Stung (2015)

ROAD TO HALLOWEEN II

 

 

Stung

(2015)

 

 

Avec Harbinger Down, Stung est le second film de monstre “à l’ancienne” dans lequel se complaît Lance Henriksen. Si le premier n’est pas encore officiellement sortie et qu’il recueille des critiques plutôt moyennes, le second est disponible et s’avère être extrêmement plaisant.
Creature Feature au scénario extrêmement basique, voir inexistant, Stung semble faire partie de cette mode dont je parle beaucoup ces derniers temps, celle qui réanime un peu la série B d’autrefois, préférant le latex au CGI et les véritables cascades plutôt que le green screen. Toutefois ici ce n’est pas nécessairement le but du réalisateur, qui lui semble vouloir faire un film d’horreur façon 80s avec de grosses bestioles dégueulasses, des séquences sanglantes, et des personnages attachants, combinant les techniques old school et new age selon ses besoins. Le bon point c’est que le mélange tient très bien la route puisque, ça devient rare, le responsable croit vraiment en son projet et s’applique autant que possible sur tous les niveaux. De la même façon, il tente de trouver un juste équilibre entre l’horreur et l’humour, où les protagonistes puissent se retrouver dans des situations amusantes sans que la menace de la situation ne disparaisse pour autant.
De cette manière l’œuvre évoque un peu Tremors, pour sa façon de basculer de l’un à l’autre avec brio. Et si au final on retient surtout les moments délirants et les gags, Stung sait se montrer sérieux et faire preuve de tension.

 

 

L’histoire montre comment Julia, une jeune femme consciencieuse, et Paul, sympathique gaffeur qui en pince pour elle, se rendent dans un coin de campagne afin de préparer un dîner important. Il se trouve qu’ils viennent tout juste de lancer leur entreprise de traiteur et comptent beaucoup sur ce travail afin de se faire une réputation. Les choses se passent d’ailleurs très bien, le maire venant même les féliciter et prendre contact pour sa de campagne de réélection, mais Paul est embêté par la présence de quelques guêpes noires qui trainent dans les parages, lesquelles sont d’une taille plutôt impressionnante.
Et il a bien raison car les propriétaires du terrain ont récemment enrichie la terre avec du fertilisant génétiquement modifié, lequel a provoqué chez les insectes d’effroyables mutations: plus grosses, plus agressives et plus intelligentes, elles ciblent désormais n’importe quel être vivant afin de leur implanter un œuf qui va parasiter l’organisme, donnant ainsi naissance à une nouvelle créature mutante dont la taille sera proportionnelle à celle de l’hôte.
Très vite l’essaim sort du nid et attaque les convives, blessant mortellement la plupart d’entre eux et faisant naître une horde de monstres géants. Les survivants se réfugient dans le sous-sol d’un manoir mais les créatures commencent déjà à utiliser le bâtiment pour en faire un nouveau nid encore plus gros, où la Reine va pouvoir pondre…

 

 

Le scénario n’est pas le point fort du film, en fait il semble même n’être qu’un prétexte. Les emprunts à Aliens sont nombreux, de la Reine géante aux larves qui éclosent dans le corps des victimes, émergeant après un bref moment d’agonie. Le nid évoque la ruche et la présence de Lance Henriksen ne fait que renforcer le parallèle. Stung n’est pas le premier ni le dernier à s’accaparer ces éléments, et dans le cadre du Creature Feature on peut même dire que cela est devenu extrêmement banal. Libre à vous de condamner l’œuvre pour ne pas aller bien loin dans l’originalité mais son intérêt repose sur d’autres choses, a commencer par les personnages. Car si le script est simpliste, ceux-ci sont un peu plus fouillés que d’ordinaire, ou en tout cas suffisamment bien écrit pour mériter toute notre attention.
La première partie, avant que les monstres n’arrivent, ne possède pas vraiment de longueur car on s’amuse des relations: Paul, sorte de gentil idiot qui fait tout pour impressionner sa collègue mais en fait jeune homme attentif et attentionné qui fait ce qu’il peut pour aider ceux autour de lui, s’inquiétant légitimement pour autrui et se révélant être un sacré sauveteur. Sydney, l’étrange fils de la cliente, un introverti flippant mais en fait simplement bouffé par sa mère et une difformité du dos. Le maire, joué par Lance Henriksen, évite totalement le cliché du méchant entrepreneur et se montre même paternaliste vis-à-vis des deux héros, ce qui fonctionne bien sûr complètement parce que Lance Henriksen. Les autres personnages sont purement secondaires et disparaissent très vite, mais même ce “médecin” barbu, en fait gynécologue pervers, et le musicien à l’allure de gigolo, sont suffisamment étranges pour se démarquer du reste.
En fait seule Julia semble mise de côté pendant tout le film, agissant en spectatrice jusqu’au final où elle devient la Ripley de service juste pour le besoin du scénario, sans qu’il n’y ait jamais eu d’évolution. Dommage car l’actrice possédait une très bonne alchimie avec son partenaire de scène.

