L’Effet Inception, avec L’Arme Fatale et Tales From the Crypt

12 DAYS OF CHRISTMAS

 

L’Effet Inception,
avec L’Arme Fatale et Tales From the Crypt

 

 

Si l’on a tendance à se souvenir que Die Hard est un film de Noël, John MacLane pourchassant une bande de voleurs se faisant passer pour des terroristes dans les locaux décorés de guirlandes et de sapins de Noël du Nakatomi Plaza (“Now I have a machine-gun. Oh-oh-oh.”), on oublie en revanche beaucoup plus facilement que c’est également le cas de L’Arme Fatale. Et si ce n’est pour la violente scène d’ouverture se déroulant au son de Jingle Rock, il est vrai qu’il y a visuellement peu d’indications que l’intrigue se passe en pleines fêtes de fin d’année. Pas beaucoup de décorations, point de Santa Claus… Tout au plus Mel Gibson se bastonne avec quelques brigands dans un terrain de vente de sapins. Et pourtant, si l’on résume très grossièrement l’intrigue, le scénario de Shane Black n’est rien d’autre que l’habituel “Christmas Miracle” dont raffole le public américain.
Martin Riggs, policier suicidaire depuis la mort de sa femme, s’apprête à se tuer au début de l’histoire avant d’être distrait par un dessin animé de Bugs Bunny se déroulant à Noël.
Le lendemain il rencontre son nouveau partenaire, Roger Murtaugh, un homme de famille paisible avec qui il va vivre quelques aventures. A son contact Riggs va alors retrouver goût à la vie et adopter Roger et les siens comme sa nouvelle famille, le récit se terminant sur le traditionnel repas qu’ils partageront tous ensemble. C’est subtile, mais tout est là et de façon bien plus significative que dans Piège de Cristal où ces vacances sacrées n’ont finalement aucune incidence véritable sur le scénario.

 

 

Mais si Die Hard 2 essayait de retrouver la même ambiance que son modèle en se situant de nouveau dans le cadre des fêtes de Noël, L’Arme Fatale 2 délaisse complètement celles-ci pour livrer une histoire bien différente de la première. Il n’y a donc techniquement aucune raison de regarder cette suite avec le reste de votre marathon thématique (encore que cela reste à débattre car dans le script original, réécrit à la demande des producteurs, le dernier acte impliquait l’explosion d’un avion rempli de drogue dont le contenu se répandait tel de la neige sur la ville), à moins de se raccrocher à un tout petit détail que beaucoup de spectateurs ont tendance à ignorer. Car le public attentif pourra bien remarquer l’apparition de Santa Claus, pendant quelques secondes, à travers des images diffusées sur un écran de télévision.
Tout fan de films d’horreur qui se respecte ne manquera pas de reconnaitre le personnage puisqu’il s’agit du psychopathe joué par Larry Drake dans l’épisode And All Through the House des Contes de la Crypte. Une histoire plutôt connue et déjà adaptée en 1972 dans le Tales From the Crypt anglais, mais revue et corrigée de façon plus dynamique et plus graphique pour l’occasion. Un véritable coup de pub en fait, puisque le show débuta sur HBO durant l’été 1989… soit exactement au même moment où L’Arme Fatale 2 sortait en salle ! Un mois seulement les séparent, et bien sûr cela n’a rien d’un hasard puisque le réalisateur Richard Donner et le producteur Joel Silver ont été énormément impliqués sur ces deux projets.

 

 

De tous les extraits possibles qui auraient pu être choisi, et considérant que les œuvres parurent courant Juin/Juillet de cette année, il est intéressant de constater que c’est l’épisode de Noël qui fut sélectionné. Peut-être un hasard, mais pourquoi ne pas simplement dévoiler la sale trogne du Cryptkeeper ? Impossible en tout cas de ne pas identifier le show aussitôt que ce Santa Claus sanguinaire apparait à l’écran, tant son apparence semble encapsuler l’univers macabre des EC Comics. Et cela permet de créer un lien, même infime, entre cette séquelle et son prédécesseur via la saison des fêtes.
Les curieux pourront retrouver ces images assez tôt dans le film, au cours de la sous-intrigue concernant la fille de Murtaugh qui fait ses premiers pas comme comédienne. Celle-ci doit apparaitre dans une publicité et naturellement toute la famille est réunie pour voir le résultat, Roger préparant le magnétoscope pour immortaliser cet instant. Le gag étant qu’il s’agit d’une campagne pour une marque de préservatifs, ce qui va évidemment traumatiser le vieux papa en plus de lui valoir de sacrées blagues de la part de ses collègues. Mais c’est là que l’extrait est visible, l’idée étant sans doute que Les Contes de la Crypte sont à l’antenne et que le spot est diffusé durant la coupure publicitaire, même si le désordre dans l’enchainement des scènes prouve qu’il s’agit là d’un film-annonce et non d’une véritable scène.

 

 

L’air de rien cela ajoute une touche d’humour supplémentaire à la scène, car si Roger va avoir des sueurs froides en associant sa fille chérie désormais grande et l’acte sexuel, allant jusqu’à cacher les yeux de son autre enfant beaucoup plus jeune comme pour la protéger, il semble se moquer éperdument que la même gamine soit exposées à des scènes violentes montrant un fou criminel vêtu comme Santa Claus assassiner des gens à coups de hache ! Le sexe est proscrit mais la violence n’est pas un problème: l’Amérique dans toute sa splendeur ! D’un autre côté, personne ne semble de toute façon intéressé par l’odyssée meurtrière de Larry Drake chez les Murtaugh. Et si cela peut encore se comprendre du fait que tout le monde n’attend que le quart d’heure de gloire de la jeune actrice, on me fera difficilement avaler le fait que Nick, fils adolescent de Roger entrant pleinement dans la cible démographique visée par HBO avec Tales From the Crypt, préfère bouquiner plutôt que de regarder ce qui se passe à la télévision !
… Bref. Y a un Père Noël dans L’Arme Fatale 2 et il provient d’un extrait des Contes de la Crypte. Pensez-y la prochaine fois que vous regarderez le film, c’est rigolo. Quelques années plus tard, en 1991, c’le show qui retournera la faveur en montrant un poster du premier film dans le très fun et très Stranger Things-esque épisode Undertaking Palor, lorsque ses jeunes héros sortent d’un cinéma.

Difficile toutefois d’appréhender la logique: les personnages de l’univers des Contes de la Crypte verront-ils un extraits de leur propre série en regardant la séquelle ? Roger Murtaugh et Martin Riggs se reconnaitront-ils à la télévision s’ils regardent la série durant leur temps libre ? Une belle mise en abyme que William Gaines aurait sans doute apprécié.

 

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