Frontier Martial-Arts Wrestling
“Biomonster” DNA
“バイオモンスタ” – DNA
“Biomonster” DNA, c’est avant tout l’histoire d’un jobber qui n’a jamais réussi à faire décoller sa carrière. Catcheur au physique prometteur, GOSAKU (tout en majuscules) se fit critiquer par les fans comme par ses pairs dès son entrée dans la FMW (Frontier Martial-Arts Wrestling), une promotion spécialisée dans le deathmatch dont il s’autoproclamait roi. Il lutta ainsi sous différentes identités sans pour autant trouver ses marques, devenant tour à tour Gosaku Goshogawara, Undertaker GOSAKU, et surtout un lutteur transexuel se retrouvant coincé en low-card dans la division féminine de la compagnie. Une possible punition pour ses médiocres résultats, d’autant qu’il y combattait sous son véritable nom, Azusa Kudo, comme pour bien enfoncer le clou. C’est probablement pour redorer son blason qu’il accepta en 2001 un nouveau gimmick encore plus fou: celui d’un véritable kaijin de tokusatsu.
Les origines du monstres sont peut-être plus farfelues encore que son apparence: c’est après une cuisante défaite que Kuzo, alors supposément devenu femme, décida de retrouver son corps d’homme et sa puissance physique d’autrefois. Elle s’envola pour le Vietnam afin de subir une nouvelle opération, mais un horrible accident mélangea son ADN avec celui d’une araignée, la transformant en une créature hybride inhumaine mais toujours douée de raison, et encore sous contrat avec la FMW. Quelques jours plus tard, il ou elle (sa nouvelle identité sexuelle n’ayant jamais été éclaircie) revint sur le ring sous le nom de “Biomonster” DNA, portant un masque écailleux pour simuler sa métamorphose. Cette première itération du personnage reste cependant très cheap et le lutteur demeure vêtu de loques pour cacher son corps supposément difforme, en plus de changer régulièrement de comportement selon ses apparitions.
Il pouvait ainsi agir comme une créature de Frankenstein zombiesque, un psychopathe silencieux ou une brute colérique sans qu’aucune explication ne soit donnée pour ces sautes d’humeur. Pas de cohérence non plus dans ses techniques de combat, puisque le mutant avait tendance à attaquer sans réflêchir en bousculant tables, chaises et spectateurs sur son passage, mais il utilisait néanmoins tout un arsenal: fioles de liquides colorés versées sur le visage de ses victimes, canon-extincteur relié à un gros réservoir dorsal, et surtout le bio-gun, un fusil à air comprimé qu’il utilisait à bout portant pour abattre ses ennemis, les achevant ensuite d’un coup de botte après ça juste pour être sûr. Soyons clair: rien de tout ça n’aida GOSAKU à s’améliorer sur le ring, mais cela eut le mérite de le rendre beaucoup plus intéressant pour ceux qui apprécient les personnages loufoques et colorés de l’industrie.
A ce titre il faut apprécier les détails de la tenue comme cette bouche verticale façon plante carnivore ou l’aspect organique du bio-gun qui semble fait de la même matière que lui. Suivant la faillite de la FMW en 2002, le lutteur continua de jouer Bio-Monster en freelance ou dans d’autres promotions jusqu’en 2005, faisant des apparitions entre autres à la Big Japan Pro-Wrestling (BJW), la World Entertainment Wrestling (WEW) et la Wrestling Marvelous Future (WMF). Des boites un peu plus importantes que celle de ses débuts, qui lui permirent de réviser son costume et le rendre plus impressionnant avec une lourde combinaison caoutchouteuse. Fini les gadgets et les fringues pouilleuses, DNA est plus que jamais une abomination carrée comme une armoire et doté d’une cage thoracique dentée. L’air de rien cela ne fit qu’accentuer sa ressemblance avec le célèbre Nemesis de Resident Evil 3, et cela étaitpeut-être volontaire vu que le jeu était encore tout récent.
Même Capcom dû s’en rendre compte puisqu’en 2003, pour la promotion de Viewtiful Joe, GOSAKU eu l’honneur d’affronter le super-héros sur le ring, en live action, dans un match en tag team avec HERO! et Joker (Seiya Morohashi, sans lien avec DC Comics) à la DDT Pro Wrestling. Au fil des ans DNA continua essentiellement son rôle de heel, montant à l’occasion en mid-card mais sans jamais vraiment évoluer. Au cours de cette carrière il combattit au côté du canadien Dr. Luther, devint babyface le temps d’un court partenariat avec Onryo, et fit le clown dans des vignettes backstage où il avait tendance à effrayer ses collègues. La plus amusante reste sans doute celle où une jolie interviewer de la FMW discute gentiment avec lui sans la moindre appréhension, gagnant ainsi son cœur. Quelques instants plus tard il revient vers elle pour lui offrir une fleur et s’eclipse aussitôt, trop timide pour lui avouer ses sentiments !
Le segment le plus mémorable de son histoire reste cependant la conclusion du match “666 certified rules” contre Tokai Bushido V3, où il est tué backstage à renforts d’explosifs. Une scène montrée en vidéo, où il était précisé que les lutteurs cosmiques avaient voyagés dans une autre dimension pour ce grand final, afin que l’onde de choc n’affecte pas le public ! Cela aurait pu être une fin parfaite pour le personnage, malheureusement les choses se terminent rarement en beauté dans l’univers du catch et à la place GOSAKU retira simplement son masque devant tout le monde après son ultime combat. Un acte motivé par la réception (kayfabe) d’une lettre touchante de sa maman, qui lui assurait qu’il n’était pas un monstre. Une situation un peu décevante et proche du fameux démasquage de Kane à la WWE, où l’on découvrit qu’il n’était pas défiguré et que ses cicatrices n’étaient en fait que psychologiques.
Depuis le lutteur a poursuivit sa carrière sans connaître plus de succès, se faisant même virer de la BJW pour avoir manqué plusieurs matches. La légende de “Biomonster” DNA vit cependant toujours dans le cœur de trois-quatre fans, avec quelques fanarts trouvables sur Internet et surtout une musique du luchadore métalleux UltraMantis Black sortie en 2014, simplement intitulée Biomonster DNA.
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