Jason Escapes From Hell

 

Me voilà sur une “vieille” news datant de début Mars, car j’ai accumulé un peu de retard ce mois-ci. Pour autant, j’ai quand même la sensation de partager quelque chose d’inédit puisque visiblement personne chez nous n’a cru bon de relayer l’information. Pourquoi ? Parce qu’en France, même au sein de la communauté Horreur, nous sommes très sélectif. Alors quand l’information tourne autour de la franchise Vendredi 13, pas toujours très populaire, et du monde des jeux vidéos, c’est le blackout complet. Notre habituel élitisme qui refuse de se frotter à des sujets “adolescents” ou “immature”, je suppose…
Et c’est dommage car celui-ci est plutôt intéressant, puisqu’il s’agit de rien de moins que la réunification de deux vieilles légendes du genre, très probablement la toute dernière fois: j’ai nommé le légendaire Tom Savini et son “enfant” difforme, Jason Voorhees. Car il faut bien le dire, si c’est Victor Miller qui a donné naissance au personnage, celui-ci l’a toujours imaginé comme un prétexte pour son intrigue. Une ombre, sans physique ni personnalité, jamais destinée à devenir un protagoniste à part entière, et à la base peut-être même nommée “Josh” dans son script original.
C’est en cours de tournage que Jason a prit forme, avec le concours de Sean S. Cunningham (le réalisateur, qui lui donne vie dans l’une des dernières scènes du film, inventée au dernier moment), Tom Savini (maquilleur, qui décide de lui donner un visage monstrueux pour le rendre plus dérangeant) et Ari Lehman (jeune interprète, qui inventera sa propre histoire sur la genèse du tueur et le jouera tel quel en dépit de la véritable intrigue) et on peut tout aussi bien leur attribuer la paternité à tous les trois.

 

 

Et puis la franchise est née, Vendredi 13 a grandit, est passé du Slasher ancré dans la réalité à un univers clairement surnaturel et Jason est devenu le célèbre mort-vivant invincible que l’on connait tous. Et alors que ses premiers pas en tant qu’adulte étaient encore hésitant, entre un look de bouseux finalement renié après Part 2 et un début de concept intéressant dans Part 3, c’est Tom Savini qui lui offre son apparence définitive pour la seconde fois, lorsqu’il revient pour l’épisode 4. Et le tue pour de bon, ce qui lui permettra plus tard de renaitre sous une nouvelle forme plus adaptée à ses aventures.
La contribution du maitre s’arrête là mais son “fils” va sans cesse changer de forme au fil des années, revenant d’entre-les-morts jusqu’à adopter le profil parfait avec l’arrivée du cascadeur Kane Hodder dans le costume.
L’histoire, techniquement, s’arrête là. Et lorsque le Jason “ultime” disparaît, c’est toute la saga qui s’écroule. Pour diverses raisons, Hodder est éjecté du crossover avec Freddy Krueger (remplacé par le gars à qui il bottait le cul dans le 8ème épisode !) et le résultat marquera la fin quasi définitive des deux séries. Elles reviendront chacune à travers de pathétiques remakes qu’il convient de ne pas mentionner. Et si Freddy a définitivement passé l’arme à gauche après que Robert Englund est annoncé sa retraite définitive – en incarnant le personnage une dernière fois pour lui dire adieu, touchant, Jason, lui, refuse de mourir.

 

 

On parle depuis longtemps d’un nouveau film, à l’origine la suite du remake, puis un nouveau remake, puis le terme “reboot” est utilisé. On penserait qu’il n’y a rien de plus simple à faire qu’un Vendredi 13, la Paramount pondant une séquelle pratiquement tous les ans durant les années 80, mais aujourd’hui c’est un tel bazar que personne ne sait ce qui se passe avec le projet. Pas même les responsables ! Et pourtant, à la manière de Krueger dans Freddy sort de la Nuit, le personnage ne compte pas disparaitre, même lorsque sa saga est abandonnée. Et ainsi Jason, le “vrai” Jason, revient là où on ne l’attendait pas.
A travers un jeu vidéo, à l’origine un hommage aux Slashers d’autrefois qui a fini par se métamorphoser en obtenant la licence Friday the 13th. En développement depuis environ 2015, pas encore sorti mais prévu pour cette année, Friday the 13th: The Game n’en fini plus de brosser le fan dans le sens du poil: reproduction parfaite de Crystal Lake, du camp et de ses environs (la grange de l’épisode 3, jusqu’à la botte de paille suspendue, le cimetière où repose Mme Voorhees ainsi que l’antre de Jason aperçue dans le second film), présence de plusieurs objets vu auparavant à travers les différents films, retour de personnages-clés comme Tommy Jarvis (que le joueur pourra incarna en remplissant certaines conditions), meurtres brutaux similaires ou repris aux séquences les plus mémorables de la franchise…

