Constantine (1.05)

Constantine
Ep.1.05

The Danse Vaudou

 

 

Plus je regarde Constantine, plus j’ai l’impression d’opérer un véritable retour aux années 90 tant la série semble vouloir reproduire les formules de cette époque. La semaine dernière, l’épisode A Feast of Friends tournait essentiellement autour de l’addiction et des répercutions que cela peut entrainer. Gâchant par ce biais une histoire de rédemption simple mais qui aurait pu tenir la route en soit. Danse Vaudou fonctionne sur le même principe et traite cette fois de la culpabilité, transformant une histoire de fantômes en une réflexion sur nos démons intérieurs, sur notre incapacité à pouvoir nous pardonner pour certaines actions que nous avons commises.
Étant donné que la série part sur le principe que John Constantine est hanté par ce qui est arrivé à la petite Astra, il serait logique de penser que tout ça va mener le personnage vers une nouvelle étape, et ainsi faire avancer le fil rouge. Mais non ! Danse Vaudou parle de culpabilité en mettant en scène d’autres personnages, évoquant à peine celle du héros, comme s’il ne fallait pas encore toucher au statu quo et modifier ce qui a été mis en place depuis le pilote.
C’est décevant, prévisible et ce n’est pas du tout bon signe pour l’avenir du show. Surtout que le scénario n’a finalement rien de particulièrement original et on a vite fait de ressentir une impression de déjà-vu dans la dernière partie.

 

 

Dommage car le point de départ était plutôt intéressant, montrant un double cas de phénomènes expliqués au cœur de la Nouvelle Orléans. Celui d’un fantôme hantant les routes, apparaissant de nuit et provoquant un accident a quiconque le prend en stop, référence évidente au mythe de la Dame Blanche (bien qu’il s’agisse ici d’un jeune homme pâle). Il y a aussi cette femme cachant son visage mutilé derrière un masque chirurgicale, qui tue ceux qui la croise en les poignardant avec une paire de ciseaux. Moins connue en Europe, il s’agit pourtant d’une figure célèbre des légendes urbaines japonaises, la Kuchisake-onna (littéralement, la femme à la bouche fendue). Il s’agit de l’esprit d’une femme défigurée qui s’en prend aux enfants, demandant si on la trouve jolie avant d’exhiber sa blessure. Dans le mythe originale, ses joues sont découpées en un horrible sourire de l’ange, mais la série va un peu moins loin et se contente d’une méchante cicatrice sanglante en travers de la bouche.
J’ignore pourquoi les scénaristes ont (sensiblement) modifiés leur apparence et j’aurai préféré une représentation authentique de ces spectres séduisants, aux looks aussi uniques que différents, plutôt qu’une version moins iconiques, mais la simple idée de mêler les folklores au sein d’une histoire de vaudou reste intéressante. Car c’est en effet Papa Midnite qui est derrière cette affaire, ramenant les morts à la vie lors des rites vaudous qu’il effectue à la demande de ses disciples.

 

 

Le twist c’est que, s’il est responsable, il n’est pas coupable. Ne réalisant pas que ses pouvoirs sont amplifiés par l’évènement du fil rouge de la série (officiellement baptisé The Rising Darkness), le sorcier pratique des séances pour permettre à certains de communiquer avec des défunts et de remettre les choses à plat. Une grand-mère s’en veut d’avoir mis son petit fils à la porte (l’autostoppeur fantôme, heurté par une voiture en partant de chez lui), une mannequin souffrant de maladie mentale ne supporte pas l’idée d’avoir agressée une concurrente (la femme au ciseau, qui s’est suicidé après les faits), une femme qui n’était pas chez elle lorsque son mari est mort du cancer regrette de ne pas avoir pu lui dire au revoir…
Tous déplorent leurs actions et espèrent trouver le pardon en contactant les victimes. Seulement voilà, la confrontation n’a pas suffit et les revenants sont incapables de trouver la paix tant que leurs « contacts » se sentent responsables. Les âmes en peine se retrouvent à errer dans les parages et à faire quelques victimes, attirant évidemment l’attention de Constantine et de sa bande. L’exorciste va devoir s’expliquer avec son rival et même faire équipe avec lui pour régler la situation. Ajoutez à tout ça la présence d’un policier plongeant progressivement dans le surnaturel, lorsqu’il est témoin d’une manifestation paranormale, s’intéressant alors de près à tout ce petit monde après avoir été ridiculisé par ses supérieurs…

 

 

