Constantine
Ep.1.08
The Saint of Last Resort
Constantine se rend au Mexique pour une nouvelle aventure aux accents de religion chrétienne. Point d’Anges cette semaine mais plutôt des démons, voleurs d’enfants et vieux comme le monde, lesquels espèrent eux aussi en finir avec l’humanité et régner sur Terre. Un épisode en deux parties qui trouvera sa suite après la pause de mid-season, très vite en mi-janvier, et qui donne enfin forme au fil rouge de la série et à la story-arc Rising Darkness. S’il est difficile de faire un comte-rendu sur un épisode inachevé, il y a quand même quelques petites choses qui vaillent la peine d’être mentionnée ici et là, en particulier que la série continue sur la lancée de l’opus précédent, livrant encore une fois une histoire prometteuse bien qu’elle ne décolle jamais en raison du format trop limité qui l’emprisonne.
Alors que Zed prend un peu de repos suite à ses dernières tribulations (ses pouvoirs auraient apparemment été perturbés depuis sa vision de l’Ange Imogen et commencent à peine a lui revenir), John Constantine est contacté en projection astrale par une ancienne connaissance et amante, Anne Marie Flynn. Il s’agit d’une autre adepte de l’occulte ayant prit part à l’exorcisme d’Astra et finissant pareillement traumatisée, allant jusqu’à entrer dans un couvent pour mettre son ancienne vie derrière elle. Elle se retrouve toutefois dans l’obligation de contacter celui qu’elle déteste suite à un fait de la plus haute importance: une créature surnaturelle vient d’assassiner une jeune femme venant tout juste d’accoucher et a volé son bébé !
Se dépêchant sur place, l’exorciste réalise qu’il n’a pas affaire à un simple démon mais à une créature ancestrale dont l’origine remonte au commencement des Temps: Lamashtu, sœur de Eve, ayant refusée les avances d’Adam et préférée de devenir une puissante créature en Enfer plutôt que de servir au Paradis. Dans la réalité, Lamashtu est une démone issue de la mythologie Mésopotamienne, une déesse maléfique responsable des fausses couches et connue pour kidnapper et dévorer les enfants. Elle est souvent assimilée à Lilith, et le show en fait ici d’ailleurs sa soeur, au même titre que quelques autres divinités. Une petite bande de succubes ayant choisi un chemin différent de l’Humanité voulu par Dieu.
Il y aurait beaucoup à dire, thématiquement parlant, sur ce concept misogyne antique, diabolisant la Femme qui désire son indépendance. Pourquoi Lilith et ses semblables seraient-elles forcément monstrueuses pour ne pas avoir voulu d’Adam et de l’Amour de Dieu ? C’est une question que je me pose a chaque incarnation du personnage dans une fiction. Une réflexion vaine car Lilith, la démone, la vampire, est désormais un concept immuable et généralisé, qui ne changera jamais et représentera toujours la Femme sous son plus mauvais jour.
Ce n’est pas différent dans Constantine et cette Lamashtu n’est qu’un horrible monstre dépourvu de tout caractère, de tout identité.
Quoiqu’il en soit, il apparaît qu’ici Lamashtu dérive sensiblement de sa méthode habituelle, car tout laisse à penser que le nourrisson qu’elle a capturée est encore en vie. Plus inquiétant, il semble qu’elle ait choisi de s’en prendre à une famille en particulier, car un autre bébé est emporté peu de temps après: celui du fils du veuf éploré ! Deux générations d’une même lignée se retrouvent donc sous sa coupe, et Anne Marie et Constantine mènent l’enquête. Bien vite il apparaît que ces braves gens ont eu pour ancêtre un puissant sorcier, un être maléfique qui était membre de La Brujeria. Une confrérie si ancienne que son existence date pratiquement de la préhistoire, aujourd’hui disparue depuis des millénaires. Disparue, ou peut-être simplement cachée, attendant son heure pour ressurgir.
Encore les conséquences du Rising Darkness ? Plutôt les origines ! Car Lamashtu travail pour eux. Son but n’est pas de dévorer les deux bébés, mais de les rendre à la confrérie. En échange les sorciers ont promis d’abolir les frontières entre la Terre et l’Enfer, pour permettre aux créatures des Ténèbres de s’emparer de notre monde. Comme nous l’avons vu tout au long de la saison, il ne s’agit pas d’un plan ultime en préparation que nos héros vont devoir contrer, car l’Apocalypse a bel et bien commencé. Encore discrète certes, mais émergeant en force et en nombre.
