Shootfighter 2 (1996)

 

Shootfighter 2

(1996)

 

 

En commercialisant une version rated, et donc censurée, de Shootfigther premier du nom à l’international, le producteur Alan Amiel s’est un peu tiré une balle dans le pied puisque le plus gros attrait du film – sa violence – disparait complètement. Plutôt que de rectifier le tir lorsqu’il parvient à concevoir une séquelle, il décide de continuer sur cette lancée et de simplement éviter d’intégrer la moindre scène gore dans son film d’arts martiaux. Triste, puisque du coup disparait l’un des principaux intérêts de la série et ne reste plus que Bolo Yeung pour attirer l’attention du spectateur. Pas franchement idéal à une époque où le genre du film de combats clandestins à la Bloodsport est encore à la mode et compte de nombreux prétends, et résultat rien ici ne semble jamais très excitant ou original. C’est d’autant plus dommage que le réalisateur choisi pour l’occasion est Paul Ziller, coupable du sympathique slasher Pledge Night.

 

 

S’il ne s’est pas particulièrement spécialisé dans le film d’horreur, le cinéaste demeure un vétéran de la série B et a bossé aussi bien sur les DTV d’alors (Back in Action avec Roddy Piper, Bloodfist IV) que d’aujourd’hui (Beyond Loch Ness, Snakehead Terror, Yeti: Curse of the Snow et des dizaines d’autres pour SyFy Channel), ce qui en aurait fait le parfait candidat pour exploiter un peu plus le côté Mortal Kombat du film original. D’autant que l’intrigue, en partie écrite par Greg Mellott (scénariste sur le Contre-Attaque avec Jackie Chan, alias Police Story 4), ne laisse pas beaucoup de place pour autre chose tant les protagonistes sont sous-développés et n’ont absolument rien d’autre à faire que se battre, passant la majeur partie du temps à attendre de pouvoir entrer sur le ring ! Le script va jusqu’à ignorer les éléments non résolus de l’aventure précédente comme la relation entre les héros Nick et Rubens et leurs petites amies respectives.

 

 

Les demoiselles ont disparu et ne sont pas mentionnées, tout comme l’entrainement des garçons pour succéder à Shingo comme champion international de Shootfighting. A la place l’histoire tourne autour d’un nouveau tournois illégal se déroulant à Miami. Un policier, dont le fils à été tué par les organisateurs, monte une opération pour piéger les responsables et engage quelques combattants censés se faire repérer comme potentiel compétiteurs. Nick, Rubens et Shingo partent à l’aventure en pensant ne pas avoir grand chose à faire hormis participer à quelques matches locaux, mais il se trouve que le grand responsable de l’affaire, Lance Stuart, n’est autre que le frère de Shingo. Homme d’affaire intelligent, celui-ci réalise que les autorités lui ont tendu un piège et se débrouille pour capturer l’équipe sans se faire repérer, forçant les alliés à combattre dans ses jeux sous peine d’être exécuté sur le champ…

 

 

Et la première heure de mettre en place les évènements sans vraiment rien offrir aux acteurs, les personnages patientant bien sagement dans une planque qu’il soit temps de montrer leurs prouesses. Nick et Rubens sont réduit à l’état de coquilles vides et n’ont plus rien à se dire maintenant qu’ils sont magiquement célibataires. Ils se contentent de se moquer de Shark, un compagnon plus vieux et plus old school, ou de draguer une jolie serveuse sans vraiment partager leurs sentiments sur la situation. Quant à Shingo, jamais il ne partage son secret, et parce que l’anglais de Bolo Yeung est toujours aussi catastrophique, le réalisateur coupe certaines de ses scènes (un mauvais raccord trahi le monteur) et le fait vite disparaitre pendant pratiquement tout le film. Seul les nouveaux protagonistes sont un peu plus creusés car directement impliqués dans l’enquête. Le script suivant la même structure que son modèle, il faut aussi compter une bonne heure pour que le tournoi ne débute.

 

 

Heureusement Paul Ziller évite les erreurs de son prédécesseur et coupe court aux états d’âmes de ses héros pour favoriser l’action: la première partie se montre assez rythmée pour se laisser suivre sans ennui, avec courses-poursuites, combats de rue, assassinats et une scène de sexe parfaitement gratuite mais appréciable. Même les personnages qui ne sont pas adeptes des coups de tatanes ont leur moment, comme lorsque le flic menace son indic d’une balle dans la tête en pensant qu’il l’a trahi et que le voyou s’offusque d’être perçu comme une balance. Malgré tout, ceci n’est qu’une façon de faire tenir le spectateur en attendant le gros morceau du film, et il faudra prendre son mal en patience pour voir le véritable spectacle. Encore plus si seul Bolo Yeung vous intéresse. Coup de chance l’ambiance “jeu vidéo” est toujours présente entre un arène bien décoré (grande cage avec guirlandes en fil barbelé et tatami orange pétant doté d’un logo avec serpent) et des participants excités.