 

 

Différents “Jason” sont bien sûr disponibles pour habiller le tueur (on appelle ça des “skins”, l’aspect extérieur du personnage virtuel, qui n’est qu’un choix cosmétique), tous reprit des différents films: on retrouve le bouseux au sac sur la tête de Part 2, la première version au masque de hockey de Part 3, le zombie original de Part VI avec ses gants jaunes, le mort-vivant pourri conçu par John Carl Buechler pour le 7ème film (assurément le meilleur de tous), ou encore la déclinaison visqueuse du mal aimé Jason Takes Manhattan et le mutant difforme de Jason Goes to Hell ! Chacune de ces variantes peuvent être démasquées, révélant au détail près le visage monstrueux du croquemitaine. Preuve du dévouement des programmateurs ? Ils offrent enfin une faciès à Jason pour sa déclinaison du 9ème opus, premier film où celui-ci n’était pas montré. L’absence de ce visage dans le film aura alimenté l’imagination de pas mal de créateurs de jouets et autres figurines, chacun y allant de son interprétation, mais c’est la première fois qu’une version “officielle” est donnée !
Kane Hodder lui-même a été sélectionné pour incarner le tueur, faire la motion capture et coordonner les cascades virtuelles du jeu. En un mot comme en cent, le personnage revient enfin pour de bon. Et il n’est pas le seul, car outre Sean Cunningham en producteur on y retrouve aussi le compositeur attitré de la saga, Harry Manfredini, pour la bande-son, et Tommy Jarvis est joué encore une fois par Thom Matthews, qui l’incarnait dans Jason Lives.

 

 

Dans un registre plus honorifique qu’autre chose, Tom Savini a été engagé comme consultant créatif pour ce qui touche aux meurtres et au gore à travers le jeu. Naturellement celui-ci ne fait que donner quelques conseils ici et là sur l’allure que doivent avoir les blessures et les cadavres, mais il est évident que sa présence n’est là que pour faire plaisir et s’assurer une valeur sûre.
Tout cela tient du rêve du fan et fait croiser les doigts quant à la réussite du jeu (car si le gameplay est foiré, hélas tout s’écroule). Mais alors que tout semble prêt et que l’on attend plus que l’annonce de la date de sortie – sans doute révélée à l’E3, voilà que les responsables rajoutent la cerise sur le gâteau en confiant à Savini un petit projet. Juste un bonus, rien de plus, mais une attention qui touche forcément le cœur des fans: le moustachu s’est ainsi vu confier la création d’un Jason inédit, une exclusivité pour le jeu.
Encore une fois, il n’a pas grand chose à faire: tout au plus dessiner quelques croquis, puisqu’il n’a ni latex ni fluide à tripatouiller. Mais il s’exécute et livre quelque chose… de totalement surprenant. Alors qu’on aurait pu imaginer un énième zombie, ou une variation sur la version humaine du personnage, l’ancien spécialiste des effets préfère explorer une partie jusqu’ici inédite de son histoire. Son séjour en Enfer.

 

 

Pour être franc quelques personnes ont déjà tenté l’expérience par le passé, mais sans jamais donner satisfaction. C’était d’abord l’éditeur Topps Comics, qui après avoir obtenu la licence pour l’adaptation BD de Jason Goes to Hell, s’est amusé à l’inviter au sein d’une autre série, Satan’s Six, où un démon tente de l’embaucher ! Un guest de luxe même si le tueur de Crystal Lake y apparaissait sous son apparence habituelle et n’y faisait que de la figuration. C’est ensuite James Isaac, réalisateur de Jason X, qui tente un lien subtile entre son film et l’opus précédent: tout le générique d’ouverture présente un paysage infernal plein de flammes et d’apparence surnaturelle, façon de débuter là où on s’était arrêté la dernière fois. Surprise, il s’agit en fait d’une représentation de l’intérieur du corps de Jason, que des scientifiques dissèquent pour comprendre le secret de son immortalité. Enfin, évidemment, c’est Freddy vs. Jason qui le ramène sur Terre via son adversaire. Juste une réplique (“I had to search the bowels of Hell, but I found someone”) et basta.
Autant dire qu’on attend toujours une aventure montrant le croquemitaine aux prises avec des démons surpuissants, et c’est justement ce concept qu’aura favorisé Savini. Ainsi ce nouveau design est sa propre interprétation de ce qui est arrivé à Jason après le 9ème film, et l’apparence du personnage reflète clairement son passage chez Satan. Un look plus agressif montrant qu’il a dû passer par de terribles épreuves…

