Dans le titre, j’ai mis “15 ans” en majuscule histoire d’être sûr qu’on comprenne que c’est l’anniversaire du blog. Parce que cette année j’ai un peu l’impression d’avoir passé un cap: quand on y pense, quinze ans ce n’est pas rien. Ce n’est pas grand chose non plus vous allez me dire, mais puisque c’est globalement la moitié de mon âge, ça remet un peu les choses en perspective.
Alors évidemment ça ne fait pas exactement depuis tout ce temps que L’Imaginarium existe – je ne sais même pas si Blogger / Blogspot était déjà en place en 2002, et s’il faut compter la plateforme en elle-même, elle n’a pas vu le jour avant 2006. Mais cela fait bel et bien quinze ans que j’ai commencé à chroniquer des films, débutant avec ce qui n’était qu’un simple journal de bord de mes explorations et découvertes. Un projet passe-temps que j’aurai très bien pu interrompre au bout de quelques semaines, ou mois, eus-je été plus impliqué dans mon parcours scolaire ! Pour ainsi dire c’est à la fois un hasard et un miracle que j’ai pu continuer les choses jusque là, malgré quelques absences répétées années après années faute de temps, de motivations ou de temps libre.
Pour autant, si ces quinze années peuvent sembler longues, elles ne pèsent pas bien lourd au regard de ce qu’ont réalisé certains collègues. D’un côté vous avez les géants, qui ont l’âge de mes parents ou presque et qui ont commencés lorsqu’ils avaient eux-mêmes 16-17 ans. Un peu des mini-célébrités dans le milieu, qui font généralement parole d’évangile et historiens incontestés. Leurs fanzines sont des institutions, ils ont écrit des livres, participé à divers gros projets, certains trempent dans le milieu “officiel” du journalisme (spécialisé) et d’autres ont même tenu des boutiques ou tournés dans des petits films ! En comparaison, on (c’est-à-dire “je”) se sent ridicule, on se dit qu’on a jamais rien accompli de concret et, en regardant bien, il n’y a pas un seul truc dont on peut se targuer d’être fier.
Et puis vous avez les “nouveaux”, la relève, que constituent a peu près tous les autres qui aimeraient bien en arriver là (plus chiant encore sont ceux qui n’y pense même pas, faisant ça les doigts dans le nez un peu comme ce connard de premier de la classe, qui avait 20/20 à chaque matière sans jamais avoir à réviser). Ce sont blogs, sites et fanzines en pagailles, pour une “concurrence” bien plus épanouie que je ne le serai jamais. Surtout à l’aube de la convention du Bloody Week-End.
Ils sont parfois seuls, ultra motivés et productifs, ou bien ils forment des groupes qui ont la supériorité du nombre et des contacts. Qu’ils soient adoubés par les anciens, jeunes loups aux dents longues ou petites bêtes qui grimpent, qui grimpent, ils accumulent les travaux avec ferveur et sens du marketing: ça attire les jeunes et les néophytes, ça fonctionne au partage de masse et ça se montre au final ultra compétitif dans la “communauté”. Du coup, face à ces succès fulgurant, ce dynamisme, ce déploiement de moyens, on (c’est-à-dire “je”) se sent en retard, à la masse, incapable de riposter, d’égaler ou juste de suivre le mouvement, et on se dit “à quoi bon ?” – et puis il y a bien sûr l’impression un peu triste que tout ce travail ne m’a jamais mené à rien. Beaucoup de projets, beaucoup d’idées, mais surtout beaucoup d’illusions.
Et pourtant ! Bien que perdu quelque part dans l’ombre de ces deux extrêmes, invisible, anecdotique et sans doute inintéressant, j’avoue avoir un certain plaisir à voir cet endroit bien à moi continuer à exister. Il change de nom et de forme constamment (avez-vous remarquez l’altération de ces derniers jours ?) mais il est toujours là, avec des publications régulières malgré tout.
Ce qui a commencé avec quelques mots griffonnés malhabilement dans un cahier d’écolier poursuit encore son chemin, se réinventant constamment (sans doute en dépit du bon sens !) pour continuer à exister, sans se soucier de ce qu’en pense son propre créateur. J’admire sa faculté d’adaptation et je vois un peu cela comme une “fuite”, non d’eau ou de gaz, mais d’Imagination, jaillissant hors de son carcan (la Pensée, chose éthérée et éphémère conçue par le cerveau humain) pour se consolider à travers quelque chose de plus tangible, bien que ironiquement toujours virtuelle… – Laissez, j’ai abusé du cidre.
Et donc au final, pour cette année, j’ai fais des cookies. Ils n’étaient pas très bon (ça va faire longtemps que je n’avais pas fait de gâteau, j’ai perdu la main), mais c’est plutôt à l’image du blog. Ce n’est pas ce gros gâteau bien beau bien riche qui impressionne, mais ce n’est pas une absence de festivité comme si tout était encore à faire, en partant de zéro. C’est quelque part entre les deux, et ça me paraissait approprié.
PS. La chronique de Cobra n’est toujours pas prête. A ce rythme là, elle finira par avoir son propre non-anniversaire !
Bon anniversaire pour tes 15 ans ! J’espère que tu vas continuer longtemps car tu possèdes une très belle plume. Et en plus, on émarge maintenant chez le même employeur 🙂
Merci merci, c’est très gentil 🙂
J’ai quelques idées (stupides) pour la suite, donc pas d’interruption en vue pour l’instant. Et effectivement, maintenant qu’on a le même patron, ça va changer un peu les choses !
Bravo pour cette longévité, il faut être passionné pour rester 15 piges à chroniquer des films sans réelle reconnaissance. Je lis souvent tes articles, je les trouve tout aussi bons que d’autres sites. En tout cas, ils font partie de mes lectures lorsque j’ai besoin de savoir à quoi m’en tenir sur un long-métrage pas encore visionné. Tu n’es pas une célébrité, peut-être, mais ne sois pas amer, nous sommes nombreux à œuvrer dans l’ombre pour soutenir le cinéma de genre.
Ton blog est important, je te le dis sincèrement.
Et bien écoute, c’est un très joli cadeau que tu me fais là. Merci. Je ne cours pas après la célébrité mais cela peut devenir déprimant de n’avoir que si peu de retour, aussi ton commentaire est vraiment appréciable.
Super sympa quoi !