Mars Attacks Popeye (2013)

 

Mars Attacks Popeye

(2013)

 

Il y a quelques temps j’évoquais le Big Event de IDW Publishing nommé Infestation, qui a eu lieu deux fois en deux ans. Je supposais alors qu’un troisième opus verrait le jour en cours d’année et je théorisais déjà sur les séries qui y seraient associées. Presque immédiatement après, je découvre que IDW lance un équivalent similaire, sobrement intitulé Mars Attacks. S’il ne s’agit pas officiellement d’une nouvelle Infestation, le concept reste le même (une même menace dans différente série, les auteurs changeant les règles en fonction des univers) et certains titres phares d’IDW se retrouvent encore une fois choisis par l’éditeur (Transformers notamment). Manque de bol pour moi, point de Petits Poneys ici, ce qui signifie que je me suis farci deux numéros pour rien !

 

 

Quoiqu’il en soit, l’event se base sur les invasions de différents titres par de belliqueux martiens, les mêmes que ceux du film de Tim Burton (à l’origine créés pour une série de cartes à collectionner) et dont IDW possède justement les droits. Ils ont même actuellement leur propre série comics, qui relate différentes attaques sur notre pauvre planète. Ce n’est pas une nouveauté puisque Image Comics avait déjà fait la même chose dans les années 90. La compagnie conçue son propre crossover, où ses différents héros (Savage Dragon, WildC.A.T.s, Spawn) s’opposait à leur invasion.

 

 

Après les zombies et les abominations de Lovecraft, les martiens constituent une suite logique puisqu’ils sont eux aussi de grandes icônes du Fantastique et de la SF depuis toujours, et intituler l’évènement simplement Mars Attacks, pour faire un peu de pub à la nouvelle série semble presque évident. Ce qui l’est moins c’est lorsque Chris Ryall, l’éditeur en chef d’IDW, déclare avoir voulu faire quelque chose de différent d’Infestation 3. Dans l’idée les martiens font ici officent d’explorateurs de l’Histoire du comic-book américain, se promenant à travers les séries selon un certain ordre chronologique: les années 30 avec ce Popeye, puis les années 70 (KISS), 80 / début 90 (Transformers et The Real Ghosbusters) et enfin 2000 (Zombies vs. Robots). Sur le papier c’est intéressant, mais le résultat final ne change pas grand chose des sélections précédentes.

 

 

Un détail amusant cependant: la violence des histoire varie selon les codes de morale établit en fonction des époques. Pas question de gore ou d’humour macabre dans Popeye, une période fortement naïve et innocente ! Le scénariste détourne alors les rayons mortels des extraterrestres via une invention farfelue, laquelle neutralise les armes futuristes pour les rendre totalement inoffensives: les lasers désintègrent seulement les vêtements. Une trouvaille pratique qui convient parfaitement au ton de la série, tout comme l’argument de base. Car de premier abord, un crossover entre le mangeur d’épinard et les martiens semblent carrément improbable ! Mais c’est bien vite oublier les personnages secondaires de la série: si tout le monde connaît Popeye, Olive et le vilain Brutus (absent de cette histoire), il faut aussi compter sur la présence de Haggy la sorcière des mers, une autre méchante disposant d’étranges créatures marines à ses ordres, ou encore de Pilou-Pilou, une sorte de chien/léopard qui vient d’une autre dimension ! Avec ça forcément, de simples envahisseurs d’une autre planète ne semblent pas tellement hors sujet…

 

 

L’histoire de ce Mars Attacks Popeye montre nos martiens débarquer sur Terre pour être accueillis par Haggy, qui les hypnotisent avec une gemme magique. La sorcière compte utiliser les envahisseurs pour ses propres projets de conquête et détruit littéralement la ville où habitent les protagonistes de la série. Popeye décide d’affronter la menace mais va vite réaliser qu’il n’est pas de taille contre tout une armée et qu’il va avoir besoin de toute l’aide qu’il peut trouver.

 

 

Plutôt original malgré sa simplicité, le script nous montre pour la première fois les martiens obéir à une volonté autre que la leur, et voir les protagonistes d’une série tellement différente devoir s’associer pour trouver une solution contre la menace commune est très intéressante. Divers personnages secondaires prennent alors de l’importance (Pôpa, le père de Popeye, qui semble se moquer du sort de la ville, le Prof, un savant fou dont les connaissances seront bien utiles, Alice et les hommes marins, les anciens laquais de Haggy qui n’apprécient pas d’être remplacés) et au final, même si les épinards restent la meilleure solution, le lecteur se demande quand même comment les héros vont bien pouvoir s’en sortir !

 

 

Les aliens ne sont pas en reste puisque l’on retrouve avec plaisir leur célèbre arsenal, du désintégrateur au robot géant. On y croise même, avec grande surprise, un vol de canards enflammés, renvoie immédiat à l’humour noir des cartes originales. Surprenant tant la notion de violence se devait de ne pas être présente, mais appréciable quand même.

 

 

Ainsi Mars Attacks Popeye ne s’en sort pas trop mal et dépasse amplement le rang de simple petite curiosité. En centrant l’intrigue sur les personnages humains, le scénariste évite d’appuyer trop lourdement sur l’aspect “crossover” de son histoire (les martiens de Mars Attacks ! aurait pu êtres remplacés par des analogues anonymes sans que le scénario n’en pâtisse) et évite donc soigneusement de sacrifier son intrigue au profit d’un inutile partage de vedette. Chose qui se retrouve généralement dans la plupart des crossovers où chaque série doit être représenté en égalité avec son partenaire de scène.

 

 

Le tout est agréablement accompagné d’un dessin rétro, directement issu des anciens Popeye (jusqu’à l’imitation de la vieille trame d’impression !) et le design des martiens s’y intègre très bien, ceux-ci paraissant même encore plus hideux que d’ordinaire tant l’illustrateur s’acharne à détailler leurs visages dégoulinants. Les soucoupes volantes et les robots ont également ce look vintage qui évoque tout autant les comics de l’époque que la science-fiction kitsch d’autrefois. Seul retour de médaille de ce parti-pris: devoir décoder les paroles de Popeye, le marin s’exprimant dans un vieil argot pas toujours évident à comprendre pour ceux dont l’anglais n’est pas très bon.

 

 

Bref, voilà une très bonne première entrée au nouvel event de IDW Publishing qui donne très envie de voir les prochaines intrusions des célèbres martiens dans d’autres franchises. Si le résultat n’est finalement pas différent de n’importe quel Infestation, malgré amusante idée de publication chronologique, il reste tout aussi divertissant ! Les prochaines parutions de ces Mars Attacks se sont effectuées durant tout le mois de janvier, avec dans l’ordre: KISS, Ghostbusters, Transformers et enfin Zombies vs. Robots.

 

 

Toutefois précisons que chacun de ces comics possède DEUX couvertures alternatives, lesquelles représentent un crossover avec encore d’autres séries: Judge Dredd, Strangers in Paradise, Spike de Buffy Contre les Vampires, etc. Une idée sympathique qui relève un peu l’originalité des parutions en variant covers, mais qui peu engendrer une certaine confusion quant aux nombres de séries exact qui figurent dans le Big Event. En l’occurrence, pour ce Mars Attack Popeye, les variantes présentent Miss Fury, une héroïne Pulp des années 40, et Opus, un comic-strip publié dans les journaux américain durant les années 2000.

 

   

 

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