 

 

La première chose que tout le monde repère, c’est évidemment les flammes de l’Enfer qui brûlent encore en Jason. Elles ne s’échappent pas de lui comme un simple feu et donnent plutôt l’impression d’agir comme une forme d’énergie impie, lui redonnant vie de la façon la plus démoniaque possible. En contraste son corps est noir comme du charbon, carbonisé, et on note l’absence de ses yeux, lui faisant ainsi perdre le peu d’humanité qui lui restait. Il n’est plus qu’une silhouette décharnée, sorte d’enveloppe corporelle en mauvais état qui abrite une forme de Mal spirituel.
Celle-ci semble même altérer le corps de Jason, où l’adapter à son environnement, et on trouve la présence d’étranges piques sur le côté droit, comme si l’épiderme se modifiait pour devenir plus démoniaque. Ils évoquent aussi bien des cornes que des pics rocheux et cela cache peut-être quelque chose quant à la nouvelle nature du croquemitaine. En un détail macabre soulignant la chaleur surnaturelle qu’il dégage, sa peau a gravement brûlée par endroit, notamment le côté droit du visage et la région orale. Ses lèvres ont sûrement fondues et fusionnées, laissant quelques filaments en place lorsqu’il aura ouvert la bouche.
Et puis il y a les blessures au visage et sur le masque. De grandes griffures qui pourraient aussi bien avoir été commise par quelques créatures infernales que par un certain Freddy Krueger. Après tout, celui-ci était bien visible à la fin de Jason Goes to Hell et il laissait sa marque de la même manière lors de leur duel, dans le crossover…

 

 

Assurément, ce design témoigne des conditions extrêmes qu’à dû rencontrer Jason et marque quelques bons points. Les yeux notamment, qui ne sont que des trous d’où s’échappent les feux de l’Enfer et qui doivent être un clin d’œil (ha !) à la bande-annonce du 9ème opus, qui montrait déjà un masque de hockey englouti par les flammes, lesquelles formaient des yeux semblables à celui de Sauron. La bouche a quelque chose de cauchemardesque et de monstrueux, transformant Jason en une entité bien plus terrifiante qu’un simple mort-vivant, et le contraste feu brillant / corps d’ombre marche à la perfection, conférant au personnage une aura particulière. Invincible, maléfique, inhumain. L’image représentant sa silhouette, dans le noir, avec juste son regard de braise comme source lumineuse est plutôt impressionnante, et son apparence dans le jeu sera sûrement grandiose lorsqu’il apparaîtra subitement aux joueurs, en pleine nuit.
En revanche il faut aussi reconnaitre une petite déception car il n’y a là rien non plus d’extraordinaire. Du moins pas dans l’idée qu’on se ferait d’un nouveau Jason par Tom Savini. Le concept aurait pu être inventé par n’importe qui et il manque un petit quelque chose pour le rendre véritablement unique et intéressant. Ce qui n’aide pas, en fait, c’est le fait que le skin ne semble pas avoir entièrement été créé pour l’occasion, et qu’il recycle en fait le Jason de Part VII. Celui de John Carl Buechler.

 

 

Il aurait été plus logique de modifier le modèle de Jason Goes to Hell ou de partir sur quelque chose d’entièrement nouveau, car certains détails parasitent le concept: la présence de la chaine autour du cou, qui n’est pas nécessaire (ou alors il aurait fallu d’autres entraves ailleurs), le masque noir mais intact, clairement reprit du 7ème film puisque gardant ce fragment cassé en bas à droite, qui laisse entrevoir une partie de la bouche… En fait celui-ci aurait gagné à être modifié également, en jouant sur le plastique fondu ou une fusion totale avec le crâne et la peau. N’importe quoi qui aurait permis d’éviter le côté “modification” de skin, à la portée de n’importe qui.
Je ne serais même pas surpris de voir apparaître, à l’avenir, des versions sensiblement arrangées de ce design par quelques fans touchant à Photoshop, qui corrigeraient ces erreurs et ajouteraient des éléments plus cohérent avec le concept.
C’est d’autant plus embêtant quand on voit comment le développeur vend son bébé: 6 euros pour ça, c’est trop, et le côté “offre limitée” faite pour vous éviter d’y réfléchir est limite malhonnête. Car oui, ce Jason infernal ne sera pas disponible pour tout un chacun puisqu’il s’agissait d’un DLC. Un bonus vendu uniquement sur le site du développeur et pour un temps très réduit (et désormais dépassé). Le créateur du jeu a fait comprendre que jamais la chose ne reviendrait par la suite, ni en téléchargement payable, ni en dans une quelconque édition collector. Tout a été calibré pour appâter sans laisser le choix: tu aimes, tu payes, et tu n’as pas le temps d’y penser.