Pour ce qui est de l’intrigue, une histoire fermée qui n’aura que peu de répercussions sur l’intégrale de la saison, elle est passable. Elle se laisse suivre mais ne va pas très loin, le déroulement du scénario étant on ne peut plus prévisible. Constantine et Midnite se crêpent le chignon à longueur de temps, Zed fait preuve d’humanité avec les gens qui l’entourent et le final montre les esprits repartir vers l’au-delà car le groupe de personnes responsables vient évidemment à bout de leur démons intérieurs.
Danse Vaudou est beaucoup plus intéressant en ce qui concerne la relation des protagonistes principaux et surtout le duo Constantine / Midnite. L’épisode montre a quel point les deux ne sont pas en phases culturellement et professionnellement parlant, mais a quel point ils sont finalement semblables. Comme notre exorciste qui possède sa part de responsabilité dans l’affaire Astra, Midnite est traumatisé parce qui est arrivé à sa sœur Cedella par sa faute, puisqu’il semble qu’il l’ait envoyé en Enfer autrefois. L’homme conserve même son crâne afin de pouvoir communiquer avec elle dans l’autre monde, visiblement incapable de tourner la page. Et quand bien même le prêtre vaudou demande de l’argent en échange de ses services, on peut le voir véritablement inquiet du sort d’une des ses fidèles, dont l’énergie vitale est petit à petit absorbée par le fantôme de son mari.
Voir Midnite mettre son égo de côté et s’allier avec quelqu’un qu’il déteste prouve qu’il n’est pas le simple antagoniste de service, et révèle un personnage plus complexe.

 

 

En l’état, les autres protagonistes (Zed, Chas et le policier) ont beaucoup moins à faire cette semaine et n’ont donc pas droit à de grandes scènes, toutefois l’épisode se montre suffisamment clément pour offrir un moment à chacun d’eux. Dans le cas de Chas, on lève le voile sur sa capacité de survie évoquée dans le pilote. En fait celui-ci est carrément un immortel tel qu’on en aperçoit dans les Highlander ! Son corps se régénère de lui-même et il se “réveille” brutalement après quelques heures. Je ne sais pas s’il faut crier au plagiat, mais visuellement c’est tellement similaire que qu’il est impossible de ne pas y penser.
Au moins l’acteur a pour lui une petite scène où il cours après la Kuchisake-onna et tente une approche différente à chaque fois, lesquelles sont toutes décrites dans la légende urbaine originale. De son côté Zed développe une connexion psychique avec la carte des États-Unis où apparaissent les phénomènes paranormaux, à force de concentrer son pouvoir de visions dessus. En pratique cela se traduit par une capacité à savoir à quel endroit exact se situent les évènements surnaturels les plus récents. Une manière pour la série de trimballer ses personnages d’un bout à l’autre du pays sans avoir à perdre du temps sur des recherches pour déduire le lieu du drame. Pratique j’imagine, mais cela n’apporte techniquement rien au personnage. Comme pour s’excuser, Danse Vaudou remet sur le tapis ses origines troubles qu’elle garde volontairement secrètes et nous découvrons que la jeune femme à prit la fuite de sa ville d’origine pour, apparemment, quitter sa famille. Plus de réponses d’ici le season finale mais c’est toujours ça de prit.

 

 

Enfin comment ne pas évoquer l’introduction de ce policier dont je tais le nom depuis le début de cette chronique. Il se trouve que celui-ci n’est nul autre que Jim Corrigan, plus connu sous le nom du Spectre. Une entité surnaturelle des plus importantes (et comptant parmi les personnages les plus puissants du DC Universe) puisqu’il s’agit de l’incarnation de la Vengeance. Pour le moment le personnage n’en est pas encore là, mais une vision finale de Zed montre sa future mort et renaissance. Et puisque Jim semble prêt à plonger totalement dans l’univers sombre de la magie, il n’est pas difficile de deviner que son destin est directement lié à ce qui arrivera en fin de saison.
En attendant de voir un peu plus le véritable Spectre en action, il me faut mentionner son apparence entrevue à travers l’esprit de Zed. Un crâne et une aura verte qui évoque vaguement la cape et cagoule du personnage original. Il est claire que la version live ne pouvait pas d’emblée reprendre le design des comics sous peine de paraître ridicule, mais je crains quand même une redite de l’horrible Galactus dans Fantastic Four: Rise of the Silver Surfer, où le Dévoreur de Mondes était représenté par une masse nuageuse prenant vaguement, très vaguement, la forme du personnage.

Bref, Danse Vaudou est loin de constituer un bon épisode et évoque même une quelconque série télé fantastique comme il en existe des pelles, mais c’est regardable. Ça met en scène un fantôme relativement peu connu du grand public et le casting reste le point fort du show, permettant de rendre très supportable les dialogues et interactions pas folichons.
Constantine témoigne d’une baisse de régime certaine et si les choses ne s’améliorent pas, il est fort probable que le show soit annulé avant sa deuxième saison.

 

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