 

 

Naturellement ce qui importe le plus ici, c’est que les guêpes mutantes soient belles, visibles et féroces, et là dessus Stung se montre extrêmement généreux. Dès l’ouverture du film on réalise que l’idée était de s’amuser avec le concept, les premières images montrant un pauvre bourdon en plein vol au-dessus des champs être harponné par une des créatures, lui injectant ses fluides dans l’abdomen pour le parasiter. Les bestioles apparaissent nombreuses et même subtilement différentes les une des autres, ce qui se voit dans leur coloration, et l’œuvre fait son possible pour les exploiter au maximum.
Le sang gicle autant que le jus d’insectes, les dards géants transpercent les corps et les crânes tandis que l’héroïne découpe les monstres au taille-haie. Les guêpes émergent de l’intérieur de leurs victimes et certaines en conservent des morceaux sur elles, coincés sur leurs pattes ou leurs appendices. On trouve une mini-créature née du bichon frisé d’une vieille bourgeoise et la Reine pond d’ignobles larves gluantes que Sidney tente de faire ingérer à Paul. Et parce que celui-ci est légèrement bossu, il voit un mutant lui pousser sur l’épaule, lequel devient un grotesque frère siamois qui reste en place et va le contrôler mentalement. Ce qui va d’ailleurs ramener sa relation malsaine avec sa mère, ici remplacée par la Reine.
Le final offre une folle course-poursuite entre un vieux fourgon Citroën et un mutant en flammes mais toujours en pleine forme, et à la manière du génial The Nest (et donc d’Aliens), les parasites semblent retenir un peu des caractéristiques de leurs hôtes. Sans vouloir gâcher le gag final, j’évoquerai juste que la campagne est pleine de vaches…

 

 

Voilà qui permet un bilan très positif, prouvant que lorsque les CGI ne sont utilisés que de temps en temps lorsque cela est nécessaire (la poursuite finale), ils peuvent parfaitement compléter les effets spéciaux à l’ancienne sans venir gâcher le produit final. Stung fonctionne parfaitement malgré quelques petits défauts évident (intrigue inexistante, images de synthèses perfectibles, les dizaines de guêpes générées par les convives sont loin de toutes apparaître) car il repose avant tout sur le divertissement pur et simple. Du grand spectacle où l’on craint pour certains personnages (les héros, le maire, au passage un véritable second rôle pour Henriksen, et non pas un simple guest de luxe torché en une journée de tournage, ce qui en soit est un exploit de nos jour) et où on s’amuse des blagues puériles confectionnées par l’auteur: les héros sévèrement blessés s’envoient en l’air dans l’ambulance à la fin du film, pour la plus grande surprise du personnel, le produit chimique responsable de la croissance des guêpes n’est autre que la célèbre Trioxin du Retour des Morts-Vivants, avec même le numéro de téléphone inscrit sur les bidons…
Stung est le parfait Creature Feature moderne, con, fun et généreux, et qui n’a pas besoin de s’autoproclamer “100 % old school” pour fonctionner. Cela n’intéressera pas les réfractaires de la série B grand-guignolesque, mais pour les autres c’est la garantie d’un véritable spectacle comme à la bonne époque !

 

 

VERDICT: TREAT

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