 

 

Toutefois donnons-leur le bénéfice du doute. D’une part, Friday the 13th: The Game est un jeu en ligne (presque) exclusivement multijoueur, ce qui signifie que même si une seule personne possède ce skin, il pourra tout de même l’employer dans une partie avec autrui. Ensuite, le piratage et la création de modèles par des amateurs sera inévitable et la version PC pourra facilement être customisée en récupérant ces données. Enfin nous avons déjà vu des développeurs mentir et / ou revenir sur leurs décisions pour vendre des éditions “augmentées” ou “ultimate”, donc pas d’inquiétude sur l’apparente inaccessibilité de cette variante.
Une chose importante à noter également, c’est que ce Jason démoniaque n’a pas encore entièrement été révélé. Seul sa silhouette et son buste sont visibles, mais le reste de son corps demeure invisible. Ceci, d’après l’équipe du jeu, pour garder encore quelques surprises. Il y a certainement “plus” à ce skin qu’un simple Jason enflammé, à commencer par la présence d’une arme bonus qui n’a pas encore été identifiée. On voit dans l’image de la silhouette qu’il s’agit d’un outil à long manche, et celle-ci aura certainement un aspect particulier pour coller au côté “Enfer” du concept. Cela amène aussi à penser qu’il y a peut-être quelques meurtres nouveaux, exclusif à ce Jason, tant avec son arme qu’à mains nues, et il n’est pas exclu non plus que des mouvements ou capacités spéciales soient rajoutés pour dynamiser le gameplay et rendre le skin vraiment unique.

 

 

Une chose qui m’intéresse plus personnellement (car, ne possédant pas de consoles Next Gen ou d’ordinateur surpuissant, je ne risque pas de faire l’expérience du jeu ni de ce Super Jason), c’est la manière dont cette version du croquemitaine sera intégrée au jeu scénaristiquement parlant. Car chaque “Jason” possède sa mini biographie et Friday the 13th: The Game est rempli ras-la-gueule d’easter eggs et de trucs cachés qui en disent un peu plus sur l’intrigue et la mythologie de Vendredi 13.
Pour l’instant, nous savons juste que ce modèle représente Jason Voorhees après qu’il se soit évadé de l’Enfer. Espérons que plus d’informations soient données par la suite pour enrichir ce concept et le rendre plus consistant. Je ferais sûrement une “chronique” du personnage lorsqu’il sera pleinement révélé, avec son arme, sa backstory et ses différentes actions et interactions dans le jeu.
Car malgré tout, ce projet et cette idée particulière semblent être ce qui se rapproche le plus d’un véritable Friday the 13th, dans la lignée de la série originale. Plus intéressant en tout cas que l’insipide reprise de Platinum Dune ou que ce projet mort-né de reboot en mode found footage. Et puis c’est sans doute la toute dernière fois que Kane Hodder, Tom Savini et Harry Manfredini se retrouvent impliqués sur la franchise, marquant la fin définitive d’une époque. Ça vaut quand même bien qu’on en parle…

En tout cas, un qui semble avoir apprécié l’expérience, c’est Tom Savini ! Car après avoir revisité Jason Voorhees pour la première fois depuis 1984, voilà qu’il s’apprête à ressusciter une autre grande icône de l’horreur pour un ultime baroud d’honneur: Pinhead, Cenobite en chef d’Hellraiser !
Il s’associe avec son seul véritable interprète, Doug Bradley, pour un évènement baptisé The Pinhead Experience, qui se tiendra en Mai pour la convention Mad Monster Party, en Arizona. Si le costume, composé par une tierce personne, semble hélas assez cheap puisque réalisé sans véritable budget, nul doute que le talent du moustachu et le charisme du chauve assureront le spectacle !

 

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