Et comme pour bien enfoncer le clou, La Brujeria est si ancienne que personne ne possède le moindre sort pour les stopper. Certainement pas John Constantine, qui refuse d’abord d’y croire avant de se rendre à l’évidence. Comme Papa Midnite l’avait prédit, les évènements qui se préparent sont au-delà de son niveau d’exorcisme. Alors en attendant que celui-ci ne cherche une solution, la première partie de l’épisode montre sa course contre la montre pour sauver les enfants et ainsi, peut-être, ralentir la progression de La Brujeria. Toutefois faire équipe avec Anne Marie n’est pas chose facile car celle-ci possède un rapport très ambigu avec lui. Ancienne amante ayant découvert qu’il la trompait, elle ne lui fait absolument pas confiance et déteste ses méthodes. En contrepartie c’est elle qui l’a initié à l’occulte, l’ayant rencontré lorsqu’il était jeune et perdu, et elle se sent responsable de ce qu’il est devenu. Si le sort d’Astra hante Constantine, celui de l’exorciste pèse sur Anne Marie. Recoller les morceaux n’est pas chose facile et leur relation pourrait bien leur causer du tort…
Parallèlement a cette intrigue, Zed réalise que son passé la rattrape. Une vision la prévient que le jeune homme avec qui elle entame un début de relation n’est pas celui qu’il prêtant être, et en essayant de le questionner elle trahie sa position. Plusieurs membres de sa famille font irruption au repaire et tentent de la capturer. Elle représente pour eux leur “salut” et il semble impératif qu’elle soit ramené à leur père à tous. La jeune femme est neutralisée et son sort laissé en suspens alors que l’épisode se termine, mais pour ne rien arranger les choses nous découvrons également qu’elle vient d’avoir quelques visions des plus alarmantes.
Dans ses derniers dessins, Constantine identifie une créature antique. Un Invunche. Un monstre inarrêtable qui a heureusement été détruit lors du Déluge. Hors celui-ci est aperçu par l’exorciste dans le repaire de Lamashtu…
Ce monstre, comme bon nombre de créatures apparaissant dans la série, est inspiré du folklore. D’origine chilienne (le sorcier évoqué plus tôt provient de ce pays) l’Invunche est un monstre humain, un enfant kidnappé lorsqu’il n’a pas encore neuf jour et transformé par un mage en une grotesque créature afin qu’il garde et protège son antre. Le sort réservé aux enfants capturés par la vampire devient clair et cela fait un enjeu des plus intéressant. Et si on se doute que les deux bébés n’auront rien à craindre au final, ce concept apparaît comme bien pire que la mort que l’on craignait de prime abord !
Et là je ne peux qu’applaudir la décision du show d’avoir gardé l’apparence de l’Invunche conforme à sa description originale. Si celle de Lamashtu est des plus décevante car terriblement basique (griffes et dents pointues) par rapport à la description mythologique (une créature composite doté d’une tête de lion, de pieds d’oiseau et des oreilles et dents d’âne !), le monstre protecteur est identique aux légendes. Un humain difforme avec la tête à l’envers, des bras tordus, marchant sur ses mains tandis qu’une de ses jambes est attachée à son dos. La chose n’est qu’une masse de chair incapable de parler, poussant des bruits gutturaux inintelligible. Un design déjà repris tel quel dans la BD, à l’époque de Swamp Thing (la toute première apparition de John Constantine, avant sa série régulière avec Hellblazer) lorsque Alan Moore était au commande pour l’histoire dont s’inspire cette première saison.
Si nous n’avons qu’un bref aperçu de l’Invunche dans cet épisode, son apparition fait sensation. Caché dans les égouts brumeux, au fond d’un tunnel, il se tortille et rampe sur les murs en poussant des cris évoquant des pleurs. Impossible de ne pas penser aux cauchemardesque Lying Figures de Silent Hill 2. Voilà exactement ce dont la série avait besoin, après de nombreux possédés aux looks interchangeables !
The Saint of Last Resort se permet quelques autres folies tout autant appréciable, comme cet arbre sur lequel poussent des “fruits humains”, poires faites de chair et de sang, ou encore cette porte qui mène sur une dimension de néant, ouverte par inadvertance comme à la bonne époque du House de Steve Miner. Certains éclairages du couvent où réside Anne Marie et sont renversant, rappelant tant Dario Argento et ses Trois Mères que le meilleur de la Nunsploitation d’autrefois, et l’utilisation de Pazuzu est ici plutôt bien vu. Celui qui était le démon de L’Exorciste nous est présenté comme étant rien de moins que l’ex de Lamashtu (ce qui vient certainement du folklore où les deux divinités seraient rivales, prier l’un permettant de se protéger des mauvaises actions de l’autre).
Bref, bien qu’il faille attendre quelques semaines pour savoir la suite, cette première partie ne laisse augurer que du bon et j’espère sincèrement que les derniers épisodes de Constantine soit du même niveau. Cela pourrait jouer en la faveur du show et lui permettre la validation d’une seconde saison.
Rien d’autre à ajouter, si ce n’est qu’on devrait dire au scénariste que tirer un coup de feu dans un tunnel lorsque l’on a un bébé dans les bras, c’est certainement le meilleur moyen de le rendre sourd ! Honnêtement c’est la première chose qui devrait venir en tête d’une nonne dont l’unique préoccupation est la santé du nourrisson !
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