Doctor Who
Ep.7.11
The Crimson Horror
Il était permis d’avoir peur de cet épisode, puisque signé par Mark Gatiss, le responsable du très mauvais Cold War diffusé il y a quelques temps. Ce n’est pas que l’homme est un mauvais scénariste, on peut même dire qu’il déborde d’idées, seulement il semble parfois avoir un peu de mal à s’organiser lorsqu’il s’agit d’aller au-delà du concept et de l’appliquer sur une trame qui tient la route. Des épisodes comme The Idiot’s Lantern, Night Terrors ou Victory of the Daleks étaient tous prometteurs mais le résultat n’est jamais aussi satisfaisant au final. Il en va de même avec ce Crimson Horror, qui marque rien de moins que le centième épisode de Doctor Who depuis son revival en 2005 ! Une histoire plaisante et bourrée de petites choses sympathiques, mais qui ne dépasse jamais le rang d’épisode correct. Cela reste très agréable à regarder, mais pour fêter le 100ème il y avait sans doute plus original.
L’histoire nous ramène a l’époque Victorienne, à Yorkshire, où sont retrouvés des corps à la peau rouge. La fameuse Horreur Pourpre du titre sur laquelle enquêtent Madame Vastra, Jenny et Strax. Ces derniers ont découvert un optogramme sur la dernière victime en date, c’est-à-dire une impression sur la rétine de la dernière chose qu’elle a vu avant de mourir, qui n’est autre que le visage du Docteur ! Le trio fait rapidement le lien avec la campagne de recrutement de Mrs. Gillyflower (Diana Rigg, la Emma Peel de Chapeau Melon et Bottes de Cuir) pour sa communauté privée. Un endroit baptisé Sweetville où n’est accepté que l’élite. Jenny infiltre les lieux et découvre le Docteur, lui aussi victime d’un cas d’Horreur Pourpre mais toujours vivant. Après décontamination, il lui explique que les candidats sélectionnés sont soumis à un lavage de cerveau les transformant en zombies dociles, l’idéal pour une communauté “parfaite”, et que les cadavres à peau rouge sont les rejets du procédé. Le quatuor refait alors équipe afin de stopper Gillyflower et sauver Clara, transformée en légume comme tant d’autres…
L’intrigue n’a donc rien de spécial et peu encore une fois évoquer quelques épisodes passés. Le déroulement est plutôt routinier, jusqu’à une conclusion des plus simples. On pourrait presque voir le script comme un archétype tant son déroulement paraît académique ! Sa seule innovation est de centrer les premières minutes sur le trio Vastra / Jenny & Strax avant de retrouver le Docteur, qui raconte ensuite sa version de l’histoire par flashback. Rien d’extraordinaire, j’en conviens, et c’est ce qui vaut à l’épisode de ne pas remporter l’adhésion générale, mais heureusement Gatiss est ici plus inspiré qu’à son précédent essai et balance plusieurs éléments amusants ou intéressants ici et là, comme ces personnes “parfaites” exposées sous de géantes cloches en verre. Citons également Ada, la fille de Miss Gillyflower, qui est aveugle et dont le maquillage peut évoquer les vieux films d’épouvante de la Hammer avec ces yeux blancs et ces cicatrices, ainsi que ce parasite préhistorique baptisé Mr. Sweet, sorte de grosse sangsue rouge se raccrochant à Miss Gillyflower et à l’origine de toute l’affaire. Un extraterrestre miniature qui, en fin d’épisode, est carrément animé à l’ancienne en stop-motion ! Alors que nous venons tout juste de perdre le grand Ray Harryhausen, c’est un plaisir de que pouvoir revoir ce type d’effets spéciaux dans une production si moderne. On sait Gattis fan d’Histoire et de reconstitution, et cela n’est probablement pas un hasard. Tout comme le flashback du Docteur présenté en teinte sépia et avec une image abîmée et primitive, comme filmé par un antique appareil.
Le récit possède aussi un ton léger qui joue en faveur de l’épisode. Là où Cold War échouait à créer une forme de tension, The Crimson Horror fait dans l’humour et ne cherche jamais à se prendre au sérieux. Strax reste évidemment le moteur comique et il est vrai que le voir vouloir abattre son cheval parce qu’il s’est perdu en chemin est assez drôle. Mais que dire de cette réaction à peine croyable du Docteur, qui tient subitement son Sonic Screwdriver pointé en l’air, en voyant Jenny ôter sa robe à crinoline pour révéler une combinaison moulante plus pratique pour se battre ?! Oh je n’invente rien, Matt Smith changeant même la façon de tenir son outil en reprenant contenance ! Je ne croyais sincèrement plus que le moindre caractère sexuel aussi souligné reviendrait de sitôt dans la série, surtout depuis la fin de l’ère Davies, et l’idée que le Docteur puisse avoir la trique reste quand même surprenante mais c’est très drôle ! Et tant pis pour tout ceux qui préfère percevoir le Timelord comme un être asexué.
Bien sûr tous les gags ne fonctionnent pas et certains sont même un peu poussif. Un personnage s’évanouit fréquemment en apercevant des faits extraordinaires et un petit garçon connaissant la ville comme sa poche est nommé Thomas Thomas, en référence au GPS TomTom. Rien de grave cependant, et je me suis bien plus agacé de l’épilogue rajouté en fin d’épisode, qui forme le pont avec la prochaine aventure et introduit deux nouveaux compagnons. Deux enfants dont Clara est la babysitter et qui ont miraculeusement trouvé sur Internet des images de la jeune femme à différentes époques. Ils en déduisent immédiatement que leur gouvernante peut voyager dans le temps et exigent de faire partie du prochain voyage sans quoi… ils le diront à leur parents ! Je comprends qu’il fallait un prétexte pour introduire ces personnages sans perdre trop de temps, et que la scène est censée être drôle et dans le même esprit que le reste de l’épisode, mais la séquence est plutôt embarrassante. Même en passant sous silence le comportement des enfants qui évoquent surtout de petites pestes capricieuses, comment croire qu’ils puissent penser, à leur âge, que Clara voyage dans le temps ? Pire ! Comment une jeune femme censé être très maline et pleine de ressources ne trouve aucune parade à leur chantage ?!
De quoi faire craindre la semaine prochaine, pour une histoire pourtant signée Neil Gaiman ! Espérons juste que ces bambins ne deviennent pas des passagers réguliers par la suite…
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