imprégner encore un peu de cette superbe ambiance gothique issue de l’Âge d’Or du Cinéma Fantastique.
Évoquons enfin l’existence d’une superbe statuette sculptée par Troy McDevitt et peinte par Joy & Tom Studios, sortie en édition limitée (500 exemplaires) chez ReelArt Studios.
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