 

 

 

Un type se fringue comme l’Oncle Sam, un autre se prend pour un sauvageon en dévorant un énorme steak cru, encore un autre joue du djembé et ne s’arrête pas pour son adversaire, utilisant l’instrument comme une arme. Les festivités ouvrent même avec un combat de femmes aussi brutal que les autres, l’une débarquant avec un bouquet de fleurs qu’elle offre à sa rivale avant d’en sortir une arme cachée. Les combats apparaissent soignés et dynamiques, peut-être même mieux filmés que dans Shootfighter, en tout cas bénéficiant de bien meilleurs chorégraphies. Différents styles et armes sont représentés, passant vite du réaliste au grand n’importe quoi comme lorsque Stuart utilise les barbelés comme un fouet ou lorsqu’il asperge ses combattants d’essence en les menaçant de les rôtir s’ils ne se massacrent pas plus vite que ça. Comble du bonheur, le combat final avec Shingo rattrape totalement la déception de la dernière fois.

 

 

Tenu en laisse comme un chien, Bolo Yeung fini par s’évader et dévaste alors l’arène et ses backstages en une série de coups brefs mais toujours bien portés. L’héritage Bruce Lee se voit parfois dans sa gestuelle ou ses expressions, et le dernier affrontement le place même en position de faiblesse plutôt que d’en faire un dieu intouchable. Le plus drôle étant que c’est la foule qui presse l’antagoniste à se battre tandis qu’il est sur le point de fuir en toute impunité avec un otage. Quel dommage du coup que la violence ait à ce point été atténué ! Même le scénario appelait à des morts brutales: une fille se fait embrocher, un perdant est empalé sur une lance tandis qu’un autre se fait seppuku. Le gore aurait-il était présent que Shoofighter 2 aurait égalé, voir même surpassé son prédécesseur. Au moins peut-on se pencher sur le casting qui, comme la dernière fois, cache quelques têtes intéressantes même si peu connues.

 

 

Citons Cesar Carniero dans le rôle du champion de Stuart, impressionnant capoeriste que l’on a pu croiser dans Only the Strong et Le Grand Tournois, et Brett Baxter Clark dans celui du quatrième larron Shark, croisé dans une trentaine de série B de Malibu Express à Deathstalker IV en passant par Inner Sanctum où je disais le plus grand mal de lui (il est ici impeccable). Debra Ann Miceli, qui fut la talentueuse catcheuse Alundra Blayze autrefois, prouve à quel point elle était une athlète impressionnante le temps d’un combat, et on peut même y trouver la doublure récurrente de Donnie Yen, John Salvitti, dans un petit rôle qui ne lui laisse malheureusement pas l’occasion de faire ses preuves. Enfin, et parce qu’il faut bien le mentionner, Lance Stuart est interprété par l’ancien lutteur et actuel taulard Joe Son, qui faisait déjà une petite apparition dans le premier Shootfighter. S’il est indéniablement charismatique et convaincant dans le rôle du méchant, il est cependant difficile de profiter de sa performance lorsque l’on sait qu’il est un violeur et un meurtrier dans la vraie vie…

 

 

On se rattrapera sur l’adorable Kristy Eisenberg qui exhibe brièvement ses seins. Mignonne comme un cœur, elle est pourtant sacrifiée immédiatement après s’être envoyée en l’air avec le héros ! Pas de sex appeal ni de violence ? Décidemment Shootfighter 2 cumule les mauvaises décisions ont peut vraiment se demander ce que Paul Ziller et son producteur avaient en tête au moment du tournage. Reste cet esthétisme néon très 80s dans l’âme qui revient de temps en temps pour ajouter un peu d’atmosphère, mais cela ne vient pas vraiment rattraper les sévères lacunes de cette suite qui aurait pu être tellement meilleure si seulement elle s’en était donné les moyens. Cela n’empêche pas d’apprécier le spectacle pour autant, mais il est impossible de ne pas ressentir une petite frustration tant les ingrédients étaient là pour faire sortir ce film du lot et lui donner des allures de vraie petite série B. En l’état il demeure regardable mais malheureusement aussi très oubliable.

 

 

 

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